vendredi 9 avril 2021 - par Patrice Bravo

Ce qui menace la modernisation de la Bundeswehr

Le gouvernement allemand a publié le 24 mars dernier sur sa décision d'augmenter les dépenses militaires. Elles augmenteront de plus de 2 milliards d'euros en 2022. Au lieu de 46,93 milliards d'euros en 2021. Cela correspond à une augmentation de 5% par rapport à l'année précédente. Il est prévu de consacrer 49,29 milliards d'euros à la défense en 2022. « La sécurité coûte de l'argent. Les menaces qui pèsent sur l'Allemagne et l'UE ne sont peut-être pas encore largement débattues, mais elles sont réelles », a souligné le ministre de la Défense Kramp-Karrenbauer (CDU). 

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Pour l'Otan et au-delà des élections en 2021. Le 20 mars 2021 le ministère allemand de la Défense twittait : « Armement nucléaire, cyberattaques, nouveaux systèmes d'armes - les menaces qui pèsent sur l'Allemagne et l'UE sont complexes et, surtout, réelles. Répondre à cela coûtera de l'argent ». 

L'Allemagne a mis en place un programme pour plus de visibilité et de reconnaissance pour les troupes. Le pays veut en finir avec le poids de la Seconde Guerre mondiale et l'interdiction d'avoir une armée solide. Elle veut redorer l'image de son armée. Par exemple, les soldats en uniforme voyagent gratuitement en train et les média doivent parler plus positivement de cette armée. En outre, des soldats rendent visite aux écoles pour parler de leur métier. L'antimilitarisme hérité des années passées disparaît. Un sondage réalisé en 2019 montre que 44% des personnes interrogées étaient d'avis que l'Allemagne devrait dépenser plus d'argent pour les forces armées et la défense qu'auparavant.

Cette revalorisation de l'armée allemande intervient dans le cadre du contrat avec l'Otan. « Nous avons promis au sein de l'Otan d'atteindre l'objectif des 2%. Je souhaite soutenir une Allemagne qui soit fiable. Il est incontestable que cela est dans notre propre intérêt de contribuer équitablement à notre sécurité en Allemagne et en Europe », a souligné Kramp-Karrenbauer, précisant que « pour la sécurité de la République fédérale d'Allemagne et de l'Europe, pour les capacités de la Bundeswehr et pour le respect des engagements internationaux, des dépenses de défense beaucoup plus élevées sont nécessaires » et que « ce besoin continuera d'être formulé de manière cohérente au cours de la procédure, même après l'élection au Bundestag allemand [septembre 2021 où Angela Merkel doit quitter son poste de chancelière] ». 

Les dépenses continuent d'augmenter malgré des difficultés. En octobre 2016, la Deutsche Welle indiquait que le budget actuellement prévu pour l'année 2020 était de 39,2 milliards d'euros. Pour 2022, comme nous l'avons cité plus haut, c'est un budget de 49,29 milliards pour répondre aux critiques des Etats-Unis et de l'Otan. La Bundeswehr compte actuellement environ 184 000 soldats (en janvier 2021), contre 178 573 en janvier 2016.

Les effectifs et les dépenses augmentent de manière constante pour l'armée allemande mais , il arrive que cette armée, comme l'a indiqué la presse en 2018, n'a pas des véhicules en état de marcher : « Seuls neuf des 44 chars Leopard sont [étaient] opérationnels à la base de la Bundeswehr à Munster » et d'autres sites devaient intervenir pour que le mandat de l'Otan puisse être rempli, écrivait Hannoversche Allgemeine Zeitung en 2018. La Bundeswehr a donc décidé de relever le défis du réarmement. En 2018, le Haz informait que l'armée allemande devait soutenir l'engagement de l'Otan contre la Russie : « Les pannes techniques au sein de la Bundeswehr posent désormais également de nouveaux problèmes à l'Otan. L'armée manque de chars prêts à l'emploi qui ont été promis pour une force d'intervention multinationale de l'alliance dirigée contre la Russie ».

Le Spiegel expliquait en 2019 que depuis 2016, les soldats devraient progressivement se doter de nouvelles chaussures de combat, mais qu'il faudrait attendre l'année 2022 pour cela », « en raison des capacités de production limitées de l'industrie ».

La Russie est la menace. Même si des tanks ne marchent pas bien et que les rangers ne sont pas encore livrées correctement, l'objectif de l'armée allemande, sous le gouvernement actuel, est de répondre aux ordres de l'Otan tout en visant toujours la Russie comme l'ennemi commun. Dans l'entretien du 18 mars 2021, Kramp-Karrenbauer a reconfirmé cette politique en déclarant : « Selon les rapports de l'UE, nous avons été attaqués plus de 700 fois depuis 2015 - avec des attaques, de la désinformation et des fausses informations qui peuvent être attribuées à la Russie. C'est plus que dans tout autre pays de l'UE. Même de petites informations - telles que de fausses allégations de violences présumées contre des personnes d'origine russe - sont des tentatives manifestes de déstabilisation. Je prends cela très au sérieux ».

A « Pourquoi l'Allemagne est-elle la destination russe préférée ? », la ministre répond : « Nous, Allemands, sommes conscients de l’histoire que la Russie est importante pour une bonne coexistence en Europe. Cela a toujours été une marque de fabrique de la politique étrangère allemande de pouvoir se protéger d'une part dans le cadre de l'Otan, mais d'autre part de toujours se parler de manière constructive. Le dialogue et les contacts avec le peuple russe restent importants. Mais nous devons regarder notre homologue de manière réaliste. Si notre volonté d'entamer un dialogue est exploitée, si nous sommes la cible privilégiée de la désinformation et de la déstabilisation, s'il y a une tentative ciblée de promouvoir les divisions dans notre société et même de soutenir les extrémistes, alors cela en dit long sur les dirigeants russes actuels et leurs prétendus tranquillité ».

Les élections de septembre 2021 du Bundestag, les problèmes structurelles de la Bundeswehr, la montée de l'AfD et de l'orientation d'une population russophile surtout après la gestion de la crise envers les migrants et de la Covid-19 par Angela Merkel, ne garantissent pas les objectifs de l’Otan d’avoir une Bundeswehr efficace orientée dans cet objectif. 

Olivier Renault

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Source : http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=2590



6 réactions


  • adeline 9 avril 2021 18:56

    L’arme ( avion ou fusil ou autre) est une chose, la motivation en est une autre, un soldat très motivé avec une arme ancienne peut faire plus de mal que des clowns avec équipement hyper hygh-tech


  • L'apostilleur L’apostilleur 10 avril 2021 01:22

    « ...L’armée manque de chars prêts à l’emploi ... pour une force d’intervention multinationale de l’alliance dirigée contre la Russie »... »


    La Russie un ennemi pour l’Allemagne ?

    Ce fournisseur de gaz qui va fournir à l’Allemagne avec nord stream 2 une source d’énergie dont elle ne pourra plus se passer après la fermeture de ses centrales nucléaires et à charbon ?


    L’Allemagne doit rigoler d’avoir encouragé l’annulation de la vente des porte-hélicoptères français à la Russie à cause de l’Ukraine, quand aujourd’hui elle achète du gaz à la même Russie qui serait son ennemi ce qui justifierait son effort d’armement.

    Grosse rigolaaade !!


    La France se désolidarise des allemands dans l’affaire du gaz probablement parcequ’elle est bien convaincue de s’être fait berner une fois encore par ses amis (ennemis ?) allemands.


  • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 10 avril 2021 09:30

    Lorsque l’Allemagne se réarme , dans le nord on sait que dans quinze ans y’aura plein de boulot dans le bâtiment .


  • sylvain sylvain 10 avril 2021 18:27

    quelle drole d’idée . La russie a pas loin de 7000 têtes nucléaires, toute confrontation que ce pays pourrait avoir avec une autre vrai puissance industrielle aboutirait à une apocalypse . La russie le sait, l’allemagne ou la france aussi alors de quoi parle t on vraiment ??


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