mardi 20 mai 2008 - par Emile Mourey

Bibracte, Gergovie, Pergame : le combat des géants et des dieux

Allianoi est un fabuleux site archéologique d’Asie mineure, récemment découvert et pourtant déjà menacé par un projet de lac artificiel. Arte vient de lui consacrer, ce samedi 10 mai, un documentaire en forme d’appel au secours. Et parce qu’Allianoi est un site antique, il peut nous apprendre beaucoup sur les nôtres.

Allianoi existait au deuxième siècle de notre ère ; le célèbre rhéteur et sophiste grec Publius Aelius Aristide, qui vivait à cette époque, venait y chercher la guérison de ses maux mais on ignorait où se trouvait l’endroit. Le doute est aujourd’hui levé. C’est à Pacha Ilicasi - les bains chauds du Pacha - que les fouilles ont mis au jour l’importante ville thermale. Le lieu correspond à l’Hadrianuteba de la carte de Peutinger, première station sur une importante voie antique, à 18 kilomètres (VIII lieues) de Pergame, capitale du royaume aux deux tours symboliques (Pars X ). Position fortifiée, Pergame – aujourd’hui Bergame - est perchée sur une hauteur remarquable, comme Gergovie que je situe au Crest, comme Bibracte que je situe sur le horst de Mont-Saint-Vincent (voyez mes précédents articles, tous les arguments que j’ai présentés et l’absence de contradictions argumentées).

Allianoi était la ville d’eau de Pergame – cela me semble évident - comme Vichy l’était pour Gergovie/Le Crest, comme Bourbon-Lancy l’était pour Bibracte/Mont-Saint-Vincent. Ces eaux sont des eaux guérisseuses et parce qu’elles sont guérisseuses et bienfaitrices pour la santé, elles attiraient les touristes romains, ce qui développait l’urbanisme et enrichissait les cités qui les possédaient. La carte de Peutinger les indique, en général, par une vignette caractéristique.

Les Galates, autre nom pour dire Gaulois, sont arrivés en Asie mineure vers l’an – 278. Alors que les Romains ne dominaient pas encore la région, alors que les bains n’avaient pas encore connu leur essor, que s’est-il passé entre les Grecs installés à Pergame et les Galates conquérants venus de la Gaule ? Comment s’est faite la rencontre entre une culture de pure tradition grecque et une culture celte que ni le judaïsme, ni le christianisme n’avaient encore touchée ?

La réponse se trouve dans le Grand Autel de Pergame. La construction de cet imposant monument célèbre, vers l’an - 167, la fin d’une guerre que Pergame remporta sur les Galates. Il est aujourd’hui exposé dans une grande salle du musée de Berlin. Les frises, monumentales, représentent une Gigantomachie, iconographie bien connue par les poteries grecques dont les décorations mettent en scène les combats des géants contre les dieux de l’Olympe.

Soyons logiques ! Si, dans le symbolisme de la représentation, les guerriers victorieux de Pergame se projettent dans les dieux et déesses de leur culture grecque, les géants vaincus sont les Galates et s’ils sont vaincus, c’est dans les symboles de leur culture celtique.( Photographies des frises sur le site Artserve de la Australian National University.)

Les Gaulois étaient-ils symboliquement des géants ? Descendants du puissant Héraclès, fondateur de cités lors de sa course errante en Gaule selon Diodore de Sicile, Tite-Live attribue à l’un de leurs hérauts une taille fabuleuse ; et le prince celte de la tombe de Hochdorf ne mesurait-il pas 1 mètre 87 ?

Alors que les Grecs se projetaient dans un univers de dieux célestes, les géants celtes sont nés de la terre. À Mont-Saint-Vincent/Bibracte, c’est le horst en forme de lion couché. À Gergovie/Le Crest, c’est la forme reptilienne de la montagne de La Serre. Voilà pourquoi les géants de la frise sont représentés, certains avec des membres d’anguipèdes, d’autres en compagnie de lions (ces lions et anguipèdes pouvant à l’occasion se mordre, illustrant par là la concurrence qui existait entre Bibracte et Gergovie, concurrence qui existait encore au temps de César. Il s’agit là de mon interprétation personnelle).

Et, en effet, c’est bien en Gaule que se trouvent en nombre non négligeable ces étonnants Jupiter à l’anguipède où je vois, en ce qui me concerne, un dieu du ciel chevauchant le cheval gaulois (la Gaule) que soutient un dieu de la terre. Non ! ce dieu de la terre dont le bas du corps se termine en queue de reptile ou de poisson n’est pas écrasé comme s’il était le diable. Il s’agit du Dis pater dont parle César dans ses commentaires, du dieu qui fait naître.

Ce symbolisme animalier a survécu dans les sculptures de maintes églises romanes, mais souvent avec une différence, évolution oblige. Ce n’est plus pour évoquer le dieu ou les dieux des profondeurs, ni les forces telluriques de la terre, ni les nymphes des bois, des sources ou des eaux, mais le péché qui animalise l’homme. Voyez le tympan de la cathédrale éduenne d’Autun ! Observez bien le bras de ce damné qui s’animalise en salamandre de Gergovie ! N’’est-il pas le bras jumeau de ces bras gaulois de Pergame qui se prolongent en têtes de serpent ou de lion mourant ? (il s’agit, là encore, de mon interprétation personnelle).

Bibracte au Mont-Saint-Vincent, Gergovie sur la hauteur du Crest, voila, selon moi, les deux sources de la culture celte qui a rayonné jadis jusqu’en Asie mineure, une culture héritée de l’hellénisme mais qui avait évolué dans un sens druidique alors que celle de Pergame était restée très proche des temps athéniens (relisez les articles que j’ai consacrés à ces deux sites gaulois. Admirez les chapiteaux aux lions de l’un et les chapiteaux à la salamandre ou aux serpents de l’autre. C’est absolument fantastique !).

Les Gaulois voulaient conquérir le monde. Les Romains le voulaient aussi. C’est bien là le drame. Par Pergame interposé, allié et tête de pont, Rome l’a emporté, non sans mal toutefois. En – 88, des Romains se trouvaient à Pergame, dans le temple d’Asclépios, le dieu grec de la médecine. Ils y furent massacrés par les troupes galates de Mithridate VI. Venus "en voisins" de Galatie (capitale Ancyre, aujourd’hui Ankara), ces Galates acceptaient mal le protectorat romain qui pesait sur eux depuis Pergame. Vercingétorix lui aussi, en Gaule, en - 52, ne voulait plus de "l’amitié" romaine.

Et puis, les esprits se sont apaisés grâce à la "pax romana". Presque un siècle après la mort du rhéteur Aristide qui avait rendu célèbre l’école de Pergame, un rhéteur éduen de la Gaule profonde portait le nom d’Eumène, un des plus célèbres rois qu’avait connu la cité qui inventa le parchemin (Pergame -> parchemin). Un siècle plus tard, le comte éduen, ami de l’Arverne Sidoïne Apollinaire, portait celui d’Attale, un autre de ses rois. Etonnant ?

Car si Pergame était célèbre pour son école de rhéteur, elle l’était aussi pour sa bibliothèque qui rivalisait avec celle d’Alexandrie en Égypte, se disputant avec elle – je cite Wikipedia - les meilleurs manuscrits et les meilleurs spécialistes, dans deux visions divergentes. À Alexandrie se pratiquait l’étude du lexique, des textes vers par vers, mot par mot. L’établissement de conclusions se faisait par des confrontations de textes abordés de manière scrupuleuse. À Pergame au contraire, on cherchait le sens profond des textes - voire caché - considérant ainsi que ce qui était écrit et ce qui était véritablement signifié ne correspondait pas systématiquement (c’est ce que j’essaie d’expliquer dans mes articles, malheureusement sans beaucoup de résultats).

Célèbre, Pergame l’était aussi par ses sculptures, notamment de Gaulois mourants. Or, il me semble évident que les sculpteurs aient été des Galates vaincus et prisonniers. Ainsi s’expliquerait que, par delà le canevas imposé par les vainqueurs, ils aient néanmoins réussi à exprimer dans leurs œuvres, la force, le courage, la dignité et la grandeur de leur culture celte.

Protégé de son bouclier frappé aux armes de Bibracte (le lion) et de Gergovie (la Gorgone), le guerrier celte du Metropolitan museum of art de New York était parti sur son char d’apparat à la conquête du monde.



18 réactions


  • Cincinnatus 20 mai 2008 21:12

    Je ne vous rejoint pas sur toutes vos conclusions, mais vos considérants sont séduisants. Grec, mâtiné (enrichi) de provencal et de lorrain je ne peut qu’être intéressé... j’aimerais parler avec vous des géants de la crau et d’Héraclès...


    • Emile Mourey Emile Mourey 20 mai 2008 21:52

      @ Cincinnatus

      L’histoire d’Héraclès repoussant les Ligures en utilisant comme projectiles les pierres de la plaine de Crau ressemble un peu aux légendes de Gargantua et autres héros mythiques qu’on se transmettait autrefois de génération en génération, dans les campagnes, à la différence toutefois que pour Héraclès, il y a, à l’origine une réalité historique qu’il nous appartient de rédécouvrir. C’est du moins mon point de vue.

      Si, comme je l’explique dans mes ouvrages et mes articles, on devine qu’Héraclès est le nom symbole que les premiers auteurs donnaient aux colons dits "phéniciens", avant l’arrivée des Grecs à Marseille, on peut imaginer un premier conflit entre ces premiers colons et la tribu ligure que je situe dans le Golfe de Gênes mais dont l’influence s’étendait probablement jusqu’ à la région de Marseille. La légende pourrait donc évoquer la lutte de ces Phéniciens qui, en arrivant dans la région auraient repoussé victorieusement l’occupant ligure. Qu’il y ait eu des échaffourées avec jets de pierre, tout est possible. Ensuite, c’est l’histoire de la sardine qui bouche le port de Marseille. Je veux dire par là que cela se transforme dans l’image d’un Héraclès bombardant de pierres l’ennemi, d’où l’explication du mystère des pierres qui parsèment la plaine de Crau dans la région marseillaise.

      Qu’Héraclès ait été un géant ? Mais bien sûr ! les monnaies gauloises qui le représentent le montrent en Hercule, très fort et très grand. Ainsi que les poteries etc...


    • Antenor Antenor 20 mai 2008 23:58

      Les Ligures qui sont fils de Poseïdon d’après le Pseudo-Apollodore. C’est vraiment dommage qu’on ait pas de dates dans la mythologie grecque comme pour la Bible .

      Que les exploits d’Hérakles soit revendiqués à la fois par les Grecs et par les Phéniciens par le biais de Melkart s’explique peut-être par le fait qu’il est né à Thèbes, colonie de Tyr fondée en Grèce par Cadmos. Si on voit dans Melkart l’Esprit qui animait la ville de Tyr, Hérakles en aurait été une sous-partie. 

      Ceci est d’autant plus intéressant que la langue celte ressemble beaucoup au grec mais semble également comporter quelques traces de sémite comme "dan" (le magistrat) ou "caer/capher" (le village). Peut-être que les noms de lieu finissant en "dunum" désignait à l’origine la résidence du Dan.

      Les cultures étaient beaucoup plus mélangées que ce que laissent penser les cartes des livres d’histoire avec leur grands à-plat de couleur, il faut vraiment s’extraire des schémas nationalo-raciaux du 19ème siècle. Plusieurs noms de l’Iliade semblent également d’origine sémite à commencer par "les Danaens" ou "Elephénor", "Salamine", "Télamon" = Tell Ammon ?


    • Emile Mourey Emile Mourey 21 mai 2008 02:49

      @ Antenor

       

      Les cultures étaient beaucoup plus mélangées que ce que laissent penser les cartes des livres d’histoire avec leur grands à-plat de couleur, il faut vraiment s’extraire des schémas nationalo-raciaux du 19ème siècle.

      Oui, c’est ce que je pense aussi.


    • Antenor Antenor 21 mai 2008 12:05

      L’identification d’Herakles de Tyrinthe avec Melkart de Tyr m’embête car si on commence à envisager que les Grecs aient grécisé des mythes/évenements qui étaient plus globalement proche-orientaux à l’origine, on n’est pas sorti de l’auberge. Il y a cependant des choses troublantes.

      Par exemple, la mythologie grecque attribue la fin du monde mycènien à l’invasion des Doriens, des Héraklides de Thessalie. Or, parmi les "Peuples de la Mer" qui ont ravagé les côtes proche-orientales à la charnière du 12ème et du 11ème siècle, il en est un qui revient constamment dans les textes d’époque : les Shekelesh qui habitaient Dor d’après les textes égyptiens. Le problème est que Dor n’est pas du tout en Thessalie mais sur la côte cananéenne entre Jaffa et Akko. C’était donc probablement une cité vassale des Philistins, je vais essayer de voir ce qu’en dis le Livre des Juges.

      Autre élément assez incroyable : pas la moindre traces des Hittites dans la mythologie grecque. La quasi-absence des grandes puissances maritimes levantines est également dure à avaler. Le cas de la Crète est particlièrement représentatif, hormis la taxe qu’elle impose à Athènes, elle n’a rien de la grande puissance commerciale que l’archéologie laisse deviner. L’époux d’Europe descend même de rois grecs continentaux alors que cela devrait plutôt être l’inverse.

      Je suis assez embêté, d’un côté imaginer que les Grecs aient systèmatiquement grécisés des évènements dont il n’auraient été que des acteurs minoritaires, cela fait un peu "théorie du complot". D’un autre côté, dès que j’essaie de trouver une réalité à ces mythes, je suis bien obliger d’admettre que le cadre grec est trop petit et qu’il faut raisonner à l’échelle de tout le Proche-Orient.

      C’est à se demander si dans l’Iliade les seuls Grecs ne sont pas : " (...)ceux qui habitaient l’Argos Pélasgique (...) ils s’appelaient Myrmidons, Hellènes et Achéens. A tous ceux-là à la tête de cinquante vaisseaux Achille commandait."  Fin du chant II.

      A l’époque classique, Achille avait des sanctuaires un peu partout en Grèce. Ce qui n’est pas du tout le cas d’Agamemnon pourtant censé être le roi des Grecs...


    • Antenor Antenor 21 mai 2008 13:41

      Erreur d’inattention : le phénomène que les Egyptiens ont appelé "Peuples de la Mer" a bien sûr eu lieu à la charnière des 13ème et 12ème siècle.


    • Emile Mourey Emile Mourey 21 mai 2008 14:37

      @ Antenor

      Le pays de Canaan est un bon exemple que nous donne la Bible d’un peuplement primitif complexe avec des implantations de colonies diverses venant de territoires voisins de culture différente. De même, il semble que la Grèce ait connu un phénomène d’immigration phénicienne. Même minime, cette immigration a dû avoir un fort impact sur les populations locales du fait de la vitalité des mythes et héros qu’elle apportait.

      Pour y voir clair dans cet écheveau forcément complexe, je pense que cet autel de Pergame est un bon exemple. Prenez le symbole du lion, par exemple. Il s’est imposé déjà, au départ, dans les plus anciennes civilisations du Moyen-Orient, apparemment comme symbole guerrier. Ensuite, il faut dérouler le fil et le suivre dans les représentations architecturales que nous livre l’archéologie. Et nous arrivons aux chapiteaux du temple/église de Mont-Saint-Vincent/Bibracte.

      Prenez maintenant Gergovie que je situe au Crest. Dans ce cas là, il me semble évident que le double symbole : salamandre/serpent est né sur place, inspiré par la montagne de La Serre. Et ensuite, il faut suivre le fil, comme dans le cas précédent, jusqu’aux Jupiter à l’anguipède et jusqu’à l’autel de Pergame puis continuer, sachant que les symboles peuvent changer de signification suivant les aléas de la politique ou des croyances religieuses.


    • Antenor Antenor 23 mai 2008 11:57

      @ Emile

      J’ai re-inspecté plus en détail les chapiteaux de Châtel-Montagne. Celui où l’on voit deux types se disputer un âne n’a apparemment rien à voir avec les Evangiles. Un autre est orné de trois double-feuilles de gui très semblables aux "oreilles" de la statue du guerrier de Glauberg. Sur certains chapiteaux, les paisibles motifs végétaux qu’on peut observer de front se transforment en "gueules" très laténiennes lorsqu’ils se rejoignent dans les angles. Et ces carnassiers faméliques au long museau se battant avec leur queue serpentiforme... des renards chimériques ? Ceux de Luern par exemple ??? (luernos = renard)


    • Emile Mourey Emile Mourey 23 mai 2008 12:31

      à Antenor

      Mais oui ! il n’y a absolument rien d’évangélique dans ces sculptures. Quant à vouloir y voir des crapauds, des singes acrobates et je ne sais quoi (interprétation officielle) alors que tout cela est profondément religieux , c’est vraiment un scandale.


    • Antenor Antenor 30 mai 2008 15:11

      La photo du guerrier est vraiment sympathique, on a sur le même bouclier les lions de Hochdorf et la gorgone de Vix. En fait, dire que la réprésentation de ce guerrier est de style étrusque est un gros abus de language, elle est de style phénicien. Ce fameux "sourire étrusque" avec ses yeux exorbités et son nez pointu a été inventé par les Levantins qui peut-être cherchaient à se démarquer de l’hyper-perfectionnisme des Egyptiens et les Etrusques l’ont ensuite abondamment repris. Dans le même ordre d’idée, le vase de Vix n’est pas de style grec mais également de style levantin. Si les artistes grecs, italiques et ibères étaient capables de copier des modèles orientaux, pour quelle raison leurs collègues celtes ne l’auraient pas été ?

      Pour revenir sur votre article sur les "Peuples de la mer", il n’y a effectivement pas la moindre trace d’invasion maritime dans le Livre des Juges. Les destructions relevées par les archéologues en Canan à cette période sont concentrées à l’intérieur des terres alors que les villes philistines du littoral sont intactes (Larousse des Civilisations antiques). Ce qui va également dans le sens du texte de la Génèse qui montre des Philistins présents en Canaan bien avant ces évènements. Par ailleurs, il serait interessant d’approfondir les liens entre Philistins et Crètois dont la Genèse fait des nations-soeurs. Peut-être qu’Europe avait des origines Philistines.

      En ce qui concerne les Hébreux, s’ils ne semblent pas avoir été victimes des "Peuples de la mer", je ne suis pas persuadé qu’ils en aient fait partie pour autant. Il me semble qu’ils avaient plutôt intérêt à se faire oublier des Egyptiens à cette période. Il n’est pas évident de se faire une idée des rapports de force de la région. Quand le Livre des juges dit que les Hébreux étaient sous la domination de tel ou tel peuple, je suppose que cela signifie qu’ils avaient simplement prêté allégeance à tel ou tel souverain (et à son Dieu) suivant la bonne fortune du moment. Pour la postérité mieux valait donné l’impression que l’ennemi était vraiment redoutable et qu’il n’y avait pas d’autre choix que de se soumettre. Dans les textes, lorsque les Hébreux abandonnent leur Dieu, ils sont aussitôt soumis à une puissance étrangère. La réalité n’aurait-elle pas été plutôt inverse ?


  • Cincinnatus 21 mai 2008 13:05

    Le combat d’Hercule contre les ligures se déroule lors de son retour des pyrénées où il avait été l’amant de Pyrène fille du roi des Bebryces. Selon l’une des versions de la légende il a commencé par séjourner sur la côte "où il organisa un gouvernement sage, puissant et équitable en appelant autour de lui les hommes qui jusque là avaient été éloignés les uns des autres" puis il s’enfonce dans les terres et combat deux géants Albion et Ligur (ou Bergion) qui fils de de la terre et de Poséidon étaient quasiment immortels. C’est l’intervention de Zeus qui donnera la victoire à Héraklès. Il poursuit ensuite son oeuvre civilisatrice en créant des cités. Plus tard il affronte un autre géant du coté de Beaucaire, nommé Taras ou Tauriscus...

    On lui prête encore la fondation du port de Villefranche

    Il combattra des bêtes féroces pour le compte de Taranis chef des Ligures et celui ci l’ayant grugé il séduira en une nuit 500 femmes ou vierges de son peuple. Dans les combats qui suivent Zeus intervient encore en faisant pleuvoir des pierres... Enfin dans la confusion il semblerait qu’une partie des pommes du jardin des Hespérides ait été égarée sur le sol de la Provence. Elles y sont encore...


    • Cincinnatus 21 mai 2008 13:08

      Sources de ces exploits "Contes populaires des provençaux de l’antiquité et du moyen age" par Béranger Féraud éditions Leroux 1887 et "Nice et Monaco à travers les âges" Alexandre Lacoste 1884


    • Emile Mourey Emile Mourey 21 mai 2008 14:07

      @ Cincinnatus

      Très intéressant. Il ya là, très probablement, un fond de réalité historique. La difficulté est dans l’interprétation. Pour cela, il s’agit de bien localiser les peuplades dont le nom est évoqué.


  • Cincinnatus 21 mai 2008 14:55

    Il y a sans doute des éléments appocryphes et des confusions de lieux : le prix que Taranis devait payer à Héraklès pour son travail était de 500 taureaux mais lorsqu’Héraklès à voulu les emmener, les vaches et génisses ont appelé leurs mâles et il a été impossible de les faire bouger, d’où sans doute le caractère "génésique" de la vengeance d’Héraklès...

    Par ailleurs on n’a jamais élévé beaucoups de bovins du coté de Villefranche mais bien plutôt chez moi en Camargue... Y aurait-il un caractère allégorique entre un Dieu grec, fils de Zeus, les cultes dont ils faisaient l’objet et une autre religion celle de mithra ? Même si son culte est arrivé assez tard en provence, et dans la région de Metz, importé par les légions romaines.

    Par ailleurs le héros était l’objet de la vindicte d’Héra "aux yeux de génisse"...

    Voir par ailleurs à Lyon la fontaine des géants que vous connaissez sans doute...

    Pour conclure de manière amusante un des meilleurs vin de Crête d’où je suis originaire s’appelle "Sang d’héraclès", la crête est un pays où le taureau était vénéré, et à Vergèze où est passé notre demi dieu il y a les caves d’Héraclès...

     

    J’oubliais : Nîmes aurait également fondé par un Héracléide du nom de Némausus !


    • Emile Mourey Emile Mourey 21 mai 2008 16:32

      @ Cincinnatus

      Je pense que le culte de Mithra est très particulier et qu’il a touché surtout le milieu militaire. Le taureau y était sacrifié en tant que symbole du courage militaire au cours de cérémonies probablement d’initiation, et souvent dans des sanctuaires sous terre, ce que leur donnait un air de mystère. Les légendes d’Héraclès en conflit avec les dieux du ciel me semblent d’un autre ordre. Mais je n’ai pas approfondi les questions que vous soulevez.


    • Cincinnatus 21 mai 2008 18:25

      Je vous conseille sur le taureau le livre de Marie Mauron "Le taureau ce Dieu qui combat" chez Albin Michel ed de 1949. Il y en a un exemplaire en vente 5 € sur Ebay en ce moment, je possède le même


    • ASINUS 22 mai 2008 10:17

      bonjour , passionnant votre article

       

      vous evoquez mithra , on croit savoir qu introduit par les cohortes orientales ce culte

      etait frequent en panonie et sur le lime germain , c est un culte aryen non ?

      etonnant les begaiement de l histoire non


    • Emile Mourey Emile Mourey 22 mai 2008 10:23

      @ Asinus

      Les bégaiements de l’histoire ? Non seulement c’est étonnant mais c’est un scandale. C’est pourquoi le ministère de la Culture préfère l’étouffer (pour le moment ?)


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