mercredi 31 janvier 2018 - par Emile Mourey

Bibracte au mont Beuvray : comment François Mitterrand s’est fait manipuler...

... S’il est un lieu magique au centre de l’Hexagone, c’est bien ce Morvan montagneux aux ténébreuses forêts de hêtres, et dominant ce Morvan, l’imposante hauteur du mont Beuvray. L’industrialisation l’a oublié. Les grandes voies de communication s’en sont écartées. Bien que se dépeuplant progressivement, le Morvan est resté tel qu’il fut, tel qu’on l’aime : un vestige archéologique vivant. Dans cette forêt druidique, de mystérieuses légendes hantent les sous-bois, les pierres branlantes et les rivières à truites... (Allocution prononcée le 4 avril 2008 par la Secrétaire d’Etat chargée de l’Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet lors de la remise du label "Grand site de France" au mont Beuvray, fausse Bibracte)... Je ris. Il s'agit, mot pour mot, d'un extrait d'un de mes articles publié sur mon site internet www.bibracte.com, en 1996, et dans lequel je contestais déjà la localisation de Bibracte au mont Beuvray.

Bref, s'il est une chose qu'on ne peut pas reprocher à François Mitterrand, c'est son attachement au Morvan. Ce n'est un secret pour personne ; l'homme aimait la nature, la culture, l'histoire, et en particulier l'archéologie car c'est la science de la recherche des origines. Hélas ! Il aurait fallu, avant de lancer l'affaire, que les responsables du projet aient revisité très sérieusement les textes antiques pour s'assurer qu'il s'agissait bien de la capitale des Éduens "lesquels avaient la prépondérance en Gaule"  (DBG VI,12).

Rappel chronologique de l'affaire.

Christian Goudineau. Professeur au Collège de France, élu à la chaire des Antiquités Nationales en 1984, président du conseil scientifique du centre archéologique européen du mont Beuvray de 1985 à 2001, Christian Goudineau est le grand patron de la nouvelle archéologie gauloise et le grand responsable.

Le 18 septembre 1985, le Président de la République fait sa première grande visite officielle au site, entouré de nombreux ministres dont celui de la Culture, Jack Lang. M. Pierre Joxe est présent. Le mont Beuvray est déclaré "site national". Sur la plaque commémorative, on inscrit la phrase suivante : « Ici s'est faite l'union des chefs gaulois autour de Vercingétorix, »... tragique erreur ! A l'issue de son allocution dans laquelle il appelle les Français à la cohésion nationale, François Mitterrand se recueille face à la grande plaine de l'Histoire comme il aimait le faire depuis la roche de Solutré.

On rêve de parures dorées. On affirme que les fouilles laissent augurer de très importantes découvertes. On s'engage devant l'opinion à la tenir au courant avec la plus grande célérité et sans restriction aucune. A Autun, on déclare : « Le mont Beuvray sera peut-être le plus grand site de l'Occident. »(cf. articles "pleine page" du journal de Saône-et-Loire).

Site national, chantier-école international, drainant chaque année la fine fleur de l'archéologie nationale et européenne, outil de rêve pour l'archéologue, le Beuvray reçoit chaque année un budget de 3 millions à 3, 5 millions de francs. Le chantier engloutit l'équivalent du budget annuel d'une direction archéologique telle que celle du Centre. Mais les fouilleurs bénévoles se découragent vite de ne rien trouver de définitivement concluant quant à son identification. A Paris, on s'impatiente. A la Cour des comptes, on ne se pose pas de questions.

Le 1er mars 1993, après plusieurs tentatives malheureuses pour me faire entendre, j'envoie mon premier ouvrage "Histoire de Bibracte, le bouclier éduen", au Ministre de la Culture (Sous-direction de l'Archéologie), ouvrage dans lequel j'explique et prouve que Bibracte ne s'est jamais trouvée au mont Beuvray mais dans la ville murée de Mont-Saint-Vincent. Cette sous-direction (Mme Wanda Diebolt) me confirme que ma lettre précédente du 6 juin 1991 a bien été transmise aux autorités administratives et scientifiques compétentes et que mon volume entrera à la bibliothèque de ce service (apparemment, il n'aurait donc pas été transmis à François Mitterrand). .. Et pourtant...

Le 4 avril 1995, François Mitterrand, Président de la République, inaugure sur la hauteur du mont Beuvray le dernier de ses grands travaux : le Centre Archéologique Européen avec son musée consacré aux Celtes. La construction de ce centre a pour ambition de montrer aux touristes la grandeur de la civilisation protohistorique et celtique qui rayonna sur toute l'Europe avant la conquête de la Gaule par les Romains de Jules César.

Le jour de cette inauguration, à l'étonnement des journalistes, il n'y eut aucun discours, ni du Président de la République, ni du nouveau Ministre de la Culture, Jacques Toubon. (tous les deux savaient, mais dans cette période de cohabitation tranquille, les fleurets étaient mouchetés). Voyez ci-dessous la carte de visite que j'ai reçue le 10 avril 1995, suite à l'envoi de mon deuxième ouvrage au Président (à son domicile privé).

Le 15 mai 1995, François Mitterrand accorde au Monde une interview (édition du 29 août), dans laquelle il met en exergue l'importance de l'Histoire, véritable culture de l'homme politique, mais il rejette sur l'historien la responsabilité de l'interprétation... étonnant testament.

Une noble ambition.

Le Centre archéologique européen du mont Beuvray avait donc pour ambition de montrer aux touristes la grandeur de la civilisation protohistorique et celtique qui rayonna sur toute l’Europe avant la conquête de la Gaule par les Romains de Jules César. Sa construction devait marquer le point culminant d’un projet de grande envergure au bénéfice d’une archéologie française en quête de reconnaissance nationale et internationale (Archéologie de la France, éditions de la Réunion des musées nationaux 1989, préface de M. Jack Lang).

Mais c'était aussi un projet de statut pour la profession, un projet ambitieux mais non abouti.

Administrateur civil, adjoint à la Sous-direction de l'archéologies, M. GRENIER DE MONNER était chargé de la rédaction de ce projet. Pourquoi a-t-il été chargé également de suivre mon dossier ? Je cite : votre correspondance du 6 juin 91 et les documents qui l’accompagnaient ont bien été transmis aux autorités compétentes... Affaire suivie par M. Grenier de Monner. Signé Wanda Diebolt, Sous-direction de l’archéologie, le 4 avril 1993. J'ai mis longtemps à comprendre pourquoi les réponses, évidemment négatives, des autorités auxquelles je m'adressais avaient toujours le même style agressif. Bref, tout allait mal pour moi et pour mes ouvrages auto-édités ; tout allait bien pour le patron la nouvelle archéologie francaise, Christian Goudineau, titulaire de la chaire des Antiquités Nationales au Collège de France... et pour ses ouvrages.

Les responsables qui, forcément au courant, auraient dû...

Mme WANDA DIEBOLT, était chargée de la sous-direction de l’archéologie à la direction du patrimoine, de 1992 à 1996. Elle est aujourd'hui présidente de l'EPCC Bibracte.

Christian GOUDINEAU, professeur au collège de France, titulaire de la chaire des Antiquités nationales. Il les écarte (mes arguments) avec le bouclier de la science et l’armure de l’institution, sans se donner la peine de les réfuter. (Jean-Philippe Mestre, Le Progrès de Lyon, le 18/4/1999). À l'issue d'une conférence qui s'est tenue au musée de la civilisation romaine de Lyon, sur le sujet suivant "Les derniers temps de l'indépendance gauloise", à la question qui lui est posée "où est Bibracte ? où est Gergovie ? où est Alésia ?", il répond que "ce n'est pas le sujet de ce soir", mais il reconnaît qu'il y a lieu de reprendre l'étude des textes antiques (10/4/1996).

Michel REDDÉ, dans son exposé du 14/9/96 à l'émission "Archéologiques" de France Culture, fixe le nouveau cadre de la recherche archéologique tout en ne souhaitant pas un virage à 180 degrés. A aucun moment, il n'évoque le Centre archéologique européen.

Vincent GUICHARD, directeur du Centre archéologique européen, suite à mon interview sur FR3 Bourgogne : ...dans la communauté scientifique, ça fait belle lurette que plus personne ne doute. Ça fait au moins 130 ans que plus personne ne doute de la localisation de Bibracte... (14/4/1999). Il est toujours en fonction.

Mme Marie-Christine LABOURDETTE, ancienne élève de l'ENA, a été directrice des affaires culturelles de la région Bourgogne de 2003 à 2007. Elle ne peut ignorer ma contestation et les ouvrages que je lui ai envoyés. Elle est actuellement Directrice des musées nationaux et soutient activement le musée du mont Beuvray.

Mme Isabelle BALSAMO, a été en charge de la sous-direction de l'archéologie de 2003 à 2011. J'ai entretenu avec elle un courrier amical par mails mais sans résultat. Vos informations seraient de la plus grande utilité… signé Isabelle Balsamo, Sous-direction de l’archéologie (13/1/2005). Elle est actuellement cheffe de l'inspection du patrimoine,

M. Michel DUFFOUR, secrétaire d’Etat à la Culture : ... Il ne paraît pas utile que le ministère de la culture et de la communication entretienne une polémique avec une personne, qui comme beaucoup de passionnés de son espèce, se place dans la posture de l’homme seul face au poids de la « science officielle » (27/10/2000).         

À la demande de M. PERBEN, M. AILLAGON, ministre de la culture, demande à M. Michel CLÉMENT, directeur du patrimoine, d’étudier le dossier de la localisation de nos anciennes capitales gauloises avec la plus grande attention. Signé Aillagon (28/1/2003). 

Dominique VINCIGUERRA, Ministère de la Culture, chef de cabinet ...Je note tout d’abord que dans l’abandon (lire : abondant) courrier que vous avez adressé depuis plus de dix ans aux autorités gouvernementales successives, vous n’avez pas produit le moindre élément d’une documentation susceptible d’inciter un ou des archéologues à entreprendre des recherches de terrain pour vérifier (confirmer ou infirmer) ce qui ne peut que demeurer hypothèse...(18/2/2003). 

FR3 Bourgogne continue à proclamer haut et fort que le mont Beuvray est le site de Bibracte (émission du 4/10/96 à 13h20).

Le 6 février 1996, dans sa Lettre n° 1003, le Président du conseil régional de Bourgogne avait pourtant posé la seule question qui vaille et que tous les journalistes intelligents auraient dû se poser depuis déjà longtemps : « OÙ EST BIBRACTE ? »

Pour ceux qui veulent en savoir plus sur l'incroyable manipulation concernant le projet du tombeau de Mitterrand au mont Beuvray, voyez "les derniers jours de François Mitterrand de Christophe Barbier, éditions Grasset. Extrait internet : faire "Jean-François Bazin Bibracte".

Autorités alertées avec succès, mais...

10.05.95. Je vous en remercie vivement. Signé François Mitterrand, président de la République.
20.11.95. Important travail de recherche et de documentation. Signé Jacques Toubon, ancien ministre de la Culture.
22.05.96. Il est bon que des officiers revisitent l’histoire des historiens. Premier ministre ; signé Marceau Long, président du Haut conseil à l’intégration.
27.12.96. M. Jacques Chirac m’a confié le soin de vous transmettre ses compliments pour l’important travail d’érudition… soyez assuré qu’il a été bien pris connaissance des réflexions dont vous avez tenu à faire part au chef de l’Etat. Annie Lhéritier, chef de cabinet du président de la République.
18.08.97. Soyez assuré qu’il a bien été pris connaissance de vos ouvrages. Idem.
27.03.03. Clarté des séquences historiques… Minutie et enthousiasme… étude remarquable. La Ministre déléguée à la recherche, signé Claudie Haigneré.

Le piège que FR3 Bourgogne m'a tendu.

Actualités de FR3 Bourgogne du 13 avril 1999, à midi et 19 heures. (Emmanuel Pinsonneaux, présentateur du journal FR3 Bourgogne, présente le reportage) : « La ville de Bibracte a-t-elle bien été construite sur le mont Beuvray ? Pas sûr. L'historien de la région, relayé par quelques députés, conteste aujourd'hui cet emplacement, lui préférant celui de Mont-Saint-Vincent, près de Montceau-les-Mines ; une affirmation avancée alors que l'ancienne capitale romaine des Eduens est depuis 130 ans l'objet de fouilles ininterrompues dans le Morvan : une thèse qui, à l'instar d'Alésia, fait légèrement sourire au Centre de recherches de Bibracte. Le point avec Gérald Tessier et Régis(?) xxx(?).

(E.Mourey) : « Nous sommes ici à l'entrée de l'oppidum du mont Beuvray ; la reconstitution du rempart est une reconstitution récente. Pour moi, le site du mont Beuvray est un site très intéressant, mais ce n'est pas celui de Bibracte. Il s'agit de celui de Gorgobina. »

(Gérald Tessier, commentaire hors-caméra) : « Emile Mourey en est convaincu, Bibracte n'est pas au mont Beuvray. L'ancien militaire, devenu historien, situe, lui, la capitale romaine au Mont-Saint-Vincent, près de Montceau-les-Mines, un coup de tonnerre scientifique que l'homme, depuis 18 ans, publie à tour de bras. Dernièrement, six députés de toutes tendances se sont émus de ses travaux auprès du Ministre de la Culture, Catherine Trautmann. Emile Mourey, lui, plaide l'évidence :»

(E.Mourey) : « Les oppidums des grandes cités gauloises - les oppidums-capitales - se trouvent, soit sur les grands couloirs de circulation que sont les fleuves… comme Besançon, Paris, et Orléans… soit dans des régions très riches sur le plan agricole… comme Gergovie qui dominait la plaine de la Limagne. »

(G.Tessier, conversation avec E.Mourey) : « Ce n'est pas le cas du mont Beuvray. »

(E.Mourey) : « Ce n'est pas du tout le cas du mont Beuvray. »

(Gérald Tessier, commentaire hors-caméra) : « Le mont Beuvray, pourtant consacré en 1995 sous François Mitterrand par un musée Bibracte et un centre de recherche. Dans ce dernier, les doutes d'Emile Mourey font sourire ; simple agitation, juge-t-on ici, d'un amateur peu averti. »

(Vincent Guichard) : « Dans la communauté scientifique, ça fait belle-lurette que plus personne ne doute. Ça fait... au moins 130 ans que plus personne ne doute de la localisation de... de Bibracte, capitale des Eduens, mentionnée par César à multiples reprises, sur le mont Beuvray. C'est... c'est absolument clair. »

(Gérald Tessier, commentaire hors-caméra) : « Le regard des archéologues reste donc tourné vers le mont Beuvray où un deuxième rempart romain vient d'être découvert. A 46 kms de là, le Mont-Saint-Vincent est, semble-t-il, encore loin de passer à la postérité. »

Partie de l'interview qui n'a pas été diffusée.

(E. Mourey, répondant à la première question de Gérald Tessier) : « Je propose trois types d'arguments : des arguments qui s'appuient sur les textes des auteurs antiques, des arguments qui s'appuient sur la logique, notamment militaire, et enfin des arguments qui reposent sur une autre interprétation des vestiges archéologiques. »

(E. Mourey, répondant à Gérald Tessier qui lui demande de donner brièvement deux arguments) : « Il y a d'abord le grec Strabon qui, dans sa géographie, nous dit que les Eduens habitaient entre l'Arar (la Saône) et le "Dubis". Il est bien évident qu'il ne faut pas traduire le Dubis de Strabon par le Doubs mais par la Dheune… Or, le mont Beuvray ne se trouve pas entre la Saône et la Dheune. Cet auteur précise que ce pays éduen s'articulait sur une forteresse "Bibracte" et sur une ville "Cabillo"… Comment s'articulait le comté de Chalon avant qu'il ne tombe dans le duché de Bourgogne ?… Sur une forteresse "Mont-Saint-Vincent" et sur une ville "Chalon-sur-Saône". Par ailleurs, Strabon écrit que le territoire des Arvernes touchait à celui des Mandubiens d'Alésia. Cela signifie que, pour Strabon, le mont Beuvray se trouvait en territoire arverne - avant la guerre des Gaules - et qu'il ne pouvait pas, par conséquent, être Bibracte. Et puis, il y a César qui mentionne plusieurs fois Bibracte et qui dit, en particulier, que cet oppidum se trouvait à 27 kilomètres de son camp, la veille de sa bataille contre les Helvètes. Si l'on veut bien accepter de se mettre dans mon raisonnement, tout devient clair : et le lieu de la bataille contre les Helvètes au pied de la colline de Sanvignes, et la localisation de Bibracte au Mont-Saint-Vincent, et celle de Gorgobina au mont Beuvray. Le texte de César est très précis ; ses descriptions se retrouvent sans aucune ambigüité sur le terrain. Il n'y a aucun doute… et puis, il y a encore d'autres auteurs »

Note. Interview à la demande de FR3 Bourgogne. Il est clair qu’il s’agit d’un piège qu’on m’a tendu. Gérald Tessier et Vincent Guichard se sont mis d’accord pour que je parle en premier en espérant que je me plante, Vincent Guichard parlant en dernier sans possibilité pour moi d’engager un débat. Droit de réponse refusé par le modérateur des programmes, Marc Francioli, lettre n°107/99/MF/EP du 25/11/99 ainsi que par le CSA.

Le piège que ma société d'Histoire et d'Archéologie m'a également tendu. le 30 janvier 1993.

Pas facile de débattre avec les Anciens chalonnais d'une Société d'Histoire qui vénèraient les fondateurs et qui, apparemment, les vénèrent toujours, considérant comme un sacrilège de mettre en doute leurs écrits. Pour ces Anciens, l'antique Cabillodunum était née, en tant que port, sur la rive de la Saône. Pour eux, l'oppidum, le castrum, cité dans les textes, c'était déjà la ville actuelle. Mais, pour l'ancien militaire que j'étais, ce ne pouvait être que la forteresse de Taisey dont il ne subsiste que la tour principale sur un point haut ; un point haut d'où l'on découvre un vaste horizon, ce qui est conforme à toute mon expérience militaire. Dialogue de sourds, d'autant plus que mes arguments qui s'appuyaient sur une meilleure traduction des textes latins tombaient dans le vide, étant le seul à connaître la langue.

Bref, on me demanda d'exposer ma thèse dans une causerie, ce que j'acceptais bien volontiers. Salle pleine. J'y fus très applaudi. Seuls bémols : un semblant de réserve du président alors en titre, Jean-Paul Thomas et une courte déclaration écrite d'un ancien président décédé qui n'ont retenu l'attention de personne.

En revanche, par lettre en date du 10 Novembre 1995, il m'a été interdit de faire état de ma qualité de membre de la Société : " Votre approche de l’Histoire n’est absolument pas partagée par les membres de la Société d’Histoire et d’Archéologie, qui sont obligés de se désolidariser de votre démarche ". Signé Jean-Paul Thomas, président.

À la date d'aujourd'hui, le plan local d'urbanisme du grand Chalon se réfère toujours aux thèses misérabilistes éculées du siècle dernier. Tour trimillénaire de Taisey, palais impérial romain de la Vigne-aux-saules, première grande cathédrale des Gaules, vestiges du célèbre monastère de saint Marcel à Sevrey, ville florissante du duché de Bourgogne peinte par Van Eyck... tout cela, l'ancienne cité éduenne veut aujourd'hui l'ignorer.

Emile Mourey, 30 janvier 2018.



4 réactions


  • Diogène diogène 31 janvier 2018 14:47

    Peu importait pour lui la véracité historique : Mitterrand n’a fait que surfer sur la vague celtique inaugurée en Grande-Bretagne et reprise par les idéologues français au XIXème siècle pour ancrer le mythe patriotique de ces deux nations et convaincre la chair à canon que le culte des ancêtres valait la peine de donner sa vie.

    Les Gaulois, les Britons, Pictes et Gallois ont servi à exalter les peuples.

    Napoléon III a fait ériger sur le site présumé d’Alésia une immense statue d’un Vercingétorix moustachu et ila inauguré deux ans plus tard le musée des Antiquités. Parallèlement, tableaux, sculptures, poèmes, opéras, s’inspiraient déjà du héros gaulois, avec quelques libertés artistiques.

    En 1870, le siège de Metz et la capitulation de Sedan face aux Prussiens ont été vécus par certains auteurs comme la réédition de la défaite d’Alésia. Peu leur importait le lieu et les circonstances réelles : Vercingétorix incarnait dorénavant l’unité nationale, celui qui s’était sacrifié pour sa « patrie » (alors que les peuples « gaulois » n’ont jamais constitué une « nation » et n’ont jamais administré un « état »), tandis que Jules César était réincarné en Bismarck.

    Mitterrand avait besoin de remettre au goût du jour le mythe patriotique initié sous le second empire et achevé par les « hussards noirs » de la troisième république pour faire oublier ses errances pétainistes et rivaliser avec le fantôme alors encore encombrant de De Gaulle.

    Archéologie et histoire ne font pas toujours bon ménage, mais quand les mensonges d’état se fixent dans des plaques, des statues et des pavés littéraires présentés comme recherches historiques, il devient difficile de mettre au jour une réalité bien moins séduisante que le récit servi depuis plusieurs générations.

    Bon courage !


  • Antenor Antenor 31 janvier 2018 21:07

    A la différence des citadelles du Crest ou du Roc de Peyre ; le sommet du Mont-Saint-Vincent est relativement étiré. Cela peut expliquer pourquoi on ne trouve pas à quelques kilomètres de distance une agglomération comme celle de Corent ou Javols. L’agglomération servant de capitale administrative et religieuse était sans doute située au sommet même du mont à quelques distances de la citadelle, un peu comme au Mont-Auxois. Je ne serais pas étonné qu’on retrouve la trace d’un fanum à proximité de l’église.


  • Montdragon Montdragon 31 janvier 2018 21:41

    A vous trois, auteur et commentaires, merci !
    Je m’intéresse depuis peu au château de Vergy, derrière Nuits-St-Georges, les rumeurs et les folies se rassemblent pour donner architecture à un ensemble cohérent médiéval.
    Merci.


  • Claude Courty Claudec 1er février 2018 06:39

    Les politiciens s’intéressant à l’histoire, comme à tout autre sujet d’ailleurs, avant tout dans la mesure où elle peut servir – ou desservir – leur carrière et par conséquent leur image, un article sur Solutré et les glorieuses raisons qui en firent un temps un lieu de pèlerinage, eut davantage suscité l’attention de Mitterrand et les gardiens de sa légende.


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