lundi 10 septembre 2018 - par Daniel MARTIN

Au royaume Français des infortunés de la vertu, opportunistes et lobbyistes sont les maîtres

Entre une marche pour le climat et la contradiction de certains partis politiques y participant

Alors que des dizaines de milliers de personnes ont marché pour le climat au cours des nombreux rassemblements qui ont eu lieu à travers le monde ce weekend. En France, en plus des familles bobos de banlieue, des étudiants, des séniors bourgeois on a pu voir des partis politiques se glisser en grand nombre au milieu des associations environnementalistes et des anonymes qui composaient un peu partout le cortège de cette Marche pour le climat.

Le PCF, le Parti Animaliste et surtout la France Insoumise étaient venus en masse. Excepté le parti Animaliste et encore, on ne peut pas dire que le productivisme qui anime l’idéologie des deux autres soit une vertu qui caractérise la lutte contre les dérives climatiques. Si sur Twitter, l’ex-Ministre Nicolas HULOT avait appelé à manifester ce samedi, son successeur a quant à lui apporté également son soutien aux citoyens quelque temps après le départ du cortège des citoyens venus marcher, sincérité ou opération politicienne de récupération de sa part ? Penchons plutôt pour la sincérité, mais alors qu’à la passation des pouvoir au Ministère, si le démissionnaire Nicolas HULOT a rappelé la gravité de la situation du climat et regretté (avec quelques larmes) son incapacité à faire bouger efficacement les choses alors qu’il ya urgence, son successeur n’a eu que des mots en faveur de l’économie verte et d’un mariage de raison entre économie et écologie. Ce qui est en règle générale le « Blablabla » classique cher aux politiciens de tous bords qui sont plus attachés à maintenir le statu quo qu’à agir contre les causes responsables de la dérive climatique. On peut noter et regretter aussi que le nouveau Ministre se soit toutefois bien gardé de préconiser une proposition forte en faveur du climat, dont il reconnait cependant les dérives, mais aussi en faveur de mesures pour tenter de stopper la sixième extinction des espèces qui est dramatiquement en cours, ou encore comment parvenir à une maîtrise de la croissance démographique. 

On pourrait dire que Nicolas HULOT, même s’il y avait chez lui un déficit de prise de conscience pour certaines causes essentielles du dérèglement climatique, alors qu’il était l’un des Ministre les plus fortunés du gouvernement, il a toutefois vécu les infortunes de la vertu à cause de son engagement verbal un peu trop rude pour le climat. Et s’il a dû renoncer au « petit monde du pouvoir » et à ses pompes, celui qui l’a remplacé par défaut ne semble guère briller par ses qualités de vertu au sens de ses convictions politiques.  

On pourrait aussi s’interroger : et si la démission forcée de Nicolas HULOT résultait d’une inspiration du rôle de Pierre RICHARD dans le film « Le Jouet », pour un scénario revisité par Emmanuel MACRON ?

Vu la façon dont les choses se sont déroulées, sans toutefois sombrer dans la théorie du complot, on peut fort bien imaginer que Nicolas HULOT a servi à son insu de « pion » dans une stratégie imaginée, depuis un certain temps, par le Président et ses proches. En le sollicitant pour un poste de Ministre d’Etat, au départ il leur avait surtout servi pour une bonne opération politique. Ultérieurement, avec la « fronde » de certains députés LREM il fut décidé de permettre à l’un des fidèles parmi les fidèles, le Député Richard FERRAND de devenir président de l’Assemblée Nationale, comme il n’a cessé de le souhaiter ?... Nommé Ministre de la cohésion des territoires le 17 mai 2017 dans le premier gouvernement d’Edouard PILLIPPE, il est contraint de démissionner le 24 juin 2017 suite à un problème judiciaire avec les « Mutuelles de Bretagne » (qui semble toujours en cours). De retour à l’assemblée nationale il avait pris la présidence du groupe parlementaire de la majorité Présidentielle LREM. Après la nomination de François DE RUGY (de son vrai nom François GOULLET de RUGY) à la Présidence de l’Assemblée Nationale, il avait par ailleurs souhaité et demandé à Emmanuel MACRON que la Présidence alterne en sa faveur à mi-mandat, mais n’avait pas obtenu immédiatement satisfaction, car il fallait recaser François DE RUGY le moment venu, lui qui ne demandait qu’à être Ministre ?…

Le cas DE RUGY

 Ce M. DE RUGY, devenu un professionnel de la politique, est d’abord élu conseiller municipal de Nantes en 2001, sous l’étiquette des Verts. Adjoint au maire qui n’est autre que Jean-Marc AYRAULT, futur premier ministre, il est chargé des transports, il est aussi l'un des vice-présidents de la communauté urbaine Nantes Métropole, chargé des déplacements. Lors des élections législatives de 2007 dans la 1re circonscription de la Loire-Atlantique, il est l'un des rares candidats Verts à bénéficier d'un accord avec le PS, ce qui lui permettra d’être élu au deuxième tour. Sous le précédent quinquennat (2012- 2017), réélu toujours grâce à un accord des Verts avec le PS, il n’était resté que Député, au mieux vice-président de l’Assemblée Nationale, alors que ses ami(e)s ex Verts comme lui : Jean-Vincent PLACE, Emmanuelle COSSE et Barbara POMPILI devenaient Ministres et ce malgré sa démission des Verts et sa soumission à François HOLLANDE et au PS qu’il avait rejoint en fin 2015. Après les primaires du PS, où il fut d’ailleurs candidat, en 2016 il rejoint Emmanuel MACRON, profitant de la dynamique de l’élection Présidentielle, se fait réélire Député sous la bannière LREM et dans la foulée Président de l’assemblée nationale. En moins de deux ans après s’être fait élire député Vert suite à un accord avec le PS et avoir présidé le groupe des députés de ce parti à l’assemblée nationale, il rejoint le PS, crée un micro parti accroché au PS, pour finalement se retrouver député sous les couleurs de la LREM, si cela n’est pas de l’opportunisme !!

Avec l’opération HULOT, n’a-t-on pas joué une valse à « trois temps » très politicienne ?

Premier temps : une bonne opération de com. politique avec l’entrée de Nicolas HULOT au Gouvernement ce qui donne à Emmanuel MACRON un vernis de façade « écolo » et probablement suite à l’accord passé qui conditionnait cette entrée, le Président de la République cède sur le projet d'aéroport de Notre Dame des Landes, ce qui est massivement approuvé par les opposants à ce projet, pas seulement les écologistes et il gèle (ce qui n’est que provisoire) des projets autoroutiers. Second temps on l’affaiblit au maximum de manière à le discréditer sur plusieurs dossiers et ensuite on fait intervenir Thierry COSTE lobbyiste des chasseurs et conseiller très spécial du Président pour la « ruralité ». Ce grand amateur de chasse qui affirme sans détour ne pas avoir de morale quand il s’agit de vente d’armes aux dictatures Arabo-pétrolières ou autres intervient à un moment précis, de manière à ce que l’humiliation subie par Nicolas HULOT le fasse craquer… On connaît la suite. Troisième temps on fait de « l’esbroufe » avec l’opération COHN-BENDIT, CANFIN et d’autres mais en sachant ou veillant à ce que tous ces « pressentis » refusent, dès lors on peut clore le scénario de cette « valse à trois temps »…François DE RUGY qui en rêvait est Ministre, Richard FERRAND sera Président de l’Assemblée Nationale, ainsi va le bonheur au rythme des combinaisons politiciennes dans le « nouveau monde » cher à Emmanuel MACRON… Qu’importe pour eux que la planète brûle de tous les cotés…

Malgré le soutien de plusieurs député(e)s, dont il bénéficie contrairement à Nicolas HULOT, nul doute que le très opportuniste François DE RUGY aura face à la situation écologique désastreuse, la même efficacité que celle d'un pompier pyromane peut avoir pour la sauvegarde de la forêt... Pour le plus grand plaisir du conseiller très spécial Thierry COSTE, homme sans morale, comme il le dit lui même, qui, sous couvert de ruralité auprès d’Emmanuel MACRON, est avant tout un lobbyiste influent de la chasse et des vente d'armes.

La démission de Nicolas HULOT, tardif infortuné de vertu écologiste, illustre bien la toute puissance des lobbys qui se moquent des voeux exprimés lors des conférences climat

A aucun moment, l’extrême gravité de la situation de la planète et les défis écologiques du XXIe siècle qu’elle suppose n'ont été et ne sont placés au coeur des préoccupations des dirigeants politiques de Droite, du centre, de Gauche ou d’ailleurs. Malgré ses déclarations rassurantes ou celles des dirigeants de LREM par rapport au climat, Emmanuel MACRON n’échappe pas à cette logique. A aucun moment les difficultés financières et économiques de la France ou de l’Europe, mais également celles de l’ensemble des pays occidentaux, n’ont et ne sont reliées aux difficultés d’approvisionnement en énergie. A aucun moment, le dérèglement climatique, le décalage entre les ressources disponibles, la faiblesse des stocks alimentaires ou l’effondrement de la biodiversité ne sont reliés à la croissance démographique et ne trouvent leur juste place dans leurs discours et a fortiori dans leurs actions politiques.

Depuis de trop nombreuses années, en quelques mois, nous dépassons largement le niveau des ressources naturelles que peut générer la Terre en un an. Comme les découverts écologiques se sont ajoutés d’une année sur l’autre (comme les déficits publics se cumulent dans la dette), la dilapidation du capital naturel commence de plus en plus tôt. Nous vivons depuis trop longtemps écologiquement « à découvert » et il n’y aura pas une autre planète à laquelle on pourra faire appel pour « recapitaliser » les ressources naturelle de notre bonne vieille terre nourricière.

Entre « diners de cons » pour le climat et puissance des lobbys

Bien que régulièrement, les dirigeants politiques de la planète soient contraints d’assurer un service minimum dans ce domaine et se retrouvent pour des conférences sur le climat, où en final, lorsque l’on en fait le bilan, sans rire, on peut les comparer à de sympathiques « dîners de cons ». Les lobbys du Nucléaire et de l’industrie agro-chimico-pétrolière vont surtout empêcher que les contraintes dues aux quelques engagements pris, notamment pour réduire les gaz à effets de serre, développer les énergies renouvelables, qui n’en ont que le nom, ou engager la transition énergétique par un vrai « plan Marshall » des économies d’énergie, ne puisse se réaliser… A moins que dans les salons feutrés de l’un ou de l’autre de ces lobbies, ils jugent qu’au fond les engagements a minima pris par les responsables politiques, à ces « dîners de cons », représentent pour eux et les multinationales qu’ils servent un nouveau champ de business. Dès lors des campagnes de marketing vont se mettre en place et nous vanter les bienfaits de « l’économie verte », pire encore la « croissance verte » comme la nouvelle formule miracle qui va redonner « de la croissance et des emplois »…Qu’importe que nous entrions dans une nouvelle révolution des « intelligences artificielles » qui, en plus d’un impact social, culturel, énergétique aura sur le plan économique un effet négatif sur l’emploi, y compris dans « l’économie verte ». Dans le cas contraire, s’ils estiment que cela ne leur rapportera rien, ou si peu, en regard des investissements qu’ils devraient consentir, ils vont rester positionnés sur leurs marchés traditionnels et contraindront les gouvernements, de Gauche, du centre, de Droite ou d’ailleurs, à des contorsions frisant même le ridicule pour nous faire avaler le prétendu alibi du « blocage de Bruxelles… »

Dans le meilleur des cas, ils n’hésiteront pas à cumuler activités réparatrices et activités destructrices de l’environnement, également responsables des dérèglements climatiques

Dans tous les cas, mais comment pourrait-il en être autrement, même s’ils jugent qu’au fond les décisions politiques prises pour réduire les pollutions et les gaz à effet de serre, engager des campagnes d’économie d’énergie, développer des « énergies renouvelables » etc. sont un nouveau champs de business, les lobbys des multinationales de la santé, de l’alimentation ou de l’agro-chimico-pétrolière s’y engouffreront. Mais ces puissantes entreprises ne cesseront pas pour autant les activités lucratives que leur procure leurs marchés traditionnels qui vont cependant à l’encontre de ces décisions …

Comment pourrions-nous imaginer que les nombreuses sociétés, dont leurs lobbyistes ont démarré des campagnes de publicité pour rendre les cerveaux disponibles à la consommation de leurs produits, tel « Mac’DO » avec des pleines pages montrant son intégration dans l’économie nationale, source d’emplois, fussent-ils précaires et sans qualifications se préoccupent du climat. Oubliant au passage pour « Mac’Do » de préciser sa participation active à la déforestation. Selon des estimations, lorsque l’on consomme un Hamburger c’est 5m2 de surface boisée qui disparaît, il s’en consomme actuellement environ 62 millions par jour, sans compter l’impact sur la santé, ainsi que sur la couche d’ozone à cause du méthane émis par les bovins et du pétrole nécessaire au fonctionnement des unités de production. Ou encore TOTAL qui se présente comme un parangon de vertus écologiques pour les nouvelles énergies en vantant le rachat d’une entreprise US de photovoltaïque, ce qui lui permet de faire passer discrètement les 190 milliards annuels de business pétrolier et schisteux. Cette entreprise qui commet de véritables crimes contre l’environnement dans des pays Africains, ainsi que dans la province de l’Alberta au Canada où Selon Greenpeace, plusieurs milliers de km2 de forêts ont déjà été détruits pour produire ce pétrole de schiste, sans compter les fortes pressions, via ses lobbyistes et politiciens opportunistes, qu’exerce cette puissante société pour imposer l’exploitation des huiles et gaz de schistes en France et en Europe.

Autre exemple, avec certaines enseignes, de la grande distribution qui jouent l’image de la démocratie, vantant dans la pub leur souci de demander l’avis des consommateurs pour en faire des acteurs de la participation aux décisions !!! Alors que nous connaissons le rôle particulièrement néfaste et moteur des monopoles de la distribution alimentaire qui poussent inéluctablement le système agricole vers la folie de gigantesques lieux de production intense. Ici avec des usines aux « Mille vaches », voire demain aux dix mille, là avec des usines d’élevage aux « deux cent cinquante mille poulets », ceci n’étant d’ailleurs qu’un début de rattrapage en France de ce qu’il se fait déjà ailleurs à une tout autre échelle, notamment dans le désert chez nos « amis » des dictatures monarchiques Arabo-pétrolières.

Pour conclure

Alors que la planète brule de tous cotés et que dans des périodes de plus en plus courte nous enregistrons des dérives climatiques jamais inégalées au cours des derniers siècles, du essentiellement au fait que l’homme par son nombre et son économie est devenu une force géologique destructrice. Le géochimiste et prix Nobel Paul CRUTZEN, dans un article de la revue « Nature « en 2002, a avancé la thèse que, depuis deux siècles, la Terre est entrée dans un nouvel âge géologique marqué par la capacité de l’homme à transformer l’ensemble du système Terre. Selon lui la terre est entrée dans une nouvelle ère environnementale : l’ANTHROPOCENE. Ce qui nous arrive n’est pas une simple crise environnementale, mais une révolution d’origine Humaine. Hélas, au royaume des infortunés de la vertu, opportunistes et lobbyistes sont les maîtres… Pour combien de temps encore !



5 réactions


  • Ben Schott 10 septembre 2018 13:37
     
    Tissu (biodégradable) de conneries.
     


  • zygzornifle zygzornifle 10 septembre 2018 14:40

    ils me gavent avec leurs marches comme s’il n’y avait pas autre chose a faire que de marcher vers l’échafaud ....



  • zygzornifle zygzornifle 10 septembre 2018 14:42

    Avant c’était marche ou crève , maintenant c’est devenu marche et crève ....


  • Cateaufoncel2 10 septembre 2018 19:04
    Tant que ne marcheront pas quelques centaines de millions de Chinois, et autant d’Indiens, on restera dans le domaine de la gesticulation chimérique.

    Et il y en a qui font semblant de croire, que Hulot ou de Rugy, les résultats seront diamétralement différents, tandis qu’ils sont 700 - tous scientifiques, p’tain ! - qui pensent contribuer au sauvetage de la planète du haut d’une tribune dans un quotidien franco-français, qui ne tire pas à 80’000 exemplaires.

  • baldis30 11 septembre 2018 09:38

    bonjour,

    dans un autre fil répondant à Victor Ayoli je mentionne cet article résumé d’une étude de l’université de Yale .. :

    https://www.sciencedaily.com/releases/2018/08/180829143836.htm

    Ainsi que je l’ai dit c’est la faute au KGB, au Kominform qui avec leur agent Lomonossov sèment le désordre sur la planète !

    hululotez chers concitoyens ... marchez, marchez ... surtout vous... en ce qui nous concernent on vous regarde depuis l’Aventin et nous comptabilisons les dons aux bonnes œuvres en vue de l’instauration de la peste verte, comme si nous n’avions pas eu assez de la peste brune et de la peste rouge !...


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