jeudi 26 août 2021 - par Jean Dugenêt

Chronologie des évènements qui ont précédé l’invasion américaine en Afghanistan

Les évènements en Afghanistan soulèvent de nombreuses polémiques sur les périodes qui ont précédé l'invasion américaine. Elles portent notamment sur les causes de l'invasion par les armées de l'Union Soviétique en décembre 1979 et sur les relations entre les dirigeants américains et les talibans (Ben Laden). Il nous paraît nécessaire pour poursuivre ces discussions de rappeler les faits. Nous proposons donc une chronologie que nous avons réalisée essentiellement à partir de la Wikipédia et d'un article du Monde Diplomatique intitulé : "L’histoire secrète des négociations entre Washington et les talibans".

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15 mai 1943 : Dissolution de la troisième internationale. Staline garde ainsi la mainmise sur tous les partis de cette internationale sans avoir à en assumer l'ancienne politique révolutionnaire. Ces partis s'engagent vers la constitution de Fronts Nationaux qui sont des alliances nationales pour maintenir le capitalisme (Un capitalisme plus démocratique, libéral...) Il n'est donc plus nécessaire d'une internationale puisqu'il s'agit d'une addition de politiques nationales distinctes.

1er janvier 1965 : Création du PDPA (Le Parti Démocratique Populaire d'Afghanistan). C'est d'emblée un parti stalinien qui sera placé sous la tutelle des gouvernements de Russie au même titre que le PCF (Parti communiste Français) ou le PCI (Parti Communiste Italien). Il sera rapidement constitué de deux factions rivales : la faction Parcham (le drapeau) et la faction Khalq (le peuple).

9 septembre 1964 : Une "Loya Jirga" (grande assemblée) réunie à Kaboul adopte une constitution inspirée de notre constitution (Vème république) mettant fin ainsi à la monarchie constitutionnelle de 1931. C'est le début de la "période constitutionnelle" engagée par le dernier roi d'Afghanistan : Mohammad Zaher Shah. Celui-ci est au pouvoir depuis 1933.

17 juillet 1973  : Profitant d'un voyage du roi en Europe, le prince Mohammad Daoud Khan, cousin du roi, met un frein brutal à la liberté politique de la "période constitutionnelle" par un coup d'état. Babrak Karmal qui a la confiance des dirigeants de l'URSS devient son bras droit.

24 août 1973  : Le roi, Mohammad Zaher Shah, abdique pour éviter le bain de sang et Daoud proclame la république.

1977 : Gulbuddin Hekmatyar fonde le HIG (parti Hezb-e-Islami Gulbuddin) considéré comme un parti terroriste.

17 avril 1978 : Assassinat de Mir Akbar Khyber par une ou plusieurs personnes non-identifiées. C'était un des chefs de la faction Parcham du PDPA. Quatre hypothèses sont avancées pour désigner les commanditaires : le gouvernement de l'Afghanistan lui-même ; le HIG (Hezbi Islami) de Gulbuddin Hekmatyar ; l'Union Soviétique (Babrak Karmal) ; Hafizullah Amin, un chef de la fraction rivale du PDPA (khalq).

19 avril 1978 : Le PDPA organise une manifestation de protestation contre l'assassinat de Mir Akbar Khyber. Celle-ci rassemble près de quinze mille personnes et se termine par une rafle policière de nombreux militants du parti, dont Nour Mohammad Taraki, Babrak Karmal et Hafizullah Amin (Ils seront tous le trois à la tête du pays de 1979 à 1986). Toutefois, un certain nombre d'officiers de l'aile militaire du PDPA ont réussi à rester en liberté et, dans la crainte d'une purge sanglante ordonnée par Daoud, décident d'attaquer.

27 avril 1978 : Le PDPA, dirigé par Nour Mohammad Taraki, Babrak Karmal et Hafizullah Amin, aidé par de nombreux soldats mutins de l'ANA (Armée Nationale Afghane), renverse le régime républicain de Daoud Khan en prenant d'assaut le palais présidentiel de Kaboul. Abdul Qadir Dagarwal est Président du Conseil révolutionnaire des forces armées par intérim du 27 au 30 avril 1978.

28 avril 1978 : Dans la matinée Daoud Khan et sa famille sont sommairement exécutés par les partisans "staliniens" (communistes). Le PDPA prend le pouvoir avec l'aide de l'Armée nationale afghane. C'est la Révolution de Saur. Le PDPA proclame la République démocratique d'Afghanistan qui durera jusqu'en 1992 quand les moudjahidines renverseront le gouvernement. Hafizullah Amin est président et Babrak Karmal devient vice-président du Conseil de la Révolution et du Conseil des ministres. C'est donc un parti stalinien (certains disent "parti communiste") qui se retrouve au pouvoir alors que les dirigeants de l'URSS sont fermement opposés à toute prise du pouvoir par les partis qui sont sous sa tutelle. Ils étaient même contre l'élection de Mitterrand en France. Pour eux la situation n'est jamais mûre... Selon eux, l’Afghanistan est encore trop féodal pour un passage au socialisme et le PDPA trop minoritaire pour constituer un gouvernement stable.

1er mai 1978 : Nour Mohammad Taraki devient président, Premier ministre et Secrétaire général du PDPA.

16 janvier 1979 : Chez les voisins un évènement secoue la région et le monde entier. Le chah d'Iran est renversé par la révolution iranienne. Il est remplacé par un conseil royal. Il est contraint à l'exil. Il meurt l'année suivante (27 juillet 1980).

11 février 1979 : L'Ayatollah Khomeini arrive au pouvoir et Mehdi Bazargan est son Premier ministre. Cette date marque alors la fin de l'Empire d'Iran, et la chute du dernier gouvernement du chah d'Iran. Le premier ministre Shapour Bakhtiar est contraint à la fuite. Au même moment, les forces révolutionnaires s'emparent des télévisions et des radios. 

14 septembre 1979 : Retour en Afghanistan : Hafizullah Amin, n°2 du gouvernement afghan, prend le pouvoir en faisant assassiner le président Taraki. Le président et son gouvernement étaient alors impopulaires auprès de la population majoritairement rurale. La faction la plus radicale du PDPA, le "Khalq" s'efface ainsi du pouvoir. Babrak Karmal entre en conflit avec le président Hafizullah Amin qu'il juge trop extrémiste. Il est écarté et nommé ambassadeur à Prague. Rappelé à Kaboul, il juge prudent de rester en URSS.

27 septembre 1979  : Hafizullah Amin meurt assassiné à Kaboul par des agents du KGB, lors de l’opération Chtorm-333. Il a été tué par le commando Zenit, dépendant du PGU, la principale direction du KGB, qui craignait qu'il ne change de camp et devienne pro-américain. Des "Spetnaz" ont débarqué de deux Antonov à l'aéroport international de Kaboul revêtus d'uniformes afghans et, guidés par les agents du KGB, ont « nettoyé » le palais présidentiel et assassiné le président. Une douzaine de Soviétiques y perdirent la vie, dont le colonel Grigori Boïarinov, responsable de l'opération, tué par un tir ami car confondu avec un garde afghan.

Décembre 1979 : Le KGB et les dirigeants de l'Union Soviétique ne sont pas satisfaits de la tournure des évènements depuis la prise du pouvoir par le PDPA. Ils craignent une déstabilisation de la région. Ils décident donc d'envahir l’Afghanistan. Babrak Karmal devient secrétaire général du comité central du Parti démocratique populaire d'Afghanistan, président du Conseil révolutionnaire et président du Conseil des ministres de la république démocratique d'Afghanistan.

1986  : Le conflit avec les moudjahidines s'envenime. L'URSS, reprochant la situation à Karmal, le retire du pouvoir en 1986 et l'accueille en Union soviétique. Il est remplacé par Mohammad Chamkani à la tête du gouvernement. Mohammad Najibullah, jusque-là chef des services secrets, remplace Karmal à la tête du Parti démocratique populaire d'Afghanistan et devient d'emblée l'homme fort du régime.

1986 : Les USA apportent une aide militaire aux moudjahidines notamment en livrant des missiles Stinger.

1987  : Mohammad Najibullah, devient officiellement chef de l'Etat.

Mai 1988  : Les Soviétiques, enlisés dans un combat sans issue qui les discrédite, commence leur sortie.

15 février 1989 : Le dernier contingent de troupes soviétiques quitte l'Afghanistan.

9 novembre 1989 : Chute du mur de Berlin.

Juin 1990 : La société Chevron s’implante au Kazakhstan, alors encore soviétique. Les "majors" recrutent toutes sortes de consultants, parmi lesquels Richard Cheney, l’ancien secrétaire à la défense de M. George Bush senior, futur vice-président de M. Bush junior et, le plus actif sans doute. Ils recrutent aussi Zbigniew Brzezinski, ex-conseiller à la sécurité nationale du président James Carter et consultant chez Amoco, qui sera longtemps le mentor de Madeleine Albright, la secrétaire d’Etat nommée par le président William Clinton en 1997.

1992 : Renversement du gouvernement de Mohammad Najibullah qui se réfugie dans les bâtiments de l'ONU à Kaboul. Ainsi tombe le régime du PDPA qui s'est maintenu en place après le départ de l'armée russe. Après l'éclatement de l'URSS, le gouvernement russe de Boris Eltsine coupe le financement des Afghans. Le régime du PDPA finit alors par tombé. La guerre civile commence. Abdul Rahim Hatef est président par intérim jusqu'au 28 avril 1992.

28 avril 1992 : L’Afghanistan devient officiellement une République islamique. 

28 juin 1992  : L’islamiste modéré Burhanuddin Rabbani (fondateur en 1962 du premier parti islamiste d’Afghanistan, le Jamiat-e-Islami) est désigné chef du gouvernement. 

1993 : Washington décide de mettre sur pied et de financer, avec le concours de l'Arabie Saoudite et du Pakistan, un mouvement dénommé les talibans pour éradiquer les mouvements islamistes présents en Afghanistan. Ils veulent que les talibans instaurent un régime politique rigoriste et stable, à l'image de celui de l'Arabie Saoudite. Cela leur permettrait de réaliser des projets d'oléoducs et de gazoducs.

Janvier 1994 : L’ONU, qui a nommé M. Mahmoud Mestiri envoyé spécial pour l’Afghanistan, se fixe trois objectifs : exister sur place ; convaincre les pays qui œuvrent en sous-main de cesser leurs ingérences ; obtenir la libération de l’ancien président Mohammad (Mohamed) Najibullah, toujours réfugié dans un bâtiment des Nations unies.

Janvier 1995 : En janvier 1995, alors que la guerre civile fait rage, les premiers combattants talibans apparaissent, « inventés » de toutes pièces par l’ISI pakistanais et assurément financés par la CIA et l’Arabie saoudite.

Le 16 mars 1995 : M. Saparmourad Niazov, président du Turkménistan, et Mme Benazir Bhutto, premier ministre du Pakistan, donne leur accord pour la construction d'un gazoduc qui devra traverser l’Afghanistan, via le Turkménistan et le Pakistan. « La seule route possible », a affirmé, devant une commission de la Chambre des représentants américains, M. John J. Maresca, vice-président international d’Unocal, la douzième compagnie américaine, en concurrence avec la société argentine Bridas.

Septembre 1995 : Les talibans s'emparent de la province de Herat, frontalière de l'Iran.

Le 21 octobre 1995  : Le président turkmène signe un accord avec Unocal associée avec la saoudienne Delta Oil, pour construire le gazoduc afghan qui devient désormais une question centrale. Il faut pour cela assurer la stabilité en Afghanistan.

Le 26 septembre 1996  : Les talibans prennent Kaboul, pénètrent dans les bâtiments de l'ONU et exécutent Mohammad Najibullah qui s'y était réfugié pendant quatre ans. Ils prennent alors le pouvoir en renversant le régime du président Burhanuddin Rabbani, l'un des pères fondateurs des moudjahidines afghans qui ont résisté à l'occupation soviétique. La culture du pavot leur permet de se passer de la tutelle américaine. Le soutien d’Unocal aux talibans n’est guère dissimulé par le vice-président de la firme, M. Chris Taggart, qui a qualifié leur avance de « développement positif ». Affirmant que la prise de pouvoir par les talibans est « susceptible de favoriser le projet » de gazoduc.

1996 : Sous couvert de préparation à des interventions « humanitaires », les Etats-Unis signent les accords "Central Asia Batallion (Centrasbat)", avec l’Ouzbékistan, puis le Kazakhstan et le Kirghizstan. Ces trois pays ont organisé, en 1997 et 1998, des exercices militaires conjoints, et des soldats, notamment ouzbeks, sont allés s’entraîner dans le centre de formation des forces spéciales américaines, à Fort Bragg.

1997 : Une instance nommée Groupe 6 + 2 réunit les six pays voisins de l’Afghanistan (Iran, Pakistan, Chine, Ouzbékistan, Tadjikistan, Turkménistan), ainsi que la Russie et les Etats-unis sous la supervision de l’ONU pour mener des négociations.

21 juillet 1997 : Strobe Talbott, sous-secrétaire d’Etat, avertit : « La région pourrait devenir une pépinière de terroristes, un berceau de l’extrémisme politique et religieux, et le théâtre d’une véritable guerre ». En effet, la situation politique et militaire ne s’améliore pas.

Novembre 1997 : Unocal invite une délégation de talibans aux Etats-Unis.

Décembre 1997 : Unocal ouvre un centre de formation à l’université d’Omaha (Nebraska) pour faire connaître à 137 Afghans les techniques de construction des oléoducs.

1998 : Inquiets des développements de la coopération militaire entre les USA et les trois pays signataires des accords "Central Asia Batallion", les Russes y envoient des observateurs.

22 février 1998 : Oussama Ben Laden, arrivé du Soudan à la recherche d’un refuge en Afghanistan, lance le Front international islamique, avec le soutien des talibans. Il émet une fatwa qui autorise des attentats contre les intérêts et les ressortissants américains. Les talibans contrôlent alors près de 90% de l'Afghanistan.

16 avril 1998 : Lors d’une visite à Kaboul, William Richardson, représentant américain auprès des Nations unies, évoque le cas Ben Laden avec les talibans. Selon M. Tom Simons, ambassadeur au Pakistan, les talibans lui affirment : « Ben Laden n’a pas l’autorité religieuse pour lancer une fatwa et donc ça ne devrait pas être un problème pour vous. »

Juillet 1998  : Lakhdar Brahimi, diplomate algérien, devient l'envoyé spécial de l'ONU pour superviser le Groupe 6 + 2. (Iran, Pakistan, Chine, Ouzbékistan, Tadjikistan, Turkménistan + Russie et Etats-Unis). Après l’échec, tant sur le plan militaire que politique, des missions précédentes, l’organisation internationale est redevenue un acteur fondamental dans la région.

8 août 1998 : Des engins explosifs détruisent les ambassades américaines de Dar-es-Salaam et Nairobi, faisant 224 morts, dont 12 Américains. Les Etats-Unis ripostent en envoyant 70 missiles de croisière sur l’Afghanistan et, marginalement, le Soudan. Ben Laden, le chef d’Al-Qaida devient alors leur ennemi public numéro un. Curieusement, ils vont tout de même attendre plus de six mois pour lancer un mandat d’arrêt international contre lui. Ils espèrent négocier avec les talibans une expulsion de Ben Laden sous d’autres cieux ce qui leur éviterait d'avoir à le capturer. Suite à cet attentat, Unocal renonce publiquement au projet de gazoduc afghan.

12 mars 1999  : Après l’Iran, les Etats-Unis se rapprochent de la Russie sur la question afghane. Karl Inderfurth, sous-secrétaire d’Etat pour l’Asie, se rend à Moscou. A l’évidence, Russes et Américains ont des positions fort peu éloignées, y compris quant au rôle qu’ils attribuent à Téhéran : « L’Iran est un voisin (de l’Afghanistan) et peut aider à mener ce conflit à sa fin. Nous pouvons voir l’Iran jouer un rôle positif et le Groupe 6 + 2 fournir une structure. » Karl Inderfurth ajoute : « Ironie du sort, l’Afghanistan est une partie du monde où Russes et Américains peuvent travailler ensemble afin de trouver une solution » aux combats. Les Russes participent d'ailleurs plus activement qu'il n'y parait au combat en soutenant ouvertement l’Alliance du Nord (Massoud) !

19 juillet 1999 : L'ouverture d'une réunion plénière du Groupe 6 + 2 à Tachkent (Ouzbékistan), marque le début d'un nouveau jeu diplomatique autour de l’Afghanistan. Pour la première fois, des représentants talibans et des membres de l’Alliance du Nord se retrouvent à la même table. Contrôlant 90 % du territoire afghan, les talibans dénient toute représentativité à l'Alliance du Nord. La réunion échoue, mais, désormais, une grande partie des initiatives diplomatiques passeront par le biais du Groupe 6 + 2.

15 septembre 1999  : le Conseil de sécurité des Nations unies avait voté une résolution exigeant des talibans l’extradition de Ben Laden ainsi que des sanctions limitées.

18 janvier 2000 : Francesc Vendrell, diplomate espagnol, remplace Brahimi comme envoyé spécial des Nations Unies au groupe 6+2. Ce dernier, lassé de ne rien voir venir, a démissionné. 

20 janvier 2000 : Inderfurth se rend à Islamabad afin de rencontrer le général Pervez Moucharraf (nouveau maître du Pakistan). Il s’entretient également avec deux dignitaires talibans et leur adresse toujours la même demande : « Donnez-nous Ben Laden ». A la clé de cette demande : une régularisation des rapports entre Kaboul et la communauté internationale. Bien que Washington prétende publiquement le contraire, les talibans, dénoncés dans le monde entier pour leur politique envers les femmes, leur attitude à l’égard des droits humains et leur protection continue de M. Ben Laden, restent encore des interlocuteurs pour les Etats-Unis.

27 septembre 2000 : Abdur Rahmin Zahid, adjoint du ministre taliban des affaires étrangères, donne une conférence à Washington dans les locaux du Middle East Institute. Il y réclame, une fois de plus, la reconnaissance politique de son régime et laisse entendre que le cas Ben Laden pourrait alors être réglé.

30 septembre 2000 : Chypre accueille une nouvelle négociation à l'initiative des iraniens. On y note la présence des partisans de l’ancien « boucher de Kaboul », l’extrémiste islamiste Gulbuddin Hekmatyar, autrefois soutenu par les Américains et les Saoudiens contre les Soviétiques, et désormais réfugié en Iran. L’Alliance du Nord y noue notamment des contacts avec les délégués de Rome, qui avancent sous la bannière de l’ex-roi Zaher Chah (roi de 1933 à 1973). Cette initiative pour une négociation sera dénommée « le processus de Chypre. »

Octobre 2000 : Attentat contre le navire de guerre américain USS-Cole, à Aden (Yémen).

3 novembre 2000 : Francesc Vendrell annonce publiquement que les deux factions, les talibans et l’Alliance du Nord, ont étudié ensemble un projet de paix sous l’égide du Groupe 6 + 2.

Novembre 2000 et mars 2001 : A Berlin se déroulent les deux premières réunions d'un sous-groupe émanant du Groupe 6 + 2. Ce sous-groupe « de niveau 2 » a été créé discrètement. Il est supposé plus efficace, constitué de diplomates ou de spécialistes ayant été en poste le plus récemment possible dans la région. Ce sous-groupe est dirigé en sous-main par les chancelleries respectives des délégués. Aux réunions, qui se tiennent à Berlin, ne participent que les Etats-Unis, la Russie, l’Iran et le Pakistan. Parmi les délégués, on trouve : Robert Oackley, ancien ambassadeur américain et lobbyiste d’Unocal ; Naiz Naik, ex-ministre des affaires étrangères du Pakistan ; Tom Simons, ancien ambassadeur américain et dernier négociateur officiel avec les talibans ; Nikolaï Kozyrev, ex-envoyé spécial russe en Afghanistan ; Saeed Rajai Khorassani qui fut représentant iranien à l’ONU. Ces deux premières réunions préparent une négociation directe entre talibans et Alliance du Nord. Les participants discutent d’un engagement politique visant à permettre aux talibans de sortir de l’impasse. M. Naik indique : « En parlant d’engagement, nous voulions répondre à ce qu’ils pourraient nous dire à propos de leur comportement, du fond de leur pensée au plan international, d’un gouvernement élargi, des droits de la personne, etc. Puis nous devions discuter avec eux et essayer de leur dire que, au cas où ils feraient ces choses, peu à peu, ils pourraient recevoir le « jackpot », c’est-à-dire quelque chose en retour de la part de la communauté internationale. »

12 février 2001 : L’ambassadeur américain auprès des Nations unies assure que, à la demande de M. Francesc Vendrell, les Etats-Unis essaieront de développer un dialogue « continu » sur des bases « humanitaires » avec les talibans. Les Américains sont à ce point convaincus de l’avenir des négociations que le département d’Etat bloque l’enquête du Federal Bureau of Investigation (FBI) sur d’éventuelles implications de Ben Laden (et de ses complices talibans) dans l’attentat contre le navire de guerre américain USS-Cole, à Aden (Yémen).

11 mars 2001 : Les talibans font exploser les deux bouddhas géants de l'ancien site bouddhique de Bâmiyân, datant du IIIe siècle de notre ère, situé dans une vallée reculée du nord-ouest du pays, au pied des montagnes de l'Hindou Kouch.

6 avril 2001 : Première réunion commune entre le « processus de Rome », favorable à une « Loya Jirgah » (Grande Assemblée) sous les auspices de l’ancien roi, et le « processus de Chypre », dirigé par les Iraniens. Bien qu’en désaccord avec les pro-Iraniens les autres factions conviennent de se rencontrer à nouveau. Elles ne cesseront plus de discuter.

Avril 2001 : Le commandant Massoud lance des appels à Paris, à Strasbourg et à Bruxelles. Ce sont des cris d’alarme ultimes lancés à la communauté internationale en vue de sauver non seulement son pays, mais aussi le reste du monde du danger terroriste.

Début juillet 2001 : Une discrète réunion des 21 pays « ayant une influence en Afghanistan » se tient à Weston Park, près de Londres. La solution de compromis autour de l’ex-roi Zaher Chah a été approuvée, notamment par les représentants de l’Alliance du Nord. Selon M. Naiz Naik, « nous devions dire aux talibans que, au cas où ils ne voudraient pas coopérer, alors nous aurions l’option du roi Zaher Chah ». Ce dernier devient désormais, pour toute la diplomatie mondiale, une option de remplacement. Les 21 pays étaient : L’Allemagne, l’Arabie saoudite, la Chine, l’Egypte, les Etats-Unis, la Russie, la France, l’Inde, l’Italie, le Japon, le Kazakhstan, le Kirghizistan, l’Ouzbékistan, le Pakistan, les Pays-Bas, l’Iran, la Grande-Bretagne, la Suède, le Tadjikistan, le Turkménistan et la Turquie

Du 17 au 21 juillet 2001 : La troisième réunion du sous-groupe émanant du groupe 6 +2, se tient une nouvelle fois à Berlin, en présence du Mollah Mutawakil, ministre des Affaires étrangères, représentant les talibans et Abdullah Abdullah, ministre des affaires étrangères, représentant de l’Alliance du Nord. Les négociations échouent. Les talibans refusent en effet la présence de M. Vendrell : il représente les Nations unies, responsables des sanctions internationales dont ils font l’objet. D’autre part, on veut les obliger à discuter avec des interlocuteurs qu’ils récusent. Selon M. Naik, c’est alors que M. Tom Simons évoque une « option militaire ouverte » contre l’Afghanistan à partir de l’Ouzbékistan et du Tadjikistan. Les lieux apparaissent plausibles puisqu’on sait ces pays liés par des accords de coopération militaire aux Etats-Unis. Mais, sur le fond, y a-t-il eu une menace aussi précise ?

29 juillet 2001 : Mme Rocca discute sans succès avec l’ambassadeur taliban au Pakistan. Les négociations sont définitivement interrompue. L'action militaire des USA semble imminente. Le FBI se met à rechercher activement des preuves contre M. Ben Laden.

9 septembre 2001 : Le commandant Massoud qui dirigeait l'Alliance du Nord est assassiné.

11 septembre 2001 : Attentats aux USA (Twin towers)

A partir du 12 septembre 2001 : Une série d’actions couvertes par les Nations Unies sont menées dans le domaine de la lutte contre le terrorisme et pour instaurer la paix et la sécurité en Afghanistan. Le lendemain, le Conseil de sécurité ouvre la voie d’une solution politique inter-Afghans dans le cadre d’une conférence sous l’égide de l’ONU en présence de Lakhdar Brahimi qui a été désigné représentant spécial du Secrétaire général de l'ONU pour l'Afghanistan et l'Irak.

14 septembre 2001 : Unocal annonce dans un communiqué que son projet de gazoduc restera gelé et qu’elle refuse de négocier avec les talibans, anticipant ainsi une chute du régime de Kaboul et un changement politique

7 octobre 2001 : Les Etats-Unis entament leurs bombardements, les Tadjiks et les Ouzbeks « acceptent » de fournir des facilités militaires aux forces armées américaines. La Russie, promet "spontanément" toute l’aide nécessaire aux Etats-Unis pour lutter contre le terrorisme. Les factions anti-talibans finissent par se mettre d’accord. L'armée américaine envahit l'Afghanistan et met ainsi fin au régime des talibans.

8 octobre 2001 : Les Américains commencent leurs bombardements sur l’Afghanistan.

13 novembre 2001 : Les forces du "gouvernement légal" afghan entrent à Kaboul. 

14 novembre 2001 : Le Conseil de sécurité ouvre la voie d’une solution politique inter-Afghans dans le cadre d’une conférence sous l’égide de l’ONU, en présence du nouveau représentant spécial du Secrétaire général : L. Brahimi.

27 novembre 2001 : Spencer Abraham, secrétaire américain à l’énergie, et une équipe du département à l’énergie se sont rendus à Novossibirsk, en Russie, pour faciliter l’achèvement et l’ouverture de l’oléoduc du Caspian Pipeline Consortium (CPC). Une liaison coûtant 2,5 milliards de dollars pour le compte de huit compagnies, parmi lesquelles Chevron, Texaco et ExxonMobil.

27 novembre 2001 : Hamid Karzai, devient le nouveau chef du gouvernement intérimaire afghan issu des réunions de Bonn. On apprend à cette occasion que, lors des négociations sur le gazoduc afghan, il avait été consultant pour le compte d’Unocal. Monsieur Brzezinski, consultant chez Amoco, est satisfait.

6 décembre 2001 : le Conseil de Sécurité entérine l’accord de Bonn signé la veille.

20 décembre 2001 : Le Conseil de Sécurité approuve la mise en place de l’Isaf (Force d’assistance à la sécurité en Afghanistan)

28 mars 2002 : Le Conseil de Sécurité adopte la résolution portant création de la Manua (Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan).

20 mars 2003  : L'armée américaine envahit l'Irak.

 



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