vendredi 17 avril 2020 - par Desmaretz Gérard

De l’utilité des masques de protection

«  Les agents bactériologiques (...) sont considérés comme des organismes vivants, quelle que soit leur nature, ou substances infectieuses dérivées des ces organismes, destinés à provoquer la mort ou la maladie chez l'homme, les animaux ou les plantes et dont les effets sont fonction de leur aptitude à se multiplier chez l'homme, l'animal, ou la plante attaquée  » (rapport des Nations-Unies). Dès l'antiquité, les Romains suggèrent la présence de créatures invisibles : « Dans des endroits humides se développent des animacules tout à fait petits que l'œil ne peut apercevoir et qui transportés par l'air passent par le nez et la bouche pour se fixer dans le corps y causant de graves maladies ». En 590, quatre-vingts Romains qui participent à une procession se dirigeant vers l'église Santa Maria Maggiore meurent de la peste. Selon la croyance que les démons pénètrent dans le corps par la bouche, les fidèles vont adopter le premier geste barrière et se couvrir la bouche lorsqu'ils éternuent.

Au M-A on attribue les maladies contagieuses à des miasmes véhiculés par de l'air vicié ou des aliments avariés. Les lépreux vivent dans des léproseries et doivent faire tourner une crécelle lors de leur déplacement pour signaler leur approche. En 1383, le port de Marseille impose un délai de quarante jours aux déchargements de navires suspects de peste à bord. Au XVI° siècle, Girolamo Fracaster, médecin du Pape, entrevoit le principe de contagion : des « germes capables de se reproduire, se multiplier et d'envahir le corps transmissibles d'homme à homme ». Impensable pour les médecins de l'époque adeptes de la théorie des miasmes. Un bouleversement apparaît vers le XVII° siècle : « les religieux seront avisés de ne pas approcher de trois pas les infectés en leur administrant les sacrements, de choisir l'endroit du vent pour divertir l'haleine du malade ». En 1619, de Lorme, médecin du roi Louis XIII, va populariser le masque en carton avec un nez long d'une douzaine de centimètres bourré d'herbes, d'épices et de vinaigre.

En 1674, Van Leewenhoek observe pour la première fois des bactéries contenues dans les eaux boueuses grâce à un microscope, grossissement x 200. Lors de la peste de Marseille, les « croque-morts » se couvrent la bouche et le nez d'un morceau d'étoffe replié imbibé de vinaigre pour chasser les mauvaises odeurs encore associées aux miasmes. Au XVIII° siècle, le port du « masque » est recommandé aux mineurs pour se protéger des poussières. En 1847, un médecin allemand est victime d'une septicémie acquise à la suite d'une blessure lors de l'autopsie du corps d'une femme morte d'une infection puerpérale. Semmelweis interdit aux étudiants de toucher à ses malades, la mortalité tombe de 13 à 3 % en quelques mois ! Joseph Lister remarque vers 1850 que de nombreux malades opérés décèdent d'infection ou de plaies qui suppurent. La diffusion des travaux de Pasteur sur le rôle des micro-organismes dans la fermentation et la putréfaction va bouleverser la théorie de la génération spontanée. Durant de Guerre de 1870, de nombreux médecins sont toujours réfractaires au lavage des mains, 39 % des blessés français meurent d'infections et 3 % du tétanos !

En 1897 Carl Flügge démontre que les « postillons » peuvent être transportés à distance par des courants d'air, une année plus tard, Mikulicz apporte la preuve qu'un masque retient presque toutes les bactéries ! Après avoir fait parler des lépreux devant des boites de Pétri avec et sans masque, il constate qu'en dix minutes 90.000 bactéries sont projetées contre 20 à 80 fois moins avec un masque en place ! Des médecins contestent le port du masque, l'équipe qui opère n'a qu'à communiquer par gestes et non par la parole... Le professeur Berger qui n'est pas de cet avis apporte la preuve de l'utilité du masque en 1899. Le masque va se transformer en une bavette cousue sur le haut du plastron maintenue en place par deux lanières nouées derrière la nuque et la tête. Le médecin Charles Broquet a l'idée d'emprisonner une compresse en coton dans une gaze en 1911.

Le 22 avril 1915 nos soldats stationnés dans des tranchées au nord d'Ypres (Belgique) suffoquent, vomissent, tombent à terre victimes de vapeurs jaune-verte poussées par le vent ! Ils seront les premières victimes d'une attaque massive au gaz (chlore). Armées, médecins, pharmaciens, chimistes vont plancher pour protéger les soldats français et alliés de cette arme interdite par la Convention de La Haye 1899. Les soldats vont recevoir un baillon, une compresse comprenant une dizaine épaisseurs de tulle retenant de la ouate ou de l'étoupe, et une paire de lunettes (il été rapporté que les Allemands auraient allumé des brasiers dans les trachées afin de créer un courant d'air ascendant pour se protéger). On va saturer la compresse d'un liquide neutralisant l'agent chimique (il semble que cette idée n'ait été non reprise avec les masques sanitaires par l'ajout d'un bactéricide ou virucide), tampons imbibés d'hyposulfite de soude et carbonate de soude dissous dans de l'eau glycérinée (tampon P), puis d'huile de ricin et ricinade de soude, sulfaninate de soude contre le phosgène (tampon rouge), d'acétate basique de nickel contre l'acide cyanhydrique ( tampon P2). Le masque restant imparfaitement étanche à la racine du nez, on y place une barrette métallique pour mieux en épouser la forme.

On va coudre le « masque » avec les lunettes (masque Tambu) et tester une cagoule en flanelle plus rapide à enfiler (14 secondes, le bâillon et lunettes 30 secondes), inconvénient, la plaque de vision (mica) se déplace et la buée entrave la vision. Le masque pourvu d'une soupape fait son apparition en 1916, bientôt suivie d'une cartouche métallique vissée. La cartouche filtrante au charbon poreux pour en accroitre la surface de contact retient l'agent toxique. Fin 1916, le masque assure une protection de 4 heures à l'exposition au chlore, une concentration de 6,4 gr/m3. La protection contre les retombées apparaît en 1917 avec une pèlerine (bourgeron) en toile enduite, une paire de gants et de bottes (ancêtre de la SP3 des années soixante) pour lutter contre le gaz moutarde (ypérite). La grippe espagnole (virus H1N1) de 1918 va contribuer au port du masque lors d'épidémies.

La première attaque scélérate au gaz a entraîné 35 % de victimes, avec le port d'un masque rudimentaire le chiffre va passer à 24% et atteindre 2,5 % avec les masques perfectionnés. Le masque Tissot retient le gaz carbonique contenu dans l'air expiré par une solution de potasse, l'ajout d'oxygène est délivré à partir d'un réservoir sous pression. Les Allemands sortent en 1927 un appareil respiratoire qui régénère l'oxygène par décomposition du gaz carbonique sur du peroxyde de sodium. En 1934, le masque contre les gaz est considéré comme une arme, il sera classé arme de 3° catégorie par un décret de 1939 ! La loi R. 311-3 du Code de la sécurité intérieure le classe en arme de 2° catégorie, un décret permet toutefois aux collectionneurs leur détention libre pour les modèles antérieurs au 01 janvier 1965.

En 1957-58, une grippe apparue en Chine est propagée à Hong-Kong par les réfugiés fuyant le régime communiste. L'agent pathogène est une association du virus influenza H1N1 avec un virus de grippe aviaire. Le nouveau virus H2N2 va faire plusieurs dizaines de milliers de morts en France (population 44.788.000 d'habitants, immunisation acquise 20 %). Selon le syndicat MG France, le nombre de cas de Covid-19 est largement sous-évalué, les victimes décédées à domicile (26 %) et en maisons de retraite (14 %) ne sont pas testées, 59 % des décès surviennent en milieu hospitalier.

Lors d'un éternuement plus d'un million de gouttelettes (95 % de 2 à 100 µm) sont propulsées à une cinquantaine de m/sec contre cent-mille lors d'une quinte de toux. Leur persistante dans l'air dépend : de leur taille, du degré hygrométrique, de la température, du support et de la souche contaminante, quelques heures pour le virus de la grippe, un mois pour tuberculosis (source INRS). La dessication dépend des mucosités entourant la bactérie ou le virus, la sédimentation intervient en 10 secondes pour 100 µm, et en quatre minutes pour 20 µm. La « dose infection » du covid-19 reste pour l'heure inconnue (celle de la grippe plus de 790 micro-organismes).

Chaque type de masque possède ses propres caractéristiques en fonction de l'agent bactériologique : toxicité - viralité - durée d'incubation - contagiosité - sa spécificité - sa détection - durée des effets - traitement disponible - capacités des services de santé - létalité - effets résiduels. La dose inhalée est proportionnelle à la concentration de l'agent, sa taille (bactérie 0,3-15 µm, virus 0,02-0,25 µm, le covid-19 0,12 - 0,16 µm) et à la durée de l'exposition. Les masques chirurgicaux empêchent leur porteur de projeter des gouttelettes (les gouttelettes supérieures à 5 µm se déposent sur les muqueuses nasales et les yeux, les plus fines pénètrent l'appareil respiratoire) mais n'empêchent pas l'inhalation de minuscules particules aéroportées. Les masques portés par le personnel de santé au contact des malades sont les masques FFP2 (FaceFilter et P pour protection contre les particules, poussières et aérosols, 1 : concentration de polluant < à 0.1% - 2 : < à 0.5% - 3 < à 1%). Le niveau P2, filtre environ 94 % des particules d'environ 0,6 µm.

Deux catégories de masques « alternatifs » ont été homologués par l'AFNOR pour faire face à la pénurie : l'une qui filtrent au moins 90 % des particules de 3 micromètres à destination des professionnels en contact avec le public, l'autre filtrant au moins 70 % des particules de 3 micromètres pour les contacts occasionnels dans le cadre professionnel. L'efficacité de ces masques dépend du tissage du textile utilisé (toile, sergé, etc.). Tout tissage est caractérisé par son armure : nombre et nature des fils de chaine et trame par centimètre (naturel ou artificiel), de son poids au mètre carré et du traitement (imperméabilisation, ignifugation) ou non. L'effet Van Der Waals ou phénomène de capillarité sur la retenue des gouttelettes par les fibres textiles (force électrostatique) n'est jamais évoqué... D'autres aspects sont à prendre en compte : l'acceptation sociale du port, son confort ou inconfort (Si vous vous grattez le visage sous votre masque, le portez sur le front ou sous le menton le temps de téléphoner ou fumer une cigarette cela le rend inutile), résistance respiratoire, la perception du risque sanitaire, la durée d'utilisation, son ajustement (groin, bec de canard, coque rigide). « on peut prévoir qu'un certain pourcentage du personnel portant le masque sera atteint par suite d'un défaut d'instruction, du mauvais entretien du masque, de la croissance de la barbe ou à des blessures au visage qui empêchent une adhérence correcte du masque ». La barbe « hipster » ou autre rencontrée parmi les personnels de santé est inadéquate au port d'un masque...

Selon Mme Sibeth Ndiaye sénegalo-française née à Dakar qui « assume parfaitement de mentir pour protéger le président » (sic)..., « les masques n'étaient pas utiles, voire contre productifs pour ceux qui ne savaient pas les porter ». Pensait-elle aux masques tribaux pour sortir une telle ineptie ou voit-elle en la personnification présidentielle l'intermédiaire entre les hommes et les dieux ? « Faute de matériel de protection en quantité suffisante, les contaminations se sont poursuivies dans les structures économiques qui sont restées actives. De nombreuses personnes positives sont rentrées chez elles, contaminant sans le savoir leur entourage, ce qui a conduit à maintenir un niveau élevé de virus dans la population, y compris durant le confinement » (Anne Hidalgo).

La possession d'un véritable masque devrait être étendue aux personnes vivant à proximité d'un site classé « Seveso » en prévention d'avoir à rejoindre le point de regroupement fixé pour quitter la zone contaminée en sûreté !

 

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7 réactions


  • Olivier Perriet Olivier Perriet 17 avril 2020 14:24

    Donc vous démontrez que Sibeth a raison :

    lorsqu’une opposition en carton pâte explique qu’il est indispensable, pour chaque Français, d’avoir des masques anti poussière pour se protéger d’une épidémie, on est plus proche de la patte de lapin protégeant l’automobiliste, ou du bec cartonné rempli d’épices, que des masques donnés aux Poilus contre les attaques au gaz moutarde pendant la guerre ;


  • Berthe 17 avril 2020 16:51

    Le très controvesé masque qui protège, les intéressés se rendent compte qu’un bon nombre de décès est la conséquence d’une comorbidité. C’est seulement depuis le 16 avril que ls personnes atteintes d’une pathologie chronique ont la possibilité de retirer trois masques par semaine en pharmacie. L’avenir nous dira l’ampleur du scandale sanitaire... L’Ars chaque année est en charge d’organiser la campagne de prévention des risques en coordination avec Amelie, invitations auprès des patients en ALD à se faire vacciner contre la grippe annuelle, prévention du cancer du colon, cancer du sein. Il leur était parfaitement possible de dépister, confiner et traiter bien avant les hospitalisations etc... pour éviter une hospitalisation...


  • cétacose2 17 avril 2020 20:39

    Des masques pour les français , des capotes pour les africains et...des chaussettes pour les culs de jatte !


  • troletbuse troletbuse 17 avril 2020 23:25

    Rappelez vous : au début de l’épidémie, les fumeurs risquaient plus de contracter le virus que les non-fumeurs. Aujourd’hui on vous dit le contraire.

    http://www.letribunaldunet.fr/sante/coronavirus-fumeurs-moins-touches-par-lepidemie.html

    Quand je vous dis que Micron veut le plus de morts possible.

    Pour la fabrication du virus dans un labo, les petites tarlouzes de nos merdias se défendent bec et ongles sortis et disent : ;Rien ne prouve que le virus a été créé dans un labo

    Je constate que rien non plus ne prouve que le virus n’a pas été créé dans un laboratoire  smiley

    https://www.sudouest.fr/2020/04/17/rien-ne-prouve-que-le-coronavirus-a-ete-cree-en-laboratoire-les-dessous-des-fake-news-sur-le-covid-19-7419752-4696.php


  • troletbuse troletbuse 18 avril 2020 09:10

    N’étant pas un buveur de bière, je viens seulement d’apprendre que le responsable de la grippe à bière était la bière Corona, porteuse de virus.

    Une grande avancée scientifique. Corona bière mexicaine 4°5. Elle n’est pas très forte, il faut donc en consommer beaucoup smiley


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