lundi 18 février 2019 - par PASCALE LARENAUDIE

Citoyenne en colère

En colère déjà, quand je me suis trouvée à la fois sidérée, indignée et atterrée[1] devant le mépris affiché outrageusement et l’arrogance pédante de nos gouvernants. Une colère aux multiples couleurs face à un monde en déliquescence.

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Une colère qu’exprime aujourd’hui en partie le mouvement des gilets jaunes. Depuis de nombreuses années, au travers d’un engagement associatif au plus proche des difficultés de la vie, politique plus récemment, les inégalités, la précarité, les conflits de tous ordres qui habitent notre planète font partie de mon quotidien. Une préoccupation permanente. Une seconde peau dont je voudrais me défaire, que je n’aurais pas voulu léguer à mes enfants et à fortiori à mes petits-enfants, femmes et hommes de demain.

Quelle image de la société leur donnons nous aujourd’hui. Une perpétuelle violence exponentielle, conjuguée à l’envie des despotes qui se succèdent à la gouvernance, sociale, environnementale, planétaire. Une violence entretenue par un état devenu autoritaire et répressif appuyé par son organe de communication, télé, radio, presse écrite, avec à la manœuvre quelques-unes des plus grosses fortunes de France. Ces médias qui servent la soupe capitaliste à grandes louches tous les jours à heure de grande écoute.

La rue était encore jusqu’à il y a peu un espace de liberté où les revendications sociales pouvaient s’exprimer. Les choses ont changé. La politique sécuritaire, appliquée depuis quelques années, légitime les forces de l’ordre dans des pratiques de plus en plus abusives, hors la loi, qui blessent physiquement des femmes et des hommes qui luttent pour vivre dignement, qui ne veulent plus être « les pauvres » et qui pourtant voient leur rang gonfler mois après mois, année après année.

Cette violence d’État est inacceptable et illégitime. 178 blessés recensés parmi plus de 2000 dont : 4 mains arrachées, 15 blessés par des éclats de grenades GLI-F4, 122 blessés à la tête par des tirs de LBD40 dont 18 éborgnés (source : lemurjaune.fr – janvier 2019) sans oublier les Gilets Jaunes qui ont perdu la vie, renversés par des automobilistes à proximité des ronds-points ou barrages.

La matraque fait fi du retraité, de l’étudiant, de l’homme, de la femme. Les gaz lacrymogènes et les flashball asphyxient et réduisent en miettes les revendications qui demandent une juste et équitable répartition des droits d’accès à la santé (NON aux conditions de travail catastrophique), à l’éducation (NON aux réductions des effectifs), au logement (DAL pour tous et respect de la trêve hivernale), aux transports (Gratuité), à l’emploi (NON aux emplois précaires), au pouvoir d’achat (Vivre dignement).

Ce système capitaliste qui nuit aujourd’hui au plus grand nombre a érigé un mur. Il est dit qu’en 2018, les milliardaires français sont ceux qui se sont enrichis le plus vite au monde. A qui profite le crime ?

Le peuple, citoyennes et citoyens, s’est trouvé enfermé dans le labyrinthe capitaliste dont la complexité ne semblait pas permettre d’issue, les dédales s’enchainant à l’infini. Un système libéral, pervers qui mondialement anéantit et asservit femmes et hommes. Il y a enfermé le peuple dans l’espoir qu’il ne pourrait plus en sortir. Avec la volonté et la certitude aussi que soumis et anéanti il ne réagirait plus, vidé, acculé, corvéable à merci.

Mais « L’heure de nous-mêmes a sonné » extrait d’une citation d’Aimé Césaire.

Le mouvement des gilets jaunes a débuté à l’automne dernier pour perdurer aujourd’hui encore. Connaitra-t-il un printemps victorieux ? Il faut l’espérer mais une nécessaire convergence des luttes doit intervenir. Les revendications sociales, salariales, environnementales ne datent pas d’hier[1]. A à la fois particulières et communes, elles se rejoignent sur bien des points, et somme toute les plus importants.

Ne laissons pas le système capitaliste en place devenir notre fossoyeur.

Les femmes ont bien compris l’importance et l’enjeu de la lutte qui vient de s’engager. Précaires parmi les précaires, elles relèvent le défi. Pacifiquement elles manifestent en nombre. Elles représentent, en majorité, les secteurs de l’éducation, des soins, du travail social etc. souvent mal payées, peu considérées. Elles savent, unies, crier les mots justes, leur quotidien, leur désarroi, leur courage. Force tranquille et déterminée, elles ne lâcheront rien. Comme en Tunisie, en Égypte, au Burkina Faso et dans bien d’autres endroits elles sont une pièce maitresse. Une main de fer dans un gant de velours. Aujourd’hui elles défilent main dans la main et opposeront certainement leur engagement et leur détermination face à cette nouvelle loi qui permet au préfet d’interdire de manifester tout citoyen sans avoir à apporter des preuves de dangerosité et sans intervention de la justice. Un nouveau droit qui disparait voté par une écrasante majorité de députés – 387 Pour 92 Contre.

La réaction doit être massive. NON aux atteintes aux libertés. NON à la disparition des droits fondamentaux. OUI à une société juste et égalitaire.

OSONS dire que nous ne sommes plus dupes.

 



5 réactions


  • pipiou 18 février 2019 18:34

    Y a plein de gens qui se prétendent en colère, c’est un bon alibi pour réclamer.

    Vous n’aimez pas les violences dans la rue ?

    Demandez au GJ de se calmer, de respecter leurs parcours de manifestation, de respecter les biens et les personnes.

    Vous aimez les femmes ?

    Demandez aux GJ d’avoir un minimum de respect pour des femmes comme Levavasseur. Demandez aux brutasses des GJ, qui sont quasi-exclusivement des hommes, de se calmer.

    Votre colère est mauvaise conseillère.


  • zygzornifle zygzornifle 19 février 2019 13:11

    Si on manifeste comme des Bisounours en jetant des fleurs aux CRS et en faisant des courbettes devant le gouvernement il dira et avec justesse que nous sommes des débiles profonds .....


  • jacques casamarta 19 février 2019 20:55

    Une seule solution en effet, la convergence des luttes face au capitalisme prédateur. Impossible en effet de renverser la table politique sans rassemblement. C’est une prise de conscience nécessaire et urgente dont nous avons besoin... Le code du travail, les cheminots, les hospitaliers,... malgré de larges et amples rassemblements, le pouvoir hier, comme celui d’aujourd’hui, Jouent le pourrissement dans la durée des conflits et autres actions revendicatives. Tout est bon pour casser le mouvement. Les syndicats doivent se rassembler, la gauche de transformation sociale doit se refonder dans une autocritique en profondeur. Oui la colère est nécessaire et pour reprendre les termes de l’auteure, “la réaction doit être massive” pour “avancer vers une société juste et égalitaire”. ‘Ne plus être dupes” en effet.


    • Gilles Mérivac Gilles Mérivac 20 février 2019 08:35

      @jacques casamarta
      Oui, oui, les syndicats, la gauche, les cheminots, bref tous ceux qui nous ont mené dans la situation de déclin où nous sommes.
      En fait, vous êtes pour que rien ne change.


  • Ruut Ruut 20 février 2019 13:23

    Vivement le retour de la Souveraineté, de la Liberté (Dans le respect des autres), de l’égalité (impôt unique sans passe droit ni exonération, aides communes indépendantes des salaires, justice identique pour tous, etc...) et de la Fraternité (cessons cette jalousie maladive qui nous désert un peut plus chaque jour et soyons bienveillants les uns envers les autres).

    Bisous a vous tous mes frères et sœurs Français(es) et francophones de par le monde (Car être Français c’est avant tout être Francophone, la langue forgeant l’Âme, l’esprit et le cœur).


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