vendredi 8 juillet 2005 - par Europeus

COWARDS

Coward. Lâche. Le mot peu paraître encore faible. Mais il sonne juste. Car qui d’autre qu’une telle personne pourrait planifier la mort de tant d’innocents. Car oui, n’en déplaise à certains fanatiques, qu’ils soient blancs, jaunes, marrons ou noirs, les hommes et les femmes qui sont tombés ce matin dans les rues de Londres n’ont rien de cette figure du Malin qui serait la source de toutes les frustrations et souffrances d’une partie de la planète. Certes, certains d’entre eux ont voté en faveur de Tony Blair, allié de George Bush dans la campagne irakienne. Et ensuite ? Où est le crime ? Ont-ils demandé à ce que l’on envahisse l’Irak ? Non. Ont-ils crié à la supériorité d’une nationalité sur une autre ? Non plus. Ont-ils pris les armes pour tuer froidement leur voisin ? Encore moins. Alors, où se situe la logique ? Nulle part. Seules de grandes têtes malades peuvent imaginer que l’on peut changer l’ordre du monde en usant d’une effroyable lâcheté. Que l’on peut justifier de tels actes par les Saintes écritures. Rien de ce quadruple attentat n’est excusable. Tout comme rien ne justifie le viol d’un enfant par son père. L’assassinat d’une mère par son fils. Ou la trahison de son frère.

Après New-York, Casablanca et Madrid, Londres souffre. Mais elle n’est pas seule. N’est pas isolée. Car en l’attaquant, c’est un nouveau symbole de la pluralité humaine qui est visé. Hommes, femmes, enfants. Mais aussi natifs britanniques, migrants, Chrétiens, Juifs, Musulmans... La haine du terrorisme n’est pas celle d’une ville, d’un pays, mais bien d’une idée : du vivre ensemble, de l’identité plurielle, de la démocratie. Peut-être parfois imparfaite mais incroyablement précieuse. Ce qu’il est à retenir de ces attentats ? La peine, bien sûr. Mais aussi que face à l’horreur et à la lâcheté il est plus que jamais nécessaire de dépasser nos petites divergences. Qu’il faut plus que jamais organiser les Jeux Olympiques 2012 dans la capitale anglaise. Pour que la planète s’y rassemble, métisse, fière, unie à cette occasion. Que d’ici là, peu importe que nous soyons en désaccord sur certains dossiers avec nos voisins britanniques, si réponse il doit y avoir elle doit être commune. Comme le proposait cette clause de défense mutuelle européenne rejetée avec l’eau du bain par une majorité de Français le 29 mai dernier.

Plus que jamais les Européens ont besoin de s’unir. D’agir de concert et de montrer, ensemble, que la violence n’est pas une issue. En s’unissant autour des causes du terrorisme. En entamant un véritable dialogue avec le Sud. Suivi d’effets. En démantelant ces fameuses cellules dormantes à travers le continent. En continuant de vivre. De prendre le train, le métro, le bus. Sans oublier. Mais fier de vivre dans un univers, certes une fois encore imparfait, mais libre. Mille fois plus libre qu’une personne emprisonnée dans une idéologie de terreur. Et, chose ô combien essentielle, en refusant l’amalgame. Car Al Qaïda - pour autant qu’il s’agisse de cette mouvance - n’est pas le Coran. N’est pas l’Islam. N’est pas les Musulmans. Elle est juste est une chose sans visage, lâche, faible et criminelle, qui peut certes s’enorgueillir de détruire. De séparer à jamais des familles. D’assassiner un père, une mère, un fils, une fille mais qui ne pourra jamais fêter la moindre «  victoire ». Car celle-ci est grande, belle. Se partage dans la joie. Se construit. Or ici, à bien y regarder, il n’y a que défaite. Celle de la pensée et du courage. Au moins, et quand bien même son action fut-elle source de nombreux malheurs, L’IRA avait-elle à ses débuts une certaines noblesse. Celle de s’en prendre à d’autres hommes armés. Militaires. A même de riposter. Tout ce que refusent les nouveaux poseurs de bombe. Lâches et aveugles. Uniquement capables de tirer dans le dos. D’exécuter ceux qui ne peuvent répondre. Des citoyens sans armes à Londres, Casablanca, New-York ou Madrid. Ou un diplomate égyptien en Irak. Quelle fierté, quel honneur peuvent-ils seulement en retirer ? Aucun. Tout n’est, dans ces actes, que défaite. Celle de lâches qui, comme le rappelle avec justesse Ken Livingston, le maire de Londres, feraient bien d’ouvrir enfin les yeux. De voir que dès demain les aéroports, les ports, les théâtres, les musées, les universités, les commerces de la capitale britannique draineront à nouveau dès demain vers son centre une foule chaque année de plus en plus nombreuse. Venue des quatre coins du monde. Parce que les gens savent qu’ils y sont libres. Libres de vivre en paix. D’apprendre. De s’y construire un avenir. Pour eux-mêmes et pour leurs enfants. Tout ce que ne pourra en somme jamais offrir la médiocrité de quelques hommes. Car oui, ne leur en déplaise, il faut bien plus de courage pour construire que pour détruire.

Christophe Nonnenmacher est journaliste

Crédit photo : Alfie



2 réactions


  • Didier Vincent Didier Vincent 9 juillet 2005 07:24

    Je crains que posée comme vous la poser, la question soit insoluble. Vous opposez des valeurs - très belles, très respectables et que presque tout le monde partage - à un moyen d’action, aussi ne sommes nous pas - les terroristes d’une part et le reste du monde civilisé de l’autre - dans la même cour de jeu si j’ose m’exprimer ainsi. Pour moi, et sans dire que je détienne la vérité, la question se pose ainsi : 1/ devons nous utiliser les mêmes méthodes que les terroristes pour lutter contre le terrorisme ? la réponse est bien évidemment non quoique certains pays ont une pratique assez ambiguë à cet égard, renforçant le terrorisme dans sa logique de mort 2/ que faisons nous pour tarir la source du terrorisme ? que faisons nous pour que nos banlieues ne soient pas le champ de recrutement de certains fanatismes ? que faisons nous pour aider certains pays à sortir de leur marasme propice lui aussi à un recrutement massif ? que faisons nous pour que sous couvert de belles paroles moralisatrices nos rapports sociaux deviennent moins violents et que la vie cesse d’être un combat de plus en plus dur, surtout pour les plus démunis et les plus faibles ? la réponse est malheureusement rien ou pas grand chose. Sans vouloir être lyrique, nos sociétés proposent comme seule perspective la consommation (avoir) alors que beaucoup de personnes veulent tout simplement exister (être). Devant cette perspective si désespérante qu’est la consommation, est il si anomral que certains s’égarent ?


  • Christophe Nonnenmacher (---.---.196.252) 9 juillet 2005 11:43

    Suite à un commentaire qui vient de m’être posté (en fait introuvable sur le site en dehors de ma bpîte mail / désolé mais quelque chose m’échappe encore smiley, le modèle de nos sociétés peut en partie expliquer certains actes barbares mais bien évidemment non les justifier. Rien ne justifie cela. Reste qu’il est urgent de réinvestir le terrain social. Pas à coups de subventions (ne sert à rien à long terme) mais en réinvestiisant certains quartiers au niveau national. En faisant en sorte que les extrêmes ne soient plus les seuls à y dispenser leur message. En accompagnant intelligemment les personnes des cités qui souhaiteraient y créer leur entreprise. Passé la Société à 1 euros, peut-être serait-il également bon de voir qu’un accompagnement en termes administratif, juridique, études de marché etc... pourrait aider à la création de PME dans ces quartiers et d’y créer de l’emploi. Les Canadiens le font avec succès, pourquoi pas nous ?

    Sur le plan international, peut-être serait-il bon de voir s’il est opportun que les pays les plus pauvres sont ceux qui nous apportent l’ensemble de notre matière première. Le déséquilibre est assez ahurissant. Des vrais politiques de coopération devraient être repensées.

    Sur le plan diplomatique, l’occident agit comme si son modèle était le meilleur au monde. Peut-être est-ce vrai mais il ne s’impose pas par la force.

    Côté terrorisme, l’Europe doit apporter des réponses communes et pour cela se donner les moyens de les développer. En communautarisant certains pans de souveraineté (diplomatie, défense, politique d’asile, Intérieur).

    Toutes ces pistes ne sont peut-être pas bonnes - elles ne sont que quelques idées - mais il serait peut-être bon au moins de les étudier. Enfin, je crois...

    Christophe


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