mardi 15 septembre 2015 - par Alain Roumestand

COP21 : Bill McKibben et le désinvestissement

L’Américain est connu et reconnu dans tous les pays du monde « sauf en Corée du Nord » comme il se plait à le dire. Il fait partie des 100 penseurs mondiaux qui comptent.
Il a été en 2014 lauréat du prix « Right Livehood », en 2013 lauréat du prix Gandhi.

Environnementaliste, écologiste, professeur émérite, docteur d’une vingtaine d’universités, auteur du premier livre sur le changement climatique à portée du profane, « The End Of Nature », il est cofondateur du mouvement international « 350.org », qui a organisé plus de 20000 rassemblements aux 4 coins de la planète, pour lutter contre la crise climatique. En 2012 il publie un article sur la bulle carbone « Global Warming’s Terrifying New Math » dans le magazine « Rolling Stone » et exhorte les investisseurs à retirer leurs capitaux des entreprises des combustibles fossiles. Il a donc lancé l’action de désinvestissement des énergies fossiles et c’est à ce titre que nous l’avons rencontré lors de la « Conférence Internationale sur le Désinvestissement » organisée par « European Green Party ».

350.org

Coiffé de sa légendaire casquette qui le fait ressembler à un étudiant d’un campus U.S. (il a bientôt 55 ans) il nous explique quelle fut la démarche de création de « 350.org » par un groupe d’universitaires américains, pour soutenir des solutions citoyennes face à la crise climatique et pour coordonner les luttes contre l’industrie des combustibles fossiles.

Urgence environnementale

Il insiste sur « ces actions que chacun d’entre nous peut réaliser ». Et il y a urgence quand on voit « l’ouragan phénoménal qui a touché le Cap Vert », « les feux de forêts gigantesques aux U.S.A et la quantité de carbone produite », « le mois de juillet qui a été le pire mois en matière de chaleur », « la quantité de carbone produite actuellement 5 fois supérieure à l’émission permise pour limiter à 2 degrés la hausse des températures ». Or l’ « objectif 2° » fixé à la Conférence des Nations Unies en 2010 à Cancun a été approuvé par 194 nations et impose l’idée que l’atmosphère terrestre ne doit pas se réchauffer de plus de 2 degrés d’ici la fin du siècle. Si toutes les réserves de combustibles fossiles sont consommées, le climat connaitra un réchauffement bien supérieur à 2 degrés. Si la majeure partie des réserves de pétrole, de gaz, de charbon ne peuvent être consommées avec les 2 degrés à ne pas dépasser, elles n’ont plus de valeur pour ceux qui les possèdent. Tel est l’enjeu…

Il cite les évolutions positives qui montrent que tout est possible. « En Australie l’exploitation des mines de charbon se ralentit ». « Les panneaux solaires ont vu leur prix baisser de 80% en 6 ans ». « La conférence de Paris ne sera pas celle de Copenhague car le mouvement est en place ». « Il y a 25 ans que les scientifiques nous ont tout dit » et il est temps que les élus agissent face au « pouvoir politique des énergies fossiles », « l’industrie ayant un énorme pouvoir ».

Il tâcle le président Obama qui fait de grandes déclarations en Alaska mais « qui, il y a 3 mois, a permis à Shell de forer dans l’Arctique, qu’il ne faut absolument pas toucher ». Il semble d’ailleurs que la candidate Hillary Clinton ne soit pas d’accord avec cette décision. (Cette décision d’Obama nous fait d’ailleurs nous rappeler que François Hollande a plaidé lors d’un voyage en Alberta au Canada pour que la France prenne toute sa part avec Total dans l’exploitation de sables bitumineux…)

Le désinvestissement avant tout

Pour agir sur la crise climatique et redresser la barre, le désinvestissement c’est à dire l’arrêt du financement des énergies fossiles est à l’ordre du jour dans de nombreux pays depuis maintenant 3 ans. Il ne faut jamais oublier que les banques, les compagnies d’assurance et les fonds de pension ont investi plus de mille milliards d’euros dans les combustibles fossiles.


« Le fonds souverain d’investissement norvégien,la plus grosse compagnie française d’assurance,des compagnies californiennes désinvestissent ». Le Pdg d’Axa a annoncé que la compagnie d’assurance va désinvestir du charbon d’ici la fin de l’année et tripler ses investissements verts dans les 5 ans à venir. « Les églises, en Grande Bretagne, en Suède, le Conseil Mondial des églises, appellent au désinvestissement ». La première église australienne à retirer ses capitaux investis dans le pétrole, le gaz et le charbon et à réinvestir dans les énergies renouvelables est « Uniting Church of New South Wales and ACT ». L’université de Glasgow, l’université de Californie à Chico, se sont engagées. « Le « Rockefeller Brothers Fund » qui gère les avoirs de la famille Rockefeller désinvestit lui-même des énergies fossiles ». « Des conseils municipaux en Australie se sont eux aussi lancés dans le mouvement ». Et Bill McKibben de citer pêle-mêle les actions menées par « 350.org » : Paghman Valley en Afghanistan, Garissa au Kenya, Auckland en New Zealand, Aspen au Colorado, Madaba en Jordanie, Yakutsk en Russie, Rajalipatty en Inde, Las Cayes en Haïti,en Mongolie…Sans oublier que les majors Exxon Shell Mobil Total font actuellement des prévisions de rentabilité avec l’exploitation du pétrole qui ne sont pas encourageantes. Les compagnies d’assurance s’inquiètent des dégâts causés par les dérèglements climatiques type inondations et des coûts engendrés pour elles.

Celui qui aime dire « il faut savoir mettre une cravate pour aller parler aux gens, il faut savoir aussi être prêt à aller en prison pour ses actions,il faut aussi être impoli quand cela est nécessaire », nous quitte sur ces mots : « le plus gros combat est entre les êtres humains et la physique ; les lois de la physique ne s’arrêtent pas, elles sont intangibles. Il faut dire la vérité ! »

 

Dans la droite ligne de McKibben aux Etats-Unis, en Europe, des gens d’horizons très divers se mettent à agir pour amplifier le mouvement de la « finance verte ». Il y a là pour les députés européens Reinhard Bütikofer et Yannick Jadot, organisateurs de cette conférence internationale sur le désinvestissement « une opportunité de combiner l’analyse économique et financière des risques inhérents à la dépendance au CO2, le risque de bulle de carbone, avec la lutte pour le changement motivé par des raisons morales et environnementales porté par tant de militants autour du monde ». Ils ajoutent : « Il n’y a pas d’avenir pour les énergies fossiles ou il n’y a pas d’avenir. Arrêter le fossile et commencer à investir dans les énergies renouvelables et les technologies d’efficacité énergétique est vital ». Pascal Canfin également présent, ancien ministre du développement espère même que les class actions, ces actions citoyennes s’attaquent rapidement aux problèmes environnementaux. Alors que Nicolas Hulot en préparation de la COP21 nous invite à ne pas oublier que le premier ministre indien Narendra Modi veut donner un accès à l’énergie à 300 millions d’indiens,et un accès à l’énergie 24 heures sur 24 à 300 millions d’autres indiens. Nicolas Hulot ajoutant qu’une femme africaine a posé devant lui l’enjeu de la COP21 à Paris : « Il s’agit de savoir qui va mourir ou pas »

 

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Nicolas Hulot à la conférence sur le désinvestissement


3 réactions


  • cyril 16 septembre 2015 13:44

    Pathétique !

    Mckibben, Canfin sont les idiots utiles des financiers, des grands patrons, donc du capitalisme

    Ce monsieur ne propose aucun changement radical

    Si on ne conteste pas le système capitaliste, vous faites comme ces Messieurs, vous gérez les nuisances et c’est bon pour la croissance

    La cop21 est une supercherie de plus

    Citez en outre N. HULOT le recycleur des pires pollueur pour nous faire avaler n’importe quoi, il faut oser !

    Mckibben, Hulot sont que des communicants qui nous manipulent au profit des capitalistes !


  • Homme de Boutx Homme de Boutx 18 janvier 2016 15:16

    De l’apologie du nucléaire sans le citer !

    Se chauffer au pétrole, c’est 1 kWh dans son salon pour 1 kWh d’énergie primaire.
    avec le nucléaire c’est pour 1 kWh dans le salon, 3 kWh dans le jardin, soit 4 kWh d’énergie primaire.

    L’homme « moderne » déterre chaque année plus 12 milliards de Tep sur une planète de 510 millions de km2, l’équivalent de 240Wh/m2 par an, c’est de quoi :

    - réchauffer l’atmosphère de la planète de 0,2 °C/an

    ou

    - injecter 400 g de vapeur /m2/an soit 0,26 g/m3 sur une colonne de 1500 m de haut (c’est-à-dire la même concentration que dans la plupart des nuages)

    ou

    - réchauffer le sol de 0,2°C/an sur 1 mètre de profondeur

    ou même

    - faire fondre 1200 milliards de tonnes de glaciers, lorsque seulement 300 milliards de tonnes de glaciers disparaissent à l’année !


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