David Cameron détricote l’Union européenne ?
En parallèle au débat sur l'avenir du Royaume-Uni dans l'UE, le gouvernement britannique a lancé en juillet 2012 une très importante consultation, 32 rapports prévus, pour établir un tableau complet de ce que l'UE apporte ou non au Royaume-Uni. « Nous devons examiner si l’équilibre est bon dans de très nombreux domaines dans lesquels l’UE a légiféré... », a expliqué le Premier ministre (Euractiv 02/04/13).
Cette démarche peut être envisagée sous deux perspectives qui ne s'excluent pas l'une l'autre mais plutôt se complètent : D.Cameron qui dit vouloir rester dans l'UE, espère en tirer des arguments face aux eurosceptiques britanniques lors du référendum annoncé en Grande Bretagne pour 2017 au plus tard ; mais aussi, pour armer le gouvernement britannique lors d'éventuelles négociations européennes dans une perspective d'Europe à la carte... Et dans les 2 cas, pouvoir récupérer des compétences au moins pour le Royaume-Uni.
Dans sa magnanimité, le Gouvernement britannique est prêt à entendre les gouvernements étrangers qui voudraient donner leur point de vue, « pour que l'Europe fonctionne mieux ». Au même titre que les groupes de pression ou les syndicats britanniques ? La France et l'Allemagne ont répondu négativement, les Pays-Bas sont plus ouverts, d'autres se disent prêts à participer...
La démarche peut être considérée comme relativement démocratique dans le cadre national. Il n'en est pas de même au niveau de l'Union européenne.
L'UE fonctionne sur le modèle intergouvernemental. Le Royaume-Uni aurait pu faire une proposition aux autres gouvernements, à la CE..., bienvenue pour un débat à l'échelle de l'UE lors des élections européennes de 2014. Il a choisi de faire des pays de l'Union des des auxiliaires de sa campagne nationale. Pour savoir ce qu'apporte ou non l'UE à son pays. Au moment où, la « crise aidant », des voix se lèvent pour une gouvernement fédéral de l'Union européenne, David Cameron se situe en deçà de la gestion intergouvernementale de l'Union.
A chaque nouvelle difficulté, tout le monde voit bien que l'Union ne fonctionne pas correctement. Que les pays ont été admis sur des critères inadéquats : l'Espagne, Chypre respectaient les critères de Maastricht au moment de leur adhésion, ce qui ne les a pas empêché de connaître une crise grave ! Que les décisions sont prises toujours avec retard. Que la politique suivie ne répond pas à la situation de l'UE mais aux intérêts de quelques États...
Devant cette situation, certains proposent des solutions en fonctions des intérêts réels ou supposés de leur État et quelquefois de leur calendrier électoral...
Mais comment se fait-il qu'aucun gouvernement, qu'aucun politique, qu'aucun parlementaire ne se lève pour crier que la meilleure façon d'avancer demeure l'élection d'une assemblée constituante.
Elle permettrait de mettre au pont un texte commun que les peuples, après un large débat, pourraient adopter ou rejeter. Qui permettraient aux uns de rester dans l'Union, aux autres d'en sortir et d'éventuellement négocier une association...
Il est surprenant que tous ces démocrates ne veulent qu'une solution, la leur, sans réelle consultations des principaux intéressés, les peuples de 'Union.
Quant au Royaume-uni, sa politique a été constante, tout faire contre l'Union de l'Europe : création de l'association européenne de libre échange, après son échec, entrée dans l'Union pour la contrôler de l'intérieur, engagement en fonction de ses seuls intérêts (« I want my money back » de Margaret Thatcher), élargissement à tout va pour faire de l'Union seulement un marché, ingouvernable politiquement, diminution du budget propre de l'Union... La proposition de D. Cameron ne vise qu'à entraîner l'Union dans encore moins de solidarité européenne.