jeudi 12 avril 2007 - par Asu

C’était il y a douze ans...

Emeutes, affrontements entre policiers et jeunes, voitures cassées, gymnase incendiés, violences... Suite à une bavure policière, un jeune homme est à l’hôpital entre la vie et la mort. Réaction en chaîne, la rue se soulève. L’image est en noir et blanc et Bob Marley est aux platines. C’était il y a douze ans...

Eh oui, il y a douze ans déjà que nous suivions l’aventure tragicomique de trois jeunes désoeuvrés, Hubert, Saïd et Vinz. Un calme plutôt relativement lucide sur sa situation, un doux rêveur et un impulsif en manque total de repères.

Loin de tout manichéisme, Matthieu Kassovitz nous entraînait au cœur des cités pour dénoncer la haine, sorte de barrière invisible entre les groupes empêchant toute communication censée et source de violence.

En trois actes, cette tragédie nous entraînait peu à peu vers l’inéluctable. Commencant par une introduction aux codes de la cité, nous les suivions dans une journée ordinaire, entre vol de merguez, traficotage et histoire de caméra cachée. Lors de leur nuit sur Paris, ils se confrontent ensuite à l’autre réalité, celle dont ils sont exclus, celle des digicodes et des ascenseurs qui marchent, celle des expositions d’art, des vrais bandits, des saoulards et des vieux séniles. Et enfin la conclusion macabre de l’aventure nous rappelle que les actes dépassent bien souvent les hommes.

La construction psychologique des personnages est très intéressante, le personnage de Vinz peut-être plus que les autres (Matthieu Kassovitz y décrivant probablement l’archétype des participants aux diverses manifestations récentes de violence). En effet, leurs relations ne sont basées que sur le conflit virulent, le plus souvent par les paroles et, malheureusement parfois, par les actes. Ainsi, plus par une recherche de reconnaissance extérieure, Vinz veut assouvir son désir de vengeance en commettant un meurtre. Enfermé dans sa psychopathie, s’identifiant à Robert De Niro dans Taxi Driver, il est persuadé que son geste est juste, au risque de se mettre à dos ces camarades. Mais c’est bien eux qui arriveront à lui faire prendre conscience de la mauvaise voie qu’il emprunte par son déni de l’individualité d’autrui. On pourrait analyser comme cela une bonne partie du film (comme la scène de la voiture où l’on se prend à être du côté des trois jeunes gens... Mais eh, oh, finalement, y volent une voiture... Ou encore la confrontation dans la galerie d’art où leur seule manière de tirer leur révérence est de vandaliser les œuvres), mais je vais m’arrêter là et vous laisser vous retourner chercher dans votre collection VHS.

Bref, en ces temps de recassement de plein de trucs et d’autres, il me semblait intéressant de revenir sur un film qui, loin d’excuser ces comportements, dénoncait déjà certains maux de notre société et en offrait une analyse tout à fait pertinente, voire même visionnaire.

Voilà, c’est tout pour aujourd’hui...

Un dernier petit cadeau quand même, un échange entre Matthieu Kassovitz et M. Sarkozy :

http://www.mathieukassovitz.com/blog/ (cliquez sur le côté : 1- la France d’en bas, puis 2- vous n’êtes pas responsable et 3- M. le ministe de l’Intérieur).



8 réactions


  • Fred (---.---.20.123) 12 avril 2007 12:50

    Les nouvelles générations sont encore plus violentes et moins respectueuses car rien ne restent inchanger.

    Le dedain des politiques à leur égard depuis tant d’année se payera cher. La réconciliation me parait difficile à long terme et impossible à court terme... surtout vu les candidat en lice...

    Bref, on n’a pas fini de voir les voitures et les écoles bruler. Je pense que si on n’enraille pas ce mécanisme àa ne peut finir que par un soulèvement massif de la population. Ce ne sont pas les effectifs de police qui pourront arrêter quoi que ce soit.

    La police ne peut fonctionner qu’avec le soutien de la population. sans soutien, c’est comme se promener avec une cible dans le dos...

    J’espère qu’on n’en arrivera pas à ce stade , mais je ne vois pas de début de solution. dommage.

    On a tous à y perdre finallement.


    • tovara (---.---.149.182) 13 avril 2007 11:33

      « le soulévement massif » de ta racaille, j’espére qu’il y aura un homme (ou une femme...)« providentiel » et ferme (peu importe son nom) qui un jour aura les c...s de le mater.


  • gAZi bORAt (---.---.164.192) 12 avril 2007 13:42

    La Haine est un excellent film policier peut-être..

    ... mais ce n’est surement pas une étude de sociologie sur la jeunesse des banlieues à la fin du XX° siècle.

    La photographie est splendide, le ressort de l’intrigue rappelle celui de « chiens enragés » d’Akira Kurosawa avec son arme baladeuse mais la psychologie des personnages tombe souvent dans le cliché..

    Un film-repoussoir que beaucoup attendaient à l’époque, ce qui a fait son succès..

    gAZi bORAt


  • fouadraiden fouadraiden 12 avril 2007 14:29

    12 ans seulement,je pensais beaucoup plus.

    j’aime la façon dont l’auteur du billet aborde le passé.

    c’est excellent.merci


  • Briseur d’idoles (---.---.168.62) 12 avril 2007 14:30

    C’est marrant, ce syndrome qui voudrait faire des agresseurs ou tueurs flics, des innocents, et des victimes !


  • N-Y (---.---.183.164) 12 avril 2007 16:12

    mais c’est commère et compère, nos amis briseur d’idoles et fouadraiden !


  • Thomas Roussot Thomas Roussot 12 avril 2007 19:49

    Une grande histoire d’amour est née.

     smiley


  • le pen la vie la vraie (---.---.36.254) 13 avril 2007 00:57

    Sal’té de film, glauque et écoeurant, que j’ai vu hélas qui a dû faire bander la gauche de st germain des prés kassovitz est un nul cinéaste tape à l’oeil et immature quel merdier ce film !!!

    quand on pense au cinéma américain on a HONTE !!!

    faut-il être imbu de soi même pour se la jouer grand cinéaste quand on ne mérite même pas de porter la chaise de monsieur eastwood ou de mr de palma.

    Je rêve d’un cinéma français CLASSIQUE avec des arabes et des noirs parlant (SE FORCANT A PARLER) un français parfait. C’est en imitant la beauté qu’on peut l’approcher, c’est le rôle de l’art. Doillon, kasso, kechiche et tous leurs clones donnent envie de vomir par leur FORME, s’ils veulent parler des banlieues qu’ils aillent apprendre leur métier chez grangier audiard ou duvivier. De plus kasso appartient à une génération de gosses (besson). Sa lamentation bétifiante et doloriste est une insulte au cinéma de toujours, ADULTE, les plus petits faiseurs du grand hollywood doivent se retourner dans leurs tombes, à voir les étrons de ce nain français de gauche.

    J’ai vu 20 minutes des rivières pourpres et j’en suis resté là de ce cinéaste nullissime qui n’aurait sans doute jamais fait de film s’il n’avait été du sérail.

    Quand je pense que le génial dantec a vendu son bouquin babylon babies à ce con, faut-il donc qu’il ait eu besoin d’argent ou qu’il soit dépassé en affaires.

    En tous cas ce ne sont pas les idées qui les unissent, jamais vu deux types aussi opposés : un génie et un nul.

    Mais qui sait ? je n’ai pas vu tous les films de kasso (peu nombreux au demeurant), notamment son dernier film américain, je suis peut-être mauvaise langue. (d’ailleurs je change parfois d’avis quand je revois les films, mais pour la haine c’est cuit, je ne reverrai jamais cette horreur). Contrairement à tous les antifaschistes de profession qui condamnent les jeunes skinneads pour l’éternité, je pense que tout est possible dans la vie et que rien n’est irréversible, et que même une petite merde de réalisateur égocentrique peut finir, avec le temps, avec l’expérience, en laissant venir à lui la modestie, l’humilité, l’admiration et le respect des valeurs des anciens, à faire quelque chose de convenable.

    ps : souvenir du sourire géné de de niro à deauville, à qui on montrait le passage « ressemblant » avec taxi driver...


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