mercredi 30 avril 2014 - par Pascal de Lima

Cloud Computing et nouvelle économie

Dans Capitalisme, socialisme et démocratie paru en 1942, Joseph Aloïs Schumpeter professait fort justement que « le capitalisme constitue, de par sa nature, un type ou une méthode de transformation économique, et non seulement il n’est jamais stationnaire, mais il ne pourrait le devenir ». Aujourd’hui nous vivons peut-être la révolution technologique la plus importante de toute l’Histoire de l’Humanité, à savoir, la révolution du numérique. Les hommes sont interconnectés, par-delà les continents, ils peuvent s’échanger leurs savoirs et leurs richesses, choses impensables encore au temps où Schumpeter nous ouvrait les yeux sur la prodigieuse course à l’innovation que nous menons collectivement. Qui sait ce que, demain, nous serons capable de faire grâce aux réseaux numériques. Face à ce bouleversement sans précédent des anciens paradigmes économiques, le théoricien du Progrès Technique, est devenu plus que jamais d’actualité, lui qui professait qu’« entreprendre consiste à changer un ordre existant ». En effet, si la croissance économique se nourrit d’abord d’innovations, elles-mêmes sont nées du génie humain stimulé par la croissance économique déjà existante. Dans cette grappe d’innovation engendrée par le numérique, le cloud computing nous permet de mesurer une part de l’extraordinaire champ des possibles ouverts par le numérique.

Ces progrès sont à ce point incroyables qu’ils ont révolutionné nos méthodes de production et nos modes de vie jusqu’à nous paraitre naturels et indispensables.

Par exemple, lorsque vous emménagez dans votre nouvel appartement que vous vous abonnez à EDF, savez-vous que votre consommation d’électricité est gérée par un cloud qui propulse l’information à EDF lui permettant de s’adapter à vos besoins propres pour se développer efficacement sans que vous n’ayez jamais vous-même à vous soucier de votre approvisionnement à l’électricité ?

Lorsque vous tenez entre vos doigts ce miracle de technologie qu’est un smartphone, en téléchargeant des applications toujours plus sophistiquées et pointues, vous passez par un cloud qui fait vivre des centaines de start-ups innovantes et leur personnel hautement qualifiés qui préparent l’économie de demain.

Ce nouvel outil au service des acteurs économiques qu’est le cloud computing offre en moyenne un retour sur investissement de 626% de ROI sur 5 ans pour les applications sur AWS d’Apple avec une période de payback de seulement 7.1 mois. Il permet également un accroissement de la productivité du développement des SI de 507% tandis que les gains et les économies qu’il engendre en moyenne par application atteignent les 518,990 dollars.

Le cloud s’impose donc naturellement comme une technologie indispensable pour toutes les nouvelles entreprises ambitieuses. Grâce à lui, elles évitent d’avoir à acheter de couteux serveurs pour stocker leurs données. Ce genre de service permet en outre une grande flexibilité car si une offre de cloud n’est plus adaptée, il est facile de se désabonner et de profiter de la réversibilité offert par cette technologie, c’est-à-dire, de faire migrer ses données d’un cloud à un autre, dont le fournisseur répondra mieux aux attentes de l’entreprise.

Les géants américains du web ont depuis longtemps sauté le pas et en récolte les fruits. Amazon en est un des exemples les plus frappants. Des centaines d’entreprises majeures comme Netflix, Dropbox, Instagram et même la NASA font en effet appel à ses services web, ce qui place Amazon à la tête d’un cloud immense. En effet, environ 1% du trafic internet est lié à ces services et un internaute sur trois accède au moins une fois par jour à l‘un des sites partenaires de ce cloud.

A coup sûr, si Schumpeter avait pu vivre la révolution numérique que nous connaissons, face à ce monde qui nait sous nos yeux, il se serait exclamé une fois de plus, comme il l’avait fait en 1911 dans sa Théorie de l’évolution économique que « l’entrepreneur est le révolutionnaire de l’économie » !



5 réactions


  • Le Yeti Le Yeti 30 avril 2014 10:35

    Oui, c’est très techniquement vrai mais la véritable question -et cet article ne la soulève pas- est : « est-ce une bonne chose ? ».

    Je vais peut être passer pour un vieux con mais perso je ne cherche pas à être riche mais à être heureux ... (Vous savez ? « Être » vs « Avoir ».) Pour moi cela passe par la tranquillité ainsi bien sûr que par la satisfaction de MES besoins naturels et non des envies et pseudo-besoins artificiels inculqués.

    L’économie est intrinsèquement un outil et non une fin en soi. Avoir inverser cette valeur est une perversion aussi abjecte que suicidaire. Quant à la finance, si l’idée peut paraitre bonne et offre effectivement des perspectives économiques séduisante, elle n’est pourtant qu’une hérésie totale.

    Quant à la technologie ... Le développement de toute connaissance, pratique ou non, ne doit se faire qu’en corollaire du développement de la sagesse. Il ne sert à rien d’avancer si on ne part pas dans la bonne direction ! D’autant plus que si le savoir c’est la pouvoir, il est également comme la dynamite : puissant mais dangereux.

    Le cloud en est un très bon exemple !
    Un ordinateur seul n’a que peut d’utilité ; c’est en réseau que les ordis prennent toute leur mesure. Un réseau peut être centralisé (un serveur) ou décentralisé (que des station à la fois clientes et serveur).
    Le Cloud lui, dont le nom lui-même ne cache même pas la véritable nature mais va jusqu’à l’afficher est nébuleux. Même sur un réseau centralisé, les données et les traitements restent en majorité sur l’ordi client. Dans un Cloud, tout est sur ce Cloud ; l’ordi n’est plus rien d’autre qu’un simple terminal, un écran avec un clavier. Foutre ses données sur u Cloud s’est comme s’imaginer que son banquier est incapable de savoir ce que nous avons sur notre compte ... Et je rappelle qu’un banquier peut également prélever à sa guis sur ce compte !
     

    Le Cloud profite aux « entreprises ambitieuses » ? Mais qu’est-ce que j’en ai à foutre de ces pétards de méga-structures phagocytaires ? Mais au contraire : qu’elles me lâche !!! (Pour ne pas dire plus ...)


  • Piotrek Piotrek 30 avril 2014 17:42

    Le choix du passage au cloud n’est qu’un simple calcul de coût : mettre à la remise le serveur installés dans ses locaux, transférer les données chez un prestataire puis y accéder par internet ? Est-ce moins cher au final ?

    Le problème c’est que dans ces coûts on n’inclut que très rarment :
    - La perte de la connectivité à internet peut paralyser l’entreprise
    - Un incident (ou pire une faillite) du prestataire peut paralyser l’entreprise
    - Les données hébergées chez le prestataire sont sous le bon vouloir de celui-ci : protection, confidentialité... (la NSA parait-il, y a un accès direct)

    Quant à EDF, de ce que j’ai pu trouver il ne s’agit que d’une consolidation de messagerie chez un prestataire externe. C’est de l’optimisation de coûts, pas de la révolution.

    Le Cloud une révolution ? Rarement je pense. C’est plus de l’informatique low-cost pour des petites boites au budget informatique ric-rac, ou pour des grosses qui souhaitent économiser l’investissement. Mais bon il n’y a pas eu de véritable révolution en informatique depuis l’arrivée d’internet. Les WebServices, le Web 2.0, la virtualisation, le Big Data ne sont que des reformulations marketing : tout cela existait avant.

    Enfin, le DSI qui met le fichier client de sa société, ses informations marketings ou les résultats du département recherche et developpement dans le cloud ne doit-il pas être considéré comme un rigolo ?
    Tous les mails d’EDF hors de chez EDF, vu la nature sensible de l’entreprise, c’est la révolution rigolo ?


  • coinfinger 30 avril 2014 20:11

    ’Nous vivons peut étre la révolution technologique la plus importante de l’Humanité ’.
    C’est faux , je vais dire pourquoi , c’est une figure de réthorique : l’amplification , ce qui est intéressant est de découvrir ce qu"elle masque .
    Le néolitique est une révolution importante , oui , la révolution industrielle ou capitaliste aussi , pourquoi , qu’est ce qui le prouve ?
    Ce qu’on ne vous dit jamais la démographie dans ces deux cas a décollé . Preuve qu’il y a bien eu progrés , pour une raison simple ,la population ne se dévellope que si elle le peut contrairement à ce qu’affirme Malthus . Le nombre étant compensé par la diminution de la durée de vie dans le cas contraire .
    Hors avec la Ntic , on a le contraire , ralentissement démographique .
    La Ntic ne fait que ralentir la croissance de la population improductive qui se dévellope beaucoup trop rapidement eu égard à une croissance exponentielle de la complexité due à la concentration de la propriété .
    Le cloud computing ne fait qu’étendre cela à la propriété du matériel . Et c’est général , pas seulement propre au ntic .
    Pourquoi cette amplification ? Pour masquer l’échec global du capitalisme justement à accroitre la productivité , entendu que pariellement celle ci s’accroit dans la production proprement dite mais décroit encore plus vite socialement à cause de cette complexité dont j’ai parlé plus haut .

    Et tout ceci du fait de quelque chose que Schumpeter craignait justement mais que vous n’évoquez pas , la bureaucratisation .
    Les quelques entrepreneurs spectaculaires comme Steve Job et autres
    ne sont que quelques arbres qui nous cachent... le désert .


  • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 30 avril 2014 20:21

    Commentaires beaucoup plus intéressants que l’article .


  • eresse eresse 1er mai 2014 02:59

    Bonsoir,
    « de faire migrer ses données d’un cloud à un autre » Partager vos données avec une entreprise tiers ne vous suffit pas, vous voulez inviter d’autre prédateurs au festin ?
    « le cloud computing offre en moyenne un retour sur investissement de 626% de ROI sur 5 ans » Cela ne rapporte pas plus la revente des données de pigeons ?
    - Règle n°1 : Rien de stratégique sur le Cloud, même pas du DR société.
    - Règle n°2 : Toute donnée externalisée doit impérativement être cryptée.
    - Règle n°3 : L’externalisation des données n’est permise qu’a un nombre restreint de personnes au sein de l’entreprise, consciente des enjeux commerciaux/financiers/sécurité en jeu.
    Etc... On pourrait faire tout un article sur les règles de bon sens à respecter avant d’externaliser ses données sur le CLOUD surtout que coté sécurité des données, les contrats réservent nombre de désagréables surprises.
    Vous venez juste nous parler de ROI et de PAYBACK.
    Article totalement inintéressant sauf pour celui qui ne voit pas plus loin que le bout de son portefeuille.
     J’ai « moinssé » c’est évident...


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