mardi 31 octobre 2006 - par Jean-Pierre Lovichi

Banlieues, comment mettre le feu aux poudres avec une bougie d’anniversaire

« Ils vont y arriver... »

« Ils », ce sont bien évidemment les médias, et en premier lieu les télévisions. Les maires des « zones urbaines sensibles » (ZUS), considérés par le gouvernement comme « les vrais pilotes » de ce que sera le « plan de national de prévention des violences », dénoncent[1] leur présence renforcée dans les quartiers ces dernières semaines et le discours, les questions qui se répandent actuellement dans les journaux télévisés, les magazines d’information et les colonnes de nos journaux comme de l’essence. Le phénomène n’est pas strictement français, les médias internationaux n’ont pas oublié « les évènements », terme pudique pour désigner l’embrasement pendant vingt-et-un jours de certains territoires de nos banlieues et « le climat insurrectionnel » qui a donné des frissons dans le dos à la bonne société qui se croyait jusque-là bien à l’abri derrière ses privilèges. Ils ont bien cru que la révolution était aux portes de Paris quand les télex de presse annonçaient des voitures brûlées jusque dans le 11e arrondissement !

Panique générale ! Qu’ils se tapent dessus dans leur coin avec des policiers, qu’ils brûlent leurs voitures passe encore, mais qu’ils aient l’idée d’étendre la révolte et là, les grands mots sont lâchés et la situation mérite qu’on s’y intéresse de plus près.

Force est donc de constater que les émeutes de 2005 ont eu le mérite, en s’invitant à la une pendant trois semaines, de faire émerger le problème des banlieues dans toute sa profondeur et sa complexité. Les vraies questions ont enfin été posées et notamment celles de leur cloisonnement, de la diminution des crédits apportées aux associations de terrain, de leur caractère déshumanisé, des problèmes structurels loin des idées reçues et rebattues au café du commerce selon lesquelles « ils ont tout, que veulent-ils encore ? ».

Pourtant, derrière le résultat positif (on pourra toujours critiquer la prime ainsi donnée à la violence qui apparaît comme le seul moyen de se faire entendre et prendre en considération), il y a eu l’instrumentalisation des médias. L’article du Monde sur les blogs des cités le rappelle[2] : la course à l’audience entre bandes rivales a entraîné une surenchère dans les actes de vandalisme et de violence. Il y allait d’une certaine forme de reconnaissance entre pairs dans un classement inquiétant de la banlieue la plus « chaude ». Les élus des ZUS évoquent à ce propos une collusion entre émeutiers et journalistes quand ces derniers arrivaient en avance sur les lieux des incendies...

Difficile de ne pas leur donner raison... Les médias ont joué à nous faire peur et ce faisant, il y a bien eu connivence, car tel était bien l’objectif de la poignée de jeunes à l’origine des émeutes.

Il importe en effet de ramener les choses à de plus justes proportions. Derrière la brutalité des images et des chiffres livrés en valeur absolue (bilan des trois semaines d’affrontement :10 000 véhicules détruits, plus de 200 bâtiments publics incendiés, évaluation des dommages à 160 millions d’euros par les compagnies d’assurance, 120 policiers et gendarmes blessés, 3200 interpellations et 400 condamnations à de la prison ferme[3]), il y a d’abord des proportions. Plusieurs centaines de jeunes ont en effet contribué à faire naître cette catégorie sociale originale « jeune de banlieue ». Etiquette bien commode par l’uniformité qu’elle confère aux millions d’individus sur le front desquels elle vient se coller ; elle permet de ne plus penser les différences, de se contenter des caricatures quand il faudrait des analyses fouillées. A titre d’exemple, la cité des 3000 à Aulnay compte 18 000 habitants...

Oui, ils ont joué à nous faire peur en faisant augurer une révolution improbable tant les acteurs s’avèrent dépourvus de toute culture politique, de toute visée politique. Hélas, pourrait-on rajouter... Ils ne remettent absolument pas en cause une société ultra-matérialiste de consommation dont ils ont au contraire totalement intégré les symboles et le fonctionnement (marques, apparences, violence des symboles sexuels, notamment dans la publicité). Il suffit pour s’en convaincre de regarder les clips de rap « gangsta » ou Rn’B où paradent des caïds en grosses cylindrées toujours entourés de bimbos plus sexys les unes que les autres, plus lascives les unes que les autres. L’article précité sur les blogs des cités montre qu’il s’agit avant tout d’un jeu grandeur nature, et d’abord d’une confrontation à l’autorité matérialisée par les forces de l’ordre perçues comme une force d’occupation d’un territoire dont ils se sentent les maîtres absolus. La politique ne les intéresse pas (les chiffres d’inscription sur les listes électorales restent très faibles) et du reste, la grande majorité des émeutiers était très largement mineure et ne sera donc pas concernée par les prochaines élections... Absence de culture politique, absence de culture tout court, pourrait-on également déplorer. Les études sur l’étendue du vocabulaire des jeunes en difficulté laissent pantois. Georges Orwell, dans son livre 1984, montre comment la diminution du nombre de mots dans le dictionnaire officiel participe de la mainmise sur les populations par l’atteinte portée à leur capacité à exercer leur esprit critique. Il s’agissait alors de la mise en œuvre d’une volonté. Aujourd’hui, le résultat est le même pour une certaine frange de la population sans que l’on puisse dire qu’il s’agit d’une volonté similaire et clairement identifiée. Le résultat n’est toutefois pas celui envisagé par l’auteur d’anticipation, car en l’absence de mots, c’est l’action violente qui s’impose dans une forme de gratuité qui nous dérange et déstabilise plus encore...

Alors oui, dans un climat qui n’a guère évolué, tant au regard des causes qui ont produit les émeutes en 2005 que dans la perception du « problème des banlieues » par la masse de la population, qui ne s’y trouve pas directement confrontée, la question de la légitimité aujourd’hui d’évoquer les émeutes un an après doit se poser. Non pas sous l’angle de la récupération politique, voire de la manipulation politique, et ceci même s’il ne fait pas de doute que de nouvelles émeutes feront le lit de la droite et de l’extrême droite, la présence des médias internationaux suffisant à en contester la valeur explicative générale, mais bien sous celui du sens de l’information, du rôle des médias, et du métier de journaliste.

Nous sommes en effet à la limite de la création de l’événement, quand l’information devient proactive.

Bien sûr, les journalistes pourront toujours dire qu’ils ne sont pas responsables des émeutes qui ne manqueront pas de se produire dans la mesure où, comme le noteraient les renseignements généraux, « la plupart des conditions qui ont amené, il y a un an, un déclenchement de la violence collective [...] sont toujours réunies[4] ».

A titre d’exemple, en droit, deux théories permettent d’apprécier la difficile question de la causalité dans l’appréciation d’une responsabilité. La première, la causalité adéquate, fait peser l’ensemble de la responsabilité d’un événement sur la dernière cause, à savoir celle sans laquelle rien ne se serait produit. En application de ce principe, la responsabilité des émeutes ne peut finalement peser que sur les émeutiers. La seconde, la théorie de l’équivalence des conditions, étend le cercle des responsables à quiconque a participé à créer la situation dommageable.

Seule la seconde peut permettre de comprendre la mécanique complexe des violences urbaines, qui ne sont pas une spécificité française (on peut citer Brixton en 1981 et 1985, en Angleterre, Los Angeles en 1990, aux Etats-Unis, et également la Belgique ou les Pays-Bas[5]).

Et à ce titre, la responsabilité des journalistes ne peut être ignorée.

Or quel peut être le rôle du journaliste dans ces conditions ? Comment peut-il remplir sa mission, informer, sans l’outrepasser et basculer dans la manipulation ? Quelles questions devait-il se poser ?

S’il est légitime de suivre l’évolution d’un dossier et de ne pas être seulement tributaire de l’actualité lorsqu’elle se présente - on critique si souvent le « zapping » de l’actualité (le tremblement de terre passé, on omet de dire comment les secours luttent quotidiennement contre les différents maux qui se succèdent pendant plusieurs mois après la catastrophe) - il convient de s’interroger sur la manière de mener le suivi. Et en premier lieu, en l’espèce, sur la pertinence du délai d’un an, et sur le concept d’« anniversaire » qui s’y trouve nécessairement associé.

N’aurait-il pas été préférable de prendre le calendrier des mesures édictées par le gouvernement au sortir des émeutes et de s’y caler, date après date, pour en vérifier l’application, l’expliquer, la commenter, la critiquer ? Par quels moyens ? Fallait-il ressortir les images d’archives ? L’image n’est-elle pas nécessairement réductrice pour donner à penser la complexité de ce qui se joue ainsi dans la rue ? Peut-elle échapper à ce qu’elle montre, à savoir une population pour l’essentiel noire, ramenant le problème à une question « raciale » lorsque l’analyse du phénomène, pris dans son ensemble et intégrant les exemples internationaux, établit, sans contestation possible, qu’il s’agit avant tout d’un problème social, à savoir la constitution de zones de pauvreté imperméables à toute évolution positive ou tout du moins ressenties comme telles par leurs habitants... La proximité d’échéances électorales telles que les présidentielles ne renforce-t-elle pas la responsabilité des médias dans le traitement de sujets aussi sensibles ? Peuvent-ils ignorer les conséquences de ce qu’ils montrent ?

Il est dommage qu’à chaque surmédiatisation d’un événement, laquelle n’est jamais sans incidence sur son objet, les mêmes questions se posent sans que les réponses qui y sont apportées ne servent pour l’avenir.

Alors, il en reste une que j’aimerais poser : que fêterons-nous exactement à la fin du mois d’octobre ?



[1] Le Monde 27 octobre 2006 : « Des élus critiquent l’emballement médiatiques sur les banlieues »

[2] Le Monde du 11 octobre 2006 : « Les bogoss baizent les rageux ! »

[3] Corse-Matin, jeudi 26 octobre 2006 : « Cette nuit où tout a commencé »

[4] Le Monde 27 octobre 2006 « Des élus critiquent l’emballement médiatiques sur les banlieues »

[5] Supplément au « Monde » du 26 octobre 2006 « Banlieues un an après » - article « Comment font-ils ailleurs ? » interview de Claude Jacquier



27 réactions


  • Colonel 31 octobre 2006 14:17

    L’émulation est une folie à l’échelle collective

    La curée domine la raison.


  • Enzo (---.---.166.83) 31 octobre 2006 14:33

    analyse pertinente

    cordialement


  • leK (---.---.208.127) 31 octobre 2006 16:25

    En effet les médias ont une responsabilité dans l’apparition ou l’accroissement de certains phénomènes ; mai ils ont tendance à nier totalement cet effet. La téléréalité est la plus grande école de média et les jeunes gens concernés passent pas mal de temps à la regarder (voir aussi cette jeune autrichienne qui a été enlevée 18 ans à ses parents et qui passait le plus clair de son temps devant l’écran et qui , une fois libérée, a déjà vendu les droits sur son histoire). Donc ils savent ce qui intéresse les médias, et l’idée de passer à la télé (même cagoulé) ne leur déplait pas. C’est un contrat tacite : une image choc contre un peu de notoriété.


  • Colonel (---.---.218.193) 31 octobre 2006 16:40

    En général, on attire l’attention lorsqu’on a besoin de solliciter une demande.

    Sans être trop éloigné de l’erreur, serait il possible que ces moyens d’action soient une « forme » de communication ?

    Le cas échéant, il ne reste qu’à en interpréter la signification...

    Avis aux spécialistes !


  • Jérome (---.---.5.135) 31 octobre 2006 17:50

    [...]Sarkozy dirige un groupe d’agents provocateurs responsables de deux récentes émeutes aux alentours de Paris, similaires à celles de l’année dernière. De nombreuses d’entre elles avaient été provoquées par ces agents de Sarkozy. Une émeute aux Mureaux le 2 Octobre, impliquant initialement un petit groupe de hooligans, se sont terminées par l’incendie d’une voiture de police, et 6 policiers et un civile ont été blessés. (...) En aout, la candidate à la présidentielle Ségolène Royal, s’est plainte que le ministre de l’intérieur transmette à la presse des informations sur le cambriolage de son appartement de Boulogne-Billancourt. Royal a déclaré que rien n’avait été volé, mais il a été mis sans dessus dessous d’une façon qui laisse penser qu’on était venu y chercher quelque chose.[...]

    Cette dépêche vaut ce qu’elle vaut mais il faut y réfléchir.

    source : traduction de http://www.waynemadsenreport.com/2006_09291012.php Actualité du 10 octobre 2006 de Wayne Maden Report


    • Jérome (---.---.5.135) 31 octobre 2006 17:51

      Toujours sur WMR, dépêche du 23 octobre,

      October 23, 2006 — WMR a rapporté précédemment que le ministre français de l’intérieur Nicolas Sarkozy incite à la violence les musulmans, principalement les groupes de jeunes d’origine nord africaine des banlieues de Paris, en une sorte de guerre psychologique pour convaincre les français que les musulmans sont une menace. Nous pouvons aujourd’hui rapporter que, selon nos sources au sein des services de renseignement français, le programme Sarkozy s’appuie sur des fonds cachés pour financer les agents provocateurs.

      Le ministre de l’intérieur entretient un « budget noir » alimenté par [France’s asset forfeiture program for counter-narcotics, smuggling, and other illicit activities]. Ces fonds ont été détournés pour les opérations de Sarkozy afin de déclencher des troubles chez les jeunes musulmans. L’argent est utilisée pour payer des agents provocateurs qui ont pour tâche de convaincre des gangs de rue d’attaquer des voitures de police, des bâtiments ou des transports public et ainsi engendrer des émeutes. Hier, des agents provocateurs ont stoppé un bus à Grigny, ce que la police a qualifié d’attaque bien préparée. Les passagers ont été forcé de quitter le bus que deux jeunes ont fait bruler. Cette opération est semblables a d’autres attaques préparées contre la police ou des civils.

      Les sources de WMR au sein des services de renseignement français appellent Sarkozy « le petit Hitler français ». Elles ont aussi confirmé que Ségolène Royale a été placée sous surveillance physique et electronique totale par les services de renseignements à la solde de Sarkozy.


    • Briseur d’idoles (---.---.168.161) 31 octobre 2006 20:28

      Il est très possible que certains incendies soient commandités ou même commis par des milieux proche de Sarkozy. Mais ces faits sont plus ponctuels que systématiques.

      Toutefois, c’est certain que Sarkozy et ses amis se servent des banlieues comme laboratoires totalitaires, afin d’imposer partout ces méthodes en France !

      N’oubliez pas que Sarkozy est le candidat d’Israël et des Américains !


    • David Adel (---.---.116.253) 31 octobre 2006 22:35

      @ Jérome (IP:xxx.x36.5.135) le 31 octobre 2006 à 17H50,

      Je viens de faire un tour sur le lien que tu as donné...C’est décapant !

      C’est très grave et très lourd de conséquences ! Ces informations peuvent-elles être prises pour vraies et crédibles ?

      J’ai aussi fait des recherches sur WMR pour savoir plus sur ce Site, que dalle, je n’ai rien trouvé.

      Par contre, j’ai trouvé pas mal d’autres forums et blogs qui reprennent ce même lien ainsi. Il y a aussi certains témoignages de l’implication de la police en civil et de certains groupes de banlieue faisant office de casseurs lors des manifestations du fameux CPE.

      Sources à creuser.

      Bien à toi

      David Adel


    • Sam (---.---.116.120) 1er novembre 2006 19:57

      certains témoignages de l’implication de la police en civil et de certains groupes de banlieue faisant office de casseurs lors des manifestations du fameux CPE

      C’est évidemment extrêmement grâve, si c’est vérifié. Mais sur le site WMR que j’ai moi aussi visité, je n’ai pas vu (en tenant compte que je bargain with englis language..)de preuves quelles qu’elles soient.

      Tu parles de certains témoignages, dans le même ordre d’idée, peux-tu indiquer les sources, ou, à la rigueur, ce qu’il faut taper dans un moteur de recherche pour trouver ?..


  • Depi Depi 31 octobre 2006 18:23

    Et je suis un robot cybernétique de première génération.


  • Colonel (---.---.218.193) 31 octobre 2006 18:29

    La propagande politique n’a rien à faire ici, me semble t’il.

    Elle corrompt les esprits et pire, elle n’a aucun fondement pouvant permettre d’assurer une vision claire de la réalité...

    Par contre, Jérome, vous avez une imagination qui mériterait que vous écriviez des scénarios pour les studios d’Hollywood, çà pourrait passer.


  • joseW 31 octobre 2006 18:43

    Article intéressant : il est évident que les médias et les journalistes sont bien plus bavards sur les banlieues que sur les valises de billets qui se balladent au plus haut sommet de l’Etat, entre leurs donneurs d’ordre (les lobbies qui les emploient) et les dirigeants politiques.

    Surtout à l’approche des présidentielles...


    • (---.---.90.12) 31 octobre 2006 19:09

      Avec l’existence d’Agoravox, je ne supporte plus ces déclarations crétines.

      JoseW, soit tu sais quelque chose sur ces histoires de valise et tu nous en fait un article sur Agoravox et sur ton blog,

      soit tu n’es sais rien ET TU TE TAIS ! smiley


  • Sz (---.---.23.4) 31 octobre 2006 19:35

    Considérant le nombre d’article et l’interet des journalistes pour le moindre écart de conduite des politiques, M. W, je crois que le mot juste c’est « démagogie ».


  • (---.---.215.93) 31 octobre 2006 19:53

    merci jean claude pour cet excellent article dont d’autres « évenementiels » devraient s’inspirer. et dire que seule la démogagie et le vide attirent...

    « La proximité d’échéances électorales telles que les présidentielles ne renforce-t-elle pas la responsabilité des médias dans le traitement de sujets aussi sensibles ? Peuvent-ils ignorer les conséquences de ce qu’ils montrent... ? »

    et inspirent....

    la réponse est non et nous n’en sommes qu’au début...


  • Briseur d’idoles (---.---.168.161) 31 octobre 2006 21:08

    Bouna et Zyad, nous ne vous oublierons jamais !


  • David Adel (---.---.116.253) 31 octobre 2006 22:22

    @ Jean Pierre,

    Merci pour cet intéressant article qui pointe, sans concession, l’avènement de l’information proactive...Surtout quand des « politiques médiatiques » s’en mèlent...

    Pour ma part, je pense que nous sommes en plein dedans et depuis longtemps. Qu’est-ce que ça va être en janvier, février et mars 2007 ?!

    En 2002, surtout en cours des deux mois avant les élections, tous les journaux ouvraient sur l’insécurité.

    P.S. Juste pour te signaler que les liens (1), (2)... etc ne fonctionnent pas mais ça n’a aucune importance, l’essentiel est bien résumé dans l’article.

    « La guerre, c’est la paix - La liberté, c’est l’esclavage - L’ignorance, c’est la force » (George Orwell)

    Cordialement

    David Adel


  • the Rom (---.---.32.69) 1er novembre 2006 12:34

    Le phénomène banlieu met en évidence la problématique du pouvoir des média (bien évoqué dans l’article), et le fait que , pour des raisons économiques, les mass média soient prêts à favoriser les évènnements. Soit par des moyens illégaux d’entente avec les « acteurs » concernés (qui peuvent être enarques...), soit de façon indirecte en poussant à une consommation boulimique du malheur des autres (pour se sentir mieux chez soi par contraste). Dans l’influence qu’ils ont sur notre société, ne pourrait-on pas considérer le média comme un pouvoir à part entière, au même titre que le juridique ou l’exécutif, et de fait le séparer clairement des autres en instituant des lois constitutionnelles régulant les rapports entre les corps politiques, le monde des annonceurs privés, etc. Pourquoi pas penser à l’éré du 2.0, à un média financé par l’état et rédigé par les citoyens ?!


  • chapelier (---.---.48.2) 1er novembre 2006 14:41

    petit mot depuis la roumanie , ou je réside à present.... ici l’actualité française interesse beaucoup les médias et j’ai le sentiment que c’est une réelle stupefaction pour eux de commenter des évenements comme les révoltes de banlieue , ici rien de si crapuleux que tout ce qui peut arriver à un brave type dans une rue de Marseille ou Paris La France n’est vraiment plus un pays sur , je suis bien content d’avoir à présent ma carte de résident d’un autre pays , marre de cette france où les choses marchent sur la tete , les rues sentent mauvais et aucun principe respecté... fuyez...


    • chapelier (---.---.48.2) 1er novembre 2006 17:53

      C’est peut etre assez vrai ce que tu dis , je ne suis là que depuis quelques mois ( à Cluj-Napoca pour ceux qui connaissent) , mais je ne peux tout de meme pas m’empecher de trouver la vie belle ici , meme si je ne comprends pas vraiment l’ « esprit » encore . toutefois il me semble qu’il faut bien distinguer les « roms » qui representent tout au plus quelques % de la population , et qui sont volontiers nomade , de la majeure partie des roumains , que je découvre tres attachés à leur terre et finalement peu curieux de « passer à l’ouest » !!! ; le probleme de la délocalisation n’en n’est pas vraiment un je pense , certe les salaires sont bien plus bas (1200 Lei l’ouvrier , 350€) , mais le cout de la vie est quasi en proportion !! (3 à 4 fois moins cher ... le petit resto à 2€ ...) , la misere est présent certes , mais c’est un pays qui au moins peut se vanter de croissance , et je maintiens qu’on ne peut en dire autant de la France , tant au point de vue économique et du rayonnement internotional que dans les mentalités et le pourrissement bien visible de la qualité de vie (une fille a peur de sortir seule dans certains endroits !!!) finalement je maintiens , la france ça pue , d’ailleurs je lui mets meme plus de majuscule , honte de « mon » pays smiley


    • chapelier (---.---.48.1) 3 novembre 2006 12:37

      Je relis ce titre , et finalement ce qui me vient c’est la reflexion suivante : cela vaut-il vraiment la peine de vivre sur ses gardes , dans la crainte qu’un mot mal placé de la part d’un journaliste ou d’un dessin mal interprété mette « feu aux poudres » Dans ces conditions je crois preferer la guerre civile à une épée de Damocles permanente tenue par une minorité (pas si minoritaire que ça) qui use et abuse du systeme , obtient à chaque coup de sang un peu plus de laxisme (et oui les tribunaux sont laxistes , et bien que ce ne soit pas de leur faute... ) Si ça doit peter , que ça pete , au moins des camps se dessineront. Je n’en reviens toujours pas que l’on puisse mettre sur le dos des médias ou de manipulations politiques (memes si elles sont là) le comportement de masses crapuleuses que l’opinion continue à disculper. je serai le dernier à pisser sur la meche


    • chapelier (---.---.48.1) 3 novembre 2006 12:38

      Je relis ce titre , et finalement ce qui me vient c’est la reflexion suivante : cela vaut-il vraiment la peine de vivre sur ses gardes , dans la crainte qu’un mot mal placé de la part d’un journaliste ou d’un dessin mal interprété mette « feu aux poudres » Dans ces conditions je crois preferer la guerre civile à une épée de Damocles permanente tenue par une minorité (pas si minoritaire que ça) qui use et abuse du systeme , obtient à chaque coup de sang un peu plus de laxisme (et oui les tribunaux sont laxistes , et bien que ce ne soit pas de leur faute... ) Si ça doit peter , que ça pete , au moins des camps se dessineront. Je n’en reviens toujours pas que l’on puisse mettre sur le dos des médias ou de manipulations politiques (memes si elles sont là) le comportement de masses crapuleuses que l’opinion continue à disculper. je serai le dernier à pisser sur la meche


  • Niglo (---.---.93.127) 1er novembre 2006 15:21

    Eh ! Chapelier fou ,crois tu que « l’eastern » est meilleur ? Crois tu que les délocalisations s’arreterons en Roumanie ? Crois tu que ce capitalisme désespérant et désesperé respectera l’europe de l’est ?

    Le vrai nomade ne meurt pas pour garder sa terre, mais pour conserver le droit de la quitter. (Proverbe Rom)


  • un jeune ... (---.---.152.57) 1er novembre 2006 18:31

    pas mieux que le chapelier, j’ai Honte de mon pays !!

    A la première occasion je fuis !


  • Sam (---.---.116.120) 1er novembre 2006 19:50

    L’article précité sur les blogs des cités montre qu’il s’agit avant tout d’un jeu grandeur nature, et d’abord d’une confrontation à l’autorité matérialisée par les forces de l’ordre perçues comme une force d’occupation d’un territoire dont ils se sentent les maîtres absolus.

    D’abord, ne pas oublier les propos et incidents qui ont mis le feu aux poudres. Je ne pense pas que les jeunes ayant eu connaissances des faits, aient pu avoir le sentiment de se lancer dans un jeu vidéo en brûlant les voitures et en bravant la police. Mais plutôt un sentiment d’atteinte sûrement, de crainte sans doute, de stigmatisation c’est hors de doute.

    D’autant que d’ordinaire, de la misère, de la frustration et des humiliations diverses, comme des difficultés de vie de leurs parents, les jeunes des quartiers en difficulté ont une claire conscience.

    Conscience aigue et douloureuse qui ne leur donne pas l’idée de se prendre pour les rois, ni même de s’estimer supérieur à une police qui leur fait peur, bien plus qu’elle ne les excite.

    Sentiment d’être les « maîtres absolus » est donc hors de propos.

    Cette qualification ne reflète que les craintes de personnes ignorant, ou refusant de voir les conditions de vie, comme l’âge des jeunes et la peur du gendarme, surtout s’il est en groupe armé et décidé, comme le sont les policiers quand ils patrouillent et interviennent.

    La politique ne les intéresse pas (les chiffres d’inscription sur les listes électorales restent très faibles) et du reste, la grande majorité des émeutiers était très largement mineure et ne sera donc pas concernée par les prochaines élections...

    La politique intéressait-elle les sans-culottes ?..Je ne le crois pas. Ca ne les a pas empêché de faire acte politique majeur en changeant leur vie, en changeant la politique, les données politiques de l’époque.

    Beaucoup d’implicite, décidément, dans ce « la politique ne les intéresse pas ». Quelle politique ? Celle des petites phrases médiatiques, du fonctionnement des corps constitués, des débats législatifs ardus, labyrinthiques, tronqués par les médias, manipulés par les partis ?..

    Sans doute. Comme elle n’intéresse guère l’ensemble des français, au sens où il se sent dindon. Au sens où ils se sentent dindons, les jeunes des quartiers font de même. Et leur abscence, leur refus de ce politique-là n’est-il pas éminemment..politique ?

    N’ont-ils pas conscience de leur « état inférieur » dans la société, du rejet de ceux qu’ils « sont » pour bcp de gens, des difficultés de leurs parents, de la voie de garage qui les guette ?..Je le crois. Et celà est un regard politique, cette conscience est une conscience politique au sens le plus fort.

    Alors, si tu perçois bien la dérive médiatique, cher auteur, et si tu préviens justement de ses possibles dérives attendues, ta perception des jeunes de quartier et de leurs problèmes ne me semble pas différer d’un ethocentrisme de classe qui habite ceux dont tu critiques les agissements médiatiques.

    Ainsi apparait un impasse qui est celui de comment analyser un phénomène avec la grille de ceux dont on prétend critiquer la manipulation, l’exploitation, la désinformation.


  • thomas (---.---.153.54) 3 novembre 2006 15:56

    Pourquoi en une semaine on retrouve les incendiaire de Marseille alors que ceux de Paris sont toujours introuvable.

    On aimerait bien entendre les ministres s’expliquer la dessus. A moins que ceux qui est commis les actes en Idf ne soient pas ceux qu on croient.


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