mardi 24 décembre 2019 - par VICTOR Ayoli

Bientôt Noël : pauvres ou riches mettons un peu d’originalité dans nos assiettes

Âmes sensibles et réfractaires à l'humour au second et même troisième degré, passez votre chemin.

L’animateur un peu déjanté d’une radio popu britiche a lancé récemment un concours sur sa station pour savoir quel était l’aliment le plus inhabituel qu’avait eu l’occasion de manger ses auditeurs. La palme est revenue à une Anglaise, une certaine Anthea, pour cette histoire : « Quand j’étais enfant, j’habitais en Afrique. On allait toujours chez le même boucher et soudainement, la viande a commencé à être bien meilleure. Lorsque nous sommes rentrés en Angleterre, nous avons appris que le boucher en question avait été arrêté parce qu’il faisait un élevage de petites filles noires ».

Un de ses compatriotes célèbre, JONATHAN SWIFT avait déjà, en son temps (1667-1745) fait une « Modeste Proposition pour empêcher les enfants des pauvres d'être à la charge de leurs parents ou de leur pays et pour les rendre utiles au public. » Si les pauvres n'ont pas de pain, qu'ils mangent leurs bébés, propose l'auteur des Voyages de Gulliver dans un essai féroce et radical pour protester contre le cynisme des monarques et mettre en lumière les conditions de vie de la population irlandaise du XVIIIe siècle. Toute comparaison avec notre époque ne serait pas forcément fortuite !

« L'ART D'ACCOMMODER LES BÉBÉS

Un jeune Américain de ma connaissance, homme très entendu, m'a certifié à Londres qu'un jeune enfant bien sain, bien nourri, est, à l'âge d'un an, un aliment délicieux, très nourrissant et très sain, bouilli, rôti, à l'étuvée ou au four, et je ne mets pas en doute qu'il ne puisse également servir en fricassée ou en ragoût. ]'expose donc humblement à la considération du public que, des cent vingt mille enfants dont le calcul a été fait, vingt mille peuvent être réservés pour la reproduction de l'espèce, dont seulement un quart de mâles, ce qui est plus qu'on ne réserve pour les moutons, le gros bétail et les porcs ; et ma raison est que ces enfants sont rarement le fruit du mariage, circonstance à laquelle nos sauvages font peu d'attention, c'est pourquoi un mâle suffira au service de quatre femelles ; que les cent mille restants peuvent, à l'âge d'un an, être offerts en vente aux personnes de qualité et de fortune dans tout le royaume, en avertissant toujours la mère de les allaiter copieusement dans le dernier mois, de façon à les rendre dodus et gras pour une bonne table.

Un enfant fera deux plats dans un repas d'amis ; et quand la famille dîne seule, le train de devant ou de derrière fera un plat raisonnable, et assaisonné avec un peu de poivre et de sel, sera très bon bouilli le quatrième jour, spécialement en hiver. J'ai fait le calcul qu'en moyenne un enfant qui vient de naître pèse douze livres, et que dans l'année solaire, s'il est passablement nourri, il ira à vingt-huit. Je reconnais que cet aliment sera un peu onéreux, en quoi il conviendra parfaitement aux propriétaires terriens qui, ayant déjà sucé la moelle des pères, semblent les mieux qualifiés pour manger la chair des enfants.(...)

Ceux qui sont économes (ce que réclame, je dois bien l’avouer, notre époque) pourront écorcher la pièce avant de la dépecer ; la peau, traitée comme il convient, fera d’admirables gants pour dames et des bottes d’été pour messieurs raffinés.

Quant à notre ville de Dublin, on pourrait y aménager des abattoirs, dans les quartiers les plus appropriés, et qu’on en soit assuré, les bouchers ne manqueront pas, bien que je recommande d’acheter plutôt les nourrissons vivants et de les préparer « au sang » comme les cochons à rôtir. (…)

On trouvera de la chair de nourrisson toute l'année, mais elle sera plus abondante en mars, ainsi qu'un peu avant et après, car un auteur sérieux, un éminent médecin français, nous assure que grâce aux effets prolifiques du régime à base de poisson, il naît, neuf mois environ après le carême, plus d'enfants dans les pays catholiques qu'en toute autre saison ; c'est donc à compter d'un an après le carême que les marchés seront le mieux fournis, étant donné que la proportion de nourrissons papistes dans le royaume est au moins de trois pour un : par conséquent, mon projet aura l'avantage supplémentaire de réduire le nombre de papistes parmi nous.

Ainsi que je l'ai précisé plus haut, subvenir aux besoins d'un enfant de mendiant (catégorie dans laquelle j'inclus les métayers, les journaliers et les quatre cinquièmes des fermiers) revient à deux shillings par an, haillons inclus, et je crois que pas un gentleman ne rechignera à débourser dix shillings pour un nourrisson de boucherie engraissé à point qui, je le répète, fournira quatre plats d'une viande excellente et nourrissante, que l'on traite un ami ou que l'on dîne en famille.

Ainsi, les hobereaux apprendront à être de bons propriétaires et verront leur popularité croître parmi leurs métayers, les mères feront un bénéfice net de huit shillings et seront aptes au travail jus-qu'à ce qu'elles produisent un autre enfant. Une personne de qualité, un véritable patriote dont je tiens les vertus en haute estime, se fit un plaisir, comme nous discutions récemment de mon projet, d'y apporter le perfectionnement qui suit.

De nombreux gentilshommes du royaume ayant, disait—il, exterminé ces temps-ci leurs cervidés, leur appétit de gibier pourrait être comblé par les corps de garçonnets et de fillettes entre douze et quatorze ans, ni plus jeunes ni plus âgés, ceux-ci étant de toute façon destinés à mourir de faim en grand nombre dans toutes les provinces, aussi bien les femmes que les hommes, parce qu'ils ne trouveront pas d'emploi : à charge pour leurs parents, s'ils sont vivants, d'en disposer, à défaut la décision reviendrait à leur plus proche famille.

Avec tout le respect que je dois à cet excellent ami et patriote méritant, je ne puis tout à fait me ranger à son avis : car, mon ami américain me l'assure d'expérience, trop d'exercice rend la viande de garçon généralement coriace et maigre, comme celle de nos écoliers, et lui donne un goût désagréable ; les engraisser ne serait pas rentable. Quant aux filles, ce serait, à mon humble avis, une perte pour le public parce qu'elles sont à cet âge sur le point de devenir reproductrices. De plus, il n'est pas improbable que certaines personnes scrupuleuses en viennent (ce qui est certes fort injuste) à censurer cette pratique, au prétexte qu'elle frôle la cruauté, chose qui, je le confesse, a toujours été pour moi l'objection majeure à tout projet, aussi bien intentionné fût-il. (…)

D’un cœur sincère, j’affirme n’avoir pas le moindre intérêt personnel à tenter de promouvoir cette œuvre nécessaire, je n’ai pour seule motivation que le bien de mon pays, je ne cherche qu’à développer notre commerce, à assurer le bien-être de nos enfants, à soulager les pauvres et à procurer un peu d’agrément aux riches. Je n’ai pas d’enfants dont la vente puisse me rapporter le moindre penny ; le plus jeune a neuf ans et ma femme a passé l’âge d’être mère. »

On pourra nous objecter qu'avec ce que l'on bouffe comme merde, la viande – même de bébés - ne doit pas être terrible… Ouais, mais il existe tout de même des règlementations : on pourrait avoir des bébés bio, des bébés élevés sous la mère, des bébés AOC, des bébés label rouge, des bébés de cru, etc.

Mais pourquoi succomber à cette mode du jeunisme ? Les vieux retraités ne pourraient-ils pas – lorsqu'ils sont « à points » - être recyclés par l'industrie agroalimentaire, qui ne manque pas d'imagination, en viande pour lasagnes, raviolis, nems, etc.

A soumettre au nouveau Monsieur retraite du gouvernement. Allez, bon appétit et pantagruéliques repas de la période de Noïo Hel, la célébration du Jour nouveau chez les Gaulois, nos ancêtres (parmi d'autres) !

 

Illustration : merci à Goya



20 réactions


  • Clark Kent Séraphin Lampion 24 décembre 2019 17:38

    Moi, perso, j’ai longtemps bouffé du curé, mais là, j’ai arrêté, ça me donne des aigreurs.

    Par contre je crois que ce soir, je vais encore me farcir une dinde.


    • amiaplacidus amiaplacidus 24 décembre 2019 18:03

      @Séraphin Lampion

      Je suis bien moins sélectif que vous. Je bouffe, indifféremment, du curé, du pasteur, du pope, de l’imam, du rabbin, etc.
      À l’occasion, je ne dédaigne pas du bonze, préparé à l’aigre-doux comme il se doit.


    • Aimable 24 décembre 2019 23:28

      @amiaplacidus
      Pour le curé , il va falloir diminuer la quantité , il est devenu une espèce en voie de disparition  smiley


    • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 24 décembre 2019 23:37

      @Aimable

      Si faut remplacer avec les imams débiles. Je préfère nos curetons .


    • mmbbb 25 décembre 2019 13:39

      @Séraphin Lampion bouffez de l iman hallal est beaucoup plus délétère pour la sante désoramais !


    • Clark Kent Séraphin Lampion 25 décembre 2019 17:27

      @mmbbb

      alors, bouffez du rabbin kasher !


    • Aimable 27 décembre 2019 07:20

      @Aita Pea Pea
      A tout prendre je suis de votre avis , eux au moins ils ont fait leur mue depuis longtemps .


  • Captain Marlo Fifi Brind_acier 24 décembre 2019 18:59

    Un film dans le même genre que l’article, à voir ou à revoir : « Soleil Vert ».

    .

    Film de 1973, prémonitoire, puisque les riches d’aujourd’hui comptent bien sur la nouvelle religion du climat pour se garder la planète pour eux...


    • sylvie 27 décembre 2019 17:31

      @Fifi Brind_acier
      Soleil vert est une ânerie, aujourd’hui le 1/3 de la viande est jetée , alors manger quelques cadavres humains ?


  • BA 25 décembre 2019 08:36

    Pour ses vacances de Noël, Élisabeth Borne choisit… Marrakech.


    La ministre de l’Écologie s’est envolée pour le Maroc pour Noël. Compatible avec les consignes de sobriété de Matignon ?


    La semaine dernière, Matignon avait passé des consignes fermes à tous les ministres. La règle ? Surtout, en plein conflit social, ne pas donner le sentiment d’une vacance du pouvoir pendant les vacances, et courir les médias pour assurer la pédagogie de la réforme des retraites.


    En clair, les ministres ne doivent pas donner l’impression de trop profiter de la fameuse trêve des confiseurs, alors que bien des Français galèrent faute de train pour passer les fêtes en famille. Un séjour au soleil de Marrakech (Maroc) remplit-il ces critères ? C’est en tout cas la destination choisie par la ministre de la Transition écologique et solidaire, Élisabeth Borne, pour des vacances de Noël avec sa famille.


    Elle s’est envolée lundi 23 décembre — sur une ligne régulière, à ses frais — « après avoir décalé son départ, insiste son cabinet, pour pouvoir passer le week-end à Paris afin de suivre au cœur du PC d’Enedis la gestion des coupures de courant, et surveiller les grands départs et les intempéries ».


    Semblant un brin embarrassé par la question, son conseiller précise qu’elle n’est partie « que quelques jours » et sera « intégralement à son bureau » la semaine prochaine.


    http://www.leparisien.fr/politique/pour-ses-vacances-de-noel-elisabeth-borne-choisit-marrakech-24-12-2019-8223990.php


  • nono le simplet 25 décembre 2019 09:14

    si l’on veut bien considérer que les humains ne sont pas des animaux les végans pourraient manger de la viande ... de boucher par exemple ...


  • Captain Marlo Fifi Brind_acier 25 décembre 2019 09:45

    @ aïoli,

    Vous auriez pu faire un sujet moins « saignant », et rappeler les traditions provençales de Noël...

    Ici on ne parle pas « de réveillon » de Noël, mais de « fêtes calendales ».

    D’autant que le repas du 24 au soir, est constitué de légumes et de poisson.


  • L'Astronome L’Astronome 25 décembre 2019 09:47

     

    « Si les pauvres n’ont pas de pain, qu’ils mangent leurs bébés »

     

    C’est l’éternelle histoire de Saturne-Chronos dévorant ses enfants.

     


    • L'Astronome L’Astronome 25 décembre 2019 09:59

       
      Mais cela ne vaut pas la réponse de W.C. Fields à qui on demandait s’il aimait les enfants : « Oui, bien cuits ».
       


    • VICTOR Ayoli VICTOR Ayoli 25 décembre 2019 11:07

      @L’Astronome
      L’Empereur Bokassa lui aussi disait à ses invités prestigieux :
      Vous aimez les enfants ?
      Oui Majesté, bien sût.
      Alors reservez-vous !


    • mmbbb 25 décembre 2019 13:41

      @VICTOR Ayoli ils etaient garde au froid dans un Frigo « BONNET » Grande marque francaise Une regle d or cependant, un bebe decongele ne se recongele pas , c est une recommandation des hygiénistes 


  • zygzornifle zygzornifle 25 décembre 2019 12:57

    Ho oui , la tète de ce gouvernement fraîchement guillotiné .....


  • keiser keiser 25 décembre 2019 15:20

    Alors je ne sais pas si l’auteur est au courant de cette légende mais elle est très à propos.

    Saint Nicolas ( d’origine Turc ) et que l’on fête en Décembre, depuis bien avant le père Noël.

    Donc ce Saint, redonna vie a trois enfants perdus qu’un boucher avait découpé et salé pour les manger.

    Et quand au boucher, il est à l’origine du père fouettard.


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