samedi 17 juillet 2010 - par
Betancourt encore
J’ai un article sur le feu relatif à l’état de nos finances publiques et à l’égale infâmie de la « rigueur » sarkozyenne et de la démagogie socialiste et un autre en tête sur l’effroi que me cause le relativisme scientifique et pseudo-humaniste sur les questions de reproduction humaine mais je ne résiste pas à partager d’abord avec vous mon mélange d’indignation et de satisfaction consécutif à l’impayable (dans les deux sens du terme) réclamation d’Ingrid Betancourt à l’Etat colombien, c’est-à-dire au peuple colombien.
J’ai été, sans prétention, un des rares commentateurs à vous alerter sur la farce de cette "affaire Betancourt" qui a ému les bonnes âmes manipulées autant qu’elles étaient désinformées. Vous trouverez dans les archives d’Agoravox mon alerte.
J’ai souhaité sans illusion qu’une commission parlementaire soit mise en place après la brillante libération d’Ingrid Betancourt par l’armée colombienne, sans que la France y soit pour quoi que ce soit. Il aurait en effet été utile pour les Français de prendre conscience des millions d’euros gaspillés en pure perte par la France dans les tentatives ridicules pour libérer cette femme. Et il aurait été juste à l’égard du peuple colombien et de son gouvernement que les autorités françaises s’excusent pour leur aveuglement et leur manque scandaleux de solidarité envers le gouvernement colombien, engagé résolument dans une lutte incroyablement difficile contre les FARC, organisation reconnue à juste titre par l’Union européenne comme une entité terroriste. On se rappellera d’ailleurs les comptes demandés par Uribe à l’opportuniste petit homme qui nous tient lieu de président lors du dernier G-8 à Toronto : « Je vais lui rappeler, a-t-il déclaré avant son départ, qu’il y a trois ans, à peine élu, il m’a demandé de relâcher un chef des FARC. Il m’a dit qu’il s’agissait d’une raison d’Etat et qu’il avait pris des engagements auprès de l’opinion française concernant Ingrid Betancourt. J’ai relâché Ricardo Granda. Il ne m’a pas dit ce qu’il avait derrière la tête avec cette libération. Moi je lui ai simplement signalé que j’espérais que cela serve à libérer non seulement Ingrid Betancourt, mais aussi les soldats, les députés, la secrétaire d’Ingrid Betancourt Clara Rojas et son enfant, et trois Américains. Trois ans plus tard tous ont été libérés .. par l’armée colombienne, en 2008. Et Ricardo Granda loin d’abandonner les armes, loin d’accepter un échange humanitaire, a repris du service dans les FARC. M. Sarkozy aidez-moi à le recapturer ».
J’en étais arrivé à défendre parfois Ingrid Betancourt face à ses anciens zélateurs vite déçus après sa libération, considérant la souffrance vécue par cette femme et son opportun silence. Bien qu’agacé par les privilèges dont elle jouissait aux frais du contribuable (escorte, décoration, etc.), je les mettais sur le compte de notre président et de sa lamentable tentative de récupération politique des exploits de l’armée colombienne. Et pourtant, je n’oubliais pas les turpitudes de maman Pulecio (la mère d’Ingrid), ni celles de sa soeur, qui n’avaient pas arrêté de taper sur la Colombie pendant la séquestration de leur fille par la pire ennemie de cette même Colombie, les FARC. A posteriori, je regrette ma grandeur d’âme. En réclamant quelques millions d’euros à l’Etat colombien, c’est-à-dire aux millions de contribuables majoritairement pauvres de Colombie, en dédommagement pour ses malheurs, exclusivement imputables aux FARC et à l’irresponsabilité qu’elle a eue en rentrant dans une zone de guerre malgré les avertissements officiels reçus, Ingrid Betancourt a perdu toute chance de regagner un peu d’estime chez moi.
Si la justice colombienne était soucieuse de l’opinion des Colombiens, cette absurde demande n’aurait aucune chance de prospérer. Compte tenu cependant du niveau de pourriture de la magistrature colombienne et de ses accointances avec la guérilla, je reste prudent. Mais si jamais cette demande devait prospérer, Ingrid Betancourt a de toute façon perdu toute opportunité de rentrer un jour s’installer en Colombie (ce qu’elle ne souhaite d’ailleurs probablement pas).
Le gouvernement colombien devrait contre-attaquer sans délai pour facturer à cette fieffée ingrate les frais considérables liés à sa libération par l’armée colombienne.
Et de grâce, que les autorités françaises se taisent ou se désolidarisent de l’ex-icône...