mardi 23 octobre 2018 - par Frimas

Chaque jour se trompe d’existence

Que ce monde nous espère ruiné à son effigie ! Cela est évident avec ces parkings aux allures d’urnes industrielles et ses zones délimités entre femmes et hommes suspendus sur fond d’urine et d’excréments qu’on purifie au chlore jour après jour sous peine d’être immergés de coups de pied, ces parures urbaines dont la cruauté consiste à élargir le parc automobile, que cette époque s’engouffre aux confins dans nos vents distribués par l’hystérie des chaleurs algébriques, hésitants à nous guetter sur un fond de commerce, là quelque part en dessous d’un immeuble s’exhibant à sa perfection, lui-même se morfondant à ses souhaits toujours plus éclaboussés de neiges pollués de pétrole et de chimies classées s’apprêtant à surgir à tout moment de ses journées où tout est à l’affût, etc… En repensant nos synonymes perdus accrochées à nos douces dominations qui nous préserverons sans doute d’une adhésion à une statistique de cancer ou de je ne sais quelle étrangeté traitable aux souvenirs disparates, j’ai pensé que ces maintes conspirations avec lesquelles nous murmurons ensembles dans un ascenseur le matin en allant au bureau l’estomac ulcéré de joyeusetés importés aux ombres de notre inconscience climatisée nous rendent d’instinct rapides et peut être même flatteur d’anonymat à cette étrangeté économique qui nous taraude avec une brutale suffisance dans chaque coin de rue ainsi que dans n’importe quelle « shopping mall » alignant les magasins aux murs serrés où nulle âme s’y adonnerait à ce qui est doucement vendu entre les bras plastifiés de ce temps où l’appétit se présente sous une pauvreté expressive qu’est le gain insatiable et ses écrasantes beautés qu’on juge nécessaires et même utiles afin de supporter cette idiotie de la vie sur terre et ses conventions et ses devoir qui a tout perdu de son charme façonné aux nuances du temps et de son universalité. Je ne regrette pas ce qui répare nos âmes maintenant afin de mieux les tuer dans un futur où le bétail humain s’imagine inauguré en étant encadré, sécurisé en étant étouffé d’obéissance, cette ruse aux franchises qui importe et exporte ce dont la machine traduit en antonymes. Peut être même la collectivité du genre humain s’y donne à coeur joie à la survie dans ses taudis avec ses bilans, ses infections, ses enfants de famille obombrés de carcasses mentales semblant immarcescibles, tapottant sur ses écrans tactiles, guidés dans l’enfer du travail avec ses usines et ses bureaux ne permettant aucune interruption afin de pouvoir participer au naufrage individuel se faisant remorquer par d’autres effectifs dans le même ascenseur brillant à la science se voulant rassurante dans ce continuel flux incarcéré dans les radiations de la productions d’énergie faisant fonctionner cet ouvrage incohérent d’injustices et ses moyens de production millénaires, etc…

J’ai noté ceci : la gratuité de la vie terrestre s’est retrouvée à militer contre elle-même en s’humiliant sous l’aura de poussière des conventions soumises à la servilité d’exister sous plasticité dégénérée dans ces espaces chauffées à outrance où l’adaptation aux polluants et à la photosynthèse artificielle nous rend la résistance impossible voir douloureuse car la douceur du confort industrialisé dort et s'émerveille dans les bouchons sur autoroute que le dogme positiviste a rendu nécessaire. A l’égard de tout ce qui me paraît d’inhumain ici parmi nos glaciers majeurs qui fondent, enfouis dans les entrailles des possibilités d’y établir des monocultures à ses places en ayant libéré des kilotonnes de méthane auparavant dans l’atmosphère terrestre, j’en suis arrivé à conclusion que je n’arrive tout bonnement plus à me concentrer sur ce qui fut autrefois humain : Désormais la réjouissance de l’espérance de vie façonne le divin marché telle la société de la distraction totale, qui la complète, que nous n’avons plus de quoi nous satisfaire. Tout est continuel et trompé de séparations. Voici ce que nous avons encore : l’incapacité positive à trouver excellent ce que la prétendue société d’abondance nous offre : un voyage à l’autre bout du monde peut être où la réalité de l’immense faiblesse humaine à ne pas pouvoir s’émanciper de la domination enchanteresse que ces aliénés de la réjouissance marchande nous offrent ou des stupéfiants remboursés par la caisse santé afin de ne pas sombrer dans la folie ou la dépression ou la nécessité absolue de défigurer la raison avec les marchandises d’une parfaite commodité, etc…

Le jour se termine accompagné de cette vague inquiétude à m’étioler sur mon sort une fois celle-ci terminée en même temps que les autres jours se suivent sans tenir compte de cet égarement que certains en témoignent malgré tout avec charme que l’éclairage public les empêche d’y voir encore plus clair : ces endroits pollués de manques de réponses à toutes ces questions inaperçues nous guettent à l’évidence, ces questions qui s’accaparent de nous d’une froide lumière dans une basse-cour chassée du monde interdite de toute méditation s’accouplant à la multiplication de ses existences-là. J’ai lu quelque part que la population terrestre prolonge sa conquête à près de 90 millions par année et que par la suite par je ne sais quel miracle ou par fertilité scientifiquement accouplée et technicisée, cette même population s’adonne à l’horreur de 10 milliards en 2050 et par la suite j’en suis arrivé à me dire que la facilité finira par nous inquiéter : un réveil avec projection murale, un réfrigérateur aux couleurs inaperçues ou peut être même une voiture indiquant les angles morts afin d’éviter tout soucis majeur avec l’assureur, ou un éclairage dynamisant l’éveil auquel s’ajoute un diffuseur anti-bactérien pour la maison ou des capteurs d’empreintes intégrés dans l’écran de son téléphone intelligent ou des savons liquides aux parfums enchanteurs pour accompagner le matin emprunté à l’épuisement immunitaire ou alors on porte plus d’attention sur une nouvelle chaudière par ces journées d’hiver ô combien rudes où notre esprit est tombé, etc… Il me semble que ce temps que nous connaissons et que nous empruntons a fini par nous juger… Cette cargaison humaine est à la portée de ces quartiers d’aciers avec ses soupirants sourires que la vie sociale vomit de sa grande mémoire, que cette civilisation condamnée à s’agrandir au fur et à mesure que toutes les ressources disparaîtrons sous ses pieds se retrouvera amputée d’espoir à retrouver l’hygiène des fantômes passés et retrouver les moues d’il y a des années…

« C’est doux, c’est tonique, c’est pratique » disait la publicité à la télévision et puis m’est arrivé cette pensée : Toutes nos anciennes savonneries ont disparues, ce métier à la noble existence, d’un charme surprenant et jamais ennuyant, récolant son produit aux modestes ingrédients sans ces moindres hâbleries que le verbiage industriel semble devoir discuter avec cette civilisation classée au rabais par la sémiotique nouvelle génération : Que le processus abscons de production et de fabrication de cette hygiène moderne emballée sous blister aux grammage diminuant chaque année mais malgré tout tellement pratique à consommer (il suffit d’appuyer sur la pompe) et qui se passe de toute déontologie. En constatant des nappes phréatiques clochardisées se comportant plaintives, tavelées aux milles corpuscules accompagnés de baumes, d’exhalaisons et leurs arômes se diffusant dans l’eau tout en réduisant l’haleine naturelle de ce qui fut autrefois l’essence de ce qui nous maintenait en vie sur cette terre où chacun émanait de son talent à vouloir respecter cette terre et sa faune. Mais aujourd’hui le miracle si délicieusement fonctionnel qu’est cette froideur abyssale et qui par conséquent me semble-t-il, ne nécessite plus de déchiffrement : La lutte civilisationnelle contre les funérailles actuelles se résumant aux témoignages inquiets de tout ce que cette vie peut encore offrir de délicieux me semble ingérer les effets palliatifs d’un placebo administré en laboratoire : Nous pouvons par présence d’esprit et de décence nous entourer d’une hygiène facilitant la régénération et pourtant nous le faisons pas ! Nous pouvons constater d’un vif oeil ce que nous avons déposés sur la terre et ces immenses déceptions écologiques et évidemment enlever tout rapport de force concernant la machine et pourtant nous le faisons pas ! Nous pouvons privatiser des biens publics et nous le faisons et ce que nous faisons aussi par après j’ai pensé c’est amputer chaque être humain de son unicité en le remplaçant par l’objection du donneur d’ordres, sans jamais à devoir songer à quoi que ce soit, édité à la disponibilité, réduit à la disette sur un réseau social se nourrissant de promesses flétries dans ce monde à pénuries dissipées dans les antennes satellites ou le forfait mobile à volonté, etc…

Chaque jour se trompe d’existence en s’assurant une résurrection certaine, que cet avenir enduit de bureaux et d’accessoires intériorisées tels les emplois du temps qu’on nous procure dans des machines se vantant d’être utiles à ce modèle imperméable consommant ses fantômes bienheureux car ce n’est pas l’impression d’être manipulé à l’usure qui me fait demander à l’autorité marchande d’être mon propriétaire, c’est tout bonnement cette vie normale répétée ad nauseam avec ses cartes bancaires et son éclairage public d’une monotonie disproportionnée qui me fait égaliser avec l’objet d’un ennui si accompli que même en étant l’objet intégral de ce rouage aux promesses oubliées de l’humanité car devenues normales et acceptées qui m’épouvante, que cette hystérie arrangée et aménagée propose à la mort de ce qui fut une regard clinique de ce que nous avons aujourd’hui et de ce que nous allons perdre ! Il n’y a rien, il me semble, qui puisse être sujet à un évanouissement. « Regardez comme ils sont heureux » (Assis dans un canapé, devant l’écran à engloutir ce que l’économie leur concocte.)

Assis au bord d’une fenêtre par un temps pluvieux de cet après-midi à me morfondre dans les pensées, j’ai noté ceci : Que reste-t-il de la vie sur terre une fois la liste dressée de ce qui nous accapare : Nous cessons d’être lucide au profit d’une totale banalité à devoir accepter le port de cette camisole de force et ces milliards d’affabulations hypnagogiques diffusées partout avec acharnement au travers les canaux publicitaires et médiatiques avec ses écrans larges à basse consommation, nous sommes arrivés à l’idée que ces milles appareillages sont nécessaires à l’intensification existentielle (c’est le moment d’en profiter) pendant qu’on s’oriente vers la masse fébrile des productions télévisuelles annonçant l’acceptation de la famine ou l’évanouissement des consciences par temps de guerre, etc… & que cette immense solitude retranchée dans la pornographie industrielle faisant foi malgré tout dans nos livings en attendant la personne tant chérie végétant sur l’axe principale à désespérer derrière son volant ou les fictions simplistes qu’on achète désormais en station service faute de temps en combinant avantageusement deux tâches quotidiennes en fin de ces journées qui nous suffisent d’orientation mais voici ce que nous encore perdu : Pendu au progrès, nous n’avons certes pas le droit craintif de nous plaindre sur nos fatigues qui grandissent, conséquences de ces remarquables possibilités qui sont offertes et aussi idylles avec le coton synthétique au toucher doux qui nous love si fantastiquement tout en ayant moyen à déambuler aux compléments alimentaires par une fin de journée au bureau constatant nos aboutissements caligineux de cette voie choisie à se contagier à tant d’éternité…




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