mardi 8 août 2017 - par Daniel Salvatore Schiffer

Appel des intellectuels à la libération de Loup Bureau - Lettre aux autorités politiques et judiciaires de Turquie

APPEL DES INTELLECTUELS A LA LIBERATION DE LOUP BUREAU

LETTRE AUX AUTORITES POLITIQUES ET JUDICIAIRES DE TURQUIE

 

Loup Bureau, jeune reporter français, âgé de 27 ans, et étudiant à l’Institut des Hautes Etudes des Communications Sociales (IHECS) de Bruxelles, a été arrêté, par les autorités militaires turques, ce 26 juillet 2017, dans la région de Silopi, en province de Sirnak, frontalière de l’Irak et de la Syrie, où il est, depuis lors, incarcéré dans une prison de cette même ville de Sirnak.

L’accusation dont il fait l’objet, « participation à un groupe terroriste » pour avoir seulement réalisé un reportage télévisé, dans le Kurdistan Syrien, sur une unité de protection du peuple kurde (YPG) combattant contre le prétendu mais sanguinaire Etat Islamique, mieux connu sous le nom de Daesh, nous paraît totalement infondée, injustifiée, sinon absurde, tant sur le plan politique qu’idéologique et donc, outre son aspect inhumain, absolument contraire au respect, en matière juridique, du droit international.

Certes ne s’agit-il pas de stigmatiser ici – nous insistons sur ce point essentiel pour la compréhension comme pour l’enjeu de cet important débat – la Turquie en tant que telle, pays pour lequel nous éprouvons, comme pour toute autre culture, le plus grand respect, mais bien de dénoncer, dans le cas présent, cette arrestation, aussi arbitraire qu’abusive, sinon indigne d’un pays civilisé.

 

LIBERTE DE CONSCIENCE

Davantage ! C’est un principe universel - la tolérance, chère à notre cœur tout autant qu’à notre raison - que nous, héritiers de l’humanisme de la Renaissance et de la philosophie des Lumières, nous défendons ici, au nom des droits de l’homme comme de la femme : la liberté de conscience - l’imprescriptible liberté de pensée, qui va de pair avec la non moins intangible liberté de parole, et donc le tout aussi nécessaire devoir d’informer correctement les citoyens -, sans laquelle il n’est point de démocratie qui vaille !

Car, oui, dans le cas de notre ami et confrère Loup Bureau, comme de tous les journalistes, artistes et intellectuels injustement emprisonnés aujourd’hui dans les geôles turques pour leurs seules idées, c’est cette liberté fondamentale, cruciale pour nos sociétés modernes, qui est ici bafouée, sinon niée de la façon la plus scandaleuse qui soit : on ne peut réprimer indéfiniment, ni bâillonner impunément la liberté d’expression. Gare au boomerang : il peut se révéler parfois dévastateur, souvent cruel et toujours fatal, pour les dictatures !

Ainsi, c’est forts et fortes de cette conviction morale, de ces principes éthiques comme de ces valeurs philosophiques, que nous, hommes et femmes de bonne volonté, nous vous demandons, avec cet appel solennel, de libérer instamment Loup Bureau.

Nous espérons vivement, à l’instar de la communauté internationale en son ensemble, que vous y répondrez, dans les plus brefs délais, favorablement !

 

 

Premiers signataires

 

Daniel Salvatore Schiffer : philosophe, écrivain, porte-parole francophone du Comité International contre la Peine de Mort.

Radouane Attiya : chercheur-assistant en études arabes et islamologiques à l’Université de Liège.

Véronique Bergen : philosophe, écrivain.

Jean-Marie Brohm : professeur émérite de sociologie à l’Université de Montpellier III.

André Comte-Sponville : philosophe.

Jacques De Decker : écrivain, Secrétaire perpétuel de l’Académie royale de Langue et de Littératures françaises de Belgique.

Luc Ferry : philosophe, ancien Ministre français de l’Education Nationale.

Anne-Michèle Hamesse : présidente de l’Association des Ecrivains Belges (AEB).

Claude Javeau : professeur émérite de sociologie à l’Université Libre de Bruxelles (ULB).

Aude Lancelin : philosophe, écrivain, journaliste.

Fabien Ollier : directeur de la revue « Quel Sport ? ».

Michelle Perrot : historienne, professeure des universités.

Elisabeth Roudinesco : historienne de la psychanalyse.

Jean Soler : ancien diplomate culturel, historien des religions, écrivain.

Pierre-André Taguieff : philosophe, historien des idées, directeur de recherche au CNRS.

Alain Vircondelet : écrivain, universitaire.

 



6 réactions


  • mmbbb 8 août 2017 19:39

    Vous ne pouvez pas faire un echange standard avec BHL il ne nous cassera plus les roubignolles 


  • lisca lisca 9 août 2017 10:22

    Soutien à ce jeune homme emprisonné qui n’avait d’autre ambition que d’apporter de l’information, et honneur à son courage.
    Et rappel de la mort toute récente d’Ernst Zundel, historien et écrivain allemand d’immense valeur et de portée internationale, emprisonné sept ans en Allemagne pour délit de parole, sans aucun fait délictueux, dans l’omerta presque complète.


  • Osis Osis 9 août 2017 12:12

    Merci pour votre article.

    C’est à cela que devrait servir, prioritairement, Agora.


  • Pere Plexe Pere Plexe 9 août 2017 18:22

    ...z’avez rien compris !

    Le problème c’est le Venezuela 
    Le dictateur c’est Maduro
    Et qu’importe que même RSF avoue qu’il n’y a pas là bas de journaliste inquiété.

    A la limite un nartik sur le vilain Poutine et le gentil Porochenko (grand démocrate et promoteur de la liberté de la presse)
    Mais la Turquie...

    • Lugsama Lugsama 9 août 2017 18:39

      @Pere Plexe

      iL y a des journalistes en prison et d’autres qui furent assassiné par la police (GNB) du régime au Vénézuéla..

    • Pere Plexe Pere Plexe 10 août 2017 15:07

      @Lugsama
      Merci de communiquer vos infos sur le sujet à RSF qui corrigera.


Réagir