samedi 28 décembre 2019 - par Patrice Bravo

Comment le mainstream couvre le 20ème anniversaire de la rétrocession de Macao à la Chine

Alors que la République populaire de Chine observe les festivités célébrant le 20ème anniversaire du retour de Macao dans le giron national, après 400 ans d’administration coloniale portugaise, il est intéressant de se pencher sur ce énième exemple du miracle économique chinois, mais également et surtout sur comment les succès de Pékin continuent d’attiser la jalousie du mainstream occidental.

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Macao, considéré comme le dernier comptoir et la dernière colonie européenne en Chine et en Asie, s’est réellement métamorphosé en un espace de temps réduit. Sa population a augmenté de 50%, sa richesse elle a été multipliée par six. Selon une étude publiée par le FMI l’année dernière, le PIB de Macao devrait atteindre l’année prochaine 143 000 dollars par habitant, et dépasser ainsi celui du Qatar – actuel premier mondial. Ce succès économique de la région de Macao est dû principalement à deux facteurs : le tourisme et les jeux d’argent, étant une zone abritant un très grand nombre de casinos. Fait notable : les revenus des casinos de Macao sont trois fois supérieurs à ceux de Las Vegas.

Au-delà de ces succès économiques et de l’importance de ces succès pour Macao et pour la Chine en général, il est intéressant de se pencher sur les différences de couverture médiatique. Si pour les médias gouvernementaux chinois, l’heure est clairement à la célébration, les grands titres des médias occidentaux mélangent un air de jalousie vis-à-vis des réussites du géant asiatique, et le regret que Macao soit loin de suivre les opinions protestataires de Hong Kong – autre région stratégique pour l’Empire du Milieu, rétrocédée à Pékin en 1997 après avoir été une colonie britannique.

En parlant de la presse française, voici quelques exemples de titres sur le sujet : « Xi Jinping joue Macao contre Hong Kong » (Le Figaro) ou « Macao, l’anti-Hongkong qui plait à Pékin » (Le Monde). Un parallèle ouvertement malsain, mais tellement habituel, du mainstream occidental, souhaitant comme à son habitude chercher et trouver dans le succès de ses concurrents géopolitiques et géoéconomiques des failles et des points faibles.

Pourtant, cette rhétorique habituelle anti-chinoise des « bien-pensants » mainstrimois confirme plusieurs choses, pour beaucoup connues elles aussi. Que d’une part l’establishment politico-médiatique occidental est plus qu’intéressé dans la déstabilisation intérieure en Chine. Et le soutien ouvertement affiché aux manifestants hostiles à Pékin à Hong Kong le confirme pleinement. Ceci étant dit, le leadership chinois a réussi jusqu’à maintenant à gérer cette contestation pro-occidentale avec une approche sage qui lui est propre, tout en défendant au mieux sa souveraineté sur le plan politico-diplomatique.

Mais l’Occident politico-médiatique oublie une autre chose – ce même Occident qui adore accuser les partisans de l’ordre multipolaire d’interférence dans les processus politiques d’un certain nombre de pays, dont occidentaux – à travers cette approche connue et reconnue depuis de longues années, il ne fait que faire découvrir ses véritables intentions et son véritable visage. Et surtout démontrer une fois de plus qui interfère réellement dans les affaires intérieures d’Etats souverains. Imaginons ne serait-ce qu’une seconde, que Pékin, Moscou, Téhéran, Ankara ou Caracas, puissent apporter un soutien déclaré aux Gilets Jaunes en France ? Quelle serait alors la réaction des « bien-pensants » du Monde et du Figaro ? Probablement très différente.

Après cela, ces mêmes donneurs de leçons se fâchent lorsqu’ils finissent par sortir de leur petit monde et découvrir enfin ce que pensent nombre de leurs concitoyens, ainsi que les citoyens des pays de présence des intérêts de l’Elysée, notamment africains. L’establishment français avait même parlé de larges campagnes anti-françaises en Afrique. Mais la chose que ce même establishment n’a toujours pas réussi à saisir, c’est qu’à l’heure d’aujourd’hui il n’y a plus grand besoin de quelconques campagnes pour condamner quoi que ce soit. A l’heure où l’information s’échange en un espace de temps record et où grand nombre de personnes souhaitent comparer diverses sources informationnelles pour pouvoir soi-même analyser et se faire une opinion, l’approche hypocrite et faussement humaniste des élites politico-médiatiques occidentales est déjà condamnée depuis un bon moment.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Source : http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=1292



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