jeudi 24 décembre 2015 - par Bertrand Loubard

Burundi : d’un génocide « avéré » (1972) à un autre pré - programmé ?

Les troubles actuels au Burundi et en particulier à Bujumbura soulèvent une légitime indignation générale. Quels que soient les auteurs des tueries et quels qu'en soient les initiateurs et/ou les commanditaires il doit être possible de les découvrir, de les confondre (en dehors de tout doute raisonnable) et de les mettre (légitimement), hors d'état de nuire. Si, en l'occurrence, la manière d'arrêter la spirale de la violence passe obligatoirement par cette étape initiale visant l'apaisement, il ne faut pas qu'elle "dé - focalise" l'attention des causes premières de la situation actuelle. L'analyse doit être la plus exhaustive possible, ne prêtant le flanc aux biais naturellement inévitables que dans une mesure négligeable. Il faut, dès lors et absolument, passer à une vitesse supérieure, par une analyse diachronique, interrelationnelle, transfrontalière et régionale des divers champs socio - économiques et culturels dans lesquels apparaissent les conditions d'émergence de cette violence au Burundi.

La plus part des observateurs dans les média occidentaux semblent diviser en deux groupes où ils semblent, d'ailleurs, avoir bien du mal à faire prévaloir la complexité du caractère politique et régional du conflit sur ses autres aspects. Tous se focalisent sur la réélection présidentielle. D'un côté, les conditions de cette réélection sont, semble-t-il, illégales. D'un autre, elles seraient conformes aux Accords d'Arusha de 2000 et à la Constitution burundaise qui en a résulté. Une première question peut donc être posée : comment a-t-il été possible que de tels Accords aient pu être coulés, à l'époque, en textes ayant "force de loi fondamentale" tout en présentant des lacunes incroyables, sources des contestations actuelles. Comment cela a-t-il été possible sous les égides aussi prestigieuses que celles de Nelson Mandela et Boutros-Boutros Ghali, sous les auspices de la Communauté Européenne (dont Louis Michel, député européen) et avec l'aval de l'expertise de la Communauté Internationale, amie du peuple burundais ? Une autre question vient de suite à l'esprit : pourquoi les medias occidentaux donnent-ils dans leurs analyses sur l'origine des problèmes actuels, la prérogative à une "sur - représentations socio - culturelles simplifiées" débouchant inévitablement sur des clichés d'ethnicité violente, sur des images de génocides ?

Comment se fait-il que ces analyses sous forme de "schémas réducteurs" semblent être une priorité. Peu d'observateurs abordent les "questions burundaises" dans leur globalité. Ils n'intègrent pas leurs approches dans les autres chapitres, protocoles et annexes diverses de l'accord d'Arusha qui ne sont certainement pas qu'accessoires. Cet accord forme un tout qui devait en principe se réaliser, pas à pas, dans le cadre très complexe (et délicat) de la situation résultant des 45 années d'indépendance dont près de vingt de génocide, de guerre civile et de coups d'état. Les périodes de transition et de post transition semblaient être bien définies. Or tout au long de ces deux périodes et des présidences Nkurunziza, même si ce n'est qu'en partie, mais indéniablement, des progrès concrets ont été obtenus, de réelles réussites ont été engrangées, des avancées significatives ont été acquises. On n'entendait peu "parler" négativement, de ces éléments constitutifs de la dynamique du processus, de sa progression et de son évolution à propos du pouvoir burundais depuis près de 10 ans. Une nouvelle constitution a été rédigée, l'armée (protocole de Pretoria) et la justice ont été restructurées. Mais tout n'est pas abouti, pour autant.....Par exemple, la Commission Justice et Réconciliations ne semble pas avoir débouché sur de résultats marquants. Dès lors le silence "orienté" de la Communauté Internationale et des commentateurs semble très "éloquent". Car, en effet, la vérité sur l'assassinat de Rwagasore pourrait-elle gêner la Belgique (comme ce fut le cas avec Lumumba et Hammarskjold) ? La vérité sur l'assassinat de Ndadaye pourrait-elle gêner le Rwanda (comme c'est toujours le cas avec Habyarimana et de Kabila) ? La vérité sur les circonstances de l'assassinat de Ntayramira pourrait-elle gêner les USA (comme ce fut les cas avec le Che et Alliende) ?. Il est évident que les facteurs liés à la mauvaise gouvernance, au favoritisme de clan, à la montée de la corruption, aux divisions internes, aux appétits des uns et aux convoitises des autres pour le pouvoir ne peuvent être négligés en tant qu'éléments constitutifs de ce "tout" que forme ce mixe explosif qu'est la situation burundaise actuelle...

Mais il y a cependant encore quelque chose d'assez troublant dans le déroulement récent des événements. Il semble qu'il y ait des ressemblances symptomatiques entre des structures caractéristiques : structure de l'advenue de ces événements (les prémices, l'escalade dans la violence, le caractère terroriste des "actions", interventionnisme extérieur, etc., etc.) ; structure de leur relation dans les médias (phraséologies réductrices, démagogie de la rhétorique) et structure des opérations et initiatives officielles (ONU, OUA, en liaison avec les décisions officieuses des "politiques" parallèles ; la main gauche ne devant pas savoir ce que fait la main droite). Il y a une "diplomatic attitude" prévisible dans cette "façon" (Citez des "faits", donnez des "noms"), des stratagèmes "rodés" dans ces prises de position (R2P), une homologie frappante avec la situation rwandaise de l'époque 90-94 (Bill Clinton. Sorry : plus jamais çà !). Sur le terrain, personne ne semble à l'abri des "infiltrations", des "false flags", des Mata Hari au deuxième ou troisième degré. Ceci ne révèlerait-il pas une tactique de mise en place de la levée des contraintes de démarrage du lancement de la version "Génocide 3.02" de la Guerre Mondiale Africaine (comme cela a été le cas pour les versions 1.01, 2.01 et 3.01) ? L'impuissance de l'ONU n'est pas due à la Chine et à la Russie, mais bien à sa propre chartre et à la Communauté Internationale, amie du peuple burundais. L'OUA, incapable, "couvrira"-t-elle ; une "initiative régionale" ?

Mais qui donc devrait avoir peur d'Hillary Rodham ? Kagame ........... peut-être ?



1 réactions


  • sls0 sls0 25 décembre 2015 23:54

    Zéro réaction et deux votes à l’heure où j’écris.
    C’est une région vraiment oubliée, à moins de 500.000 morts, on en parle pas, c’est pas vendeur pour la pub.
    Tant qu’ils meurent pour la bonne cause, c-à-d pour qu’on ait leurs ressources pour pas cher ça continuera. Aurait on une responsabilité ? Je veux mon neveu, c’est pas nous qui les tuons soit, c’est nos achats, notre gaspillage.


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