samedi 28 mars 2020 - par Julien Hi Energy

Chronique d’une crise annoncée - Qu’apprenons-nous de cette pandémie ?

 

Approche métaphysique et épistémique de la crise actuelle.

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La crise du coronavirus est ce fameux cygne noir tant attendu par une certaine frange de spécialistes surtout en économie et géopolitique.

Bien sur de nombreux scientifiques n’ont pas cessé de nous alerter du risque de pandémie depuis des décennies mais nous savons très bien (pour l’immense majorité d’entre nous) que nous sommes biologiquement incapable de prendre en considération un événement paradoxalement à la fois aussi certain qu’imprévisible.

Cette pandémie catalyse quoiqu’il en soit tout un tas de discours contradictoire concernant la responsabilité de tel ou tel individu ou groupe d’individus (nations, pays, mouvements...). Phénomène classique en tant de crise. Elle révèle aussi de manière ostentatoire les inégalités et fractures qui existent au sein de nos sociétés.

Comme toujours, telle une loi implacable inhérente à notre condition, ceux sont les plus démunis qui paieront le plus lourd tribu.

Cela m’amène paradoxalement à me poser des questions plus métaphysiques que pratiques.

La première et la plus radicale d'entre elles est la suivante : Apprend on réellement de nos erreurs ? En fait, le peut-on seulement ?

Je veux dire que d’un point de vue purement matérialiste et (donc) évolutionniste, il n’y a aucune raison que nous apprenions de nos erreurs.

Jusqu’à preuve du contraire, les leçons apprises par une génération ne se transmettent pas (génétiquement parlant du moins) aux générations suivantes.

On pourrait compter sur l’Histoire mais ne dit-on pas que l’histoire est écrite par les vainqueurs ?

Et quand bien même, l’histoire serait une retranscription exacte des événements passés, ne persistons nous pas désespérément dans l’erreur comme en témoignent les nombreux conflits en cours sur le globe ? Errare humanum est, perseverare diabolicum...

Certes, il y a le progrès technologique : indéniable... sur le plan matériel (en occident du moins).

Mais sur les autres plans ? A-t-on progressé ?

Il me semble (au mieux) que nous ayons stagné mais peut-être que je suis juste limité par mon ignorance.

Peut-être que sous un prisme évolutif (au sens Darwiniste), nous évoluons... Certes, mais très lentement. Encore que c’est un point de vue purement anthropocentriste.

A vrai dire, mon état d’esprit du moment m’amène à penser que l’homme, en tant qu’entité matérielle et spirituelle, ne peut pas être tenu pour seul responsable des afflictions qui le touchent. La cause essentielle des désordres de notre monde me semblent plutôt et justement provenir de notre monde...

Un monde où les ressources sont limitées. Un monde, où quoique l’on dise, tel un mantra évolutionniste, c’est la loi du plus fort qui prévaut même si la coopération fait heureusement également partie de l’équation.

Ce monde qu’habite l’humanité à travers nos sociétés désormais tellement interconnectées et interdépendantes ne nous supportera peut-être plus pour longtemps. Les signes sont clairs.

Et pourtant, peut-on blâmer l’homme qui tente de s’extraire de la nature qui l’a engendré à travers une science et donc une technologie toujours plus avancée ? 

Je ne le pense pas. Même si devant cette technologie, les dilemmes éthiques sont de plus en plus nombreux et prégnants. « The stakes are high » comme disent les anglosaxons !

Malgré tout, je pense à la manière de Pierre Teilhard de Chardin qu’il y a bien une finalité à cette évolution vers toujours plus de complexité.

Le point Omega (cf. image jointe) que décrit Teilhard de Chardin correspond plutôt bien à la vision que je me fais de l’évolution.

En somme, ce que l’on appelle Dieu, me semble être l’intelligence universelle qui amène inoxérablement tout système à se complexifier et ainsi devenir de plus en plus conscient de lui même et de son environnement jusqu’à une éventuelle fusion des règnes comme le suggèrent les plus illuminés des trans-humanistes à travers leur credo de l’homme augmenté aboutissant à une éventuelle fusion avec la machine (Ex : Ray Kurzweil chez Google ou Elon Musk).

Après des milliards d’années de vie organique basée sur le carbone, il faudra peut-être bientôt changer de paradigme pour celui du silicium...

Finalement, c’est peut-être ce transhumanisme hautement subversif qui nous permettra de nous affranchir de nos limites par le développement d’une nouvelle forme d’intelligence augmentée.

Se pose alors la question de la spiritualité.

Qu’en est-il de notre âme, de notre esprit, de notre conscience au regard de notre civilisation qui a tué Dieu en même temps qu’érigé la science (ontologiquement matérialiste) comme nouveau dogme religieux ?

Je tenterai d’explorer ce sujet lors d’une prochaine chronique !

 

Merci de m’avoir lu, A très bientôt !

 

Julien Hi Energy



22 réactions


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 28 mars 2020 14:16

    Pour ceux qui n’ont pas lu le livre : https://www.lalibre.be/debats/opinions/la-crise-du-coronavirus-est-un-cygne-noir-5e7e28bdd8ad581631777826. Le transhumanisme qui signe la fin de l’humain peut lui aussi être confronté à un événement imprévu et par conséquent tout à fait irrationnel.


    • troletbuse troletbuse 28 mars 2020 14:18

      @Mélusine ou la Robe de Saphir.
      Page non trouvée


    • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 28 mars 2020 14:21

      @troletbuse voici : 

      Une évocation de Frédéric Chardon.

      Ce best-seller, sorti il y a 13 ans, est fréquemment cité depuis le début de la crise sanitaire (et boursière).

      Une pandémie mortelle, entre deux et trois milliards de personnes confinées, l’économie internationale mise à l’arrêt, un krach boursier, la récession qui s’amorce, les déficits publics qui explosent… Qui aurait pu prévoir la puissance de ces convulsions planétaires ? Personne, et c’est normal. L’apparition du coronavirus peut être qualifiée de « Cygne noir », soit un évènement inattendu qui bouleverse durablement notre quotidien et va infléchir le cours de l’histoire. Cette expression, bien connue des spécialistes des marchés financiers, fait directement référence au titre du best-seller de Nassim Taleb, un ancien trader libano-américain qui, après avoir bâti une fortune à Wall Street, s’est retiré du monde pour mieux le penser. Publié en 2007, Le Cygne noir s’est vendu à plusieurs millions d’exemplaires.

      « Avant la découverte de l’Australie, l’Ancien Monde était convaincu que tous les cygnes sans exception étaient blancs - croyance d’autant plus inattaquable qu’elle semblait entièrement confirmée par des preuves empiriques, écrit l’auteur. La vue du premier cygne noir dut donc être une surprise intéressante pour quelques ornithologues. Cette histoire montre que notre apprentissage par l’observation ou par l’expérience est sérieusement limité, et notre savoir, bien fragile. » Un seul évènement - la vue d’un cygne noir - a mis à terre les certitudes d’un spectacle millénaire qui avait associé dans les esprits la blancheur au cygne et le cygne à la blancheur.

      Pour Nassim Taleb, beaucoup d’experts - singulièrement les économistes qui se livrent à des prédictions - sont des fumistes car ils ne tiennent pas compte des possibles irruptions de « Cygnes noirs ». Spécialiste de l’épistémologie, l’ancien professionnel de la bourse affirme que l’être humain sous-estime depuis toujours la puissance des évènements imprévisibles (l’arrivée d’Internet, les attentats du 11 septembre…), pourtant de plus en plus fréquents et qui reformatent inlassablement nos sociétés.

      Sa thèse est illustrée par de savoureux exemples. Il revient notamment sur le cruel destin de la « dinde inductiviste » du philosophe Bertrand Russel. Nourrie pendant les mille premiers jours de sa vie par la main bienveillante de l’homme, la malheureuse volaille, par induction, est portée à croire que les humains n’existent que pour prendre soin d’elle. Chaque jour qui passe la renforce dans cette certitude. Mais arrive Thanksgiving et son bienfaiteur lui tranche le cou. Avec sa mort, c’est toute une représentation du monde qui s’évanouit. Nassim Taleb voit des « dindes inductivistes » un peu partout. Notamment parmi ses anciens collègues spéculateurs. « Après le krach boursier d’octobre 1987, la moitié des traders américains se mit à attendre de pied ferme le prochain tous les ans au mois d’octobre. Le fait de prendre une observation naïve du passé pour quelque chose de définitif ou de représentatif du futur est la seule et unique raison de notre incapacité à comprendre le Cygne noir. »

      Outre les périls de l’induction, la pensée de Nassim Taleb nous éclaire sur une multitude d’autres biais cognitifs qui poussent les hommes à l’erreur dans le récit du passé et dans l’élaboration de possibles futurs. En cela, Le Cygne noir est salutaire et devrait faire partie du cursus des étudiants en sociologie, en économie, en sciences historiques, en sciences politiques, en journalisme… Avoir conscience des limites de la pensée ordinaire est déjà une grande victoire.

      D’ailleurs, l’ex-trader de Wall Street livre également un message optimiste à ses lecteurs : il est possible de tirer profit des « Cygnes noirs ». L’imprévisibilité est un jeu gagnant pour tous ceux qui oseront la regarder en face. Pour la gestion des finances privées, Nassim Taleb donne quelques astuces. Il est partisan d’investissements très spéculatifs, à concurrence de 10 à 15 % du portefeuille, exposés autant que possible aux vents de potentiels bouleversements : cryptomonnaies, matières premières pouvant tomber en pénurie, sociétés actives dans le domaine de l’intelligence artificielle, de la 5G… (ces exemples sont de nous



    • Vivre est un village Vivre est un village 29 mars 2020 08:26

      @Mélusine ou la Robe de Saphir.
      Une pandémie mortelle, entre deux et trois milliards de personnes confinées, l’économie internationale mise à l’arrêt, un krach boursier, la récession qui s’amorce, les déficits publics qui explosent…
      Qui aurait pu prévoir la puissance de ces convulsions planétaires ? 

      Réponse : un scientifique honnête qui aurait choisi de s’exprimer...


    • Vivre est un village Vivre est un village 29 mars 2020 08:35

      @Mélusine ou la Robe de Saphir.
      Le transhumanisme est un mouvement culturel et intellectuel international prônant l’usage des sciences et des techniques afin d’améliorer la condition humaine notamment par l’augmentation des capacités physiques et mentales des êtres humains.https://fr.wikipedia.org/wiki/Transhumanisme ...soit exactement ce que nous recherchons sur Agoravox...après les fâcheux sévissent sur Agoravox, aussi...


    • Pierre Régnier Pierre Régnier 29 mars 2020 08:58

      @Vivre est un village

      Vous voulez dire que les scientistes recherchent ça, comme vous, et que sont des fâcheux ceux qui veulent surtout, sur Agoravox comme ailleurs, une meilleure utilisation des capacités spirituelles de l’humain actuel.


  • troletbuse troletbuse 28 mars 2020 14:17

    Si, il y a un autre point sur lequel on a beaucoup progressé ; le machiavélisme d’état


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 28 mars 2020 14:19

    Si le transhumanisme est guidé par un manipulateur pervers (le cerveau du transhumaniste garde toujours son inconscient), alors il faut s’attendre au pire. 


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 28 mars 2020 15:42

    C’est la première fois dans l’histoire du monde qu’on arrive à nous faire croire qu’un papa 1 et un papa 2 existent. Comme si l’on nous disait qu’il y a du blanc 1 et du blanc 2. Etre papa c’est être le contraire d’une maman. Comme le blanc du noir. De la psychose pure on est passé à la psychose augmentée. Il est maintenant question de nettoyer tous les lieux publics de Belgique. Pourquoi ne pas la passer au karcher ???


    • Vivre est un village Vivre est un village 29 mars 2020 08:21

      @Mélusine ou la Robe de Saphir.
      Ce qui est clair, c’es qui’l faut éviter les lieux publics...après qu’il est été affirmé très fort que le virus ne se transmettait par voix aérienne, finalement penser que le virus « voyage » sur les particules fines de pollution est nié avec moins de force...dans otus les cas ne pas oublier d’être très prudent...


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 28 mars 2020 16:22

    La féodalité a succédé au siècle de Périclès. Ce qui prouve bien qu’il n’y a pas de progrès, mais des cycles sombres et d’autres lumineux. Avec le confinement, on aura compris à quel stade nous nous trouvons ;


  • Francis, agnotologue JL 28 mars 2020 17:27

    ’’Apprend on réellement de nos erreurs ? En fait, le peut-on seulement ?’’

     

    Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au delà.


  • Le421... Refuznik !! Le421 28 mars 2020 18:08

    Je ne vais pas me lancer dans les grandes théories...

    Quand les « gauchistes à la con », irresponsables et dépensiers, gueulent contre la destruction des services publics, face à des (ir) responsables qui prétendent « gérer en bon père de famille » (les portefeuilles d’actions !!) le pays, il faudrait peut-être se dire que ce n’est pas parce qu’on est de gauche qu’on est forcément cinglé.

    Et malheureusement, la crise passée, ça repartira de plus belle !!

    Sauf si on mets réellement un grand coup de pied dans cette fourmilière assoiffée de pognon...


  • Pierre Régnier Pierre Régnier 29 mars 2020 09:25

    @ l’auteur

    Ce serait bien, Julien, que, dans votre prochaine chronique, vous ne vous limitiez pas à développer l’opposition entre la conception scientiste, tellement à la mode, d’une nouvelle forme d’intelligence augmentée et la conception de Dieu loin au-dessus des valeurs humaines, conception elle aussi remise à la mode par de nombreux croyants, notamment par un bon nombre de ceux qui se disent chrétiens.


  • Julien Hi Energy Julien Hi Energy 29 mars 2020 09:51

    @ Pierre

    Merci pour votre commentaire mais je ne suis pas sur de bien le comprendre. 
    Ce que vous appelez « scientiste » fait référence à la vision matérialiste des choses, c’est bien ça ?
    En ce qui concerne cette nouvelle forme hypothétique d’intelligence augmentée, elle ne s’oppose pas, à mon sens, à la conception d’un Dieu transcendant « en dedans et en dehors » de toute chose que justement je ne place pas aux dessus des valeurs humaines.
    C’est plutôt la question de la finalité que je pose. A savoir, est-ce que le progrès technologique, à travers des projets comme le transhumanisme, n’est pas la suite logique du dessein évolutif de cette intelligence transcendante que certains appellent Dieu ?

    En tout cas, je suis d’accord avec vous, la conception archétypale d’un Dieu dogmatique est de plus en plus remise en cause par les chrétiens ou ceux qui se disent chrétiens.
     


    • Pierre Régnier Pierre Régnier 29 mars 2020 10:28

      @Julien Hi Energy

      Bonjour Henri

      Selon moi, la croyance actuellement grandissante dans un progrès technique (pas technologique) aboutissant à une « intelligence artificielle » supérieure à l’intelligence naturelle est une folie.

      C’est parce que l’intelligence naturelle est écartée, par les individus occupant les pouvoirs (politiques et médiatiques), au profit de la recherche égoïste d’une meilleure exploitation des individus sans pouvoirs équivalents, que l’humanité est conduite dans cette impasse, laquelle a déjà fait et continuera de faire des guerres épouvantables au lieu de l’Égalité et la Solidarité. 

      La notion de Dieu est restée chez moi la même que celle qui alimentait mon militantisme quand j’étais, il y a 65 ans, militant à la JOC (Jeunesse Ouvrière Chrétienne) : « Dieu » n’est utile que s’il nous aide à servir les valeurs humaines républicaines, Liberté, Égalité, Solidarité. On en est très loin dans les croyances de l’Église actuelle.

      Continuez votre recherche, elle me paraît saine et utile.


  • Julien Hi Energy Julien Hi Energy 29 mars 2020 11:36

    @ Pierre

    Je partage votre point de vue en grande partie.
    Je décris dans mon article une hypothèse : Imaginons que la complexification de la matière aboutissant par exemple à une intelligence artificielle « forte » fasse parti d’un plan divin (même si je n’aime pas cette expression). Que peut-on dire de l’âme (si tant est qu’elle existe) ?
    Je réfléchis actuellement à cette question et comme je l’indique, ce sera le sujet de mon prochain article.

    Par contre, vous semblez me rejoindre sur la question des guerres, vous dites : « ...l’humanité est conduite dans cette impasse, laquelle a déjà fait et continuera de faire des guerres épouvantables au lieu de l’Égalité et la Solidarité. »

    Qu’est-ce qui vous incite à penser que cet état de fait est immuable ?


    • Pierre Régnier Pierre Régnier 29 mars 2020 16:16

      @Julien Hi Energy

      Je ne crois pas immuable le refus d’avancer réellement des individus les plus responsables du fonctionnement de l’humanité. Mais je suis bien obligé de constater leur entêtement à ne pas affronter l’une des principales causes de ses malheurs : la composante criminogène des théologies. Ceux que je qualifie d’athées obscurantistes prétendent le faire en s’efforçant de détruire le tout des religions, y compris la composante pacifiante, bien réelle elle aussi, de leurs théologies. C’est que, pour eux, un questionnement sur l’âme, par exemple, est superflu et stupide.

      Il y a bien longtemps déjà, j’ai rapporté sur un site québécois, puis 12 ans plus tard sur Agoravox, un exemple flagrant de l’entêtement constaté ci-dessus. Titre de l’article : La Décennie « AU PROFIT DES ENFANTS DU MONDE » va finir en catastrophe. C’est ici : https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/la-decennie-au-profit-des-enfants-216889

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