Aviation et trains à grande vitesse des investissements inutiles ?
Le transport aérien, qui est sous l’angle climatique le moyen de transport le plus nuisible pour le climat est actuellement en pleine progression grâce aux formules « low cost », lesquelles sont dues essentiellement aux aides publiques directes et indirectes. Par exemple : les vols assurés par Air France, devenue Air France-KLM en 2005 à l’intérieur du territoire national, sont soumis au taux réduit de TVA de 5,5 %. Dès lors, en terme d’investissements, comment pourrait-on imaginer, qu’il faudrait être, pour le moins, très réservé et ne plus financer de nouvelles réalisations aéroportuaires, telle que celle à Notre Dame des Landes ? De même que le TGV sur des distances qui permettent de relier les Métropoles Régionales à la capitale dans un confort, une sécurité et un temps relativement court, alors que ce mode de transport est le moins polluant et énergivore que les autres transports, comment pourraient-ils être également reconsidéré, en terme d’investissement ? Cependant la question des investissements les concernant doit être posée, car leur avenir apparait « moins rose » qu’il n’y paraît
Responsabilité climatique considérable de l’aviation
L’aviation est, de tous les modes de transport, le plus émetteur de gaz à effet de serre. Le transport aérien émet 14 à 40 fois plus de CO2 que le train par km parcouru et personne transportée. Un vol aller-retour Paris-Pékin émet 1239 kg d’émissions de CO2 par passager, soit l’équivalent des émissions d’une famille pour se chauffer pendant un an en France. Entre 2000 et 2015, les émissions du secteur de l’aviation en France ont progressé de 7,1% pour un nombre de passagers kilomètres en augmentation de 43,9%. Même si l’efficacité du transport aérien s’accroît (moins d’émissions par passager qu’auparavant), le problème fondamental est de faire baisser les émissions liées aux avions en France et partout dans le monde en valeur absolue. La DGAC4 indique que le secteur aérien dans son ensemble émettait 22 millions de tonnes CO2 en 2015, 20% provenant des vols domestiques et 80% des vols internationaux http://www2.developpement-durable.gouv.fr/Les-emissions-gazeuses-liees-au,52313.html. Les vols intérieurs représentent 1,3% des émissions nationales. Si on y ajoute les émissions des vols internationaux, ce pourcentage augmente à 6,5%. Mais il n’y a pas que le CO2 : la vapeur d’eau causée par les avions contribue à la formation de traînées blanches de condensation qui favorisent l’apparition de nuages cirrus qui réchauffent la surface de la Terre. Les oxydes d’azote (NOx) rejetés en altitude par les réacteurs augmentent la concentration de l’ozone (O3) et du méthane (CH4) qui sont d’autres gaz à effet de serre. En prenant en compte l’ensemble de ces gaz, le transport aérien est alors à l’origine de 4 à 4,9% du réchauffement climatique mondial pour 2% des émissions de CO2 émises. C’est donc un contributeur d’émissions de gaz à effet de serre de premier plan.
Doublement du trafic aérien mondial tous les 15 ans, mais qui se réduira et baisse du trafic intérieur qui va se poursuivre devrait justifier l’abandon de Notre Dame des Landes
Même si la majorité des émissions de l’aviation de la France est d’origine internationale (80%), il est important de souligner que depuis 2000, les émissions de CO2 pour le trafic intérieur sont en nette diminution (-26%), grâce notamment au report modal vers le TGV. Une baisse du trafic aérien intérieur est encore attendue pour les prochaines années sur ses nouvelles dessertes.
Depuis les années 1970 le volume du trafic aérien mondial double tous les 15 ans. En cinq ans, le nombre de passagers est passé de 2,5 milliards en 2008 à 3 milliards en 2013 (hausse annuelle de 4,7%) Au rythme de plus de 5% par an environ, le trafic aérien devrait être quatre fois plus important en 2040 qu’en 2010 selon les prévisions de l’organisation de l’aviation civile internationale (OACI). Si aucune mesure n’est prise, les émissions du transport aérien devraient tripler d’ici 2050, voire être multipliées par 4 à 6 par rapport au niveau de 2010 selon l’OACI. Cette tendance est fondamentalement contradictoire avec l’objectif de maintenir le réchauffement climatique sous la barre des 2° et encore plus pour celui d’1,5°. Contrairement à ce qu’affirment l’industrie et les compagnies aériennes, les innovations technologiques (moteurs et carburants) et les nouveaux processus dans le secteur ne suffiront pas à compenser la hausse du trafic. A lire : https://reseauactionclimat.org/wp-content/uploads/2017/08/les-aides-au-transport-aerien-dommageables-au-climat-et-injustes.pdf Mais ces prévisions risquent fort heureusement de n’être jamais atteintes, outre le désengagement des aides fiscales auquel l’Etat sera contraint pour des raisons budgétaires et l’augmentation du prix du pétrole avec sa raréfaction, pour deux raisons principales :
Par la nouvelle révolution des intelligences artificielles (4éme révolution industrielle) un outil au service de la réduction des déplacements, y compris sur de longues distances, qui va affecter le transport aérien
Bien qu’il soit difficile aujourd’hui de prévoir les nouvelles activités que génèrera cette nouvelle révolution du numérique des mégas-données, comme il était impossible de prévoir dans les années 80 l’émergence des nouvelles activités des plateformes numériques dues à la création et au développement d’internet, on peut toutefois penser que de très nombreuses personnes travailleront à distance sur de nombreux paliers des activités générées par le numérique, notamment pour des travaux de gestion et maintenance robotique qui n’étaient pas possible jusqu’à présent.
Avec la nouvelle révolution des intelligences artificielles ou 4éme révolution industrielle, ainsi définie par les experts du forum économique mondial de Davos, dans laquelle nous entrons à marche forcée depuis le début des années 2010 les robots changent de statut. De simples esclaves mécaniques, outils au service de l’Homme, grâce aux nouvelles intelligences artificielles et à l’interconnexion entre eux, les robots peuvent désormais, pour des taches intellectuelles ou nécessitant une dextérité des gestes, se substituer à l’homme avec une plus grande efficacité.
Aujourd’hui, on est en mesure de confier des taches sélectives de décision, notamment, pour la justice, la médecine, l’enseignement, mais aussi faire déplacer des véhicules sans chauffeur ou des drones-taxis sans pilote, y compris faire fonctionner des usines sans aucune intervention humaine grâce aux interconnexions de l’intelligence numérique entre les machines, avec toutes les conséquences d’éthique que cela suppose. Par exemple, s’agissant de la justice pour désengorger les tribunaux, lorsque cela ne relève pas de décisions concernant des jugements dans des situations complexes, où elles doivent être prises en « son âme et conscience, les robots peuvent très bien suppléer les magistrats pour prononcer des sanctions en fonction de critères très précis. Plus besoin d’habiter à proximité de lieu d’activités où l’intervention humaine était indispensable, tout les systèmes de gestion et de programmation des robots peuvent se faire à distance… De la même manière que l’on organise actuellement les réunions ou les conférences téléphoniques, quand il y a 20 ou 30 ans on était obligé de se déplacer périodiquement, parfois à plusieurs centaines de kilomètres souvent en avion…
Certes, cette évolution qui risque toutefois d’être confrontée à la problématique démographique ou les besoins en électricité vont croître démesurément, ainsi que les Terres Rares qui sont aussi une énergie venant du sous-sol vont être des problèmes que les futurs robots ne pourront résoudre … Sans terres rares, pas d’intelligence artificielle (IA), pas d'Ipad, pas d'écrans plasma ni LCD. Impossible de produire une voiture hybride ou à pile à combustible, pas d'ampoules LED basse consommation. Dans une technologie donnée où elles sont utilisées, les Terres Rares sont difficilement substituables, ou alors au détriment de la qualité et des performances. Il peut en revanche y avoir des basculements de technologies, or, aujourd'hui, la situation est alarmante. En effet, la demande de terres rares est explosive, notre dépendance totale et l'offre est sur le point de s'assécher violemment. Il n´existe peu de matières premières, dont la demande, a été multiplié par 30 fois en 50 ans.
La Chine, c'est 90 à 95% de la production mondiale (2013). Elle alimente à elle seule toute la planète en terres rares. En 10 ans, elle a éradiqué la quasi-totalité de ses concurrents occidentaux par une guerre de prix destructive. Elle est devenue totalement « maître du jeu ».
Si la nouvelle révolution du numérique et les contraintes climatiques vont contribuer à restreindre les déplacements aérien, le train du futur « Hyperloop » amplifiera la tendance, comme il signera la fin de l’usage TGV sur les longues distances.
Qu'est-ce que le projet Hyperloop ou "train du futur", quelles fiabilité ?
Il s'agit d'un double tube à basse pression dans lequel circule à grande vitesse (500 km/h, voire beaucoup plus) un module pressurisé de plusieurs dizaines de passagers.
Elon MUSK, fondateur d’une entreprise américaine travaillant dans le domaine de l’astronautique et du vol spatial appelée SpaceX, a eu l’idée de l’Hyperloop en voyant le coût, exorbitant à ses yeux, de la construction d’une ligne à grande vitesse entre Los Angeles et San Francisco. Selon lui le train du futur devrait pouvoir parcourir les 600 km qui séparent Los Angeles et San Francisco (c’est à peu près la distance Paris- Marseille) en à peine 30 minutes, tout en réduisant très sensiblement l'impact écologique. Son Hyperloop coûterait dix à quinze fois moins cher qu’une ligne de trains de ce type. Les coûts de construction et d’alimentation en énergie seraient moindre, grâce à des panneaux solaires photovoltaïques qui réduirait la consommation d'électricité d'origine fossile ou nucléaire. Ce qui rend la technologie bien moins polluante et les prix des billets plus raisonnables.
L’aspect sécuritaire entre aussi en jeu. En effet, nombreux sont les accidents qui surviennent sur les différentes lignes de transports chaque année. Selon ses promoteurs, rien ne peut arriver à l’Hyperloop. Reposant sur les champs magnétiques créés tout au long du tube et non sur des rails comme un train classique, il ne peut pas dérailler. Il ne craint pas non plus les collisions, l’air sous haute pression permettant aux capsules, avec 80 à 100 passagers, de se déplacer sans frictions. A l’abri dans un tube, l’Hyperloop est par ailleurs invulnérable aux intempéries.
L’Hyperloop se veut donc être une technologie plus sûre, pensée pour un transport économique et considérablement moins impactant pour l'environnement qu'une liaison ferroviaire ou autoroutière qui détruit les terres agricoles, ce qui n'est pas le cas d'hyperloop.
Un projet Français « Hyperloop » initié par les ingénieurs de l’école des mines de St. Etienne
Christian BRODHAG, chercheur et directeur de l’école des Mines de Saint-Etienne, demandait à des élèves de 2e année de la section entreprenariat et innovation de "plancher" sur la question et d’étudier la faisabilité d’un train supersonique expérimental reliant Saint-Etienne à Lyon (63 km).
Les voyageurs n’auraient plus qu’à fermer les yeux et compter jusqu’à 480 pour arriver à destination. En effet, lancé à une vitesse de 400 km/h il faudra 8 minutes (soit 480 secondes) pour se rendre de la ville de Lyon à la ville de Saint-Etienne. Le projet prévoit de transporter 10.000 passagers par jour via un système de navettes en départ continu.
Au conseil régional Auvergne Rhône- Alpes, mise en place d’un groupe de travail
Un vœu initié par les élus d’opposition socialiste-Verts et adopté grâce au vote d'élus de droite, la constitution de ce groupe, à laquelle Laurent WAUQUIEZ n'était pas forcément favorable, est une bonne nouvelle pour le maire de Mornant, Renaud PFEFFER (LR), Vice Président du Conseil Départemental du Rhône qui a soutenu Christian BRODHAG dès le départ et à bien l'intention d'être le promoteur de ce train du futur parmi les élus locaux. Il déclare d’ailleurs : « L'Hyperloop va voir le jour. Le monde avance sur ce genre de sujet. Notre pays a un rôle à jouer en tant que promoteur et fondateur du TGV ou d'Ariane. À l'époque du TGV, le projet était vu comme extraterrestre. J'ai l'impression que c'est la même attitude, que nous n'avons plus l'audace alors que c'est un projet industriel exceptionnel qui permettrait d'être une alternative complémentaire à la voiture, au train et à l'avion. Au-delà de gagner du temps, le problème du fret européen est un sujet économique majeur pour l'Europe. On va mettre trente ans pour les projets de fret ferroviaire, mais est-ce que dans trente ans nos trains ne seront pas complètement dépassés ? » S’interrogeait à juste titre cet élu.
Alors que le transport ferroviaire, y compris le TGV devrait être un outil au service du rééquilibrage territorial, l’Etat semble choisir une autre voie.
Quand on parle de réduire les inégalités territoriales, curieusement, pour leurs liaisons entre elles, les villes moyennes vont devoir apprendre à se passer des lignes à grande vitesse. La ministre des Transports Mme. Elizabeth BORNE a confié à Jean-Cyril SPINETTA, l'ancien patron d'Air France, la préparation d'un rapport sur la « refondation du système ferroviaire ». Et si elle se refuse à préconiser une piste d'amélioration plutôt qu'une autre, sa position est toutefois précise : « Les dessertes fines du TGV ont un impact non négligeable sur le modèle économique du TGV ». Selon ses critiques, la cause de ces difficultés est toute trouvée : la hausse du nombre de gares desservies. Selon un rapport de la Cour des comptes de 2014, les trains à grande vitesse s'arrêtent dans 230 villes françaises. Ce qui fait perdre de « précieuses minutes » sur les trajets rapides et obligerait fréquemment les TGV à circuler sur des lignes classiques, à la vitesse bien plus réduite. Autrement dit un certain nombre de villes devraient donc bientôt apprendre à se passer du TGV. “Pour faire un parallèle avec l'aérien, on ne dessert pas Brive avec un A380”, résume la ministre des Transports. Quelles villes seront concernées ? La question est loin d'être tranchée, et nul doute qu’elle promet de faire l'objet d'intenses batailles politiques.
A l’évidence Mme la Ministre continue à raisonner d’un point de vue seulement quantifiable, sans vision à long terme comme on le faisait encore à la fin du 20 éme siècle. Quel intérêt de réserver le TGV sur les longues distances sans arrêt entre Paris et sa Gare de Départ, ignorant ainsi les relations inter villes entre ces deux points. C’est à croire que certains à la SNCF et au ministère des transports en sont encore à vouloir concurrencer le train à l’avion…Si une refondation du système ferroviaire s’impose, pour les longues distances il doit s’ouvrir sur l’avenir avec des projets soucieux du climat, des finances publiques et de l’énergie. La SNCF s'est rapidement positionnée en investissant dans la start-up californienne "Hyperloop One" du milliardaire Elon MUSK. L'une des entreprises américaines travaillant sur le projet HyperLoop avait annoncé le 24 janvier 2017 l'implantation d'un centre de recherche et développement Européen dans le sud-ouest de la France, à Toulouse. « Hyperloop Transportation Technologies » doit bâtir des locaux sur l'ancienne base aérienne de Francazal, selon un accord signé par les dirigeants de la société, Toulouse métropole, la région Occitanie et la préfecture de région, annoncent les partenaires dans un communiqué commun. Espérons que Mr. SPINETTA intègre ses données dans son rapport… Et que le projet expérimental initié par Mr. Christian BRODHAG entre St. Etienne et Lyon fasse l’objet d’une réalisation rapide qui selon son concepteur coûterait deux à trois fois moins cher que l’actuel projet autoroutier A45 devant relier ces deux villes.
Pour conclure
Au moment où les partisans et adversaires du projet d’aéroport à Notre Dame Des Landes attendent la décision du Président de la République Emmanuel MACRON, les uns et les autres espérant une décision conforme à leurs espérances. Mais une analyse objective des pouvoirs publics sur le devenir du transport aérien et le ferroviaire à grande vitesse devrait rendre caduque tout nouvel investissement dans ce domaine. A leur place l’élaboration de projets type « Hyperloop » soucieux du climat de l’énergie, de l’espace et des finances publiques est à privilégier.