jeudi 6 novembre 2008 - par Voris : compte fermé

« Beatchou » nous présente les réseaux d’échange de savoirs

On sait tous quelque chose que l’on peut transmettre, et l’on a tous envie d’apprendre de nouvelles choses. C’est sur ce principe que se sont créés les réseaux d’échange de savoirs. L’échange de savoirs s’effectue sur le mode de la réciprocité ouverte. C’est un marché où l’offre et la demande se rencontrent, mais sans qu’il soit question d’argent, de troc ou d’échange de service. Un réseau va s’ouvrir à Concarneau. J’ai interviewé l’une des deux fondatrices, "Beatchou".

Dans les années 70, une institutrice, Claire Heber-Suffrin, décide de développer la notion d’échange de connaissances dans son établissement scolaire entre les enfants, puis les parents, les enseignants et les employés de la mairie d’Orly. En 1977, elle met en place une nouvelle expérience qui va s’étendre dans d’autres communes. C’est le début du mouvement qui va engendrer plus de 200 groupes dont 170 en France (30 en Suisse, 10 en Belgique...) qui sont réunis par une coordination nationale depuis 1987. Béatrice Marques, dont le nom d’artiste (chanteuse de rue) est Beatchou, est, avec Solveig Basclet, la fondatrice du réseau de Concarneau, prochainement ouvert. Je l’ai interrogée le 4 novembre.

Faisais-tu partie des pionniers du réseau d’échange de savoirs aussi à Brest ?

Oui, on peut dire ça ! Même si le Réseau que nous avions débuté à la Maison pour tous de Bellevue n’a pas connu l’essor souhaité faute de disponibilité (j’étais secrétaire de la structure à l’époque et non animatrice, travaillant à temps plein et élevant deux jeunes enfants... pas facile !) Cela se passait, il y a 18 ans déjà et j’avais participé à un colloque sur les Echanges de Savoirs à Evry, qui m’avait littéralement emballée ! Je suis restée un peu frustrée par cet échec, mais je m’étais juré de retenter l’expérience... un jour... quelque part ! Et je crois que l’heure est venue de m’y remettre... dans un contexte cette fois-ci bien plus favorable !
 
Y a-t-il un "esprit local" ? (l’ambiance et l’esprit à Concarneau diffèrent-ils de ceux de Brest)

Je ne saurais pas trop le dire, puisque nous en sommes encore aux "balbutiements" du projet ! Mais Concarneau a surtout une taille de ville assez intéressante (ni trop grande ni trop petite) et un réseau associatif assez intéressant, à mon avis. J’ai fait appel aux relations que j’ai pu établir sur cette ville, et l’écho est tout à fait favorable... ce qui diffère également de Brest, c’est que le projet part cette fois-ci de quelques habitants et non plus de "structures officielles", même si, ici, le Centre social nous prêtera main forte ! A Brest, ce sont trois Maisons pour tous de la ville qui se lançaient dans le projet, et je crois bien qu’aucune n’a vraiment réussi dans cette mission (les deux autres réseaux sont quasi inexistants actuellement).

As-tu toi-même dispensé des savoirs ?

Oui, mais pas dans le cadre d’un réseau...

As-tu bénéficié d’enseignements. Si oui lesquels ?

Même réponse ! Car, dans le fond, nous partageons tous des savoirs au quotidien avec des amis ou des connaissances (conseils informatiques, recettes de cuisine, rédaction de courriers administratifs, musique... tout je l’ai fait ou je l’ai reçu, mais dans ma sphère privée), mais l’intérêt du Réseau réside dans cette possibilité d’agrandissement du champ d’actions et de fait de la multiplicité des échanges !

As-tu constaté des abus ?

Non ! Mais à mon avis, dans un réseau bien encadré et avec des échanges bien suivis, il ne peut pas y en avoir ! Les échanges ne sont pas jugés de manière qualitative ni quantitative. Il n’y a aucune hiérarchie dans les échanges, et il ne s’agit pas non plus de services rendus... les droits et les devoirs se déclinent comme tels : je fais une offre (quelle qu’elle soit), je peux donc émettre une demande (quelle qu’elle soit), ou vice versa !

Mais ta question est intéressante, car elle me permettra de préciser ce point lors de la réunion du 18 novembre prochain.

As-tu une anecdote à raconter ?

Oui, un petit souvenir du fameux Colloque des Réseaux d’Echanges qui avait lieu en novembre 1989 et auquel j’avais participé. Une table ronde sur la Réciprocité dans un amphithéâtre avec sur scène, en conférence, une dizaine de personnes apportant leur témoignage. Et là se côtoyaient à la même table et au même titre, si je puis dire, Philippe Merieu (écrivain prolixe et professeur en sciences de l’éducation à Lyon), Nadine Bouvier (chercheur à l’Institut national de recherches pédagogiques), Jacques Pain (écrivain et maître de conférence à l’université de Nanterre) et autres sommités, mais aussi des personnes de condition modeste, qui pour avoir participé au fonctionnement d’un réseau, avaient tout autant "leur mot à dire" même si c’était de manière moins érudite que leurs co-intervenants. Il y eut beaucoup de respect de la part de tous et même d’émotion tant les témoignages de ces personnes, un peu intimidées par la place qui leur était pour une fois donnée, étaient forts ! Très bel exemple de relations égalitaires ! Cela m’a beaucoup marquée...

Interprètes-tu des chansons lors des échanges ?

Les échanges n’ont pas encore vraiment commencé... mais on peut tout à fait imaginer des échanges autour de la musique et en chansons ! Ce qui est certain, c’est que dans le cadre de la vie du Réseau, il est prévu des temps forts tels que des rencontres, des repas à partager pour faire le point sur les échanges et partager notre expérience... et la musique y sera certainement présente !

Ce type d’expérience n’est que le prolongement, au fond, des mouvements naturels et spontanés d’échanges de proximité, mais à une échelle plus efficace. C’est une illustration enthousiasmante de ce que l’on appelle la primauté de l’être sur l’avoir, un bel exemple qui montre que tout ne repose pas sur la marchandisation.

Je remercie Beatchou d’avoir répondu si rapidement à mes questions.

Liens :

Réseau d’échange de Concarneau  : une réunion d’information ouverte à toutes personnes intéressées est prévue le 18 novembre à 20 h 30 au centre social.

Voir tract ici (format Word).

Mouvement des réseaux d’échanges réciproques de savoirs (RERS).

Qu’est-ce que les réseaux d’échange de savoirs.

Beatchou, l’artiste, c’est ici ! 

 



8 réactions


  • La Taverne des Poètes 6 novembre 2008 12:26

    On peut le faire. com : j’ajoute ce lien que j’avais oublié.

    Comme le dit la conclusion, cet article met en avant une illustration de la "civilisation de l’être" (notion un peu pompeuse mais chacun voit de quoi je veux parler) que j’évoquais brièvement dans mon article "La révolution, maintenant !"

    "On peut le faire" ou "yes, we can" ! mais sans le marketing ni le règne du fric.


    • foufouille foufouille 6 novembre 2008 15:13

      ca reste minoritaire comme les S.E.L
      le jour ou ces initiatives deviendront importantes, elles seront soit considerer comme travail au noir, soit agree pour que les enarques et technocrates puissent les controler et se goinfrer


    • Illel Kieser ’l Baz 6 novembre 2008 17:34

      @auteur,
      intéressant, à creuser et à amplifier. Dans le même ordre d’idée, il y a le réseau d’échange des "Castors", qui porte sur la mutualisation de compétences et d’outils pour la construction ou la réparation de maisons individuelles.

      Ces modes d’échanges sont, à mon avis, les précurseurs de formes nouvelles d’économie. Elles sont déjà très actives en Afrique et en Amérique du Sud, le monde anglo-saxon les a, depuis longtemps, intégré à son mode de vie.

      Les pays latins, dont la France, sont plus soucieux de préserver l’intimité individuelle ou de la tribu ou de la famille.
      Par contre il n’est pas vrai qu’elles soient ilégales, dont le SEl. Les "Castors" ont une longue histoire. De plus, vu ce qui nous attend au plan économique il faudra s’ahbituer à mutualiser tout ce que nous n’utilisons qu’une partie du temps, et pas seulement.
      Je prends note des liens. (très utiles)
      Bien à vous


    • foufouille foufouille 6 novembre 2008 19:30

      elles ne sont pas illegales mais toleres
      pour l’instant les SEL ont gagne leurs proces
      demain on sait pas


    • La Taverne des Poètes 6 novembre 2008 19:52

      T’as pas pu t’empêcher de mettre ton grain de SEL !  :-


    • foufouille foufouille 8 novembre 2008 17:14

      ds le meme ordre de chose, on a a les chantiers d’autoconstruction de maison, le woofing (considere comme travail au noir) ou les echanges d’hebergements........
      il y a en a d’autres que l’on trouve sur les forums alter ou eco-bio


    • christelle 15 octobre 2009 18:16

      bonjour, tu es tres pessimiste sur les réseaux d’échange. Les personnes accusées de travail au noir ont en effet bien été acquittées. La seule regle à respecter est que l’echange ne constitue pas un prolongement de ton activité professionnelle.
      Le site internet d’échange Wexty.com a eu un reportage sur M6, le site d’échange de compétences Formarezo.com fait de la publicité ... donc ce phenomène est toléré par les technocrates !


  • canardQuantique 6 novembre 2008 22:42

    Un peu de distraction...

    http://vioxx.labrute.fr


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