Covid VS Grippe : les mauvais calculs des décodeurs
Le 22 janvier à 18h, l’équipe « des décodeurs » a publié un article m’accusant de réaliser des mauvais calculs et de déformer la réalité dans ma vidéo « Grippe VS Covid, qui est vraiment le plus mortel ? ».
En une du Monde ce week-end, on pouvait voir le logo de ma vidéo avec la mention « Faux » bien visible. L’avantage, c’est que ça me fait de la publicité gratuite et j’ai pu constater que ça a permis à de nombreuses personnes de découvrir la vidéo. Le désavantage, c’est que Le Monde m’a aussi envoyé par la même occasion un certain nombre de personnes qui sont venues proférer des insultes en assumant ne pas avoir regardé la vidéo, mais juste en se fiant à la soi-disant démonstration des décodeurs. C’est assez triste de constater qu’il existe des personnes qui considèrent que les journalistes sont payés pour penser à leur place. Avec la chaîne Décoder l’éco, j’essaye de faire exactement l’inverse. Je vous montre les définitions précises des concepts comme le PIB, le chômage, la dette et depuis un moment, les statistiques des décès, pour que vous ne vous fassiez plus prendre au piège de discours de journalistes ou de politiques qui vous donnent des chiffres sans expliquer ce qui se cache derrière. Je vous donne aussi à chaque fois les chemins pour trouver les données vous-mêmes sur internet.
On va donc voir le procédé tout simple qu’utilisent les décodeurs pour essayer de décrédibiliser ce que je dis et qui est à peu près la même à chaque fois qu’ils font cet exercice. Ils commencent par dire que j’ai raison sur un certain point, de façon à faire croire qu’ils ont une analyse objective. Ensuite ils partent sur quelque chose qui n’a absolument rien à voir avec ce que j’analyse dans la vidéo en faisant croire qu’il s’agit d’une preuve que ce que je dis est faux.
Lien vers la vidéo : https://youtu.be/E8IWRZ-_nDU
La technique des décodeurs : noyer le poisson
Il faut d’abord remercier les décodeurs d’enfin participer à l’explication rationnelle, qui peut se constater dans une grande partie du monde, que le vieillissement brutal des populations, est la principale cause de l’augmentation des décès depuis 20 ans.
La population vieillit un peu à cause de du fait qu’en moyenne les français décèdent de plus en plus vieux, mais surtout par l’arrivée en masse des baby-boomers dans les âges où la mortalité augmente fortement.
Ainsi, toute réflexion sur la mortalité doit être nuancée et corrigée par l’âge des personnes concernées. Grâce à cet article du Monde on commence enfin à diffuser à grande échelle l’idée que l’âge des populations est bien le premier facteur qui joue sur la mortalité. Une fois que tout le monde aura bien ça en tête et qu’on commencera à quantifier les choses, la psychose va tomber. C’est ça le plus important, le reste suivra.
Donc là les décodeurs utilisent le procédé classique qui consiste à dire, le monsieur a pris des vrais chiffres, mais attention, il va s’en servir pour vous manipuler.
C’est à ce moment-là que les choses se gâtent.
Le début du n’importe quoi
Les décodeurs me reprochent de comparer deux périodes de même durée (65 jours), la première pendant la hausse de mortalité due à la grippe hivernale de 2016-2017, la seconde pendant l’épidémie de la Covid-19 de printemps. Leur motif c’est de dire que l’épidémie de Covid-19 a duré toute l’année 2020 et donc que je n’ai pas le droit de regarder le pic de printemps.
Cependant, grâce au graphique proposé par les décodeurs, chacun peut constater que la période de mortalité de chaque épisode est bien limitée dans le temps.
Concernant la Covid-19, la mortalité est bien redevenue complètement normale à partir du mois de mai et jusqu’en octobre. Le but de mon analyse était bien de comparer uniquement un épisode épidémique à un autre. L’idée est de savoir si un épisode de Covid est un événement exceptionnel, ou juste ce qu’on voit habituellement dans les périodes épidémiques. Je ne fais pas du tout une comparaison totale de l’année 2020. Les décodeurs ne le savent probablement pas, mais je fais une analyse de la mortalité des dernières années pour voir si 2020 est exceptionnelle, dans la vidéo juste après.
En tout cas, c’est un autre sujet. C’est assez ridicule de dire que mes calculs sont faux si on prend juste d’autres chiffres.
Petite parenthèse quand même, c’est intéressant qu’ils mettent à disposition un joli graphique qui montre plein de choses que les gens ne savent pas. Grâce à ce graphique, les lecteurs curieux peuvent constater que l’année 2016 a été également ponctuée de plusieurs périodes épidémiques très étalées dans le temps.
La grippe hivernale 2015-2016 a eu des impacts sur la mortalité jusqu’en avril 2016 et la mortalité a augmenté de nouveau dès le mois de septembre suivie d’une forte hausse en décembre au début de la grippe 2016-2017. Le lecteur du Monde peut constater avec stupeur que 2020 n’est pas la seule année ponctuée de plusieurs phases de hausse de mortalité distinctes. Il se trouve juste que la grippe 2016 a eu moins de décès que d’autres années notamment parce que la grippe de 2015 avait tué beaucoup de monde, et qu’on en était qu’au tout début du baby-boom. Fin de la parenthèse.
Pour continuer dans le n’importe quoi de la comparaison, les décodeurs disent « Au total, plus de 70 000 morts ont été attribuées au Covid-19 en un an en France, contre environ 14 400 décès liés à la grippe saisonnière en 2016-2017, selon Santé publique France. » Mais encore une fois, je ne compare pas du tout les décès sur l’année et encore moins les décès attribués à telle ou telle maladie par une autorité. Je propose des calculs qui comparent la mortalité totale par age pendant une période épidémique. Cela me permet de déduire quelle période épidémique a été la plus mortelle entre les 2 en corrigeant du vieillissement. Il se trouve que mathématiquement c’est la période de grippe 2017 qui l’emporte assez largement. J’ai montré que, si la période de grippe 2017, dans les conditions de 2017, était arrivée en 2020, elle aurait fait 8 500 décès de plus que ce qui a finalement été mesuré en mars-avril 2020, uniquement du fait du vieillissement de la population.
Pareil sur ces chiffres, je ne parle pas d’effet ou de non-effet confinement ou autre mesure. Je monte juste que finalement, on a eu beaucoup moins de décès qu’une période épidémique récente, celle de la grippe de 2017, donc on peut maintenant se demander objectivement si ça vaut le coup de prendre toutes ces mesures.
Un certain nombre de personnes me disent que si on ne les avait pas mises en place, ça aurait fait beaucoup plus de morts.
Déjà, on n’en sait rien, mais en plus il faut se poser la question dans l’autre sens :
Quel nombre de morts pendant la période de l’épidémie, vous aurait convaincu qu’il faut arrêter de confiner ?
Par exemple imaginons qu’on n’ait eu aucune surmortalité sur la période. Je rappelle que la mortalité normale en France c’est environ 1 500 personnes par jour toute l’année sur les périodes où on a aucune maladie. Dire 0 surmortalité, ça ne veut dont pas dire 0 mort par jour, mais bien 1 500 morts par jour.
Vous seriez-vous dit la même chose : « ouf on a bien fait ! » Auquel cas, jamais aucune situation ne pourra faire qu’on ne confine pas. Si vous pensez comme ça, il va falloir rester confiner jusqu’à la fin de votre vie, car il y aura toujours des virus qui circuleront. Vouloir confiner sans qu’il y ait de surmortalité, ça s’appelle du délire paranoïaque.
Ou est-ce qu’au contraire avec aucune surmortalité vous vous seriez dit : « oups, on a peut-être fait ça pour rien finalement ». Ce point de vue-là me paraît un tout petit peu plus raisonnable.
Maintenant qu’on en est là, il est faux de dire que nous n’avons pas eu de surmortalité, mais nous en avons eu une du niveau des grippes que l’on voit tous les 2-3 ans. Donc à tête reposée, on sait que la situation de printemps 2020 est similaire, voire plutôt soft comparé à une situation épidémique habituelle. Donc il faut peut-être se détendre un peu. Ma conclusion c’est ça et pas autre chose.
Sur l’argument de dire que les hôpitaux étaient saturés en mars-avril, c’est la même chose. Grâce à la comparaison entre la Covid de mars-avril et la grippe de décembre 2017, on sait que ce n’est pas la Covid qui sature les hôpitaux, c’est le vieillissement de la population et la politique de baisse du nombre de lits. Des épisodes de maladies qui font plus de dégâts que la Covid, on en a tous les 2-3 ans en fait. Puisqu’on a de plus en plus de vieux et de moins en moins de lits, les hôpitaux seront saturés tous les 2-3 ans, c’est juste mécanique. On ne saura jamais quand une période épidémique arrive si elle va être forte ou faible. Elle peut commencer à arriver dès septembre ou au contraire n’arriver qu’en mars et finir en avril, et même parfois les 2 comme en 2016 ou en 2020. Ça dépend des années. Trouvez-vous raisonnable que l’on enferme tout le monde de septembre à avril, plutôt que de mettre des moyens humains dans les hôpitaux ? Le gouvernement a fait son choix lui et pour l’instant, la contestation est maigre juste à cause du plus grand délire paranoïaque jamais enregistré.
Pour finir, les décodeurs font un calcul même pas digne d’un élève de primaire pour estimer, comme ils disent, le nombre de décès qu’on aurait eu en 2017 si on avait eu le coronavirus à l’époque. Il ne s’agit ni des mêmes concepts que ma vidéo puisqu’ils prennent encore une fois le nombre de décès fléchés Covid par santé publique France, ni du même pas de temps, car ils font un calcul sur l’année.
En plus « l’estimation » proposé, qui est juste un bête règle de 3 approximative, ne tient pas compte des problèmes de la structure par âge des plus de 65 ans, ils mélangent donc l’effet baby-boomers avec le vieillissement général de la population due à l’augmentation de l’espérance de vie. A ce niveau, je ne sais pas s’ils font semblant de n’avoir rien compris, ou s’ils font exprès. Entre la bêtise et la malhonnêteté, on ne sait jamais trop ce qu’on préfère. En revanche, on peut estimer le nombre de décès total de 2020 si nous avions vécu la même année sur le plan de la mortalité que d’autres années du passé. C’est ce que j’ai fait dans la vidéo qui a suivi. On constate alors que l’année 2020 et ses 2 épidémies a été plus mortelle que 2017 et sa seule grippe, mais moins mortelle que 2015 et sa seule grippe. Pourtant, la grippe 2015 n’a pas déclenché de mesures aussi drastiques et a été suivi jusqu’à aujourd’hui de la poursuite de la politique des suppressions de lits d’hôpitaux.
L’année 2021 peut être celle où l’on repose la question du besoin en termes de places à l’hôpital et en structures collectives pour les personnes âgées au regard des impacts du vieillissement de la population, ou bien juste une année de plus à continuer d’en supprimer et d’accuser « le » virus d’être seul responsable de la situation.