lundi 14 octobre 2019 - par Alexandre PAGE

Avant ceux de l’édition « classique », la remise des « Goncourt » de l’autoédition

  Tandis que les verdicts des prix littéraires de la rentrée 2019 se font toujours attendre, particulièrement le plus fameux d’entre tous, celui de l’Académie Goncourt, l’autoédition a déjà décerné certains de ses prix les plus convoités avec les Plumes francophones. Organisées par Amazon France en partenariat avec la chaîne TV5 Monde, elles ont pour but de valoriser la langue française à travers l’attribution de trois prix distincts accordés à des ouvrages publiés via KDP, la plateforme d’autoédition d’Amazon : le prix des lecteurs, remis au livre qui a reçu le plus grand nombre et les meilleurs suffrages des lecteurs, le prix TV5 Monde visant à récompenser un ouvrage en français écrit par un auteur étranger et le prix du jury, accordé au livre qui a le mieux convaincu le jury parrainé cette année par l’autrice Aurélie Valognes.

 

 

 

  La remise des prix a eu lieu le 8 octobre et les trois ouvrages distingués ont été respectivement Zen Altitude de Sonia Dagotor, Outsphere de Guy-Roger Duvert et Je ne veux pas partir de Karen Merran, lequel a été désigné parmi cinq ouvrages finalistes : Mémoire trouble de Philippe Fontanel, Digne(s) de Corentin Boisgard, 8 minutes de soleil en plus de Sébastien Theveny et Partir, c’est mourir un peu, écrit par moi-même.

 

JPEG

Les ouvrages gagnants des Plumes francophones 2019.

 

JPEG

Les ouvrages finalistes du prix du jury des Plumes francophones 2019.

 

  Malgré la présence de mon roman dans cette liste, il n’est pourtant pas ici question de publicité facile, ni de réclame, mais simplement de compenser, en en parlant par le biais d’un média citoyen, la faible médiatisation par les médias classiques de prix pour lesquels, pourtant, Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’État auprès du Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, a daigné accorder une allocution. Il ne s’agit pas non plus d’encenser la valeur d’un prix littéraire, lesquels ne déterminent pas nécessairement la valeur d’une œuvre, mais de faire connaître une initiative qui, louable à des auteurs indépendants et souvent marginalisés, l’est aussi à la création littéraire. 1300 ouvrages ont ainsi participé aux prix des Plumes francophones, et si la valeur en est hétéroclite, si la pérennité de beaucoup n’est pas assurée, au moins est-ce révélateur de l’envie d’écrire en français, en France et dans le monde, au moins est-ce révélateur d’une envie d’imaginaire, de volonté créatrice, et n’est-ce-pas là, dans une société souvent dure, amère, une digne échappatoire ?

 

  Alors, au-delà de la valeur que chacun accordera à ces prix de l’autoédition, ils ont au moins le mérite de créer une émulation et d’être, à l’inverse des prix classiques, ouverts à presque n’importe quelle personne ayant un écrit à proposer. Incitation au n’importe quoi diront certains, aux écrits « mal fignolés » pour reprendre les propos encore récents de Jean-Yves Mollier, je préfère y voir – et c’est un auteur hybride qui le dit –, une formidable agora où, sans doute, s’expriment côte-à-côte, Socrate et l’esprit le plus natif. En somme, c’est une représentation littéraire de notre société dans son excellence non reconnue, comme dans ses faiblesses. Excellence non reconnue en effet, car n’en doutons pas, combien d’auteurs d’hier, aujourd’hui encensés, auraient utilisé cette formidable opportunité de l’autoédition numérique avant, peut-être, de trouver enfin l’éditeur qui aura souvent manqué si longtemps à nombre d’entre eux ?

 

  Je ne ferai pas un long plaidoyer pour l’autoédition, ce serait prêcher pour sa propre paroisse, mais il est bon de rappeler son dynamisme, ses évolutions positives, alors même que l’obscurité médiatique l’entourant les masquent au grand public (qui d’après les derniers chiffres, ignorerait à 75 pourcent ce qu’est l’autoédition). Si avec les Plumes francophones, si avec tous les autres prix dédiés à ou acceptant l’autoédition (bien peu nombreux cependant), ce chiffre venait à se réduire, ce serait à l’évidence une belle victoire pour la création littéraire française. Si les ouvrages finalistes et vainqueurs des Plumes francophones venaient à convaincre ne serait-ce qu’un seul sceptique sur la valeur de l’autoédition, alors, pour paraphraser un titre d’Aurélie Valognes, ce serait la cerise sur le gâteau !

 

Page officielle des Plumes francophones 2019 :

 

https://www.amazon.fr/b?ie=UTF8&node=14734726031




Réagir