David Vallat, le jihadisme anachronique et hors-sujet mis en avant par les médias
C'est sur BFM-TV que sa sympathique bouille nous est apparue, il y a quelques jours. David Vallat nous est présenté comme un "djihadiste repenti", donc un ex-fanatique qui aurait déposé les armes pour revenir à la raison. En ces temps troublés, il y aurait de quoi rassurer les braves gens, car notre bonhomme serait la preuve vivante qu'il y a une vie après Daech. Seulement voilà, il s'agit d'une manipulation médiatique de plus, avec la complicité involontaire de David.
Car le problème, c'est qu'il n'a jamais fréquenté Daech (!)... David Vallat n'a jamais mis les pieds au Proche-Orient. Dans sa jeunesse (il y a tout de même vingt ans !), ce brave gars un peu paumé, cantonné aux petits larcins alimentaires, s'est engagé auprès des musulmans bosniaques. C'était durant la guerre civile yougoslave, où de nombreux occidentaux furent choqués par les crimes commis par les milices serbes. Il y eut donc des volontaires montés au combat auprès des bosniaques, qui, à cette époque, n'étaient pas religieux. Il n'y avait pas de "fondamentalisme" islamiste dans cette région laique de l'Europe centrale, mais des rancoeurs nationalistes issues de plusieurs siècles d'histoire chaotique.
Donc David a combattu, avec courage. Puis il est rentré en France, en révolte contre les institutions. C'était l'après-mur de Berlin, où durant quelques années la lutte des classes était encore là. Le communautarisme n'était pas encore marqué au milieu des années 90 en France, pas au point d'engranger du jihadisme en tout cas. David était en révolte contre la société, mais n'en voulait pas aux civils... Loin des Abbaoud et autres cas jihado-psychiatriques. Converti à l'islam, il a flirté avec le GIA, fait du trafic d'armes, puis il a été arrêté et a purgé quelques années de taule. Après, il s'est repenti et rangé.
On voit mal le point commun entre ce gars et les commandos d'assassins qui ont ensanglanté Paris et Bruxelles. David Vallat, le converti, vient de la France profonde, ses parents étaient de culture catholique. Qu'on le veuille ou non, peu nombreux sont les jihadistes qui présentent ce profil ; toutefois ils sont mis en avant par les médias pour cacher la triste réalité qui dérange.
Celle de la violence sans limite des jeunes générations issues de l'immigration maghrébine, baignées par l'islam orthodoxe dans des ghettos urbains où misère culturelle et économique frappent durs. Les "jihadistes" de Daech sont nés dans les années 90, la lutte des classes et les brigades rouges ne font pas partis de leur univers. En l'occurence, Abbaoud, Abrini et autres Merah ont connu la dénationalisation de la France, le "nique la France" meuglé par des rappeurs aux ordres du système. Sans perspective d'avenir ni conscience politique, trop limités sur le plan culturel, les jihadistes ont cèdé aux sirènes du calife-gourou Abou Bakr. Le meurtre, la violence et le fric sont leurs seules raisons de vivre pour se venger de la société, et non la changer comme l'extrême-gauche des années 70. Le jihadiste n'est qu'un ex-truand manipulé, sans humanisme et pétris de sous-culture "racaille".
Si David Vallat avait un côté idéaliste, inspiré à son insu par l'environnement culturel de son adolescence (le rock alternatif, les mouvements sociaux etc.), il est impossible d'en dire autant pour les jeunes générations. Son cas est donc hors-sujet. Du coup, deux conclusions s'imposent concernant la récupération de son cas par certains médias.
Soit les journalistes manquent de culture au point de ne pouvoir discerner un militant d'un assassin, et surtout la nature de ses engagements ; soit ils nous ont présenté David Vallat comme échappatoire aux sinistres réalités. Déni de réalité ou inculture, cela fait désordre dans les deux cas.
On attend toujours le témoignage d'un véritable repenti de Daech. Il y en a parait-il quelques-uns, mais vous ne les verrez pas. Car ils risqueraient leur vie en se dévoilant, un autre signe de la manipulation médiatique de l'affaire David Vallat. Comme quoi l'esprit critique demeure une arme indispensable pour distinguer la réalité de l'illusion au pays des droits de l'homme...