Attentat et tentative d’attentat en Tunisie
Les kamikazes sont entrés en action en Tunisie. Dans la journée du mercredi 30 octobre deux d’entre eux, de tout jeunes gens, ont visé successivement, à une heure près, le Mausolée de Habib Bourguiba, à Monastir, un symbole « intouchable » pour le peuple tunisien et le second, la plage d’un hôtel de luxe à Sousse, seconde ville du pays et station touristique nationale la plus fréquentée avec l’île de Djerba.
C’est à Sousse que le premier a eu lieu. Il s’est traduit par la mort du kamikaze tué par l’explosion prématurée de l’engin qu’il portait. Hormis quelques dégâts matériels insignifiants, aucune autre victime ou blessé n’est à déplorer. L’auteur de l‘attentat dont l’identité n’a pas été divulguée, serait très jeune.
Tout aussi jeune que le second kamikaze, âgé lui de 18 ans, porteur d’une bombe, qui, une heure plus tard, a été neutralisé par des agents de sécurité à Monastir, toujours dans la région de Sousse, sur l’esplanade conduisant au mausolée où reposent le père de l’indépendance de la Tunisie Habib Bourguiba et son épouse française. Selon ses parents qui ignoraient tout de l’engagement de leur fils, celui-ci, un lycéen, avait disparu du domicile familial depuis deux mois.
La veille, dans la région du Kef (centre du pays) deux individus avaient été repérés puis arrêtés alors que depuis une maison abandonnée ils étaient en train de creuser un tunnel dirigé vers le sous sol…du commissariat de police local. Ils disaient « rechercher un trésor », alors que tout laissait prévoir qu'il s'apprêtaient à faire sauter le dit commisariat.
Parallèlement à ces faits récents, la polémique concernant le port du voile féminin intégral et du niqab, camouflages préférés des djihadistes et salafistes de tous bords, revient sur le devant de la scène politique tunisienne. En effet, à Ksar Hellal, aux portes du désert, ce même mercredi un homme vêtu d’un « sefsari », le voile blanc traditionnel tunisien que portent encore de nombreuses vieilles femmes, a été appréhendé. Il s'agit d'un salafiste notoire.
Cette dernière arrestations ne fait que succéder à toutes celles – pas loin d’une quinzaine – enregistrées ces derniers jours. Toutes concernaient des hommes recherchés pour appartenance à des groupes terroristes et tous, lors de leur arrestation, étaient revêtus du fameux niqab, cette longue étoffe de couleur noire ou marron qui ne laisse voir que les yeux des individus qui la porte.
Sur le sujet et à l’initiative du Ministre de l’Intérieur, par souci sécuritaire, il serait fortement question dans les jours qui viennent d’interdire formellement de tels vêtements pour les femmes…. et a fortiori pour les hommes. C’est d’ailleurs grâce à ce même Ministre de l‘Intérieur, en poste depuis 13 mars dernier, que tous les services de sécurité, réorganisés et épurés des « fonctionnaires proche du parti religieux », ont retrouvé leur efficacité dans la lutte contre le terrorisme qui fleurissait, au nez et à la barbe, et son laxisme également, du pouvoir dominé par le parti islamique Ennhada.
Le bilan actuel des forces de sécurité tunisienne (aidées de l’armée) parle en faveur du Ministère concerné, hormis les actes du 30 octobre : élimination du groupe terroriste du mont Chibou (avec l’aide des services algériens), arrestation de plus de 350 djihadistes dont quelques libyens, récupération d’un nombre incalculable d’armes et de documents compromettants pour les organisations rebelles, salafistes ou autres, identification formelle des assassins de deux députés de l’opposition radicale au parti islamiste etc… Un bilan toutefois endeuillé par la mort de plusieurs représentants de l’ordre. Leur ministre avait été d’ailleurs le seul à être respecté par les les gardes nationaux lors des obsèques officielles de deux des leurs, lorsqu'ils avaient crié « Dégage » à l’encontre des Présidents de la République, du Gouvernement et de l’Assemblée Nationale.
Ancien magistrat puis Procureur de la République dans la région de Kasserine, zone sensible du sud du pays, n’ayant jamais milité dans un quelconque parti politique, ce ministre « indépendant », Lofti Ben Djeddou, avait eu « l’audace » de délivrer pas moins de cinq mandats d’arrêt à l’encontre du Ministre de l’Intérieur , du Directeur Général de la Sureté et de trois Généraux de l‘armée qui faisaient ou dépendaient encore du Gouvernement de l’ancien dictateur, dans les jours qui suivirent la révolution tunisienne.
Nul doute que cet homme, âgé de 49 ans, fera partie du Gouvernement indépendant (lui aussi) dans moins de trois semaines et dont le Chef sera connu samedi.