Corvées, vivement le retour !!!
En ces temps confinés (chaque fois que j’emploie ce terme je me demande s’il faut changer son orthographe en con finés, avec toutes les conneries qu’on entend), je lisais comme tous les jours la presse. Je pensais sincèrement que le comble avait été atteint par le président du MEDEF, Geoffroy Roux de Bézieux, à propos du temps de travail et du droit, lorsqu’il avait déclaré au Figaro : Question : Le coût de la crise va sans doute dépasser en France 100 milliards d’euros. Qui devra payer la note ? Geoffroy Roux de Bézieux : L’important, c’est de remettre la machine économique en marche et de reproduire de la richesse en masse, pour tenter d’effacer, dès 2021, les pertes de croissance de 2020. C’est la création de richesses qui permettra d’augmenter l’assiette des impôts et donc les recettes, et ainsi de rembourser la dette accumulée pendant la crise.
Ensuite, il faudra bien se poser la question tôt ou tard du temps de travail, des jours fériés et des congés payés pour accompagner la reprise et faciliter, en travaillant un peu plus, la création de croissance supplémentaire. Après les protestations venant même de la Droite, cette phrase a été plus ou moins enterrée. Nonobstant (pour utiliser un langage proche de celui du Moyen-Age), j’ai appris aujourd’hui que l’Institut Montaigne, un think tank libéral, va encore plus loin. En effet, dans une note publiée mercredi 6 mai, l’Institut Montaigne, plaide pour une augmentation du temps de travail après le confinement, avec des journées de travail plus longues, un jour férié en moins, une semaine de vacances scolaires qui saute, un recours accru au forfait jour dans la fonction publique…. « Les périodes de confinement strict ou assoupli, et la nécessité de travailler en coexistant durablement avec un virus en circulation vont bouleverser durablement nos organisations productives », peut-on lire dans cette note. Pour « rebondir face au Covid-19 », l’Institut Montaigne propose d’« assouplir quelques verrous juridiques persistants » en permettant aux entreprises de « déroger au temps de repos minimum [sic] quotidien de 11 heures minimum par jour ». Autre mesure suggérée : autoriser l’employeur « à titre temporaire (par exemple jusqu’en 2022) à imposer le rachat de jours de RTT pour les salariés au forfait sans majorations ». Le quotidien Le Monde (avec l’AFP) cité plus haut nous dit encore que l’Institut souhaite un « accroissement du temps de travail sans pour autant que la rémunération supplémentaire correspondante ne [sic] soit versée immédiatement ». Par exemple, en intégrant le versement des heures supplémentaires « dans la formule de calcul de la réserve minimale de participation versée l’année suivante », voire ultérieurement. La note prône également d’« accroître les catégories éligibles aux forfaits jours dans la fonction publique » et de « diminuer le nombre de RTT dans la fonction publique, à titre provisoire ».
Étant historien de formation, j’ai immédiatement pensé aux corvées des temps révolus ( vraiment ?) : En effet, le dictionnaire nous dit que « La corvée est, au Moyen Âge, un impôt consistant en un travail obligatoire, effectué gratuitement sur le domaine du seigneur ». Serait-on encore au Moyen-Age ? Et pour finir : Selon un vieux proverbe chinois « la connerie n’est pas sur la montagne » ; cela signifie qu’elle est plutôt dans la tête des gens. Là aussi, j’ai encore envie de le réviser légèrement en : Selon un vieux proverbe français, la connerie n’est pas dans la tête des gens, elle est plutôt à l’(Institut) Montaigne !!! A bon entendeur…