vendredi 12 octobre 2018 - par Disjecta

Brésil : Libé et les pyromanes crient au feu

Un dément d'extrême-droite, Jair Bolsonaro, est proche de prendre le pouvoir au Brésil. Et tout d'un coup, la gôche libérale et sociétale type Libé s'affole : "Sauve qui peut ! Il y a le feu dans la maison !" Mais le feu, c'est aussi cette (fausse) gauche qui l'a allumé.

Au Brésil, l'élection présidentielle a failli voir la victoire du candidat d'extrême-droite Jair Bolsonaro au premier tour. Bolsonaro a recueilli ce dimanche 7 octobre 46% des suffrages et affrontera le candidat du PT, adoubé par Lula, arrivé assez loin derrière avec 29% des voix. Il est difficile de qualifier autrement que de "dément" le candidat Bolsonaro : ne cesse-t-il pas d'exprimer son admiration pour la dictature instaurée par le maréchal Branco en 1964, coup d'état militaire mené dans le cadre de l'Opération Condor organisée dans toute l'Amérique du Sud par les Etats-Unis et visant à éradiquer toute possibilité de gouvernements progressistes en recourant à la torture et aux assassinats des militants de gauche. On admirera ici encore ce que le prétendu "nationalisme" signifie pour l'extrême-droite : se coucher devant les puissants et exterminer ceux qui défendent vraiment l'indépendance de leur patrie. Bolsonaro est évidemment un partisan de la torture et des assassinats politiques. Economiquement, c'est un fou furieux comme le capitalisme sait en produire, type Thatcher, Reagan ou n'importe lequel des allumés de notre chère Commission Européenne : "La saignée, la saignée, la saignée ! Si ça ne marche pas, c'est qu'on n'a pas été assez loin dans l'ultra-libéralisme !" A maints égards, Bolsonaro est un représentant fidèle du capitalisme tel qu'on le voit fonctionner jusque dans notre pays : politique de l'offre, casse du droit du travail, baisse de l'imposition pour les riches, privatisations et désinvestissement de l'état, absence totale de considération environnementale. Politiques économiques en tout point désastreuses, qui font exploser les déficits, les inégalités, l'insécurité, la misère, qui encouragent la destruction massive de l'environnement, mais qui permettent aux plus riches d'augmenter leurs magots de crapuleux insatiables. Sous ses dehors patelins, Edouard Philippe (et avant lui Sarkozy et Hollande) emprunte aux mêmes théories que Bolsonaro, avec le désastre en cours que l'on voit pour la France.

Comme tout candidat d'extrême-droite, Bolsonaro promet donc d'être le serviteur fidèle de la bourgeoisie rentière bresilienne. C'est d'ailleurs cette bourgeoisie, alors que la presse brésilienne lui est totalement acquise, qui a permis de faire émerger le dément Bolsonaro et faire voter pour celui-ci l'habituelle clientèle de l'extrême-droite : petits propriétaires, petits commerçants, petits patrons, retraités etc, éternels insatisfaits persuadés qu'ils travaillent pour tous les autres et que les immigrés, les pauvres, les gauchistes (les "parasites" donc, selon leur vision d'aliéné mental) vont leur voler leur petit pécule. Deux caractéristiques que l'on retrouve en tous points pour la France : une presse détenue à 90% par 9 milliardaires, une extrême-droite utilisée comme épouvantail de secours par la bourgeoisie (soit l'épouvantail sera élu - cf Salvini et le M5S en Italie - soit on élira n'importe quoi d'autre en face - une chaise, un gant de toilettes, Macron).

Ce tableau ne serait cependant pas complet si l'on n'avait pas la bonne "gôche", la gôche sociétale type Libé ou le (subclaquant) Parti Socialiste, mais on peut sans problème mettre dedans Ensemble de Clémentine Autain et le NPA. Et voilà nos bons pères la morale s'affolant subitement, qui manquent pourtant à chaque fois de s'évanouir à la seule évocation du nom de Chavez, Maduro ou (mais alors là on risque l'attaque célébrale directe) Castro, qui ont entassé et entassent encore les communiqués alarmés, les articles enflammés, les reportages catastrophistes, tous s'abreuvant à la propagande des Etats-Unis, pour faire tomber le président Maduro au Venezuela et permettre l'accès au pouvoir de l'extrême-droite pro-US (eh oui, on retrouve partout sur le continent ces pseudos-patriotes). Les voilà donc, ces belles âmes ayant relayé et relayant tous les mensonges de l'empire ploutocrate américain contre le Venezuela, Cuba ou le Nicaragua (mais aussi la Libye ou la Syrie), qui poussent des cris d'orfraie : "Ah mon dieu ! Ah, l'extrême-droite ! Ah, la dictature ! Au secours, au feu, au diable !" N'ayant pas eu trop de mots durs et de belles paroles pour relayer la propagande des US contre les vrais représentants de la gauche en Amérique Latine (Castro, Chavez, Maduro donc, et pas Lula, la carpette sur laquelle la bourgeoisie a passé son temps à s'essuyer les pieds), voilà Libé et nos petits-bourgeois intellectuels toujours du bon côté du manche de la bien-pensance qui se mettent à chouiner. "Au secours ! Au secours ! Au feu !" Mais qui appellent-ils ? Les seuls dirigeants d'Amérique Latine qui affrontent vraiment la bourgeoisie, qui mettent vraiment en place des politiques socialistes destinées à éradiquer la pauvreté et l'inculture politique, ils n'ont pas cessé, ils ne cessent pas de leur cracher dessus, de réclamer une intervention étrangère, de favoriser contre eux des fausses révolutions de pseudo-combattants (et vrais mercenaires de la bourgeoisie). Et c'est bien en cela que ces belles âmes sont - tout autant que l'extrême-droite - les très utiles supplétifs de la bourgeoisie rentière, oisive et mortifère : Bolsonaro est aussi leur monstre.

 



1 réactions


  • alinea alinea 12 octobre 2018 20:24
    46% des suffrages, ils viennent d’où ? Pourquoi 29 à Lula ?
    Si les gens ne savent pas ce qu’ils veulent, ne connaissent pas leurs besoins,n’ont plus de courage et se laissent avoir par la propagande, qu’est-ce qui nous reste ?
    Le Brésil ça fait déjà quelques années qu’« ils » le pressent, un peu de patience, maintenant c’est bon. On ramollit le peuple, on le fourgue en camion et on le recrache sous forme de goudron sur lequel on roule.

Réagir