Bis repetita placent ! On remet ça ?
Trump vient de lancer sa campagne pour sa réélection. Avec les ors et les pourpres qui sont toujours au rendez-vous des grands barnums politiques aux USA.
C’est assez puéril mais cela sied, semble-t-il, au cirque inévitable qui accompagne toutes les échéances électorales américaines dans les deux camps. C’est sans doute une manière bien à eux de fêter la démocratie ou ce qui en tient lieu.
Pendant ce temps l’Iran fait face aux menaces scandées par le gros doigt d’un Trump plus bravache que jamais et qui doit faire oublier les ratages de tout ce qui faisait l’ossature de son programme dont rien ou presque n’a été réalisé.
Pour son bonheur il a bénéficié de la bonne situation économique préparée par son prédécesseur dont il récolte aujourd’hui bien opportunément les fruits non sans s’en octroyer le mérite exclusif mais on sait aussi que cette prospérité risque de se transformer en bulle.
En raison d’un supposé coup de billard à trois bandes où, selon les Américains, les Iraniens auraient attaqué ou saboté – gentiment tout de même car les mines ventouse posées au-dessus de la ligne de flottaison du navire ne risquaient pas de causer grand dommage et en tout cas de l’envoyer par le fond – entre plusieurs autres méfaits de même nature un supertanker approvisionnant un pays, le Japon, dont ils recevaient avec les honneurs dû à son rang le premier ministre.
Il faut avouer que comme coup tordu de la part des Iraniens, c’est poussé à l’extrême mais enfin l’on peut intellectuellement spéculer ( même si ce n’est pas très raisonnable ) sur une initiative d’officines iraniennes hostiles à l’actuel gouvernement qui ne rechigneraient pas à attirer les foudres de l’enfer sur leur propre population ( on a connu ça en Allemagne quand les fanatiques nazis abattaient eux-mêmes au nom de la nation germanique les civils qui fuyaient l’avancée des Soviétiques dans Berlin dévastée ).
Toutefois la vigilance rarement en défaut de l’Oncle Sam jamais en panne d’inspiration pour composer des vérités alternatives est là, sonnez hautbois ( trumpettes ?), résonnez musettes, pour faire échouer ces maladroites tentatives iraniennes de mettre en péril la sécurité du monde libre, surtout libre de se soumettre aux diktats d’un dirigeant un peu fêlé qui a inventé la diplomatie du tweet.
Il est vrai que ce mode de communication d’une extrême concision va de pair avec la faiblesse de l’argumentaire qui doit dès lors se borner à défaut de thèses sophistiquées à des assertions facilement compréhensibles par un électorat de bigots attardés aux attentes un peu rustiques.
Pourtant il y a une logique dans le comportement de Trump ( qui n’est pas si sot que l’on croit ), bien capitaliste celle-là, car les gesticulations présidentielles quelles que soient les vraies ou fausses preuves sur lesquelles elles s’articulent doivent contribuer à l’augmentation du prix du pétrole qui devrait retrouver un niveau rendant plus rentable l’exploitation des schistes bitumineux aux États-Unis. En termes financiers s’entend, car les déséconomies environnementales sont considérées au mieux comme accessoires voire carrément niées par les sociétés exploitantes même si elles rendent impossible la vie des personnes qui en sont victimes, dégâts collatéraux qui ne sont jamais pris en compte par les groupes pétroliers qui soutiennent Trump et par conséquent par les Autorités locales à leur dévotion.
Ce psychodrame iranien – qui serait d’opérette si la stabilité du monde n’était pas menacée - est alimenté en sous-main par Israël et cette démocratie vivante qu’est l’Arabie Saoudite dont le dirigeant le plus en vue est accusé sans que cela l’émeuve outre mesure d’avoir fait découper et disparaître dans l’acide un journaliste saoudien dont le comportement lui avait déplu.
On n’épiloguera pas sur cette affaire mise au jour par les services turcs décidément aussi talentueux que leurs homologues occidentaux pour laisser traîner leurs grandes oreilles là où on ne s’attendrait pas à les trouver.
On n’épiloguera pas non plus sur l’intérêt subit que trouve Erdogan à exploiter le filon, ce ne sont que petites rivalités mesquines dans un Moyen-Orient compliqué.
On évoquera pour mémoire le rôle du boutefeu professionnel que les Israéliens trouvent opportun de réélire à tout scrutin pour éloigner à chaque fois les perspectives de paix à leurs frontières : il est vrai que quand on est choisi par Dieu pour occuper un endroit, rien n’est censé pouvoir vous arriver.
Le problème dans toute cette histoire c’est qu'il y a aussi des irresponsables à la Maison Blanche s’imaginant remplir une mission messianique et qu’ils sont prêts, en toute ingénuité si j’ose dire, à mettre la planète à feu et à sang et accessoirement à genoux parce qu’ils sont persuadés d’être mandatés par le Providence pour rendre le monde plus sûr après l’avoir réduit en lambeaux.
Quand on voit la palinodie des rencontres entre Trump et Kim Jong un où la force de frappe nucléaire de la Corée du Nord lui a permis de retirer tous les bénéfices de ces rendez-vous incongrus tandis que Trump se couvrait de ridicule, on en vient à regretter que l’Iran, malgré son régime qui n’attire guère les sympathies, ne bénéficie pas des même atouts pour s’assurer la paix dans la région et est obligé à composer plus que de mesure avec cet encombrant personnage qu’est un Trump entièrement sous influence des lobbies israéliens dont les intérêts n’ont rien à voir avec ceux de l’Amérique mais qui se conjuguent aux intérêts pétroliers.
Reconnaissons que ces lobbies ont réussi en flattant leurs appétits grossiers à persuader les gogos qui se pressent aux meetings républicains et vont peut-être assurer la réélection d’un personnage calamiteux, réélection en tout cas loin d’être incertaine tant les peuples adorent se livrer à leurs ennemis les plus intimes et persister dans l’erreur...