vendredi 24 avril 2020 - par Patrice Bravo

Covid-19 : ce que les chercheurs ont appris sur le coronavirus en cinq mois

Cela fait longtemps que les coronavirus exploitent l'humanité. Ils peuvent se manifester sous différentes formes : la fièvre, le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) et ce qu'on appelle le syndrome respiratoire du Moyen-Orient. 

Cependant, la pandémie de Covid-19 a plongé le monde dans un véritable chaos. En seulement quelques mois elle a frappé des dizaines de pays et a emporté plus de 100.000 vies, sachant que sa propagation ne s'est pas arrêtée. 

C'est effectivement un exploit extraordinaire pour une boule de matière génétique recouverte de substances chimiques grasses – lipides, d'un diamètre de seulement 80 milliardièmes de mètre. L'humanité a vraiment été humiliée par un adversaire très modeste. 

Le Covid-19 était inconnu pour la science il y a cinq mois. Mais aujourd'hui il fait l'objet de recherches d'une envergure sans précédent, avec la mise au point des vaccins, les essais de médicaments antiviraux et l'apparition de nouveaux tests de diagnostic. 

Qu'avons-nous appris durant cette période et ses connaissances peuvent-elles mettre un terme à la pandémie ? Des journalistes du journal britannique The Guardian ont fait le bilan des exploits scientifiques. 

L'origine du virus 

Les chercheurs ont découvert que le Covid-19 est certainement apparu pour la première fois chez les chauves-souris, qui ont développé durant l'évolution une forte réaction immunitaire pratiquement à toutes les maladies. Cette défense pousse les virus à se multiplier plus rapidement afin de pouvoir surmonter la résistance de l'organisme solide des chauves-souris. Néanmoins, cela transforme l'animal en un réservoir de virus qui prolifèrent rapidement et se transmettent facilement. Quand le virus pénètre dans d'autres mammifères ayant un faible système immunitaire, il se sent parfaitement à l'aise dans le corps des nouveaux hôtes sans rencontrer de résistance. 

"Ce virus a été certainement transmis d'une chauve-souris à un autre animal, qui est entré ensuite en contact avec l'homme, cela aurait pu se produire sur le marché. La maladie a infecté un individu, qui l'a transmise ensuite à un autre, et l'épidémie s'est produite", explique le professeur virologue Edward Holmes de l'université de Sydney. 

La propagation du virus 

Des gouttelettes contenant le virus sont projetées par un individu infecté en éternuant ou en toussant. Les particules infectées entrent en contact avec les cellules de la gorge et du larynx. Ces cellules possèdent un grand nombre de récepteurs connus comme ACE-2. 

"Le virus possède une protéine prête à bloquer les récepteurs et à entrer son ARN dans la cellule", affirme le professeur virologue Jonathan Ball de l'université de Nottingham. 

Une fois à l'intérieur l'ARN fait plusieurs copies du virus. Elles quittent la cellule et l'infection se propage. Les anticorps générés par le système immunitaire de l'homme attaquent le virus et dans la plupart des cas stoppent son développement. 

"En règle générale, l'infection Covid-19 est invisible, et c'est effectivement le secret du succès du virus. Beaucoup de gens ne soupçonnent même pas qu'ils sont infectés, c'est pourquoi ils vont travailler, faire les courses et infectent les autres", ajoute Jonathan Ball. 

Contrairement au Covid-19, le SRAS tue douloureusement environ un infecté sur dix. 

La mortalité du virus 

Les sérieux problèmes commencent quand le virus descend dans les voies respiratoires et affecte les poumons, qui sont riches en cellules avec des récepteurs ACE-2. Dans ces cas les patients pourraient avoir besoin de soins en réanimation. 

Mais dans certains cas le système immunitaire de l'homme surchargé dysfonctionne et au lieu de défendre l'organisme l'attaque et le détruit. Cela s'appelle un orage de cytokines. Ce que peut dans certains cas entraîner la mort du patient. 

La raison pour laquelle les orages de cytokines surviennent seulement chez certaines personnes et non chez la majorité des infectés reste inconnue. 

Développerons-nous une immunité à vie ? 

Les médecins découvrent un niveau élevé d'anticorps dans le sang chez les patients guéris. 

"Il est clair que les réactions immunitaires au Covid-19 chez les personnes infectées augmentent. Les anticorps assurent une défense contre les futures infections. Mais cette défense ne durera certainement pas toute la vie", déclare le virologue Mike Skinner du Collège impérial de Londres. 

La plupart des virologues pensent que l'immunité contre le Covid-19 tiendra seulement un an ou deux. "Même si la majorité des gens guérissait, nous assisterions tout de même aux pics saisonniers de contamination", ajoute l'expert. 

Certains experts estiment que la maladie pourrait devenir moins dangereuse, d'autres s'attendent à une mutation du virus et à la hausse de sa létalité. "En fin de compte tout cela mènera à l'élaboration et à la mise en place d'un vaccin efficace qui nous préservera contre le Covid-19", rassure Mike Skinner. 

A quand un vaccin 

La revue Nature a rapporté que 78 projets de vaccin ont été lancés à travers le monde, et 37 autres sont en développement. Parmi les projets réalisés – le programme de vaccination, dont la première phase d'essais se déroule actuellement à Oxford, deux autres dans des compagnies biotechnologiques américaines et encore trois dans des groupes de recherche chinois. Les développeurs de vaccins comptent commencer les tests sur les humains cette année. 

Cela apporte l'espoir que le vaccin contre le Covid-19 pourrait être mis au point assez rapidement. Cependant, ce processus sera ralenti par la nécessité des tests sur l'homme. 

Certains chercheurs ont proposé un moyen pour l'accélérer, en contaminant intentionnellement des volontaires pour déterminer l'efficacité du vaccin. "Cette approche n'est pas sans risques, mais elle pourrait potentiellement accélérer les tests du vaccin", déclare le professeur de bioéthique Nir Eyal à l'université de Rutgers. 

Les volontaires doivent être jeunes et en bonne santé, souligne-t-il : "Leur état sera minutieusement contrôlé, ils auront accès à la thérapie intensive et à tous les médicaments." Cela pourrait déboucher sur un vaccin qui sauvera des millions de vie et qui serait prêt bien plus rapidement qu'en effectuant des essais standards. 

Cependant, la méthode de contamination intentionnelle des humains est douteuse. "Nous devons tout penser minutieusement. L'enthousiasme pourrait coûter la vie aux jeunes gens. L'étape finale des essais est encore loin, nous avons du temps pour étudier de plus près cette idée", a conclu le professeur Adam Finn de l'université de Bristol.

 

Source : http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=1544

 



4 réactions


  • François Vesin François Vesin 24 avril 2020 15:05

    Les volontaires doivent être jeunes et en bonne santé, souligne-t-il : « Leur état sera minutieusement contrôlé, ils auront accès à la thérapie intensive et à tous les médicaments. » Cela pourrait déboucher sur un vaccin qui sauvera des millions de vie et qui serait prêt bien plus rapidement qu’en effectuant des essais standards. 

    .

    Du Bill Gates dans le texte !!!


  • nono le simplet 24 avril 2020 16:19

    en France on a appris pas mal de choses ...

    que le virus était une simple grippette et puis non ...

    qu’on ne risquait rien en France et puis si ...

    qu’on était prêts à le recevoir et puis non...

    que les enfants étaient super contaminateurs et puis non ...

    que les masques ne servaient à rien et puis qu’ils étaient obligatoires ...

    que le déconfinement allait se faire par régions et puis non ...


  • Et hop ! Et hop ! 26 avril 2020 09:22

    « En seulement quelques mois elle a frappé des dizaines de pays et a emporté plus de 100.000 vies dans le Monde » (pour 7 milliards d’habitants)


    Comme la grippe saisonnière chaque année.


  • Et hop ! Et hop ! 26 avril 2020 09:30

    «  déclare le virologue Mike Skinner du Collège impérial de Londres »


    Comment osez-vous encore citer cet organisme qui a imposé la prévision délirante de 2 milions de morts en Grande-Bretagne alors qu’il n’y en a eu que 100 000 pour le monde entier, soit 7 morts par million d’habitants.


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