samedi 28 juin - par Yves Guéchi

Caroline Parmentier, l’ombre d’un passé sulfureux dans la dédiabolisation du RN

Figure emblématique du Rassemblement National, Caroline Parmentier incarne la stratégie de normalisation du parti. Pourtant, son passé journalistique au sein du journal d’extrême droite Présent révèle une longue histoire de propos racistes, antisémites, homophobes et ultraconservateurs. Entre nostalgie vichyste, intégrisme religieux et haine de l’autre, le parcours de cette députée interroge sur la réalité du virage prétendument républicain du RN.

Derrière l'image policée que tente d’afficher aujourd’hui le Rassemblement National, se cache un passé beaucoup plus sombre. Caroline Parmentier, aujourd’hui députée du Pas-de-Calais et figure stratégique du parti, incarne à elle seule les contradictions de cette entreprise de normalisation. Celle que Marine Le Pen qualifie de « femme de talent » et de « fidèle combattante » a passé plus de trente ans à la rédaction du journal Présent, un quotidien d’extrême droite ouvertement ancré dans l’idéologie maurrassienne, dont la devise — Dieu, famille, patrie — en dit long sur son orientation idéologique.

Une carrière journalistique entachée par des propos haineux

Durant trois décennies, Caroline Parmentier a signé des articles où se mêlent propos xénophobes, antisémites, homophobes et ultraconservateurs. Dans ses écrits, les supporters de football sont comparés à des « babouins », les jeunes issus de l’immigration sont qualifiés de « voyous ethniques », et les personnes issues de la communauté des gens du voyage sont déshumanisées à travers des stéréotypes abjects.

En 1995, la journaliste est condamnée pour diffamation raciste, un jugement confirmé jusqu’en Cour de cassation. Pourtant, elle considère cette décision judiciaire comme un honneur, allant jusqu’à s’en féliciter publiquement des années plus tard.

Antisémitisme et nostalgie vichyste

Au fil de ses chroniques, Parmentier s’est distinguée par des références explicites à des figures de la collaboration avec l’occupant nazi. Elle a ainsi encensé Robert Brasillach, auteur fasciste fusillé en 1945, et défendu Philippe Pétain, présenté comme une victime de la « diabolisation » de l’Histoire officielle. En 2012, elle s’en prend violemment à Simone Veil, la traitant de « grosse » et assimilant la loi sur l’avortement qu’elle porta à un « génocide ». Cette rhétorique nauséabonde se retrouve dans sa critique des figures publiques issues de la diversité ou encore dans ses interrogations sur l’existence d’un « lobby juif », un terme qu’elle défend bec et ongles.

Une homophobie virulente

L’homosexualité est l’un des autres chevaux de bataille de Caroline Parmentier. Elle dénonce les réalisateurs, les œuvres, les campagnes de prévention du sida, et s’élève violemment contre le préservatif, qu’elle qualifie de « tromperie criminelle ». Les termes qu’elle emploie pour évoquer les personnes LGBTQ+ ou les militants associatifs — comme « Gaystapo » — témoignent d’un rejet frontal des droits et des libertés de ces populations.

Une figure du conservatisme religieux

Fidèle aux thèses traditionalistes, elle a été formée dans le sillage de Jean Madiran, écrivain antisémite et mentor du journal Présent, où elle deviendra rédactrice en chef. Elle défend avec ardeur les valeurs les plus conservatrices de l’Église, condamne la laïcité républicaine qu’elle perçoit comme une menace, et prend la défense de l’Église catholique même face aux scandales de pédocriminalité.

Un double visage inquiétant

Aujourd’hui, Caroline Parmentier est l’une des élues les plus influentes du Rassemblement National. Elle siège comme vice-présidente du groupe parlementaire RN à l’Assemblée nationale, et occupe également une place symboliquement forte comme vice-présidente de la délégation aux droits des enfants. Un comble, pour celle qui a passé des années à propager la haine et à relativiser les violences sexuelles au sein de l’Église.

Sa trajectoire questionne profondément la sincérité du virage dit « républicain » que le RN veut afficher. Peut-on réellement croire à une dédiabolisation d’un parti quand l’une de ses figures stratégiques défend encore, sans détour, des écrits qui relèvent d’un autre siècle, empreints d’idéologies racialistes, sexistes et antirépublicaines ?

Derrière la vitrine du renouveau, le fond idéologique reste inchangé — et le cas Parmentier en est une démonstration éclatante. Il appartient aux citoyens, aux médias et aux institutions de ne pas se laisser abuser par les habits neufs d’une extrême droite qui a seulement changé de langage, mais pas de convictions.



12 réactions


  • amiaplacidus amiaplacidus 28 juin 15:17

    Que lui reprochez-vous ?

    Au fond, peu importe la forme, elle est en parfaite adéquation avec le RN.


  • Fergus Fergus 28 juin 15:38

    Bonjour, Yves

    « Derrière la vitrine du renouveau, le fond idéologique reste inchangé »

    Et foncièrement nauséabond, Caroline Parmentier étant la parfaite illustration de la duplicité des responsables de ce parti.

    Une Caroline Parmentier proche de Le Pen, comme l’est Frédéric Chatillon, autre personnage sulfureux à l’image de dizaines d’élus et militants qui peinent à masquer leurs convictions foncières.


  • Buzzcocks 28 juin 15:52

    Ce qui est drole, c’est qu’elle s’en prend aux supporters de foot les traitant de babouins.. ; alors que c’est son électorat, notamment à Lyon. On ne peut donc pas lui jeter la pierre de trouver ses électeurs très cons sur les bords. 


  • Com une outre 28 juin 17:49

    Quand Bardella sera président, elle pourra être ministre de la culture par exemple. Cela fait rêver non ?


    • V_Parlier V_Parlier 28 juin 18:25

      @Com une outre
      Ben ce sera juste comme dans un certain pays à qui on se préoccupe tant de fournir des armes et qui nous est présenté en modèle. Puis on dira que ça n’existe pas.


    • V_Parlier V_Parlier 28 juin 18:26

      @V_Parlier
      Ceci dit je crois qu’avec Bardella ça ne changera juste rien par rapport à aujourd’hui.


    • Com une outre 28 juin 19:50

      @V_Parlier
      A chaque mandat présidentiel, nous croyons que cela ne pourrait être pire. Et pourtant...


  • Philomo 29 juin 10:51

    Le RN monte et commence à inquiéter ceux qui depuis 40 ans ruinent notre pays, les désinformateurs et manipulateurs sont envoyés au front pour relancer la diabolisation.

    Il est à espérer que les Français ne se feront pas avoir une nouvelle fois et voteront en masse pour le RN.


  • SilentArrow 29 juin 17:35

    @Yves Guéchi

    Je n’avais jamais entendu parler de cette Caroline Parmentier, donc je n’ai rien à en dire.

    Par contre, quand vous écrivez :

    En 2012, elle s’en prend violemment à Simone Veil, la traitant de « grosse » et assimilant la loi sur l’avortement qu’elle porta à un « génocide ». Cette rhétorique nauséabonde ...

    Ce sont toujours les mêmes qui utilisent le mot « nauséabond ». C’est même à cela qu’on les reconnaît, si vous voyez ce que je veux dire.

    Je ne sais pas si la loi sur l’avortement peut être qualifiées de génocide, mais ce que je vois, c’est que la population française est devenue incapable de se reproduire et doit faire appel à des populations de coucous, vous savez, ces oiseaux qui pondent leurs œufs dans le nid des autres.

     

    Les termes qu’elle emploie pour évoquer les personnes LGBTQ+ ou les militants associatifs — comme « Gaystapo » — témoignent d’un rejet frontal des droits et des libertés de ces populations.

    J’ai bien aimé le terme « gaystapo » et je vais le réutiliser. Quand il s’agira, par exemple, de commenter ces endoctrinements de gosses des écoles maternelles par des drag queens, fausses femmes, mais vraies putes. Quel père normal n’aurait pas envie de les défenestrer ?

    On se demande qui finance ces organisations de limaces LGBTQQQ et dans quel but.

    Ceci dit, je pense que les pédés et autres malheureux doivent avoir les mêmes droits que les autres, comme celui de vivre seul ou avec un nombre quelconque de partenaires de n’importe quel sexe, ou encore de se marier avec une personne du sexe opposé.


  • Eric F Eric F 29 juin 18:05

    Quand on voit d’ex-maoistes de 68 devenus réactionnaires, pourquoi d’ex réactionnaires ne deviendraient-ils pas plus modérés, le gap est moitié moindre.


    • Iris Iris 29 juin 19:14

      @Eric F
      Tout à fait d’accord, on doit pouvoir changer de points de vue en fonction de ses expériences et de ses apprentissages.
      L’article pose cependant la question légitime de la sincérité, particulièrement dans le cas de cette dame qui semble ne vouloir rien retirer de ses propos.


  • waymel bernard waymel bernard 29 juin 22:09

    Et le passé sulfureux de Mitterrand qui s’est prétendu socialiste après avoir été décoré de la Francisque ? Et celui de Mélanchon ou de Jospin, issus de la secte trotskiste lambertiste ? Cela ne vous pose pas problème ?


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