Conflit de bord de l’abîme entre Trump et Mullahs
Les événements de la crise actuelle entre l’Iran et les États-Unis se déroulant à un rythme tel qu’il est difficile de prévoir leur évolution dans les prochains jours.
Difficile de dire que le scénario de la guerre s’est éloigné, même légèrement, après que le président américain Donald Trump eut donné l’ordre d’annuler les frappes qu’il avait approuvées contre quelques installations iraniennes.
Aussi difficile de prédire que la guerre est sur le point d’éclater soudainement, sachant que tout le monde a été surpris vendredi matin que les frappes étaient programmées à l’aube de ce jour et que des centaines de millions de gens, tant au niveau régional que mondial, allaient se réveiller sur les nouvelles du déclenchement de la guerre.
Devant cette ambiguïté délibérée, notamment du côté américain, il y a des indicateurs que l’on peut lire calmement au milieu de cette crise.
Premièrement, le président Trump a montré à l’opinion publique américaine et au monde entier un haut niveau de calme et de maturité politique. Il ne s’est pas précipité derrière la provocation du régime des mollahs, qui a diligemment incité les États-Unis depuis quelques jours à s’engager dans une confrontation militaire ouverte avec l’Iran.
Je pense que le président Trump n’a pas complètement abandonné le plan de lancer une frappe militaire contre l’Iran.
Mais, contrairement à ce qu’il a tweeté, la raison immédiate de cette retraite tactique n’est peut-être pas la peur des pertes.
La raison la plus probable est qu’il a trouvé une opportunité de maximiser les gains politiques américains et de tirer parti de l’énorme erreur stratégique de l’Iran, à savoir faire tomber le drone américain en vol dans un espace aérien international.
Dans les dernières minutes avant la frappe militaire, Trump s’est tourné vers un autre scénario qui retardera l’attaque pendant un certain temps, mais va donner plus de poids à la position américaine, alourdir la pression internationale sur le régime iranien et aider à établir une cause pour punir le régime des mollahs, soit par une frappe militaire limitée ou une opération militaire à grande échelle.
Dès les heures qui ont suivi le retrait du président Trump de la décision de la frappe limitée, il a apparemment nettoyé l’atmosphère dans la perspective de voir les combats se poursuivre et prendre de l’ampleur.
Le président Trump a tout de suite téléphoné au prince héritier Mohammed bin Salman. Les dirigeants ont discuté de la menace que représente l’Iran. La discussion a probablement aussi porté sur les moyens de compenser toute pénurie d’approvisionnement en pétrole et d’assurer la capacité du Royaume à calmer les marchés pétroliers mondiaux et à contenir tout impact des prix élevés du pétrole.
Ce point est un élément déterminant pour la position de la Maison-Blanche dans le conflit avec l’Iran. La Maison-Blanche l’a confirmé dans une déclaration officielle. « Les dirigeants ont discuté du rôle crucial de l’Arabie saoudite dans la stabilité de la région et du marché pétrolier. »
Le deuxième indicateur explique la décision du président de reporter la frappe militaire. L’administration américaine a aussitôt demandé la tenue d’une réunion à huis clos du Conseil de sécurité de l’ONU pour discuter des récents développements concernant l’Iran dans le Golfe.
Cette réunion est prévue pour le lundi 24 juin en après-midi. La réunion est très importante, car elle permettra au Président Trump d’éviter toute accusation de ses opposants de contourner la légitimité internationale que représente le Conseil de sécurité.
Il offre aussi une occasion précieuse de prévenir une frappe avant le sommet du G20 qui se tiendra à Osaka les 28 et 29 juin. Le sommet donne l’occasion au président Trump de discuter avec ses alliés de sa prochaine étape vers l’Iran. Trump y apprendra les positions de la Russie et de la Chine en cas de conflit militaire avec l’Iran.
Troisièmement, le président Trump voudra peut-être s’assurer qu’il n’y aura pas de victimes parmi les militaires et les experts américains dans des pays comme l’Irak. La réponse iranienne attendue pourrait cibler des bases militaires américaines dans plusieurs pays.
Malgré toutes les provocations iraniennes et les tentatives d’attirer son pays dans une confrontation militaire, le président Trump garde le pari de l’efficacité des sanctions. Il estime que le calme perdu du régime iranien n’est que le résultat direct des sanctions américaines. Ainsi, Trump a décidé d’ajouter d’autres sanctions jeudi soir en conjonction avec la décision de répondre militairement. Le resserrement du contrôle financier sur l’Iran va être assuré par le GAFI.
Les sanctions finiront par entraîner une répression des flux financiers du régime dans le monde, ce qui confirme que la Maison Blanche continue à miser sur la solution économique.
La stratégie du président Trump de contenir la menace du régime des mollahs dans le cadre de la politique de bord de l’abîme n’est pas forcément acceptée par son administration ou ses alliés stratégiques régionaux et mondiaux. Mais, elle est bien entendu un mécanisme efficace qui explique la folie du régime des mollahs observée depuis peu.
Il est évident que le régime est conscient que les sanctions sont plus graves que le conflit militaire. Cette arme de destruction massive peut nuire à l’avenir politique du régime. Par conséquent, les mollahs tentent de diverses manières de commettre des crimes, provoquant le président Trump à ordonner une frappe militaire. Par la suite, les mollahs auront la possibilité de mener le plan qui consiste à enflammer la région entière par des guerres par procuration.
La question la plus urgente est de savoir si le Président Trump, en concrétisant sa vision de la gestion de la crise, parviendra à maîtriser la situation et à remporter le round en points, ou bien les mollahs vont-ils encore faire monter la pression pour que la Maison-Blanche perde patience et ordonne une frappe contre l’Iran dans les jours, voire heures à venir ?