Coucou, j’suis encore là !
Et bel et bien là. C’est qu’il est désespérant pour un ambitieux hors du commun d’avoir à connaitre la solitude de l’oubli. Surtout après avoir goûté à tant d’honneurs, eu à voyager dans d’immenses aéroplanes dotés de salle de bains et four micro-ondes, fréquenter ceux que l’on croit être les Grands du Monde, jusqu’à se mettre sur la pointe des pieds, vu sa taille, pour leur donner une tape qui se voulait familière sur l’épaule, interpellant les unes et les autres comme on siffle un copain, qui pratiquait si bien la langue de Molière au point de devenir conférencier éphémère, très bien payé, après un règne qui fut lui aussi courant d’air. Désespérant et insupportable. Les traversées du désert ne sont pas sa tasse de thé. Il lui faut revenir à tout prix. Il a besoin d’être encensé.
Je l’ai revu, en image, par un matin d’hiver, pas plus tard que le 10 février dernier, sur grand écran de « Be Fe Me Té Vé » chez Bourdin qui recevait un autre saltimbanque des grands discours, candidat – déjà – à l’élection présidentielle de…2017 (ils s’y prennent tôt et vont se bousculer au portillon si cela continue). Au fait celui-ci n’est pas mal non plus dans le pléonasme ou le paradoxe « … en France voila vingt ans qu’il fallait commencer à réformer ». Mais « môssieu » vous faisiez partie du sérail pour le faire avec d’autres pendant cette période « …non j’ai appris pendant ce temps là ». C’est qu’il en faut du temps pour apprendre dans cette corporation. Des vies entières de dur labeur, de sommeil et de campagnes…électorales.
Bref revenons à mon « oublié ». Je l’avais côtoyé, en Tunisie, il y a des années du temps où il y était venu accompagné de la belle princesse et suivi d’une clique de suzerains pour vendre au dictateur d’alors, usine atomique, TGV, et bien d’autres babioles (je ne me souviens plus si le célébrissime Rafale faisait partie du paquet cadeau). En tout et pour tout, ce jour là, les pieds sur une estrade, histoire de paraitre au dessus de la plèbe, à l’issue d’un discours dont il avait le secret qui, à défaut de flammes, avait fait « pschitt, il n’avait réussi qu’à vendre… aux français résidant et aux franco-tunisiens venus le voir et l’applaudir (sauf l’irascible récalcitrant que je suis), tenez vous bien à la rampe de la stupeur… une année scolaire gratuite à tout élève français ou franco-tunisien apprenant la France contre une poignée de deniers, dans un lycée français, puits de sciences situé non loin d’une plage chic de la capitale nord africaine. Bravo l’artiste.
Boudiou ce qu’il a changé ! Sur mon écran de télé de février 2014 ! L’image datait de deux ans environ. L’entre deux tours de la dernière campagne présidentielle. Le visage était terne. Le sourire crispé. Notre homme répondait à Bourdin. Question : « Si jamais vous perdiez cette élection, continueriez vous à faire de la politique ? » Réponse : « Non !… Vous pouvez me poser trois fois la même question et trois fois je voue répondrai non !…j’essaierai de faire autre chose… »
En fait d’autre chose, après deux à trois conférences sur n’importe quoi, que fait-il depuis ? Apparemment rien de bien fatigant dans un quartier chic de Paris. Et aux frais (ma foi proches du somptuaire) de l’Etat comme le sont encore – ahurissant – les Giscard et Chirac. Si, il travaille. Il soigne « sa communication » ou plutôt sa propre publicité. Il désire que l’on sache qu’il est bien vivant et non pas encore retraité à part entière. Photo un « petit noir » à la main au bistrot du coin. Alerter les gazettes qu’il reçoit beaucoup. Des as de la politique cela va de soi. Et même des chefs d’industrie. Film d’un retour de jogging à travers les rues de Paris etc… Jamais son staff des « attachés de presse » n’a eu autant de travail. Ce dernier est allé jusqu’ à faire filmer par les télés dans une brasserie parisienne le florilège de ses partisans sablant le champagne pour son anniversaire, leur maitre à penser qui ne faisait pas partie des convives. Grotesque. Du people à tous crins. Même sa charmante épouse participe au lynchage publicitaire. En faisant plouf guitare à la main aux Amériques.
Le soir de ce fameux 10 février, rebelote télé. Il n’est pas loin de 22 heures. Be Fe Me Té Vé diffuse en direct la rencontre américaine entre Hollande et Obama pour un voyage à bord d’Air Force One. Le reportage est long. Les préparatifs, le tapis rouge qui vole au vent, les drapeaux et les militaires au garde à vous, le fameux hélicoptère blindé de la Maison Blanche, dans les airs etc… Pas de Hollande ni d’Obama pour l’instant…
Script comme toujours sous l’image intitulé « Alerte Info ». En continu on y lit que mon « oublié » est accueilli à l’improviste et comme un héros dans une salle de gym parisienne par 2000 militants (selon les organisateurs…mais pas selon la police absente du débat). Pour soutenir Nathalie K (je n’arriverai jamais à orthographier cette partie du patronyme de la dame) Morizet dans sa campagne pour la Mairie de la Capitale. Notre bonhomme aurait attendu plus d’un quart d’heure dans sa berline moteur au ralenti avant d’effectuer théâtralement son entrée en lice (selon Libé). Comme info importante ayant valeur d’un flash comme le résultat d’un match de foot ou le déraillement d’un train, en plein reportage sur la rencontre France Etats Unis, bravo la Redchef de la Télé. Garde à vous. Aux ordres.
Cela a dû lui faire chaud au cœur. Deux mille poitrines qui crient son nom. Un triomphe. Et je me suis mis soudain à imaginer le comportement qui a du être le sien lorsqu’il a visionné l’enregistrement du reportage Obama/Hollande (tel qu’il est, il a dû le faire enregistrer ou l’a vu en direct). Alors là connaissant plus ou moins son caractère comme tout un chacun en France, en avant la rancœur, la jalousie, les regrets, les critiques. Bref les ingrédients de la colère rentrée ou presque. C’est qu’il n’a jamais été reçu en Chef d’Etat lui aux States. Jamais Obama ne l’a attendu en complet veston sous le vent frisquet et sur un tapis rouge qu’il descende d’une limousine flottant tricolore. Et puis qu’Hollande et le chef Amerloque aient devisé sans familiarité aucune mais avec sympathie, jusqu’à la passerelle de Air Force One ! Vous vous rendez compte Air Force One. Le rêve. La France n’avait jamais été reçue ainsi depuis 1996. Donc sans lui.
Alors je me suis dit. Il en fait des coucous j’suis bien là encore…. Donc il a menti il y a deux ans chez Bourdin. Il doit attendre comme il l’a dit je ne sais plus dans quelle circonstance que le France lui demande de revenir … Mais quelle France ? Il se prend pour un Autre Français, qui est revenu voilà plus de cinquante ans, deux fois plus grand que lui. Et puis j’en connais un troisième qui il n’y a pas si longtemps avait dit qu’il abandonnait la politique après la défaite. Lui a tenu à honorer sa parole. On ne le voit plus. Qu’en pensez-vous ? Personnellement je pense qu’il devra attendre longtemps « l’oublié qui ne veut pas se faire oublier ». Dites moi si je me trompe.