lundi 11 janvier 2010 - par Didier 67

Calcul de la limite de l’aire du droit de propriété

A faire vibrer les foules : commentaire d’une production de Laurence Parisot du 17 février 2009 !

Quand Laurence Parisot commenta au printemps dernier le bon mot de Nicolas Sarkozy qui prétendait qu’il lui plairait que les profits des entreprises soient répartis en trois tiers, elle exprima son désaccord :

Pardon pour tout ceci, mais c’est quand même bien de rappeler un certains nombres de principes. Par conséquent, nous considérons que le profit distribuable n’a pas à être divisé en trois. Il se décompose en deux parties. Je dois vous dire qu’hier autour de la table du Conseil, il y avait beaucoup d’émotion sur le sujet. Je voudrais surtout vous dire que ce ne sont pas les patrons du CAC 40 qui se sont exprimés. Ce sont les entrepreneurs, ceux qui sont créateurs d’entreprises, et qui comme l’un d’entre eux nous l’a rappelé, ceux qui en 20 ans ne se sont jamais distribué de dividendes. Fondamentalement, il faut comprendre que c’est quelque chose qui touche à un principe essentiel qui est le droit de propriété. Seul l’actionnaire peut décider du montant des dividendes. C’est son droit, ce droit est attaché au droit de propriété.

Source : http://www.medef.fr/main/core.php?pag_id=135928

Le droit de propriété est là présenté comme essentiel, fondamental.

Et pourtant, n’est-ce pas à chaque fois une atteinte au droit de propriété, même si cela est plus souvent implicite qu’exprimé, qui est à l’oeuvre dans :

l’obligation de dépolluer les sols souillés consécutivement aux accidents industriels,

l’interdiction des actes de cruauté à l’encontre des animaux domestiques ou d’élevage,

la loi sur la réquisition des logements vides, (http://asso.francenet.fr/cdsl/refs/lois/requis45.htm)

l’obligation légale de débroussaillement dans le cadre de la prévention des incendies de forêt, (http://ddaf.isere.agriculture.gouv.fr/article.php3?id_article=454)

etc, etc.... ?

Encore plus fondamental, la Convention de Genève du 25 septembre 1926 définit l’esclavage en ces termes :

"L’esclavage est l’état ou condition d’un individu sur lequel s’exercent les attributs du droit de propriété ou certains d’entre eux."

Source :http://www.mesopinions.com/La-Crise-revele-l-esclavage-contemporain—c-est-un-crime-contre-l-humanite-petition-petitions-8f1ff8bf32e56900c0d7bd1c2c6e28ae.html

L’abolition de l’esclavage est donc une atteinte essentielle au droit de propriété, et bien sûr combattue en tant que telle.

Si donc le droit de propriété est un droit premier de l’humain ("c’est mon doudou"), nous, société, en redéfinissons constamment les limites. Il n’y a là rien de nouveau, je vous le concède : la question de la propriété est centrale à l’œuvre de nombreux théoriciens (même si c’est très concrètement la faim qui met les populations en mouvement).

Or tant que l’univers était en expansion, il était toujours possible de dire "go west, young man". Et le blanc-bec de s’en aller plus loin faire pousser la barbe et du maïs. Mais maintenant que l’univers est fini, pire, qu’il se rétracte comme une vulgaire masse monétaire, la propriété oligarchique de la terre et des moyens de production est une violence encore plus extrême qu’au 19ème siècle.

 

Revenons donc au sujet : la piste de réforme du droit de propriété que je soumets à votre sagacité est joyeusement révolutionnaire : la mise à mort de l’actionnariat anonyme !

Cela se ferait très simplement en proclamant la règle suivante : seul celui ou celle qui travaille dans une entreprise peut en toucher des dividendes.

J’irai tout de suite plus loin en y ajoutant : celui ou celle qui travaille dans une entreprise en est obligatoirement actionnaire.

D’un côté, cela ne change pas grand chose : la liberté et l’envie d’entreprendre seront toujours là. Ceux qui se lèvent tôt gagneront toujours plus que ceux qui se couchent tard.

Soyons clair : je n’imagine pas que cette proposition recevra même ici un accueil enthousiaste et j’en vois déjà quitter la salle. Mesdames et Messieurs, voyons, restez, écoutez la suite. Car enfin, c’est finalement ridicule d’employer des mots comme "nouveau projet de société", "nécessaire invention", "placer l’Humain au coeur" et simultanément désirer encore "refonder le capitalisme" et participer aux banquets de Davos.

Revenons au texte de Mme Parisot cité plus haut. Nous avons " Ce sont les entrepreneurs, ceux qui sont créateurs d’entreprises" et plus loin " Seul l’actionnaire peut décider du montant des dividendes". Mme Parisot semble croire que les actionnaires sont les entrepreneurs. Est-ce de la bêtise, de l’aveuglement parisien, de l’hypocrisie ? Est-ce la même chose, risquer une grosse partie de son patrimoine pour un projet que l’on porte et placer des ronds dans une boîte en attendant que ça rapporte ? Hypocrisie, bêtise, parisottise !

 

Comme on le sait, les meilleurs jeux sont ceux qui permettent une infinité de situations à partir d’un nombre réduit de règles simples.

La disparition de l’actionnaire anonyme simplifierait les règles du jeu économique.

En particulier, elle réaliserait à elle seule cette obligatoire autre répartition des richesses que tous attendent, sauf bien entendu ceux qui tirent plus de revenus de leur capital que de leur travail.

La revalorisation du travail, c’est là qu’on la trouve, quand le salaire constitue une avance sur la richesse créée ensemble et non la dépense minimale consentie par l’employeur pour permettre la continuité de la mise à disposition de la force de travail d’un personnel a priori hostile.

 

"Refonder le capitalisme", quelle blague ! Cela vous a fait rêver, vous, le capitalisme ?

 

A toi l’actionnaire anonyme :

Il est vraisemblable que tu ne disposes pas d’un réel pouvoir d’action au sein des sociétés dont tu as acquis des actions (ou alors tu es vraiment fortuné). Tes participations te font donc devenir l’actionnaire anonyme type : un salaud, qui ne décide de rien et au nom duquel les stratégies les plus infâmes de surexploitation de la planète et de ses habitants sont conduites. Cela mis à part, je sais que tu t’investis positivement dans beaucoup d’autres domaines et j’ai vraiment beaucoup de plaisir à discuter avec toi : vivons heureux en attendant le résultat de nos actions et ressers-moi vite de cet incroyable Vendanges Tardives !

 

 



26 réactions


  • xbrossard 11 janvier 2010 10:48

    Il y a plus simple à mettre en oeuvre et sans spoiliation de l’existant : supprimer la notion d’actionnariat et ne laisser que les obligations.
    Dans le principe des obligations, ceux qui détiennent du capital ne peuvent que fournir des biens, sans avoir un droit de gestion sur l’entreprise, comme quand une banque vous prête de l’argent ; elle n’a aucun pouvoir sur ce que vous faites de cet argent, vous en faite ce que bon vous semble...du moment que vous remboursez ce que vous devez

    Le vrai problème de l’actionnariat est que ceux qui ont l’argent ont un pouvoir de décision trop grand, et d’un autre coté, les salariés n’ont pas de leur coté de pouvoir dans l’entreprise...

    La vraie révolution, c’est quand on supprimera la relation entre argent et pouvoir de décision dans les entreprises, ce qui paraît après tout normale. Le fait qu’un salarié soit payé ne devrait pas logiquement lui enlever le pouvoir de décision qu’il a droit suite à la fourniture de son travail. Son salaire sert à payer le don de son temps et de ses compétences pour permettre l’entreprise d’engranger du chiffre d’affaire, et non pas à lui supprimer son pouvoir de décision dans cette même entreprise.
    Tout le monde doit toujours rester maître de ses décisions, comme pour le droit de vote par exemple, et ce pouvoir de décision ne doit jamais être monnayable, sinon c’est de l’esclavage volontaire...


  • Didier 67 Didier 67 11 janvier 2010 11:07

    Bonjour,

    Avec votre solution, on évite certes certains abus typiques des actionnaires rapaces.

    Mais elle n’engendre pas de redistribution efficace de la richesse : et c’est le problème économique.
    Les profits iront dans les poches des détenteurs d’obligations (et les salaires restent objtes de conflts). Or, entre un actionnaire minoritaire qui ne vote pas et un détenteur d’obligation, il n’y a pas de différence : tous deux sont strictement capitalistes.

    Et vous, le capitalisme, ça vous a fait rêver ?

     


    • xbrossard 11 janvier 2010 15:50

      certes, tout n’est pas résolu pour autant, il reste toujours le problème du partage du pouvoir en entreprise, mais justement comme je le dis, si le partage du pouvoir est fait par exemple en fonction du chiffre d’affaire de chaque salarié, les salariés auront leur mot à dire pour toute les grandes décisions qui touchent l’entreprise, comme par exemple le rachat de l’entreprise par une autre, la levée de capitaux, les choix stratégiques, la négociation salariale de manière globale.

      Contrairement à vous, je n’ai pas la détestation du capitalisme, qui semble vous brulez les lèvres quand vous le dite ; je pense simplement que le plus important est d’introduire de la démocratie dans l’entreprise, et automatiquement les inégalités seront minorées ; un patron ne pourra plus s’auto-octroyer un méga-salaire, donc comme il ne sera plus aussi riche, et en tant que « rentier » il ne pourra plus autant faire pression sur les autres entreprises dans lesquel il investira (à bien sûr, il va de soit que les détenteurs d’obligations ne peuvent pas investir dans leur propre entreprise car sinon ils seraient juge et parti, donneur d’ordre et exécutant...)

      Donc oui le capitalisme et le partage de richesse est possible ; ce qui est impossible, c’est le partage de richesse avec un capitalisme sous un régime non démocratique (dictature, fascisme ou noblesse), car les détenteurs de richesse sont toujours du coté de l’oppresseur...


  • NICOPOL NICOPOL 11 janvier 2010 12:45

    Bonjour,

    Vous confondez « actionnaire anonyme » et « actionnaire minoritaire », non ? Un actionnaire anonyme est un actionnaire qui possède des parts d’une société sans que son identité ne soit connue (on parle aussi d’« action au porteur »). On commence à considérer aujourd’hui’hui que ce type d’actionnariat est peu propice à la transparence et à la régulation financière ; il me semble d’ailleurs que certains pays interdisent désormais ce type d’actionnariat, mais je ne suis pas spécialiste.

    Les actionnaires dont vous semblez parler, et que vosu traitez au passage de « salaud » sartien, c’est le « petit » actionnaire qui possède quelques actions d’une société sans y avoir le moindre pouvoir de décision (à part un vote en Assemblée générale rarement exercé), et généralement sans même s’y intéresser autrement que par le chèque en milieu d’année. C’est moi, c’est vous (vous êtes, a minima, actionnaire des sociétés publiques).

    C’est ce qu’on appelle, en gros, le « capitalisme financier » pour lequel une entreprise n’est pas une activité économique à long terme productrice de richesse mais un « placement boursier » à court terme. Je pense qu’il est pertinent de s’interroger sur cette transition historique entre « capitalisme entrepreneurial » et « capitalisme financier ». Mais supprimer les actionnaires tout court ? Pouvez-vous en imaginez les conséquences ?

    SI vous supprimez purement et simplement le principe d’actionnariat, qui investirait dans la société ? Les travailleurs ? Vous imaginez une assemblée de SMICARD se mettre ensemble pour s’acheter une usine de production automobile avec leurs petites économies ? Ou aller emprunter le montant nécessaire ? 

    Si vous le limitez à l’actionnariat d’entreprise, c’est à dire si vous limitez la possession d’actions à des salariés ou collaborateurs directs de la société, comment empécher de retomber dans les dérives des années 90 et ces « grands patrons » à la JMM, dérives en réaction auxquelles, justement, s’est produit cette « reprise en main » des actionnaires extérieurs ? Et par ailleurs, que vont faire les épargnants de leurs économies ? Où les placer, où les faire « prospérer », comment les réinvestir dans l’économie, s’ils ne peuvent, par l’actionnariat, participer au capital d’une société ? Ils ne resteraient plus que des placements d’Etat, une sorte de « nationalisation » de l’épargne dont rèvent peut-être certains dirigeants ou aspirants au pouvoir (quel pactole ! encore mieux que le pétrole des Chavez et Bongo !) ; ou le « bas de laine » qui se déprécie mécaniquement avec l’inflation...

    Je n’ai pas de réponses à ces questions, mais si vous voulez nous convaincre que votre proposition tient la route il va bien falloir nous éclairer là-dessus. Car en sortant du « capitalisme », qui fondamentalement se définit comme la « propriété privée de l’outil de production », c’est à dire que l’investissement est substanciellement réalisé par des personnes privées, dans quel système souhaitez-vous entrer ? Un « capitalisme d’état » Léninien ou Stalinien, dans lequel c’est l’Etat qui investi, mais dont l’histoire nous a démontré les conséquences catastrophiques en Union Soviétique, Cuba... ? La copropriété des usines ou sociétés dans lequel ce sont les travailleurs qui investissent (mais ceci renvoit à la question ci-dessus : est-ce envisageable que des « prolétaires » puissent lever les fonds nécessaires ?) ? Quelque chose d’autre qu’il faudrait que vous nous définissiez ?

    Le capitalisme et la propriété privée sont vieux comme la civilisation (Mésopotamie, Rome...) et semblent même en être une condition de pérénisation. Les diverses expériences historiques de « collectivisation » ou « capitalisme d’Etat » ont toutes échoué à ce jour, et de façon plutôt sanglante encore (URSS, Khmers rouges, Laos...), sauf à nous parler de telle ou telle tribu polynésienne pré-moderne chez laquelle vous avez toujours la possibilité d’aller planter votre tipi. 

    Vous nous invectivez de la sorte :

    « Refonder le capitalisme », quelle blague ! Cela vous a fait rêver, vous, le capitalisme ?« 

    Et bien, quel est donc le système qui, outre qu’ils vous »fasse réver« , soit »opérationnel" et répondent aux aspirations réelles du plus grand nombre (et pas seulement aux lubies d’idéologues de salon ou d’amphitéâtres) ?


    • xbrossard 11 janvier 2010 15:37


      @Nicopol

      « SI vous supprimez purement et simplement le principe d’actionnariat, qui investirait dans la société ? Les travailleurs ? Vous imaginez une assemblée de SMICARD se mettre ensemble pour s’acheter une usine de production automobile avec leurs petites économies ? Ou aller emprunter le montant nécessaire ? »

      Le principe de fonctionnement des entreprises, et de l’économie en général, se base sur le même principe que la théorie des jeux : L’économie est un jeu avec des règles où chacun s’efforce d’optimiser son « jeu » pour gagner. Le principe de base de l’économie, comme de tout jeu, et bien sûr de gagner mais en suivant les règles. On peut donc définir les règles que l’on veut pour que le jeu soit le plus équitable possible.

      Un jour, alors que les obligations permettait aux possédants d’obtenir une rente sans se fatiguer mais en faisant confiance à l’entrerprise, quelqu’un (une institution ? un lobby plus puissant ?) a décidé d’inventer une nouvelle règle, les actions, qui permettent en plus aux possédants de forcer les choix de l’entreprise, parfois (et de plus en plus souvent) contre les propres intérêts de cette dernière.
      A partir de ce moment, la notion d’entreprise même, dont l’objectif « civilisationnelle » est quand même de participer à l’avancement la civilisation, a commencé à vaciller au point que les règles élémentaires du jeu de fonctionnement de l’économie ne sont plus appliqués ; la concurrence n’est plus « libre » puisqu’une entreprise peut être coulée alors qu’elles rapportent des bénéfices (et est donc plus performante que les autres sur le même secteur), le libre échange est dévoyé, au travers les fusions pour tuer la concurrence, la création de pénuries sciemment provoquées pour orienter les marchés à la hausse, etc...j’en passe et des meilleurs

      Il est clair que vue la situation actuelle, cette nouvelle règle du jeu ne marche pas puis le jeu n’est plus équitable, il faut donc la supprimer... Si on refuse de la supprimer, c’est donc que les puissants et les gagnants imposent leur vue et quelque part « triche » aux dépends de ceux qui jouent franc-jeu ; or, doit-on vous rappeler comment l’histoire fini par traiter les tricheurs ?

      Si vous vous poser la question « qui investirait » ?, je vous répond les mêmes qui investissent en action, sauf qu’ils n’auront plus que le choix des obligations...ce sera ça où rien, je pense qu’ils seront largement content d’avoir déjà les intérêts de ce qu’ils prêtent...

      Je pense donc que le capitalisme peut marcher à condition que chacun joue son rôle dans sa partie, sans commencer à vouloir imposer ses règles ; les possédants prêtent de l’argent en échange d’une rente, tout comme les banques, et les entreprises entreprennent (!) et produisent des biens. Ca marchait pas trop avant comme ça, reste à faire des ajustements dans les entreprises (partage de pouvoir) mais au moins chacun restait à sa place.
      D’autre part, arrêter donc avec votre sempiternelle critique de la propriété privée soit disant honni par les communistes...marx parlait de la propriété privée des moyens de production et non pas des biens personnelles, il n’a jamais parlé d’exproprier la maison des bourgeois que je sache...donc votre discours est complétement faussé, partisan et de mauvaise foi.


    • NICOPOL NICOPOL 11 janvier 2010 17:09

      Bonjour,

      Merci pour votre commentaire très intéressant sur la distinction entre « obligation » et « action ».

      Par contre pour votre dernier paragraphe :

      "D’autre part, arrêter donc avec votre sempiternelle critique de la propriété privée soit disant honni par les communistes...marx parlait de la propriété privée des moyens de production et non pas des biens personnelles, il n’a jamais parlé d’exproprier la maison des bourgeois que je sache...donc votre discours est complétement faussé, partisan et de mauvaise foi.« 

      Je n’ignore pas qu’il y a différentes chapelles et obédiences dans la sphère communiste, dont le marxisme ne constitue qu’une branche parmi d’autres. Ainsi, certains »radicaux« appellent de leur voeux la suppression totale de la propriété, y compris pour la sphère »privée«  : ainsi Babeuf ( »faire disparaître les bornes, les haies, les murs, les serrures aux portes« etc.). Mais ce n’est pas à cela que je pensais, je n’ai jamais parlé de biens personnels dans mon commentaire, seulement de ces »biens de production« qui constituent le moteur de l’économie ; c’est vous qui introduisez cela comme un cheveu sur la soupe dans la discussion. Donc je vous renvoie vigoureusement à votre propre mauvaise foi.

      Et, concernant Marx et aux autres qui ne honissent »que« la propriété privées des moyens de production, je ne vois pas ce qu’il y a de »complètement faussé« , »partisan« et de »mauvaise foi" à dire que l’on est vigoureusement opposé à cette doctrine économique qui, à chaque fois qu’on a essayé de la mettre en pratique à une échelle significative, a tourné au fiasco (à la rigueur on peut mentionner les communautés religieuses, monastères et autres kibboutz, mais qui vivent largement de dons et subventions des fidèles...).


    • xa 11 janvier 2010 23:29

      "Un jour, alors que les obligations permettait aux possédants d’obtenir une rente sans se fatiguer mais en faisant confiance àl’entrerprise,« 

      Pas compris.

      Les obligations sont une invention des banques au 18ème siècle. Une obligation, c’est un prêt effectué par un épargnant, au lieu d’une banque. Mais ca reste un prêt.

      Les actions existent depuis que les entrepreneurs demandent àdes amis ou relations de »prendre une participation" dans leur commerce / entreprise, contre une part des bénéfices àvenir. Les actions ont été formalisés sur papier au 16ème siècle. L’action n’est d’ailleurs pas nécessairement liée àune capacité de décision dans l’entreprise.


    • xbrossard 12 janvier 2010 09:24

      @xa

      la différence entre action et obligation est pourtant fondamentale : un prêteur ne dirige pas l’entreprise, il ne peut qu’attendre sa rente selon l’échéance prévu. L’actionnaire agit directement sur le fonctionnement de l’entreprise, et peut de plus décider à sa guise de sa rentabilité.
      Imaginer que votre banque suite à un prêt pour acheter une voiture, décide d’augmenter le taux tout seul et vous force à vendre vos meubles pour rembourser votre prêt....

      « Les actions existent depuis que les entrepreneurs demandent àdes amis ou relations de »prendre une participation« 

      -> c’est justement ça qui a changé ; ce ne sont plus des amis qui sont actionnaires, mais des rapaces qui n’ont aucun intérêt dans la survie de l’entreprise (si elle coule, ils iront placer leur argent ailleurs)

       »L’action n’est d’ailleurs pas nécessairement liée à une capacité de décision dans l’entreprise« 

      -> si ce n’est pas le cas, alors qu’elle est l’intérêt d’être actionnaire par rapport à une obligation ?

      définition Wikipedia de l’action :

       »Une action (en anglais britannique : share, en anglais américain : stock) est un titre de propriété délivré par une société de capitaux (i.e. une société anonyme ou Société en commandite par actions). Elle confère à son détenteur la propriété d’une partie du capital, avec les droits qui y sont associés : intervenir dans la gestion de l’entreprise et en retirer un revenu appelé dividende« 

      définition d’une obligation :

       »Une obligation (en anglais : bond) est une valeur mobilière qui est un titre de créance représentatif d’un emprunt"

      d’ailleurs on remarquera que quand la machine s’emballe (grande crise comme actuellement) on se retourne vers les bons du trésors qui ne sont rien de moins que des obligations court terme, qui sont plus sûr (même si dans notre crise, il me semble que c’est déjà trop tard...)


    • xbrossard 12 janvier 2010 09:44

      @Nicopol

      « Et, concernant Marx et aux autres qui ne honissent »que« la propriété privées des moyens de production, je ne vois pas ce qu’il y a de »complètement faussé« , »partisan« et de »mauvaise foi« à dire que l’on est vigoureusement opposé à cette doctrine économique qui, à chaque fois qu’on a essayé de la mettre en pratique à une échelle significative, a tourné au fiasco (à la rigueur on peut mentionner les communautés religieuses, monastères et autres kibboutz, mais qui vivent largement de dons et subventions des fidèles...). »

      Le plus soit disant « exemple » que vous dénoncer, le communisme en URSS, n’est justement pas la nationalisation des seuls bien de production, mais de l’ensemble des biens des riches (qui avaient après beau jeu de dénoncer cette version dévoyée du communisme) suite à la dégénérescence du système en dictature.

      Faut-il rappeler historiquement que au début le communisme s’est mis en place pacifiquement (prise du pouvoir par les bolchéviks) puis que le système a sombré dans la violence suite à la réaction des « blancs » du pays mais surtout de tout les pays alentours qui sont venu s’immiscer dans la politique de la russie.

      C’est exactement le même phénomène qui s’est passé en France à la révolution lors de la terreur ; comme les autres systèmes monarchiques européen ont voulu faire plier la nouvelle république française, cette dernière s’est replié sur elle-même et craignant pour sa survie, a développé une paranoia meurtrière qui s’est retourné contre son propre peuple.

      « La copropriété des usines ou sociétés dans lequel ce sont les travailleurs qui investissent (mais ceci renvoit à la question ci-dessus : est-ce envisageable que des »prolétaires« puissent lever les fonds nécessaires ?)  »

      -> c’est enviseagable si l’entreprise est co-géré, les salaires seront négociés entre tout les participant de l’entreprise, il y aura moins d’écart (comme il y a environ 30 ans par exemple) donc les salariés pourront utiliser leur nouvel épargne pour investir dans l’entreprise (sous forme d’action, ou dans une autre sous forme d’obligation)

      PS : je ne suis pas communiste, je crois encore au fonctionnement d’un certain type de capitalisme, mais non financier et démocratique (co-gérance).


    • xa 12 janvier 2010 11:15

      @xbrossard

      "la différence entre action et obligation est pourtant fondamentale : un prêteur ne dirige pas l’entreprise, il ne peut qu’attendre sa rente selon l’échéance prévu.« 

      Exact. Et en cas de faillite, le prêteur n’est pas solidaire des dettes de l’entreprise. Il n’a pas à verser les salaires des employés, payer les machines, rembourser les clients et fournisseurs. Ca, c’est le devoir de l’actionnaire.

       »si ce n’est pas le cas, alors qu’elle est l’intérêt d’être actionnaire par rapport à une obligation ?« 

      Etre associé à la rentabilité de la société, pouvoir bénéficier à terme d’un rendement bien supérieur à une obligation, pouvoir conserver une entreprise familiale, bien qu’on ait pas nécessairement la vocation pour travailler dedans.

      Votre question est similaire à quel est l’avantage d’être propriétaire de son logement plutôt que locataire. Vous trouverez des partisans des deux solutions qui vous expliqueront pour leur solution est la meilleure.

      Une obligation, c’est un prêt. C’est un rendement garanti si l’emprunteur rembourse, donc c’est un risque limité, et un gain cadré dès la création de l’obligation. L’action, c’est un morceau de l’entreprise. Si vous schématisez l’entreprise comme un compte en banque, c’est une part de ce compte en banque et de toutes les opérations qu’on effectue sur ce compte.

      Si ce compte grossit vite, et qu’on fait un retrait, une part du retrait vous revient de fait : ce sont les dividendes et les réductions de capital. Si ce compte grossit, votre part vaut un montant plus élevé, alors que l’obligation garde sa valeur intrinsèque (bien que sa valeur marché puisse varier dans le temps). Respectivement, si le compte passe en négatif, vous avez une dette. C’est donc risqué, la perte est possible, et les gains ne sont ni cadrés ni limités.

      L’action est un titre de propriété avec des droits et des devoirs attenant. Les droits incluent toujours le droit de percevoir des dividendes si la société distribue des dividendes ainsi que le droit de participer à l’assemblée générale extraordinaire (qui seule peut définir le président de la société, et effectuer certains actes de requalification de la destination de la société).

      Le droit de participer à la gestion courante de l’entreprise, voire à des décisions stratégiques ne relevant pas de l’AGE n’est pas nécessairement associé au titre.

      Typiquement : être actionnaire ne suffit pas pour avoir le droit à un siège dans le conseil d’administration.
      Typiquement, les actions à droit de vote augmenté ou nul donnent des droits différents sur la gestion de l’entreprise. Les actions à droit de vote nul ne donnent ... aucun droit sur la gestion de l’entreprise.
      Typiquement, certaines entreprises imposent, dans la structure même de l’entreprise, l’actionnariat au nominatif pour disposer des droits de vote. Ce qui exclut de fait les acheteurs sur le marché (les entreprises gèrent en général directement les achats / ventes au nominatif).
      Toujours typiquement, dans le cas d’un commandite par action, c’est le commandité qui dispose des droits stratégiques, les actionnaires ne disposent que du droit de renverser le commandité lors de l’AGE ou d’annuler la structure en commandite.

       »d’ailleurs on remarquera que quand la machine s’emballe (grande crise comme actuellement) on se retourne vers les bons du trésors qui ne sont rien de moins que des obligations court terme, qui sont plus sûr (même si dans notre crise, il me semble que c’est déjà trop tard...)"

      Oui. Si on ignore les crises obligataires.


    • NICOPOL NICOPOL 11 janvier 2010 15:29

      Cher Parkway,

      Tout est contenu dans votre expression « capitalisme à outrance ».

      Je suis peut-être capitaliste (je ne me suis jamais posé la question, à vrai dire) mais surement pas à outrance. Donc les vues de l’esprit que vous me prêtez sont tout à fait fantaisistes. Je ne suis pas, mais alors pas du tout consumériste, même si je respecte les aspirations de chacun au confort et au loisir dans la mesure où ils ne sont pas obtenus au détriment des autres ; j’exècre la publicité excessive même si je reconnais le droit à chacun de promouvoir objectivement ses produits ; les « financiers » constituent une profession comme les autres, avec d’insupportables arrivistes mais il ne faut pas oublier que l’essentiel de ses représentants ne sont que de modestes « employés » qui travaillent à ce que vous puissiez avoir un compte en banque sécurisé, une carte bleu, une monnaie d’échange et des possibilités de financer les indispensables investissements de l’économie et de la société ; je ne vois en aucun cas ma vie comme celle d’un « consommateur », mais celle d’un être humain soucieux de sa sérénité et de son harmonie intérieure et avec son environnement ; et, bien qu’abhorrant les « salauds de gauchistes » qui trop souvent, sous le couvert de lutter contre le capital, ne rêvent que de s’approprier celui des autres sous le beau nom d’ « Etat », je me considère comme parfaitement solidaires de mes semblables. Bref, je suis peut-être capitaliste, mais certainement pas à outrance et bien loin de cette caricature que vous nous proposez, et je ne me considère certainement pas comme un de ces « connards moyens » sur lesquels vous crachez.

      Ahhh Agoravox n’a décidemment pas changé depuis ma dernière visite... On s’y sent toujours en compagnie familière...

      Par ailleurs votre dichotomie capitalisme / communisme ne doit pas faire oublier qu’il ne s’agit que de deux formes concurrentes de matérialisme héritées des Lumières française et avant elles de l’Enlightment anglais, visant à accroitre la production, et en aucun cas de deux « projets de société » distincts. Comme on prête à Staline (ou Lénine ??) : « le communisme c’est le capitalisme avec l’égalité ». On pourrait tout autant dire « le capitalisme c’est le communisme avec la liberté ». Et moi, personnellement, je préfère la liberté à l’égalité (mais je mets au-dessus la fraternité).

      Enfin, lorsque vous écrivez "Les hommes en majorité se voilent la face de leur bêtise par la possession effrénée de biens plus ou moins inutiles« , je ne peux qu’approuver en méditant sur la sagesse grecque en la matière et ces paroles édifiantes de Tyler Durden ( »We waste our lives working at jobs we hate to buy shit we don’t need !« ). Mais cette passionante question philosophique et morale dépasse bien largement le cadre très étroit de ce débat un peu oiseux autour du »capitalisme" pour toucher à ce qui constitue nos ressorts psychologiques fondamentaux, en quoi ils nous ont permi d’atteindre le stade de développement actuel, et en quoi ils menacent de se retourner contre nous aujourd’hui...

      Cordialement,


  • finael finael 11 janvier 2010 15:03

    J’aime bien ce rappel de la notion du droit à la (et non « de ») propriété et de ses contradictions.

    Ce droit n’est défini comme « exclusif et inaliénable » que depuis la déclaration des droits de l’homme de 1789, et tout à la fin de celle-ci : article 17, qui en pose déjà des limites.

    Ce droit à la propriété a toujours et partout été limité, ce n’est que dans les sociétés « modernes » qu’il atteint ce niveau d’exclusivité.

    Il est sain de rappeler de temps en temps que ce « droit » est incompatible avec, comme vous le signalez, l’abolition de l’esclavage par exemple.

    Et je remarque que certains en sont déjà tout hérissés qui vous jettent à la figure des « dictatures staliniennes » et autres éternels épouvantails classiques. Oui la « propriété collective des moyens de production » est un thème central chez Marx, de là à évoquer le spectre des « partageux » du XIXème siècle et à clamer à la dictature, c’est un pas que les propagandes de tout bord franchissent allègrement.

    Dire que « le capitalisme et la propriété privée sont vieux comme la civilisation » ne fait que montrer que l’auteur de ce genre d’expression n’a guère comme source que des revues « grand public » aux auteurs en mal de titres. C’est totalement contraire aux écrits que l’on a transcrit.

    Enfin, votre principe de propriété collective s’apparente très nettement au principe des coopératives. Qu’importe si l’on vous critique sur la forme : « actions », « obligations », c’est le fond qui compte et que l’on n’ose pas attaquer réellement.

    Comment ne pas voir que ce « droit à la propriété » surpasse le « droit au logement » voire le « droit à la subsistance », pourtant bien plus fondamentaux, dans nos société « post-modernes ».


    • NICOPOL NICOPOL 11 janvier 2010 15:51

      « Il est sain de rappeler de temps en temps que ce »droit" est incompatible avec, comme vous le signalez, l’abolition de l’esclavage par exemple.« 

      Je ne comprends pas bien. L’esclavage c’est la propriété d’un être humain considéré comme »objet« et non »sujet« . Le problème est ici dans la conception d’un être humain comme »objet« , pas dans le principe de la propriété. Abolir l’esclavage c’est promouvoir chaque être humain au rang de »sujet« , et donc le sortir du champ de la »propriété« qui ne porte que sur des objets. Ce que vous dites à ce sujet, ainsi que l’auteur du présent article, ne me semble pas avoir beaucoup de sens.

      J’admets être un peu caricatural en décrivant ces expériences de collectivisme du XIXe siècle, sans oublier celles du XXieme dont certaines sont toujours en cours d’ailleurs. Mais je ne participe ce faisant à aucune propagande ; et je serai surement incité à plus d’objectivité sur ce site si je ne me faisais pas insulter systématiquement par ceux avec lesquels je ne suis pas d’accord. Le présent article, de même que la réponse de l’auteur, me semblent en eux-mêmes suffisamment caricaturaux et idéologiquement imprégnés pour que je m’autorise moi-même un petit relachement de bonne guerre.

      Ensuite, »dire que le capitalisme et la propriété privée sont vieux comme la civilisation« ne me parait pas tout à fait faux, même s’il faut bien entendu nuancer, relativiser, éviter les anachronismes (quel capitalisme ? quelle propriété ?). Cela dit le droit romain, par exemple, a largement inspiré notre propre droit de la propriété. A Rome, pour autant que je sache, le droit de propriété est absolu et illimité, bien que restreint aux seuls citoyens romains ; c’est également à Rome que fut inventé le principe de la »concession« dans lequel la puissance publique se tourne vers le »secteur privé« pour réaliser des infrastructures de service public (des thermes, des villes...) contre le droit de percevoir auprès des usagers une »rémunération« sur le capital investi. Pour la Mésopotamie, j’avoue ne pas être très calé sur le sujet et m’être contenté de vulgarisations méprisables, mais puisque, cher Finael, vous ne faites surement pas partie de ceux qui comme moi se contentent de revues »grands publics", vous vous ferez sans doute un plaisir de m’éclairez sur ces aspects.

      Cordialement,


    • Canine Canine 11 janvier 2010 16:33

      @ Finael

      Le droit à la propriété, c’est le droit de contrôler la matérialité de sa propre existence, c’est un droit inaliénable pratique à la différence des droits inaliénables moraux, ce qui explique sa place finale dans la déclaration des droits de l’Homme de 1789, c’est le point d’orgue concret qui ferme la boucle théorique de cette déclaration.

      D’ailleurs : "Ce droit à la propriété a toujours et partout été limité, ce n’est que dans les sociétés « modernes » qu’il atteint ce niveau d’exclusivité."

      J’ai rarement lu quelque chose d’aussi faux. A titre d’exemple primaire (parmi un choix pléthorique), le droit de propriété du roi, avant 1789, était absolu, et c’est précisément grâce à cette fameuse déclaration que chaque citoyen s’est retrouvé capable d’être « son propre roi », et pas juste un sujet.


    • finael finael 11 janvier 2010 19:04

      Jusqu’à très récemment le droit de propriété (ou plutôt les différents droits de propriétés car les régimes étaient différents suivant les cas) faisaient l’objet de toute une hiérarchie.

      Si l’on reprend l’exemple de canine, le roi « de droit divin » doit son droit à la propriété à dieu, donc à ses représentants dont la papauté. Ce qui n’a pas manqué de provoquer maints conflits.

      De même en Egypte ou partout dans l’antiquité.

      Et Pharaon, ou le sénat romain, etc ... ne pouvaient pas en disposer à leur guise. Les dieux ou tout autre entité exigeaient redistribution, propriété commune, etc ...


  • Canine Canine 11 janvier 2010 16:20

    @ Nicopol (et à l’auteur)

    "On commence à considérer aujourd’hui’hui que ce type d’actionnariat est peu propice à la transparence et à la régulation financière ; il me semble d’ailleurs que certains pays interdisent désormais ce type d’actionnariat, mais je ne suis pas spécialiste."


    Exact, et c’est d’ailleurs le cas en France, ou les actions au porteur anonyme n’existent plus suite à l’effet de la dématérialisation des titres des années 80, et d’Euroclear France en 2001. Les titres porteurs ne peuvent être vendus en France que par des sociétés spécialisées qui possèdent toujours les coordonnées des acheteurs, et qui les fournissent systématiquement aux commissaires aux comptes des entreprises, au Fisc, et à n’importe qu’elle personne pouvant justifier d’un intéret à les connaitre. En bref, aujourd’hui en France, la seule différence entre une action nominative et au porteur, c’est qu’au porteur, l’action est vendue par un intermédiaire, ce qui ne change strictement rien en terme d’anonymat, puisque l’intermédiaire en question doit communiquer les coordonnées de l’actionnaire à la société. De fait, la « solution » proposée par cet article qui consiste à mettre à mort l’actionnariat anonyme est « un peu » à coté de la plaque.

    Il n’en demeure pas moins qu’une contradiction évidente émaille la logique de Parisot ( Ce sont les entrepreneurs, ceux qui sont créateurs d’entreprises« et plus loin » Seul l’actionnaire peut décider du montant des dividendes"), d’autant que
    1) les créateurs d’entreprise, de PME (dont je fais parti) n’ont par définition par d’actionnaires, puisqu’il faut une certaine taille et une certaine forme pour émettre des actions, rarement atteinte par les P ou M entreprise, et
    2) la question du montant et celle de la répartition des dividendes sont distinctes. L’assemblée générales des actionnaires doit rester maitre du choix du montant des dividendes (précisément parce qu’elle est composée des propriétaires de l’entreprise, et que nul ne saurait remettre en cause cet intérêt), et de leur répartition entre investissement (nécessaire à la survie de l’entreprise) et redistribution. Par contre, au niveau de la redistribution justement, on peut parfaitement inclure une part équivalente au moins en montant, entre ce qui sera versé aux actionnaires et ce qui sera versé aux salariés. Après tout, les salariés investissent leur force de travail, ce qui vaut bien un peu de capital. Il faudrait par contre, réfléchir en ce cas, au rapport et ratio entre cette part de redistribution et la rémunération salariale.


  • Internaute Internaute 11 janvier 2010 16:50

    Quand on parle de profit, d’investissement et de salaires il n’est pas mauvais de réviser les lois économiques de base sans lesquelles aucune affaire, même en système communiste, ne peut fonctionner.

    Le professeur Antal E. Fekete nous offre une bonne leçon gratuite avec cet article, malheureusement en anglais, « Le paradoxe des intérêts revisité ».

    http://www.professorfekete.com/articles%5CAEFTheParadoxOfInterestRevisited.pdf

    L’entrepreneur tient 3 comptes pour la distribution du bénéfice aprés dépréciation, à savoir, un pour chacun de :
    1 - Un taux d’intérêt fixe qui est le revenu du capitaliste (la banque)
    2 - Un salaire payé au directeur (par extension, la masse salariale)
    3 - Le reste, profit de l’entreprise, qu’il peut se payer à lui-même.

    De cette manière il est clair que « investir » implique un échange de richesse contre du revenu, et ce n’est plus une surprise que la somme totale des paiements dépasse l’investissement.

    L’article explique pourquoi le revenu du capitaliste doit être payé quoi qu’il arrive, que les salaires sont moins prioritaires et que le profit de l’entrepreneur est la première variable d’ajustement, à laquelle d’ailleurs est associée le plus grand risque.


    • NICOPOL NICOPOL 11 janvier 2010 17:28

      C’est ce qu’on appelle la « cascade de trésorerie » : à partir du cash disponible, on paye dans l’ordre :

      (1) les salariés
      (2) les fournisseurs
      (3) les créanciers (banques)
      (4) les actionnaires

      C’est le même ordre en cas de liquidation (on paye les arriérés de salaires, les dettes fournisseurs, les banquiers s’il en reste, et les associés s’il y a un « boni de liquidation »...).

      Plus on est « bas » dans la cascade plus on risque de ne pas toucher les revenus anticipés. Les salariés n’ont aucun risque de ne pas se voir payer leur salaire. Les fournisseurs ont toujours un petit risque de ne pas être payé ; les banques prennent le risque de ne pas se faire rembourser leurs emprunts (elles évaluent ce risque et en tiennent compte dans la fixation de leurs taux d’intérêts) ; enfin, les actionnaires sont ceux qui prennent le plus de risque en cas de mauvaise passe de la société, ce qui explique que le taux de retour sur capital est plus élevé que les intérêts bancaires. 

      Je suis donc surpris de lire que les salariés seraient « moins prioritaires » que les banques ?? D’où tenez-vous cela ?? La masse salariale n’est en rien une distribution de bénéfices, c’est une charge d’exploitation ; elle n’est donc pas « conditionnée » directement aux résultats de la société, ce qui est tout à fait différent des dividendes et autres intéressements des travailleurs.


    • Internaute Internaute 11 janvier 2010 17:47

      Je n’ai fait que traduire un petit bout de l’article. Le point de vue de Fekete est assez juste même s’il viole un peu les règles établies. En gros, si le capital n’est pas rémunéré, le capitaliste cesse de prêter ou préfère dépenser son argent, c’est à dire qu’il ne rentre plus dans le jeu d’échanger de la richesse contre du revenu. Il faut lire l’article. Si le directeur n’arrive pas à faire tourner l’entreprise pour qu’elle soit rentable, alors il faut baisser son salaire. Finalement, c’est l’entrepreneur qui peut ne pas se payer pendant 20 ans parcequ’il croit que son affaire prend de la valeur comme l’exemple que donne Laurence Parisot dans l’article. A l’inverse, s’il y a du profit il est le premier à tout prendre. Si l’entreprise n’arrive pas à rémunérer le capital et les salariés alors il vaut mieux qu’elle ferme.

      Fekete est un prof de finance et d’économie à l’université de San Francisco. Il faut faire abstraction de tout à priori politique pour comprendre ce qu’il veut dire.


    • Internaute Internaute 11 janvier 2010 17:50

      Le mot bénéfice est mal traduit. Comprenez richesse produite par l’entreprise aprés amortissement, en gros le CA moins l’amortissement. Qu’est ce qu’on fait du reste, on le réparti dans les 3 comptes.


  • ddacoudre ddacoudre 11 janvier 2010 18:38

    bonjour didier 67


    Nous pouvons convenir que lorsqu’un particulier prend l’initiative d’un investissement créatif, il est normal qu’il dispose des revenus et profits de ce dont il est le propriétaire.

    Mais lorsque son projet doit utiliser l’aide de tiers, alors c’est lui qui est demandeur ; et c’est une évidence que de comprendre que sans ces aides, il ne parviendrait pas à ses fins.

    De fait une collaboration s’impose, et si le propriétaire veut être le maître absolu de ses décisions, s’il veut disposer du fait du prince, alors il doit rester seul. Dans tous les autres cas il y a une collaboration à imaginer pour que le propriétaire conserve les profits de son investissement et atteigne ses buts, sans s’approprier ceux générés par les tiers. L’histoire de l’impuissance collective a conçu des maîtres plutôt que des guides. Le reconnaître ne la rend pas irréductible ; et si le code civil a analysé en 1804 la « marchandisation » de la force de travail comme du « louage de service », donc du marchandisage, je pense que depuis 1804, il est intervenu bien des événements culturels (développement des sciences) qui nous permettent de concevoir notre activité de travail complexes entre adultes culturalisés, comme une relation humaine, et non un conflit d’intérêt.


    cordialement.


  • Didier 67 Didier 67 11 janvier 2010 22:15

    Bonjour,


    Vos réactions apportent toutes soit une information, soit un éclairage particulier : merci pour leur qualité et leur mesure. Accessoirement, quel plaisir que l’absence des habituels trolls et Agoramaniaques qui produisent un article et vingt commentaires par jour !


    @ddacoudre : il est paru sur Agoravox, était-ce hier ou le jour d’avant, un article dont j’ai beaucoup aimé le style. L’auteur nous faisait vivre de l’intérieur la pénible journée d’un DRH à qui venait comme une bouffée d’air frais l’idée de séminaires de formation au Crillon, où lui et ses semblables seraient formés à vaincre ou contourner les stratégies de blocage des délégués syndicaux. Bien sûr, ces stages existent réellement, de même que des temps de formations pour délégués syndicaux. Difficile de ne pas voir là l’expression de conflits, non ? Que les belligérants puissent prendre du recul, y voir des relations humaines ou des « rôles », relativiser et garder une vraie joie de vivre ne peut que nous réjouir.


    @canine : merci pour cette précision technique sur la disparition de l’actionnaire anonyme : je m’en réjouis forcément.

    Mais concrètement, je doute que l’on puisse connaître les actionnaires de PSA, par exemple. Si je vous ai bien compris, il serait possible chaque fin de journée de savoir quels sont les possesseurs d’actions PSA et à quel niveau. Dans la pratique, c’est rigoureusement impossible, convenez-en, d’où un anonymat de fait.

    Mais j’ai bien compris le sens de votre remarque et vous avez raison : plutôt que de parler de l’actionnaire anonyme, je devrais parler peut-être de l’actionnaire extérieur (ou de l’actionnaire opportuniste à la limite), c’est à dire celui dont la seule intervention consiste en la prise de participation. Je vous propose donc d’appeler désormais l’ennemi « actionnaire extérieur » : cela fait plus technique qu’accapareur (que j’aurais pourtant tendance à préférer).


    @finaël : ce que vous dites : « Comment ne pas voir que ce »droit à la propriété" surpasse le « droit au logement » voire le "droit à la subsistance", pourtant bien plus fondamentaux, dans nos sociétés « post-modernes »" est absolument vrai. Il s’agit clairement d’établir une hiérarchie des droits fondamentaux. Le droit de propriété doit céder la place devant le « droit à la subsistance », par exemple.


    @parkway : c’est vrai que vous y allez fort contre Nicopol ! Je ne pense pas qu’il soit tel que vous le décrivez. J’avoue que je vous rejoins dans votre critique de la médiocrité consumériste et je vous propose ce test : avez-vous une télé ?


    @nicopol : merci pour vos questions ouvertes. Elles appellent beaucoup de réponses, je n’ai pas plus que vous réponse à tout et il est préférable que je fasse d’abord un brouillon. A très bientôt donc.


    Cordialement,

    Didier


    • Canine Canine 12 janvier 2010 06:51

      "Mais concrètement, je doute que l’on puisse connaître les actionnaires de PSA, par exemple. Si je vous ai bien compris, il serait possible chaque fin de journée de savoir quels sont les possesseurs d’actions PSA et à quel niveau. Dans la pratique, c’est rigoureusement impossible, convenez-en, d’où un anonymat de fait."

      Qu’est-ce qui vous semble rigoureusement impossible là dedans ??? C’est le nombre d’actionnaire PSA qui vous impressionne ? Vous savez, tous les ordres passent par informatique maintenant, il faudrait à peine plus de temps pour retracer toutes les actions des comptes titres sur une action d’une journée que pour trouver un divx sur votre disque dur. Qui plus est, c’est non seulement possible, mais aussi obligatoire, ne serait-ce que le Fisc.
      Mais bon, faites le test vous même si vous y tenez, essayez d’ouvrir compte titre dans une banque, (ou ailleurs, dans n’importe quel organisme distribuant des actions) sans donner votre identité, vous allez voir que c’est parfaitement impossible (sauf à faire des montages frauduleux, avec des faux papiers d’identité par exemple, mais c’est un autre débat).


    • xa 13 janvier 2010 00:09

      "Qu’est-ce qui vous semble rigoureusement impossible là dedans ??? C’est le nombre d’actionnaire PSA qui vous impressionne ? Vous savez, tous les ordres passent par informatique maintenant, il faudrait à peine plus de temps pour retracer toutes les actions des comptes titres sur une action d’une journée que pour trouver un divx sur votre disque dur. Qui plus est, c’est non seulement possible, mais aussi obligatoire, ne serait-ce que le Fisc."

      Chaque banque, chaque intermédiaire de courtage sait à tout moment qui possède quoi. Les requêtes sont un peu lourde, mais c’est techniquement réalisable ... au sein d’un même organisme bancaire.

      Par contre :
      - Euronext ne sait pas qui est propriétaire des actions à tout moment. Elle connait les intermédiaires de marché qui ont opéré sur un titre donné à un instant donné. Les clients derrière, eux ....ce sont les teneurs de compte titres qui les connaissent.
      - le fisc ne sait rien. Il ne peut d’ailleurs pas le savoir. Il faut une demande d’un juge pour qu’une banque ouvre ses livres de comptes. Le fisc ne s’amuse pas à demander opérateur par opérateur, client par client, l’ouverture des informations personnelles des clients qui sont protégées.
      - le suivi des actions au nominatif, hors bourse donc, est partiel. Pour les sociétés qui gèrent en interne ces actions, c’est faisable (mais soumis à la même règle concernant les données personnelles). Pour les autres, il n’y a pas d’obligation de déclaration d’achat, et les vendeurs n’ont comme obligation que de déclarer la plus value au fisc. Alors faut-il interroger tous les notaires de france jour après jour pour suivre le transfert de ces actions ?


    • Didier 67 Didier 67 13 janvier 2010 23:38

      @xa

      Merci pour vos commentaires techniques très pointus.

      Vous aussi me confortez dans l’idée de remplacer désormais « actionnaire anonyme » par « actionnaire extérieur », puisque l’anonymat est juridiquement disparu, techniquement levable en partie, pratiquement de fait sauf exceptions circonstanciées.

      Sur les objections de fond (levée de capitaux pour projets hautement capitalisés par ex.), je reviendrai comme promis un peu plus tard.


  • Tzecoatl Tzecoatl 12 janvier 2010 00:09

    L’article est sympa, mais la limitation du droit de propriété devrait avoir un cadre théorique, ou du moins une tentative.

    Le succès du salariat vient essentiellement du fait qu’il est très pratique pour faire coexister au sein d’une même structure économique jusqu’à 300 000 intervenants, et éviter une guerre de chiffoniers pour déterminer qui a apporté quelle valeur au final.
     
    Dès lors, on pourrait par exemple considérer que la propriété acquise lors de l’exploitation de l’aliénation du fruit du travail contre salaire n’a pas la même légitimité que la propriété acquise lors du travail propre.

    Il en va de même pour la propriété commune (routes, etc), elle est également bien plus pratique afin d’éviter certains dilemnes (situation de monopole privée, etc).


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