lundi 20 septembre 2021 - par Naëlle Markham

Comme les doigts de la main

Parce qu'il n'y pas que les complots, les conspirations, les affrontements dans la vie. Parce que j'en ai marre d'entendre parler de covid, de vaccin, de pass, et tutti quanti. Un petit conte pour l'espoir.

Il était une fois cinq frères qui vivaient tous ensemble. Ils avaient un seul point en commun : ils étaient tous chauves. Excepté cela, ils étaient très différents, mais en général ils s’entendaient assez bien, sauf sur un seul sujet.

Et là, impossible de les mettre d’accord. Depuis des années, des discussions sans fin et des chamailleries les opposaient, et aucun d’eux ne savait même plus qui avait commencé, mais le fait est que cela ne s’était jamais calmé.

Et pourquoi se disputaient-ils ? Pour savoir qui allait ranger la chambre ? Non, non, pas du tout. Pour savoir qui devait aller faire les courses ? Encore moins. Alors quel était ce grand problème qui n’arrêtait pas de les énerver, de les mettre les uns contre les autres ?

Eh bien voilà, depuis tout ce temps, la grande question était de savoir qui des cinq était le chef. Et chacun d’entre eux était convaincu que lui seul avait les qualités pour être ce chef. Au fait, pourquoi aurait-il fallu un boss ? ça c’était une autre question et visiblement personne n’avait envie d’y répondre. Toujours est-il qu’un beau matin, le sempiternel débat recommença :

- C’est obligé que ce soit moi le chef, je suis l’index, je connais tout, je montre tout, je nomme tout, je désigne tout et vous n’êtes que de parfaits incultes, donc c’est moi le chef, c’est ainsi et pas autrement. Il n’y a que moi, l’index, pour garantir votre culture et votre information. Sans moi, vous ne sauriez même pas que le soleil est une étoile.

- Toi, le boss ? fais-moi rire. Tu ne reconnaitrais pas ta figure si tu la croisais. Non seulement c’est très mal vu ta manie de te pointer vers les gens et les choses mais en plus tu es toujours fourré dans un nez, une oreille ou autre chose, c’est indigne d’un chef. Non, le véritable capitaine, ce ne peut être que moi, je suis le plus grand, le majeur, je vous domine tous de mon élégance et d’une bonne longueur de phalange et vous devez respect à celui qui a la tête plus près du ciel que vous tous.

- Arrêtez tous les deux, de toute façon vous avez tort. Moi le pouce, je suis peut-être plus court sur patte, mais je suis le plus costaud et sans moi vous ne pourriez rien attraper. C’est moi et moi seul qui annonce quand tout va bien ou mal et aucun autre n’en est capable. J’ai une place indispensable et personne ne peut me la prendre, donc comme qui dirait, vous n’avez pas le choix, le chef, cela a toujours été moi.

- Le gnome a parlé, mais comme d’habitude il ne sait pas ce qu’il dit. Je t’en prie un peu de respect, qu’est-ce que la force sans l’opulence ? Et je te le dis, moi, l’annulaire, je vous renvoie tous dans vos filets, vous n’êtes rien sans moi, sans cette richesse qui me pare en bagues et alliances. Uniquement moi suis le dépositaire des promesses et je témoigne des engagements pris, les regards sont toujours tous braqués sur moi, et personne ne porte la moindre attention à vos tristes existences. Le boss c’est moi, et il n’y a pas à tergiverser.

- Et la richesse sans le pouvoir, qu’est-ce que cela vaut ? Rien du tout, moi, auriculaire de mon état, je ne désigne pas bêtement les choses, je les SAIS, sans qu’on me les dise, je suis peut-être le plus petit mais il n’empêche que je suis aussi beaucoup plus malin que vous tous réunis. Je me faufile partout, j’ai une oreille dans chaque maison, les secrets n’ont aucune chance avec moi. Et comme j’ai des dossiers sur tout le monde, personne ne pourra m’empêcher de m’autoproclamer chef.

Et la bagarre continuait, jour après jour. Ce que vous ne savez pas, c’est que la maison de ces cinq frères se trouvait sur un bras et que ce bras commençait à en avoir assez de ces agités qui n’arrivaient pas à se mettre d’accord et qui lui compliquaient la vie parce que chacun n’en faisait qu’à sa tête.

Alors un jour, le bras en a eu assez, il a attrapé les cinq frères et les a fourrés tous ensemble dans un sac tout noir, tout sombre et étroit, où il n’y avait pas assez de place pour eux, ne serait-ce que pour faire le moindre petit mouvement.

Le majeur devait plier sa dernière phalange et il n’était plus aussi grand, l’index se sentait inutile parce qu’il ne pouvait plus rien montrer, pas même aller gratter un nez, c’est dire ! le pouce, malgré toute sa force, coincé contre les autres, n’arrivait plus à bouger et devait rester sans rien faire, l’annulaire ne pouvait plus se pavaner pour montrer ses bijoux puisqu’ils étaient enfermés avec lui dans cette prison, et l’auriculaire avait beau faire, impossible de deviner quoi que ce soit dans ce trou noir, toutes ses antennes étaient hors service.

Ce fut une période assez triste pour les frères et heureusement d’ailleurs.

A force de se sentir bridés, enfermés, bloqués, ils ont commencé à réfléchir chacun de leur côté à une solution pour sortir de ce piège infernal. Ils n’arrivaient plus à se disputer le titre de chef. Qu’est-ce que cela aurait bien pu changer dans leur situation ? Ils voulaient juste sortir de là et retrouver la lumière du soleil.

Et un beau jour, eurêka, ils ont trouvé, on ne sait pas au juste d’où est venue l’idée, mais ce qui compte c’est qu’ils l’ont eue. Ils se sont dit : « et si on collaborait, si on s’unissait au lieu de toujours se battre ? Imaginez tout ce qu’on pourrait faire ensemble, la force, le savoir, la grandeur, la richesse et la sagesse, on serait tous des chefs !! » « Oui, oui, oui !! ». Tous les frères criaient et riaient, « Absolument, on va faire comme ça. Appelle ce bras de malheur qu’il nous fasse sortir de là et promis, on va se tenir à carreau, plus de disputes, plus de bagarres ».

Aussitôt dit, aussitôt fait. Le bras écouta attentivement les promesses des frères et, finalement convaincu, les libéra.

Les frères tinrent leur promesse et peu à peu firent des progrès dans leur collaboration : ils devinrent ensemble une main, découvrirent par exemple comment faire tous ensemble une caresse, tenir un crayon pour écrire une histoire ou former un poing pour se défendre, créer de superbes ombres chinoises, et tant d’autres choses que je n’ai pas la place ici pour les raconter.

Et c’est à tel point qu’aujourd’hui, quand on veut dire que des personnes sont très proches, très unies, on dit qu’elles sont …. comme les doigts de la main. Maintenant que vous connaissez l’histoire, vous savez que cela n’a pas été facile, mais vous avez compris combien les êtres sont plus forts quand ils sont unis que quand ils sont divisés.



16 réactions


  • Captain Marlo Captain Marlo 20 septembre 2021 09:46

    Bonjour, je suppose qu’il s’agit des 5 candidats écolos, comme les 5 doigts de la main ? L’auteur peut toujours rêver, pas sur l’unité toujours possible, mais sur l’écologie dans l’Europe des multinationales, de la FNSEA, de la PAC productiviste, des lobbies mondialistes et anti écologie qui peuplent Bruxelles...

    Depuis Maastricht en 1992, « Il faut lentement mais sûrement comprendre qu’il n’y a plus de politiques intérieures nationales, mais des politiques européennes dans une souveraineté partagée ». Déclaration de la Commissaire européenne Viviane Reding, venue expliquer aux Députés français qu’ils ne servaient plus qu’à traduire en Droit français les décisions prises à Bruxelles, à Francfort et à Washington pour l’Otan.

    Tous ces candidats une fois élus, ne seront que les petits gouverneurs de la province France, voilà la réalité des faits depuis 1992 !

    Ce que devraient faire les multiples candidats au lieu de faire des primaires, expliquer aux Français les Traités européens ! Mais là, silence radio.
    A part l’ UPR censurée, ya plus personne pour expliquer la réalité.


    • doctorix, complotiste doctorix, complotiste 20 septembre 2021 10:07

      @Captain Marlo
      La France est comme un loup qui a mis la patte dans un piège : sa seule chance de survivre, c’est de s’amputer toute seule : sur le coup, ça fait mal, mais rien ne vaut la liberté.
      Et d’ailleurs, les anglais savent bien que ce n’est pas si douloureux, bien au contraire.


    • Naëlle Markham Naëlle Markham 20 septembre 2021 12:34

      @Captain Marlo

      Ca valait la peine que je dise en préambule que cela n’avait rien à voir avec les complots, etc... J’ai imaginé ce conte il y a plus de trente ans pour mes enfants, je l’ai remis en service pour mes petits-enfants. Et enfin mis sur le papier il y a trois ans, donc aucune lecture au second degré. C’est un conte pour enfants, point barre. N’y voyez rien de plus.


    • Captain Marlo Captain Marlo 20 septembre 2021 18:59

      @Naëlle Markham
      donc aucune lecture au second degré.

      Il n’empêche que cela colle parfaitement à la situation actuelle, aussi bien chez les écolos, qu’à Gauche comme à Droite.


    • Naëlle Markham Naëlle Markham 20 septembre 2021 20:29

      @Captain Marlo
      Il n’empêche que cela colle parfaitement à la situation actuelle

      Peut-être pour vous et d’autres intervenants à ce que j’en comprends. Comme déjà dit, je ne suis pas française et je ne réside pas en France, donc je ne vois pas du tout les liens que vous, vous voyez. Mais faites-vous plaisir... D’ailleurs, c’est un peu ce que j’ai répondu lorsque j’ai été bombardée modératrice, que je n’allais en principe jamais me prononcer sur un article qui a trait à la politique hexagonale, parce que pour moi c’est un peu du chinois.


  • Fergus Fergus 20 septembre 2021 09:49

    Bonjour, Naëlle

    Très mignon. Voilà qui ne manquerait pas de plaire à mon petit-fils de CM2. Vous auriez pu, pour finir, mettre en lien cette chanson : Si tous les gars du monde... smiley


    Hélas ! on est très loin de la vraie vie où l’individualisme s’impose dans la plupart des domaines. Une tendance qui n’est pas près de changer de manlère significative même si les jeunes semblent avoir une plus grande conscience collective que leurs aînés des enjeux environnementaux. 


    • Naëlle Markham Naëlle Markham 20 septembre 2021 12:40

      @Fergus
      Merci du commentaire. Au moins vous avez compris l’intention, ce n’est qu’un conte pour les enfants, et rien de plus... Tout comme celui-ci que je mettrai peut-être en ligne sur ce site avant les fêtes (Le Sapin et l’Enfant - conte de Noël). Par contre, ce conte de Noël a effectivement un deuxième plan de lecture pour les adultes puisque cela parle de climat.


    • Naëlle Markham Naëlle Markham 20 septembre 2021 12:57

      @Fergus

      En suivant le lien des Compagnons de la Chanson, je suis tombée sur la vidéo de « Je reviens chez nous ». Gros coup de nostalgie....


    • alinea alinea 20 septembre 2021 20:50

      @Fergus
      Ce n’est pas une conscience collective Fergus, :l’idée c’est qu’il s’agit juste de bon sens ! On fait ensemble ça marche, on fait pas ensemble, ça marche pas, c’est pas difficile à comprendre mais par une mystérieuse malédiction on ne sait pas le faire.
      C’est vrai que le conte ne détaille pas l’avant, quand ils s’engueulaient tout le temps : est-ce que quelque chose se faisait quand même ? sûrement, mais... !


    • Fergus Fergus 21 septembre 2021 09:21

      Bonjour, alinea

      Concernant les jeunes, je crois que si, il s’agit d’une forme de « conscience collective » dans la mesure où le fait est qu’à de rares exceptions ils ne font pas ensemble, mais défendent l’idée globale qu’il faut faire quelque chose pour ne plus foncer droit dans le mur.


    • troletbuse troletbuse 21 septembre 2021 14:36

      @Fergus
      Fergus, le faux espoir, que vous répandez, du passe qui s’arrête au 15 novembre disparaît petit à petit.
      Vous ne vous êtes pas encore aperçu que c’était le passe de la dictature, Volontairement ou pas ? Ne me parlez pas de contaminations, ca ne tient pas.


    • Fergus Fergus 21 septembre 2021 20:52

      Bonsoir, troletbuse

      Je n’ai jamais dit que le passe disparaitrait après le 15 novembre, mais que la prolongation de cette mesure nécessiterait un nouveau vote parlementaire pas si facile pour Macron. Surtout si l’épidémie continue de décroître.
      Le plus probable est néanmoins une prolongation de quelques mois au cas où, avec une mise en oeuvre régionalisée ou départementalisée.

      Toutes mes excuses à l’auteure pour ce hors-sujet. 


    • troletbuse troletbuse 22 septembre 2021 00:33

      @Fergus
      Je crois que c’est vous qui avez des pertes de mémoire. Vous l’avez dit souvent.
      La, vous voulez dire quelques mois, un rien quoi, jusqu’en, avril 2022. Comme c’est bizarre, j’oubliais que ce virus est intelligent et connaît la date des présidentielles.Ce virus nommé Micron.


  • ZenZoe ZenZoe 20 septembre 2021 15:09

    Le conte est très mignon, mais à mon avis, il relève plus de l’endoctrinement communiste que de la réalité smiley

    Et la réalité, c’est que les peuples, même unis, ont tous besoin d’un chef. Il ne faut pas confondre les deux choses. Hé, même dans le conte, il y a un chef : c’est le bras !!!


    • Naëlle Markham Naëlle Markham 20 septembre 2021 20:35

      @ZenZoe

      C’est fou quand même, j’écris un conte pour les enfants, pour qu’à leur niveau, dans leur sphère, ils aient cette notion d’entraide, je l’ai déjà publié sur d’autres sites, purement littéraires ceux-là, et ce genre de réflexions en lien avec la politique, les nations, etc., n’a jamais montré le bout du nez. Comme quoi tout est vraiment dans l’œil de celui qui regarde... J’ai déjà peur de ce que vous allez imaginer à propos de mon conte de Noël. Au secours.


  • wagos wagos 20 septembre 2021 18:18

    Je connaissais l’histoire avec le trou du cul qui voulait être le chef...tout le monde se mit à rire et le trou du cul se vexa...et refusa de fonctionner...Ben évidemment, tous les éléments du corps voulant être chef se retrouvèrent affaiblis pas l’accumulation des matières, vu que le trou du cul était vexé ...Donc à l’unanimité et débloquer la situation, on décida que le trou du cul serait le chef.....regardez donc un peu autour de vous ? c’est souvent à un trou du cul qu’on confie les affaires les plus emmerdantes....ou même à des fonction suprêmes ...mais là ,c’est un autre discours ...


Réagir