Convention citoyenne sur la fin de vie : l’euthanasie au bout du couloir ?
Elle est dans les tuyaux : il y aura bien une convention citoyenne sur la fin de vie. Le Président se serait juste un peu emballé lors de la remise de la grand-croix de la Légion d'honneur à Line Renaud, déclarant « Le droit à mourir dans la dignité est un combat qui vous ressemble et qui nous oblige », laissant ainsi entendre que le principe d'une loi était acquis. Du reste, Jean-Luc Roméro, défenseur acharné de l'euthanasie, s'est empressé de l'interpréter ainsi.
Jean-Luc Romero-Michel
@JeanLucRomero
Avec mon ami @OlivierFalorni, nous avons été très heureux d’entendre le président @EmmanuelMacron s’engager clairement devant @linerenaud à mettre en oeuvre une loi sur le doit de mourir dans la dignité.
Fort de cette annonce, j’ai été soulagé que le Pdt me la confirme pour 2023.
9:04 PM · 2 sept. 2022 depuis Paris, France
Mais il y aura bien convention, comme l'avait annoncé Emmanuel Macron dans son programme électoral où il était question d'associer citoyens, spécialistes de l’éthique et professionnels. Cette annonce, le Président l'a faite, le 8 septembre, en marge du lancement du Conseil national de la Refondation, déclarant « il nous faut bouger pour plus d’humanité ».
Bien sûr, tous les citoyens-participants qui avaient un tantinet travaillé lors des états généraux de la bioéthique seront ravis. Ils en gardent un souvenir ému. Ils s’étaient très majoritairement prononcés contre la PMA sans Père et autres délires sociétaux inclus dans le projet de révision de la loi de bioéthique de 2018. Et puis, le Conseil Consultatif National d’Éthique en charge de la synthèse avait conclu que finalement, il fallait les autoriser, juste 5 ans après avoir rendu un avis défavorable, mais n’y voyez aucune versatilité. D’ailleurs, le président du CCNE, le Pr. Jean-François Delfraissy, avouait en 2018 : « Je ne sais pas ce que sont le bien et le mal ». C’est dire s’il est qualifié pour présider un comité Théodule devant rendre des avis sur des problèmes d’éthique.
Il reste quelques inconnues : quels seront les citoyens autorisés à participer ? Sera-t-il permis à chacun d’apporter son eau au moulin ? Pour les spécialistes de l’éthique, le CCNE a déjà fait preuve par le passé d’une suffisante servilité, il devrait être reconduit à la manœuvre, pour le pire et pour le encore pire. Quant aux professionnels, sont-ce les « praticiens » qui injecteront les produits létaux ? Sont-ce les soignants des soins palliatifs qui n’ont pas obtenu de moyens suffisants quand la loi de bioéthique de 2005 votait l’accessibilité de tous les Français à ces soins ? Verrons-nous les caisses de retraites et les assurances santé quémander des économies sur leurs budgets de prestations en abrégeant la vie des bénéficiaires ?
Quelques petites réflexions.
Il est toujours aussi inepte qu’auparavant de voter une loi euthanasie tant que nous n’aurons pas consacré des moyens suffisants pour diffuser partout en France les soins palliatifs, et ensuite évaluer leur succès.
Il est tout aussi inepte de discuter du bien et du mal, comme si c’était un problème de curseur qu’il conviendrait de positionner au gré des lubies individuelles ou collectives. Cette consultation est donc intrinsèquement stupide. Il suffirait de rappeler que l’interdit anthropologique de tuer ne devrait souffrir que deux exceptions : la légitime défense et la guerre. (Oui, l’auteur assume d’être hostile à l’avortement).
Il est assez probable que le triumvirat des Alliance Vita - Associations Familiales Catholiques – Manif pour Tous se mobilisera et qu’il enverra ses cohortes participer à cette consultation. C’est très bien. Il va falloir faire du bruit, montrer que ce n’est pas évident, que nous ne sommes pas dupes des poncifs du genre « mourir dans la dignité ». Bien sûr, il faudra s’armer de patience face aux arguments pleins de pathos. L’émotion est un levier de propagande apprécié et maîtrisé par les défenseurs de l'euthanasie. In fine, ce sera sans doute aussi efficace qu’un coup d’épée dans l’eau, mais qui sait ? Peut-être que l’absence de consensus pourrait enhardir les opposants au parlement ? Le coût politique d’un nouveau clivage pourrait-il décourager le pouvoir en place, ou tient-il mordicus à son avancée sociétale ?
Bref, l’état d’esprit, c’est tout de même d’aller à la bataille face à un ennemi qui ne respecte pas les lois de la guerre, et en espérant un miracle. Ne nous dérobons pas !
Dessin de @VoixDEnfants
Première publication chez Boulevard Voltaire