jeudi 22 décembre 2011 - par laurentgantner

De l’économie européenne à l’économie mondiale ?

Alors là c'est quand même la totale, ils ne manquent pas d'air les dirigeants de ce monde… Ce qu'ils gloussent depuis trois ans aux quatre coins de l'Union européenne crisant ses sommets en chaîne aux appuis de la récession montant jusqu'à l'austérité, frappant au passage à peu près tous les pays après de nombreux efforts, se transpose maintenant à l'échelle mondiale dont on nous dit à titre préventif que dorénavant les pays en développement risqueraient de souffrir de nos perturbations financières en sa version simplifiée, monétaire (?) peut-être aussi selon les décisions prises et l'ampleur de l'effondrement dont on pressent avec acuité qu'il est probable mais qu'on en est encore loin… C'est un peu rude de transposer le schéma de la gestion de l'Europe à celui des programmes de développement qui, de facto, ne pourront plus bénéficier de toutes les aides allouées jusqu'ici. Pourtant de cette réalité économique inflexible qui ne relève en rien d'une illusion voit déjà se poindre, alors certainement à une échelle massive et incontrôlable, les affres non plus de réfugiés climatiques mais des réfugiés économiques bel et bien entrain de crever la faim auprès de qui, hélas, les moyens d'intervention resteront limités mis à part d'hasardeux mécènes ou des investissements privés qui auront à disposition les fonds nécessaires et les moyens techniques pour poursuivre l'oeuvre entamée… Ne risque-t-on pas de voire s'y poindre une possibilité de sélectionner et de favoriser des pays tout en dévalorisant une certaine concurrence jugée inintéressante ou a rentabilité limitée, peu valorisante ? Les pays qui ne "suivront" pas l'Ordre mondial continueront de se faire regarder de travers comme le furent la Syrie, la Libye, l'Afghanistan et l'Irak dans le temps passé aux préparations d'interventions militaires ciblées avec un centre à venir pointé vers l'Iran… Évidemment si tout cela se faisait démocratiquement par des élections libres toutes les armes finiraient sur une décharge d'ordures mais comme l'économie vacille des remous d'une dette, le risque éminent de faire parler les armes reste prégnant. Quand l'économie flanche les États puissants cherchent toujours à utiliser leur force de frappe pour imposer leur point de vue mondial de l'économie du monde en se prétextant des zones d'intervention… Ouverture de marchés ? Dangers pour nos démocraties ? Ennemi idéologique opposé à l'ouverture des marchés et au libéralisme ordonné ? Tous ces vecteurs révèlent certaines causes d'effondrements boursiers mais n'expliqueront jamais ce qu'il faudrait faire pour ne pas en arriver aux guerres intestines interventionnistes à part peut-être l'idée bénéfique qu'on pourrait se faire en considérant qu'une armée puissante n'a plus, aujourd'hui, forcément une économie forte…

Sans vouloir sombrer dans la conception alarmiste de Christine Lagarde* il faut bien se rendre compte qu'il devient de plus en plus difficile de faire de la croissance et que la prospérité prétendue des Nations pourrait en prendre un coup… C'est du moins ce qui ressort de ces déclarations lors d'une Table ronde tournée vers l'Afrique… Ralentissement et baisse sont les mots d'ordre de mise en garde, presque guise d'excuse, à la probabilité que les coups portés à nos économies "avancées" se répercutent sur les économies en développement, quasiment annoncée comme pouvant devenir imminente et inéluctable… Ce "tournant très dangereux" lancé à Lagos renvoie aux interactions perpétuelles qu'entretiennent dans une économie de marché les notions de commerce équitable placé dans un contexte de concurrence équitable qui, lorsqu'elle arrive au bout, sans être devenue pour autant déloyale peut toujours faire appelle au libéralisme qui lui décrètera alors une guerre équitable en péché mignon, fusse-t-elle conceptuellement économique ou d'une bassesse matérielle armée. Et comme chez nous en France ou ailleurs en Europe nous annonce-t-elle, ce seront, vous l'aurez deviné, les pauvres qui seront en première ligne…

Laissons Mme Lagarde poursuivre ses investigations de sensibilisation sur les routes du Nigeria et du Niger avant qu'elle n'arrive en Afrique du Sud - ce sont quand même parmi les pays les plus pauvres de la planète - pour nous interroger comment qu'une politique aussi pitoyable, menée chez nous et toute la majorité droitière de l'Europe ait pu déteindre et infester tout le marché mondial de l'économie de la planète ? Avant on pouvait encore dire que c'était à cause des crises américaines, se trouver des recharges linguistiques comme les subprime ou une stock-option pour se cérébraliser l'incompréhensible mais là, non… C'est vraiment trop fou… Après quelques années de licenciements par pelletées (il y a 20 ans c'était par un millier qu'ils viraient, aujourd'hui c'est dix mille d'un coup qui sont mis dehors), de délocalisations, de multiplication d'entreprises aux faillites transformées en épongement de dettes c'est au tour des plus pauvres de se voire enlever le pain de la bouche… À droite, on avance toujours, certes, mais à force je vais finir par vraiment croire que c'est à l'envers… Mais eux, là-bas, Africains à l'Histoire douloureuse ou Asiatiques aux surprenantes disciplines se révolteront peut-être différemment à moins que le courant continu qui semblait assurer la prospérité des puissances n'ait vraiment disjoncté et qu'ils s'apprêteraient même au pire ?

*http://lapresseaffaires.cyberpresse.ca/economie/international/201112/20/01-4479463-leconomie-mondiale-se-trouve-a-un-tournant-tres-dangereux-dit-lagarde.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=lapresseaffaires_LA5_nouvelles_98718_accueil_POS4



2 réactions


Réagir