Aurélien Taché : un député dans la tourmente pour avoir critiqué le catholicisme
Au pays des Lumières, vous pouvez voir votre carrière brisée à cause de simples mots, pis, à cause d'une critique du catholicisme. A croire que l'affaire du Chevalier de
Contrairement à ce que dit le "journaliste" Gabriel Robin (plumitif de la feuille de chou nationaliste L'Incorrect), Aurélien Taché n'a rien d'un "débile". Non, c'est est même un jeune homme qui a atteint sa position grâce à son talent et à ses efforts. Fils d'une aide-soignante et d'un agent de la voierie, le jeune Aurélien arrête ses études en 3ème pour travailler comme plombier. Puis, à 19 ans, parallèlement à son travail, il passe avec brio le baccalauréat comme candidat libre et s'inscrit à l'université de droit, d'où il sortira, cinq ans plus tard, avec les lauriers d'un master en droit public. Juriste émérite, il devient vite délégué régional au sein d'une grande entreprise comptant plusieurs milliers de salariés. Puis, en 2010, ressentant l'appel du service public, il sacrifie son confort et sa carrière florissante pour devenir attaché territorial auprès du Conseil Régional d'Île-de-France. Parallèlement à sa carrière, il est un militant socialiste convaincu, ayant fait ses armes à l'UNEF dont il fut le président à Limoges. Remarqué par la hiérarchie pour son zèle et sa rigueur, il est nommé en 2014 conseiller au Ministère du Logement, dont il démissionne en 2015 par hostilité au projet de déchéance de la nationalité présenté par le gouvernement. Le jeune idéaliste rejoint dès lors En Marche, convaincu par "les idées fortes" d'Emmanuel Macron. Apprécié de ses administrés, il sera élu député du Val d'Oise avec 59% des voix en juin 2017, devenant au fil des mois une figure médiatique de la majorité présidentielle. Le Monde le décrit comme "un janissaire dévoué corps et âme au chef de l'État".
Comme souvent, la gratitude est un mot inconnu en politique. Le député Taché s'en rendra compte, à ses dépens, ce 3 mars 2019, lors d'un débat télévisé face à Zineb el-Rhazaoui qu'il contredit sur la question du voile. Lorsque la polémiste lui demande s'il est favorable au "voilement d'une petite fille de 12 ans", le jeune député lui répond : "Me poseriez-vous la question sur une jeune fille d'une famille catholique à qui on mettrait un serre-tête ?". La polémique était enclenchée.
De la droite à l'extrême-droite (ce qui revient au même) militants et leaders réclament rien de moins que la démission du député pour ses propos jugés "christianophobes" et "anti-catholiques". Cela montre en premier lieu la pleurnicherie victimaire dont les droitards sont friands. Eux qui moquent le "discours victimaire" chez les minorités, dès que quelqu'un fait état de discriminations en raison de son appartenance ethnique, religieuse ou sexuelle, voilà qu'ils en deviennent eux-mêmes apôtres de cette "victimisation" quand il est question de clochers, de crèches et du p'tit Jésus. Cela montre également l'irrespect de ces gens pour la démocratie. Car, au nom de quoi un député dont le mandat démocratiquement conféré expire en 2022 devrait-il démissionner trois ans plus tôt sous le prétexte qu'il n'a pas l'heur de plaire aux grenouilles de bénitier ?
J'ai soutenu (et soutiens toujours) Marlène Schiappa face aux attaques sexistes dont elle est continuellement l'objet au sein de la fachosphère. Il est d'autant plus regrettable qu'elle tance ainsi son camarade et l'expose aux mêmes insultes de la vindicte populaire. Je pense en outre qu'un ancien ouvrier ayant une expérience de travail manuel et défendant la liberté des femmes voilées est plus féministe qu'une fille d'universitaire sans véritable expérience professionnelle dont le "féminisme" consiste uniquement à faire des hashtags…
Quant au fameux "serre-tête", est-il ou non un symbole religieux ? En théorie, non, puisqu'aucune disposition biblique, patristique ou vaticane n'ordonne : "à ta fille, un serre-tête tu mettras". En pratique, cependant, force est de constater que cet attribut orne souvent les têtes (consentantes ?) de petites filles catholiques dans les écoles privées. Certains parents, scolarisant leur enfant dans une école publique, usent de cet accessoire pour marquer leur appartenance au catholicisme, telle une provocation à la laïcité. Or, dans ces cas, le personnel enseignant (et le législateur) peut considérer qu'il s'agit bel et bien d'un signe de ralliement religieux, non par essence mais par pratique – c'est la même interprétation qui a cours dans le cas de jupes "trop longues" (sic) d'élèves musulmanes qui se voient traduites en conseil de discipline pour "port ostensible de signe religieux" alors qu'une robe longue n'est pas par essence un symbole marquant une appartenance confessionnelle. Le principe d'égalité impose dès lors que chacune soit traitée pareillement : soit on applique une laïcité intransigeante pour tous et l'on bannit le serre-tête et les croix en pendentif comme ce fut le cas pour le voile, soit on autorise librement les femmes musulmanes à se voiler et les cathos à arborer leur ridicule serre-tête. La seconde solution me paraît la plus souhaitable en tant que libéral, car elle est gage de liberté et de diversité – des vertus dont notre société sclérosée en a bougrement besoin. Il faut rajouter à cela que le voile n'a pas d'incidence sur la santé des femmes qui le portent (il constitue même un rempart contre les maladies microbiennes, la poussière et les coups de soleil), tandis que le serre-tête peut occasionner des problèmes capillaires chez les fillettes voire faire pression sur la boîte crânienne et provoquer des douleurs lancinantes ou de la fatigue, ce qui est un handicap indéniable en milieu scolaire.
La cabale menée (y compris par son propre camp !) contre le jeune député Aurélien Taché, lequel a été contraint d'abjurer publiquement ses déclarations jugées hérétiques, montre que