vendredi 6 octobre 2017 - par Christophe Bugeau

Catalogne : vers la sécession !

Comme prévu depuis 2 ans et l’élection d’une majorité indépendantiste au parlement catalan, cette région la plus riche du pays (19 % du PIB) s’éloigne inexorablement vers la sécession. Le scénario qui se dessinait depuis 2015 ( voir http://www.christophebugeau.fr, 29 septembre 2015) commence à se réaliser : la question est donc désormais que va-t-il se passer et quelle position doit avoir la France ?

Avec une majorité de 72 siège sur 135, la coalition indépendantiste a pu faire avancer ses projets comme elle le souhaitait, jusqu’à un « vrai » référendum sur l’indépendance. Que ce dernier n’ait vu que 2,26 millions de votants sur 5,4 millions d’inscrits et une majorité de 90 % pour le oui, impliquant que les opposants ne sont pas allés voter, ne trouble guère les indépendantistes.

Les partisans de l’indépendance ont travaillé pendant 2 ans sur la création d’une sécurité sociale, d’un système de retraite… Il était évident qu’ils ne s’en tiendraient pas là ! Mais le gouvernement Rajoy n’a rien voulu savoir et a fait l’inverse du nécessaire.

Là où il aurait fallu lâcher du lest politiquement en donnant à la Catalogne une plus grande autonomie fiscale et juridique (qui existe pour d’autres régions en Espagne), il n’a pas bougé d’un pouce et inversement au lieu d’arrêter les leaders indépendantistes pour subversion et trahison (on parle tout de même d’un référendum pour l’indépendance sans l’autorisation d’un gouvernement central !), il les poursuit pour des fredaines : le référendum a entrainé un « détournement de fonds publics ».

Malheureusement, le retour au réel est là : d’un côté Rajoy qui commence à perdre la main en Espagne, car il est clair que le Peuple, les Partis, l’Armée et le Roi ne resteront pas sans agir et ont commencé à le dire (le référendum de dimanche avec la charge de « bloqueurs » par la policia nationale et la guardia civile est là pour prouver que cela risque de mal se passer). De l’autre côté les séparatistes qui n’ont pas encore bien compris qu’ils ne pourraient guère compter sur un soutien international (il y a deux ans, les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l’Allemagne on fait savoir qu’ils ne reconnaîtraient pas un processus unilatéral). 

Que va-t-il se passer si lundi, les indépendantistes proclament l’indépendance ? le problème est simple : 10 000 policiers et gardes civils ont été envoyés en Catalogne et ils ont en face les 21 000 hommes des Mosos d’Esquadra de la police autonome catalane (qui dimanche dernier ne sont pas intervenu lors du référendum, ce qui laisse suppose qu’ils étaient consignés dans les casernes et les commissariats pour éviter l'affrontement et donner une bonne image des indépendantistes). Cela peut donc facilement dégénérer. 

Il est possible aussi que le gouvernement espagnol envoi l’armée, ce qui ne ferait qu’envenimer les choses. Il est donc envisageable que la sécession se transforme en guerre de sécession !

Côté français, même si nous reconnaissons le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, nous ne pouvons approuver un processus qui s’est fait en dehors de toute légalité. De surcroît, les indépendantistes réclament les "paises catalanes" dont les Pyrénées orientales français, et ils peuvent répandre la zizanie vers le pays basque espagnol et français, ce qui ne nous arrangerait guère.

Par conséquent, il serait opportun de faire comme les autres pays occidentaux et d’avertir les catalans que nous n’approuverons pas une décision unilatérale d’indépendance qui ne peut qu’être un germe de désordre en Europe.  



18 réactions


  • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 6 octobre 2017 16:26

    Est-ce que tous les Italiens ont voté en 1946 pour le rattachement de la Vésubie à la France ?



    • gogoRat gogoRat 6 octobre 2017 21:01

      @Jeussey de Sourcesûre

       Sans même prendre parti (soyons bien clairs !) pour une quelconque opinion, reconnaissons la vacuité du raisonnement suivant :
      « nous ne pouvons approuver un processus qui s’est fait en dehors de toute légalité. »

       Pour s’en convaincre, il suffit de remarquer que tout ce qui a été légitimationné, y compris par la force, au sein d’une dictature, ou d’un système despotique, est légal à l’intérieur de ses frontières :
      y compris un éventuel déni de ses peuples constitutifs à disposer d’eux-mêmes.
       En poussant à l’extrême cette faute de raisonnement, on en viendrait à croire qu’il serait inadmissible d’approuver une exigence de justice qui se manifesterait, en dehors de toute légalité procédurière, au sein d’une puissance abusive en son sein !
       Si demain, expérience fictive, la France se mettait à abandonner le Pas-de-Calais à son triste sort, et à ses réfugiés, il serait tout de même inadmissible que nos voisins européens approuvent une éventuelle demande de rattachement à la Belgique par certains calaisiens ?
       A noter qu’approuver n’est pas ratifier !


    • gogoRat gogoRat 6 octobre 2017 21:22

       Pourquoi l’approfondissement d’un débat sur cette question théorique est-elle d’actualité ?
       Pourquoi est-elle capitale ?
       - pour le montrer brièvement, de simples mots illustreront rapidement le schisme :
       * mondialisation ...
       * Brexit, euro-septicisme, ’montée des nationalismes’ ...
       
       à noter aussi que si historiquement et théoriquement a largement été analysé ce que devrait être une démocratie, une fois le ’contrat social’ consenti, on sait qu’à chaque effectif démographique différent correspondent des structures démographiques différentes,
       et s’il existe des théories concernant la façon idéale par laquelle une ’démocratie’ devrait être constituée et pérennisée, cela reste en tout cas mal connu et peu consensuel


    • gogoRat gogoRat 6 octobre 2017 21:26

      correctif :
       ... à chaque effectif démographique différent correspondent des structures démocratiques différentes


    • baldis30 7 octobre 2017 09:44

      @Jeussey de Sourcesûre
      bonjour,

      Lors du vote sur le rattachement du comté de Nice à la France la Vésubie vota ce rattachement mais ... mais comme le roi d’Italie avait l’un de ses terrains de chasse favoris en cette partie un arrangement eu lieu sur le découpage des frontières... Le référendum fut repris après la fin de la guerre et la Vésubie a été rattachée ...


    • Christian Labrune Christian Labrune 9 octobre 2017 01:36

      reconnaissons la vacuité du raisonnement suivant :
      « nous ne pouvons approuver un processus qui s’est fait en dehors de toute légalité. »

      @gogoRat
      Vous mettez la charrue avant les boeufs. Vous présupposez que la Catalogne serait DEJA un état indépendant, ce qui n’est pas le cas. Les lois qui doivent s’y appliquer sont pour l’instant les lois espagnoles, et comme le Parlement n’a jamais autorisé ce référendum, de fait, il est bien illégal.

      La Catalogne, Dieu merci, ne sera jamais indépendante.

      Si par malheur elle le devenait, il faudrait y envoyer l’armée française et l’annexer. La gare de Perpignan, comme chacun sait, est le centre du monde, mais il est indécent que le centre du monde soit ainsi relégué, comme il l’est actuellement, à la périphérie de la France, et si proche de sa frontière au sud. Si on annexait la Catalogne, la situation de Perpignan deviendrait tout de suite plus convenable. Rien n’empêcherait évidemment qu’on procédât ensuite de la même manière avec l’Aragon, puis le Leon et la Navarre. Et ainsi de suite...

      Qu’est-ce que vous dites ? Mazarin ? Le Traité des Pyrénées ?
      Eh bien, à vrai dire, cher Monsieur, c’est qu’on n’en a vraiment rien à foutre, du Mazarin et de son traité ! En marche, vite ! En marche vers l’Espagne ! Montjoie Saint-Denis !


  • pallas 6 octobre 2017 17:21
    Christophe Bugeau

    La France, la Suède, Belgique, Italie, L’Espagne rentrent en guerre civil

    C’est chose dont les pays des Concerts des Nations ont conscience et débattent.

    La Russie dit ouvertement son plan pour la suite, La Chine elle s’en tamponne légèrement le coquillard.

    Les USA rentrent aussi en guerre civil, donc cette nation est hors jeux avec de graves problèmes avec ses voisins d’Amérique du Sud.

    Vous ne saisissez pas visiblement, je vais vous l’expliquer, voila le résultat de 40 années d’une politique de l’idéologie du nom « Mercantilisme ».

    Le dicton du Diable : Vous vous êtes bien amusez ?, bien parfait, danser maintenant !!.

    Sa va être un beau spectacle, c’est inéluctable, impossible à empêcher, autant s’y préparer, la désillusion n’amène nul part.

    En ce monde seul le fort survie et dévore le faible.

    Salut


    • microf 7 octobre 2017 15:29

      @pallas

      Bravo @pallas, vous l´avez mis en plein dans le mille comme on dit votre commentaire, vous avez dit et vu juste, voila le résultat de 40 années d´une politique du nom « Mercantilisme », il ne les reste plus qu´á danser, et ils vont danser.


  • symbiosis symbiosis 6 octobre 2017 19:44

    Faisons une hypothèse conspirationniste :

    Le mouvement indépendantiste a été encouragé et financé par Open Society Foundations, laquelle organisation milite depuis des lustres avec d’énormes moyens pour l’instauration d’un gouvernement mondial et la déstructuration des États en régions.
    Le gouvernement espagnol a laissé monter cette tendance sans rien faire et allant jusqu’à jeter de l’huile sur le feu avec sa Guardia Civil, partie prenante lui-même de la politique ultra libérale et néo-con de la ploutocratie globalitaire, mais face aux problèmes que cela est en train d’engendrer, il réévalue sa stratégie.
    Les catalans indépendantistes étant minoritaires, le gouvernement espagnol n’a finalement pas intérêt dans l’immédiat à obtempérer face au diktat de la globalisation.
    Le Nouvel Ordre Mondial face à ses échecs répétés en Afganistan, Irak, Syrie, Ukraine, etc... va laisser pourrir la situation plutôt que de renforcer le pouvoir des indépendantistes et reculer sur le front espagnol pour mieux sauter ailleurs.


    • phan 8 octobre 2017 11:15
      @symbiosis
      Faisons une hypothèse conspirationniste :
      Le mouvement indépendantiste a été encouragé et financé par Open Society Foundations, laquelle organisation milite depuis des lustres avec d’énormes moyens pour l’instauration d’un gouvernement mondial et la déstructuration des États en régions.

      Bonjour, alors lisons 2 articles conspirationnistes :
      L’indépendance catalaneune arme du capital contre le salariat et
      Israël sera notre banque

  • exocet exocet 6 octobre 2017 21:56

    Plus de 45 milliards d’€ de corruption annuelle : Rajoy est à la tête du parti politique le plus corrompu d’Europe

    Antoine Gasquez 22 septembre 2017 Politique, Société commentaires

    L’information traitée par les médias espagnols en juillet dernier est passée aujourd’hui à l’arrière plan compte tenu de l’actualité en Catalogne. Mais c’est aussi l’une des raisons du souhait d’indépendance des Catalans. L’Espagne est actuellement dirigée par le parti le plus corrompu d’Europe. Cette information est relatée par plusieurs médias espagnols. Parmi ceux-ci El Diario qui n’hésitait pas à titrer en mars dernier : « La corrupción endémica del Partido Popular ». Une assertion largement étayée : « Depuis 1978 jusqu’à nos jours, plus de 175 réseaux de corruption ont été découverts, tous associés aux partis au pouvoir et selon la Commission nationale des marchés des valeurs, (CNMV), cette corruption ne coûte pas moins de 45 milliards d’euros annuels à l’Espagne. La plus grande part est prise par le Partido popular (PP), qui est le parti qui gouverne et qui prévoit de continuer à gouverner les prochaines années ». Un parti que Mariano Rajoy a intégré dans les années 1980 – le PP s’appelait alors Alianza Popular et était conduit par Manuel Fraga, un ministre de Franco – et dans lequel il a gravi tous les échelons avant de prendre les fonctions directives en 1989, de devenir ministre sous le gouvernement Aznar , puis de diriger le parti en 2004. Un parti qui gouverne, avec Rajoy à sa tête, l’Espagne depuis 2011. Un parti qui est surtout poursuivi pour…. 900 plaintes pour corruption.

    Les affaires pleuvent. « Durant une période, il en sortait pratiquement une par semaine, parfois chaque jour » indique El Diario. « Marchés publics truqués », « Pots-de-vins », « fausses factures », « comptes en Suisse »…. L’affaire de la « comptabilité occulte » du PP...

    La Commission nationale des marchés de la compétence (CNMC), chiffre à 90 milliards par an le montant des délits de corruption en Espagne, dont 47,5 milliards liés à des surcoûts dans les marchés publics. Un chiffre que confirme à un chouïa près la Commission nationale des marchés des valeurs, (CNMV) avec son estimation à 45 milliards. Ce qui représente plus de 7,5 % de la dépense publique espagnole.

    45 milliards, c’est de quoi faire pratiquement 3 750 collèges ou lycées en France par an.

    Il est impossible en France de comprendre le phénomène de montée de l’indépendance de la Catalogne si on n’intègre pas le problème profond de corruption qui touche l’Espagne. Rappelons que le budget annuel de la Catalogne est de 29,7 milliards d’euros, pratiquement la moitié du volume global de la corruption liée au pouvoir de Madrid.

    et : http://www.huffingtonpost.es/2016/12/09/coste-corrupcion-espana_n_13532158.html


    • baldis30 7 octobre 2017 09:48

      @exocet
      bonjour

      « Plus de 45 milliards d’€ de corruption annuelle : Rajoy est à la tête du parti politique le plus corrompu d’Europe »

      Penseriez-vous que les autres partis le fussent moins ? Sur quelle échelle ? La naïveté n’a jamais aidé la réflexion !


  • exocet exocet 6 octobre 2017 21:59

    Face à cette corruption généralisée, les catalans se sentent le droit de dire : « non, nous ne voulons plus verser d’argent pour nourrir les corrompus »....
    Une sorte de révolution.


  • exocet exocet 6 octobre 2017 22:00

    Les Européens étaient plutôt gênés, lors du conseil de Tallinn, vendredi 29 septembre, en l’absence du premier ministre espagnol Mariano Rajoy. Emmanuel Macron a pris sa défense : "Je ne connais qu’un interlocuteur à la table du Conseil européen, c’est Mariano Rajoy, je sais qu’il gère au mieux les affaires intérieures. J’ai confiance dans sa détermination à défendre les intérêts de toute l’Espagne.« 

    .
    Voilà, Macron et sa clique, les républicains aussi, sont contre ce référendum.
    .
    Pour eux c’est »touche pas au grisbi" : leurs carrières et les carrières de leurs rejetons de droit divin dépendent de nos impôts, donc pas question que le Pays risque de rétrécir, ça leur ferait de bonnes places en moins.
    Donc les Corses, les Basques et les Bretons, ne vous faites pas d’illusion, Macron et le premier ministre boxeur ne vous considereront pas mieux que si vous étiez citoyens chinois ou coreens du nord : des flics masqués, casqués, armés, viendront comme à Barcelone frapper et violenter vos vieux et vos femmes, défoncer les portes de vos bureaux de vote, voler les urnes.
    Les nouveaux voyous sont là....et ils ne valent pas mieux que les milices à Franco ou les voyous des cités pourries.


  • exocet exocet 6 octobre 2017 22:02

    Quant à « Christophe Bugeau, militant engagé en politique », s’il n’approuve pas le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, c’est peut-être parcequ’il se vearrait bien élu avec sa part de gateau, non ?


  • exocet exocet 6 octobre 2017 22:04

    A rapprocher l’un de l’autre, mes deux posts précédents :
    .
    « Plus de 45 milliards d’€ de corruption annuelle : Rajoy est à la tête du parti politique le plus corrompu d’Europe »
    .
    et :
    .
    "
    en l’absence du premier ministre espagnol Mariano Rajoy. Emmanuel Macron a pris sa défense : "Je ne connais qu’un interlocuteur à la table du Conseil européen, c’est Mariano Rajoy, je sais qu’il gère au mieux les affaires intérieures. J’ai confiance dans sa détermination à défendre les intérêts de toute l’Espagne.« 


  • Pyrathome Pyrathome 7 octobre 2017 14:58

    un germe de désordre en Europe. 

    Diviser pour mieux régner ?



  • Lonzine 9 octobre 2017 11:52

    attention à ne pas se tromper, une banque (ou deux) qui dégagent, c’est du bonus pour l’état qui n’a plus à provisionner les risques de faillite.


Réagir