mercredi 18 septembre 2019 - par Circomplexe

« #BalanceTonPorc », combattre le mâle par le mal ?

Quelque peu perplexe sur l’efficacité réelle du hashtag « #BalanceTonPorc » pour aider les femmes à se faire davantage respecter dans notre douce France, je me suis imaginé ce que pourrait donner la parole libérée d’un féminisme poussé à l’extrême. Celle d’un féminisme profondément misandre, manichéen, qui consisterait à voir en chaque homme un porc, un pervers, et en chaque femme, une victime, une proie. Comme une version caricaturale hardcore d’un type de discours féministe dans lequel la cause des femmes se résumerait à une partie de chasse à l’homme interactive.

Une chasse à l’homme où il suffirait d’accuser publiquement un homme pour prouver sa culpabilité.

Une chasse à l’homme qui serait justifiée par le laxisme et l’indifférence manifeste d’un système judiciaire sur les questions de violences faites aux femmes.

Une chasse à l’homme qui serait justifiée par un système éducatif défaillant qui conditionnerait les hommes dès le plus jeune âge au sexisme, et à une normalisation des abus de pouvoir sur les femmes.

Une chasse à l’homme qu’encourageraient à la quasi-unanimité les médias traditionnels, dans un souci de justice sociale complètement désintéressé, et intrinsèquement bienveillant.

Une chasse à l’homme qui démolirait la cause qu’elle serait censée servir. Renforçant les frustrations, et les rancœurs de part et autre, qui ne réussiraient qu’à étouffer, compliquer encore plus les relations entre les 2 sexes. Et les condamneraient au mieux à avoir des rapports ascétiques, au pire, à vivre séparément.

Tout ceci est bien sûr fictif. A l’instar du manifeste purement imaginaire qui suit, proposé par des « ultra-féministes », tout aussi imaginaires, qui entendent faire cesser le « grand complot masculiniste ». Est-ce que ce grossissement des traits est l’occasion de rire, ou de s’inquiéter ? A chacun/e de voir.

Depuis l’affaire Weinstein, il apparaît difficile d’observer les relations hommes-femmes sans y voir nettement les véritables engagements de ce mariage forcé entre les 2 genres, le sadisme et la souffrance.

 

L’égalité des sexes, une illusion

 

On sait désormais avec certitude que chaque membre de l’espèce masculine est un prédateur sexuel en puissance qui s’ignore, un simple animal assoiffé de chair et de sang, obligé de calmer l’appétit vorace de son entrejambe sous peine de se découvrir tel qu’il est vraiment ; un criminel en liberté, un coupable présumé innocent, un chasseur en chaleur. De l’autre côté, se trouvent les femmes. Les victimes non consentantes des actes de barbarie du sexe « fort ». Condamnées pour toujours à supporter la pénétration en leur fort intérieur de l’oppresseur, à des fins de perpétuation de l’espèce humaine. Toute représentation alternative à ce constat des faits est une illusion qui n’a d’autre but que d’entretenir la docilité, l’assujettissement, la soumission du sexe « faible ». Toutes les mesures politiques et sociales engagées pour soutenir la cause des femmes ne sont que les promesses d’un bonheur factice, sensé dissimuler les véritables intentions de l’oppresseur masculin. Diriger le monde à sa guise ; quitte à écraser la moindre entrave à son dessein puéril , et à mettre en péril toutes formes de vie : la nature, les animaux, les femmes, …

De tout temps la femme a été reléguée à l’arrière-plan, mise à l’écart, éloignée de force des enjeux sociétaux, de la construction des civilisations, du sort des être humains. Réduite aux tristes et ingrats rôles de mère au foyer, mère porteuse, et d’objet sexuel. Elle est extérieure, étrangère aux grandes décisions de ce monde, comme spectatrice de sa propre histoire. Nulle femme prophète, ou chef de file dans nos pays plus ou moins civilisés. Le sens de l’action collective et la conquête sont les territoires réservés aux hommes, qui décident entre eux de la répartition des tâches, des richesses, de la paix, et de la guerre. Si quelques femmes occupent de temps à autre des fonctions à hautes responsabilités, ce n’est que pour préserver les apparences trompeuses d’un monde fondamentalement inégalitaire et non-progressiste, où toute protestation au nom des droits des femmes ne renverrait qu’à des frustrations mal placées ; issues forcément des contrariétés passagères propres à l’émotivité légendaire des femmes, et calées sur le calendrier de leurs menstruations ; argument fallacieux qui disqualifie automatiquement la parole contestataire des femmes, l’assimilant injustement à des crises d’hystérie chroniques.

 

La fin de l’imposture, le début du combat

 

Mais les temps changent. Les révélations concernant les atteintes à l’intégrité physique et morale, commisses par un producteur de cinéma sur des actrices, ont provoqué un raz de marée médiatique sans précèdent à la faveur de la cause féminine. Ce qui n’était au départ qu’une énième histoire de fesses issue des collines d’Hollywood s’est transformée en un phénomène viral sur Internet, de libération de la parole des opprimées. Les chaînes de TV, et les stations radio n’ont pas eu d’autres choix que de s’aligner sur la volonté de puissance d’une conscience féminine en pleine effervescence, et de relayer leur message : « balance ton porc ». Un hymne à la justice sociale, pour dénoncer le totalitarisme du sexe masculin, qui n’a jamais cessé de considérer le monde autrement que comme sa porcherie. Éclaboussant ici et là la dignité féminine, d’un simple regard non désiré à une caresse intime non repoussée, confondant silence et assentiment, insistance et espérance, plainte et plaisir, douleur et jouissance, non et oui ; et ne plus voir l’agression dans la séduction.

Il est grand temps de ne plus rien laisser passer. A l’image du courage inouï des résistantes de la 1ère heure, que sont les comédiennes abusées par Weinstein, qui n’ont pas hésité à mettre dès que possible leur carrière en danger avec leur témoignage ; incitant ainsi les femmes de la Terre entière à jeter en pâture les responsables de leur mal-être existentiel. Pas question ici de vouloir nuire au genre masculin. Seulement d’avoir enfin le droit d’exister à son niveau, dans un souci d’équité, de justice, de respect, en le contraignant à faire face à ses contradictions. Ce qui nécessite inévitablement l’exécution immédiate d’un tric sélectif parmi ceux qui ont trop longtemps agi en toute impunité, comme Roman Polanski, Woody Allen, Dominique Strauss-Kahn, Denis Baupin, Gilbert Rozon, Harvey Weinstein, et tous les autres, connus ou pas, issus de toutes les couches sociales, dont les noms seront dévoilés d’ici sous peu sur les réseaux sociaux. A défaut de passer par la case justice, et par tout un ensemble de procédures laborieuses et inutiles consistant à vérifier les accusations portées, la révélation de leur identité sur la place publique entachera leur réputation pour toujours. Et le préjudice moral sera en partie compensé. Peu importe l’expiration du délai de prescription des crimes perpétrés, ou même l’absence de preuves confondantes. Le traumatisme, la souffrance, les blessures sont bien là, et la parole des victimes se suffit alors à elle-même. Ne pas l’entendre revient à encourager la misogynie, et à ne pas vouloir traiter le mal.

C’est pourquoi il est urgent d’interdire la moindre ambiguïté dans les rapports hommes-femmes, d’appliquer le principe de précaution, en imposant une contractualisation des relations susceptibles de déboucher sur des rapprochements physiques. L’homme devra réclamer le consentement par écrit de sa partenaire avant la moindre tentative de séduction, sous peine de s’exposer à de lourdes conséquences (castration). Tolérance zéro pour les signes de concupiscence non validés en amont. Mieux vaut prévenir que guérir, et ne courir aucun risque. Les hommes ont fait la preuve à trop de reprises de leur perversité. Et gare à ceux qui jouent la carte de la repentance, et baissent leur froc fièrement en public, afin de s’exonérer à des fins pratiques de leurs semblables. Les adeptes du mea-culpa, et de l’auto-flagellation sont les pires représentants de leur espèce. Des traîtres qui naviguent en fonction du sens de leur intérêts particuliers, sans autre cause à défendre que la leur. Un homme reste un homme. L’abus de pouvoir est inscrit dans ses gènes, et peut emprunter bien des formes différentes.

Les femmes ne se prennent pas pour des victimes ; elles sont des victimes. Toutes les statistiques en attestent. 100 % des femmes reconnaissent avoir été au moins 1 fois victime de harcèlement. Tous les chiffres qui disent le contraire visent à manipuler la réalité, à réécrire l’histoire, à protéger les hommes. Le silence parle pour toutes celles qui se taisent et vivent dans la peur. Le déni parle pour toutes celles qui, trop effrayées, se voilent la face et vivent dans l’erreur. La simple présence d’un homme dans un ascenseur avec une femme prête à confusion. Comment écarter l’hypothèse d’une tentative de contact non désiré qui porterait atteinte à la tranquillité de la femme ? C’est impossible, à moins de réglementer les rapports hommes-femmes, et de préparer leur séparation.

 

Se libérer

 

La guerre froide des sexes a trop longtemps duré, et doit cesser. Les femmes ne seront libres, à l’abri, que lorsqu’elles parviendront à s’éloigner des hommes, et à vivre entre elles. Telles des amazones, qui échappent au dégradant reflet d’une société machiste obscène qui prend les désirs de ceux qui tiennent les ficelles pour des réalités, et fait l’amalgame entre amour et pornographie. En attendant la chute de l’empire phallocratique, « balance ton porc ».




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