vendredi 16 octobre 2020 - par Lucchesi Jacques

De la convergence des luttes

 

Le séparatisme, si discuté actuellement, serait-il seulement d’ordre ethnique et religieux ? Sûrement pas ! Avec Alice Coffin, nouvelle égérie tant du féminisme que du lesbianisme, nous savons à quoi nous attendre.

 Ceux qui ont, comme moi, vécu avec curiosité les années 70 savent combien les mouvements homosexuels étaient alors aux avant-postes de la contestation sociale. Qu'ils s'appelaient PHAR ou GLH leurs militants s'opposaient frontalement tant à la répression policière - féroce - qu'à l'opinion publique encore englué dans de vieux clichés (le succès d'une comédie comme La cage aux folles en fut un bon exemple). Ces mouvements, qui avaient tous des antennes régionales, participaient d'un réveil des minorités qui allait de l'écologie libertaire aux féministes du MLF. Si ces dernières savaient particulièrement capter l'attention des médias, les lesbiennes à l'intérieur de la mouvance gay restaient en revanche plutôt effacées. Pour l'essentiel, c'étaient des hommes qui l'incarnaient et qui portaient le programme politique de cette population. A droite ou à gauche, leurs références étaient principalement littéraires : Henry de Montherlant et Roger Peyrefitte pour les uns, Jean Genet et Guy Hocquenghem pour les autres. Ce sont d'ailleurs les gays masculins qui devaient, quelques années plus tard, payer le plus lourd tribut au SIDA. Mais ceci est une autre histoire.

Quarante cinq ans plus tard, les choses en ce domaine ont complètement changé. Et force est de constater que les lesbiennes ont peu à peu damé le pion à leurs collègues masculins. Ce sont elles qui sont, aujourd'hui, les plus visibles dans l'actualité, elles qui affichent haut et fort leur différence, elles qui portent les revendications sociétales du moment – comme la question de la PMA. Des femmes qui aiment les femmes, cela n'est pas nouveau. Leur relative discrétion, par le passé, ne leur attirait pas les foudres des puritains, contrairement aux adeptes de la sodomie. On leur trouvait plus facilement des excuses, tant il est vrai que les chemins qui mènent à l'amour saphique sont multiples et complexes. Rien à voir avec le look des lesbiennes actuelles qui, dopé par la théorie des genres, se rapproche ostensiblement des canons masculins. 

Leur dernier avatar en date s’appelle Alice Coffin. Cette journaliste de 42 ans, co-fondatrice de l’union des journalistes LGBT, a été également élue au conseil municipal de Paris, sur la liste écologique. Son premier acte de bravoure a été de pousser à la démission un autre élu, Christophe Girard, suspecté de sympathie pour Gabriel Matzneff. Bel exemple de « cancel culture », ce terme à la mode qui ne signifie rien d’autre qu’un remplacement express des anciennes gloires par les célébrités du moment. Par la suite, l’auteure du génie lesbien a porté le fer contre Gérald Darmanin et Eric Dupond-Moretti, pour des affaires et des propos censément attentatoires aux femmes. Ses diatribes répétées et insultantes envers des hommes lui ont valu de nombreuses menaces sur les réseaux sociaux et elle vit désormais sous surveillance policière.

Alice Coffin serait-elle la nouvelle image du féminisme en France ? On se le demande, non sans inquiétude, vu qu’elle revendique aussi cette appartenance. Si tel est le cas, c’est en tant que représentante d’une frange extrême de ce mouvement. Il est significatif que sa radicalité ait été désavouée, non seulement par Anne Hidalgo, mais aussi par des féministes de la première heure comme l’historienne Michèle Perrot et la philosophe Elisabeth Badinter. Nous nous doutions depuis longtemps qu’il y avait un lien tacite entre l’homosexualité féminine et le féminisme différentialiste, tant ses actions visent moins l’égalité sexuelle qu’à accroître le clivage entre les hommes et les femmes. Avec Alice Coffin, nous en avons la confirmation éclatante. Mais cette autre forme de séparatisme n’est pas un bon signal envoyé à la société française du XXIeme siècle.

 

Jacques LUCCHESI

 



6 réactions


  • Clocel Clocel 16 octobre 2020 10:18

    Rôôô... Si même Alice ne veut plus suivre le lapin blanc !

    L’athanor républicain nous donne à voir de bien curieux homoncule...


    • Clark Kent Séraphin Lampion 16 octobre 2020 10:36

      @Clocel

      Les Homoncules sont généralement des serviteurs de mages, notamment sur Esper.

      Le Conjurateur de marionnettes interagit avec, en en produisant et en en sacrifiant.

      Homoncule rime avec Emrakul et avec de nombreux autres mots.

      Mais je m’abstiendrai de calembours faciles.


    • Rantanplan Bec à foin 16 octobre 2020 11:02

      @Séraphin Lampion

      c’est ce que j’ai dit à Thérèse (qui rit quand...) ou à Monique (deux qui la tiennent...), je sais plus :

      « Si tu avances quand je recule comment veux-tu ? »

      Les grands classiques, y a que ça de vrai !


  • Daniel PIGNARD Daniel PIGNARD 16 octobre 2020 10:41

    « a été également élue au conseil municipal de Paris, »

     

    On comprend mieux pourquoi Paris sera des truies. C’est pour très bientôt.

    Marie-Julie Jahenny (XIXème-XXème siècles) :

    « Le feu du ciel tombera sur Sodome (Paris) et principalement sur cette salle de l’enfer où se fabriquent les mauvaises lois. Elle sera engloutie et sa place sera comme une immense carrière de laquelle, jusqu’à la fin du monde, on ne pourra s’approcher sans un frémissement d’horreur. »


Réagir