Clara, le magazine du féminisme politiquement correct à la française
Dans le cadre de la semaine de la presse à l'école, un périodique s'est incrusté parmi d'autres dans les enceintes scolaires, au rayon sociétal. "Clara", revue bimensuelle, se veut féministe tendance branchée. Le bidule est imprimé rue d'Aligre, à Paris, à proximité du quartier du Marais, le bastion LGBT de Paname.
Militer pour le droit des femmes est très noble. S'insurger contre les violences faites aux femmes est même un devoir. Mais faire paraitre une revue, subventionnée avec des deniers publics, pour régler des comptes et énoncer des âneries, est une autre affaire. Subventionné, car la quatrième de couverture nous rappelle que le conseil général du Val de Marne est de la partie...
La une du dernier numéro annonce la couleur. Le 23 avril, tous ensemble contre le racisme (!), rien que cela. On aurait préféré un slogan plus citoyen, du style tous aux urnes, contre le grand capital et la mondialisation libérale, contre lesquels s'engagent nombre de nos jeunes concitoyens ailleurs en Europe (prenez Podemos en Espagne). Mais comme l'a si bien rappelé Jean-Claude Michéa, la gauche militante française a fait son deuil depuis longtemps des questions économiques, pour détourner l'attention vers le communautaire. Clara est une illustration de cette logique.
Car une lecture attentive du contenu du périodique nous fait bien comprendre que nos militantes de choc n'entendent pas changer le monde et terrasser le capitalisme, mais seulement revendiquer le droit d'être aussi bêtes que les mâles. Les hommes sont "orgueilleux", "lepénistes" (!), les femmes sont victimes de toutes les barbaries. Les hystériques femen sont, bien entendu, mises en avant. Carine Delahaie (p.12) nous rappelle que de nombreuses femmes sont mortes dans les camps de concentration nazis, sans préciser les raisons politiques (anti-fascisme, religion...) de ce génocide. Pour notre militante, elles sont mortes en tant que femmes, à la rigueur le massacre des mecs pouvait se comprendre, violence masculine oblige... Carine ne voit pas plus loin que sa "communauté" sexuelle. En plat de résistance, Gwendoline Coipeault nous propose dix pages consacrées à la "menace réac" en France.
Tout y passe. Manif pour tous, of course, car la brave et honnête femme au foyer est une abomination pour nos militantes parisiennes, Fillon et Marine Le Pen (la seule nana mise à l'index dans la revue), les catholiques ultras de Civitas (la religion, quelle horreur !) et l'affreux épouvantail de service Alain Soral, qualifié de macho nazillon.
En prime, la paisible Pologne a droit à deux pages pour rappeler que ce pays gouverné par un parti nationaliste est réac', gouverné par des "blancs, hétérosexuels et catholiques" (p.17), que Varsovie est une capitale de curetons et qu'il est difficile pour deux femmes inverties de s'afficher ensemble dans la rue (!). Pour avoir visité l'endroit en février dernier, je confirme que Varsovie est une ville propre et sûre, sans bandes de jeunes ni inciviltés, où les églises sont remplies de fidèles polis et bien élevés. En revanche je n'ai pas constaté d'agressivité à l'égard des femmes qui se baladaient ensemble dans le Centrum. On se balade avec plaisir dans le quartier de la gare centrale où les gens s'excusent quand ils frôlent un passant, et cèdent volontiers le passage. Rien à voir avec les gares parisiennes, où les attitudes, la délinquance et la sâleté semblent davantage convenir à Carine et à Gwendoline qu'une ville polonaise où la civilisation a encore force de droit.
Après un article inévitable sur la prostitution (à Cuba), place au cinéma avec un topo sur le navet subventionné par le CNC "Chez nous", axé sur la marinisation des classes populaires. Puis clap de fin avec, pour une touche d'humour, une note de lecture sur les aviatrices soviétiques de la deuxième guerre mondiale, dont la... "virilité" est mise à l'honneur !
Bref, du baragouin convenu, communautaire, sectaire voire discriminatoire à l'égard des hommes, perçus comme des ennemis dont il faut prendre les places. La religion, les principes, l'éducation et la lutte des classes (la vraie), la remise en cause du grand capital, nos militantes de choc s'en fichent. Seul compte leur épanouissement personnel au détriment des autres. Plus grave, elles engendrent l'extrêmisme par leur attitude et leur manque de culture, tout en siphonnant les deniers publics par les subventions qu'elles touchent.
Il y a trente ans, le regretté Cabu sortait Madame Beauf, caricature de la femme rurale de droite, égoiste et raciste. Clara nous présente aujourd'hui Mademoiselle Bof, caricature de la femme urbaine de gauche bobo égocentrique et sectaire, tout aussi antipathique que son alter ego droitiste. Mademoiselle Bof veut les mêmes droits que les mecs, sur les emplois les plus tranquilles et les mieux rémunérés. Avez-vous remarqué que nos féministes de choc ne réclament jamais l'égalité des sexes pour les emplois du BTP ? Combien de lectrices de Clara bossent sur un chantiers ? Ou avec un camion à poubelles ? Hypocrisie quand tu nous tiens...
Vivement l'été prochain que je retourne me ressourcer à Varsovie, ou mieux, à Cracovie avec sa superbe cathédrale et son magnifique château de Wavel. Libre à nos féministes de préférer la tuyauterie du centre Pompidou et la diversité culturelle de la Gare du Nord avec ses trafics et ses incivilités. A chacun ses repères. C'est aussi cela la démocratie, n'en déplaise aux sectes communautaires.
Ci-dessous : L'horreur sur pattes pour Clara et ses copines : le sulfureux Dark Soral, incarnation de la virilité, de l'intelligence critique et du refus du politiquement correct. Bref, un pur gaulois, le cauchemar de certains bobos...