mardi 6 novembre 2018 - par rosemar

Coquelicot dans la récolte...

Le thème de la femme-fleur parcourt la littérature : Ronsard a célébré la femme maintes fois, en l'assimilant à un bouquet de fleurs... On se souvient de l'ode à Cassandre : "Mignonne, allons voir si la rose... " Ronsard évoque la fragilité de la fleur, symbole du temps qui passe si vite et en profite pour lancer une invitation à l'amour. On retrouve ce motif dans une chanson d'Angelo Branduardi, intitulée Coquelicots dans la récolte.

Dans ce poème, la jeune fille est comparée à un bouquet éblouissant de fleurs sauvages, image de beauté, de grâce, de liberté, un bouquet à venir, rempli de promesses...
 
Le poème s'ouvre sur l'évocation de "chaudes nuits d'été", et sur une expression où l'on fait ce constat : "Tu as grandi", le tutoiement souligne une familiarité et en même temps, évoque l'univers de la jeunesse. Des désirs représentés par de "Grands Feux "ont commencé, alors, à naître : on peut voir, là, une allusion à l'adolescence.
 
Les champs sont transformés en "un lit couleur de joie", image pleine de sensualité... Le coquelicot deviendra bouquet prêt à être cueilli et la jeune fille pourra se mettre en quête de celui qui viendra ramasser le bouquet.
 
Le coquelicot, couleur de feu et d'amarante représente bien, ici, le désir amoureux : les sonorités éclatantes de la consonne gutturale "k" traduisent la violence du désir qui se révèle.
 
Les danses, les farandoles de séduction se mettent en place... L'image des feux associés à l'amour revient, pour signifier la force de l'ardeur qui naît...


 
L'adjectif "curieuse" , le verbe "chercher" utilisés dans le refrain soulignent bien la quête amoureuse.
 
La jeune fille est comparée à une "branche", "la plus belle" que l'on essaie d'atteindre, puis à une "pomme nouvelle", symbole du désir et de la fragilité, une pomme destinée à être croquée et "mordue".
 
Voilà le coquelicot dans la récolte, prêt à être cueilli : la fleur, image même de la fragilité, du désir flamboyant symbolise, à merveille, cet âge où le désir fleurit, où l'adolescence se fait jour et connaît de nouveaux émois.
 
Le poème met bien en évidence la quête du désir amoureux mais aussi ses dangers et ses difficultés : la "pomme mordue" suggère, peut-être, une forme de blessure.
 
La mélodie à la fois douce et lancinante nous fait percevoir toute l'ambivalence de l'amour : quête et douleurs sont associées. 
 

On trouve dans ce poème tout un art de la suggestion et, en même temps, une grande force d'évocation dans les images.
 
La mélodie, légère, douce correspond bien à ce monde de l'adolescence si fragile...

 

Le blog :

http://rosemar.over-blog.com/article-coquelicot-dans-la-recolte-123370928.html

 

Vidéo :
 



17 réactions


  • Francis, agnotologue JL 6 novembre 2018 11:27

    Merci pour ce lien vers cette belle vidéo.

     

     Nous voulons des coquelicots


  • rogal 6 novembre 2018 11:50

    Très beau.

    Mais nous ne voulons pas de kokelikots.


  • troletbuse troletbuse 6 novembre 2018 12:17

    Sue les routes de campagne, vous trouverez des coquelicots dans les champs de blé mais uniquement sur une bande de un ou deux mètres le long de la route. Ils sont gentils nos cul-terreux d’en laisser pour les promeneurs. Mais non, si il pouvait arroser des herbicides sur la route, ils le feraient


  • phan 6 novembre 2018 13:00
    Le port du coquelicot commémoratif (poppy) est fortement conseillé au Royaume-Uni surtout dans les clubs de foot : 
    Le Serbe Nemanja Matic (Manchester United) ne veux pas le porter.
    L’ Irlandais James McLean (Stoke) a refusé de le porter lors du match contre Middlesbrough.

    • rosemar rosemar 6 novembre 2018 18:56

      @phan

      Oh non ! Assez de foot !


    • phan 7 novembre 2018 08:08

      @rosemar
      Pourquoi écrire un article sur la fleur mémorielle des Britanniques, admirez la fleur mémorielle française : le bleuet et l’hymne du Bleuet de France



      Tandis que l’étoile inodore 
      Que l’été mêle aux blonds épis 
      Emaille de son bleu lapis 
      Les sillons que la moisson dore, 
      Avant que, de fleurs dépeuplés, 
      Les champs aient subi les faucilles, 
      Allez, allez, ô jeunes filles, 
      Cueillir des bleuets dans les blés !

      Entre les villes andalouses, 
      Il n’en est pas qui sous le ciel 
      S’étende mieux que Peñafiel 
      Sur les gerbes et les pelouses, 
      Pas qui dans ses murs crénelés 
      Lève de plus fières bastilles... 
      Allez, allez, ô jeunes filles, 
      Cueillir des bleuets dans les blés !

      Il n’est pas de cité chrétienne, 
      Pas de monastère à beffroi, 
      Chez le Saint-Père et chez le Roi, 
      Où, vers la Saint-Ambroise, il vienne 
      Plus de bons pèlerins hâlés, 
      Portant bourdon, gourde et coquilles... 
      Allez, allez, ô jeunes filles, 
      Cueillir des bleuets dans les blés !

      Dans nul pays, les jeunes femmes, 
      Les soirs, lorsque l’on danse en rond, 
      N’ont plus de roses sur le front, 
      Et n’ont dans le cœur plus de flammes ; 
      Jamais plus vifs et plus voilés 
      Regards n’ont lui sous les mantilles... 
      Allez, allez, ô jeunes filles, 
      Cueillir des bleuets dans les blés !

      La perle de l’Andalousie, 
      Alice, était de Peñafiel, 
      Alice qu’en faisant son miel 
      Pour fleur une abeille eût choisie. 
      Ces jours, hélas ! sont envolés ! 
      On la citait dans les familles... 
      Allez, allez, ô jeunes filles, 
      Cueillir des bleuets dans les blés !

      Un étranger vint dans la ville, 
      Jeune, et parlant avec dédain. 
      Etait-ce un maure grenadin ? 
      Un de Murcie ou de Séville ? 
      Venait-il des bords désolés 
      Où Tunis a ses escadrilles ?... 
      Allez, allez, ô jeunes filles, 
      Cueillir des bleuets dans les blés !

      On ne savait. – La pauvre Alice 
      En fut aimée, et puis l’aima. 
      Le doux vallon du Xarama 
      De leur doux péché fut complice. 
      Le soir, sous les cieux étoilés, 
      Tous deux erraient par les charmilles... 
      Allez, allez, ô jeunes filles, 
      Cueillir des bleuets dans les blés !

      La ville était lointaine et sombre ; 
      Et la lune, douce aux amours, 
      Se levant derrière les tours 
      Et les clochers perdus dans l’ombre, 
      Des édifices dentelés 
      Découpait en noir les aiguilles... 
      Allez, allez, ô jeunes filles, 
      Cueillir des bleuets dans les blés !

      Cependant, d’Alice jalouses, 
      En rêvant au bel étranger, 
      Sous l’arbre à soie et l’oranger 
      Dansaient les brunes andalouses ; 
      Les cors, aux guitares mêlés, 
      Animaient les joyeux quadrilles... 
      Allez, allez, ô jeunes filles, 
      Cueillir des bleuets dans les blés !

      L’oiseau dort dans le lit de mousse 
      Que déjà menace l’autour ; 
      Ainsi dormait dans son amour 
      Alice confiante et douce. 
      Le jeune homme aux cheveux bouclés, 
      C’était don Juan, roi des Castilles... 
      Allez, allez, ô jeunes filles, 
      Cueillir des bleuets dans les blés !

      Or c’est péril qu’aimer un prince. 
      Un jour, sur un noir palefroi 
      On la jeta de par le roi ; 
      On l’arracha de la province ; 
      Un cloître sur ses jours troublés 
      De par le roi ferma ses grilles... 
      Allez, allez, ô jeunes filles, 
      Cueillir des bleuets dans les blés !
                                        Le 13 avril 1828.

      PS : Les « Bleuets » ont été sacrés, en 2016, champions d’Europe après leur victoire contre l’Italie (4-0)

    • rosemar rosemar 7 novembre 2018 09:26

      @phan

      MERCI pour ce rappel du bleuet de France, pour la jolie vidéo et le poème...

      http://rosemar.over-blog.com/article-bleu-de-gentiane-123447577.html


  • VICTOR Ayoli VICTOR Ayoli 6 novembre 2018 14:00

    Un texte plein de finesse et poésie. Bien Branduardi. J’aime bien Mouloudji aussi « Comme un p’tit coquelicot ».

    Il parait que « coquelicot » vient de « cocorico », rappelant la crête rouge, la fierté du coq, son désir immodéré d’honorer les galines !


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 6 novembre 2018 15:06

    Les fleurs sont comme les mots, les paroles, le chant du coq au matin. Ils s’échappent pour être recueillis, liés, reliés et offert comme l’odeur du vin en un bouquet infini. 


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