De la soi-disant objectivité journalistique
L’impartialité des journalistes n’est ni envisageable ni même souhaitable : chacun sait que pour faire sa niche chez Drahi, etc … ou à la télévision, il vaut mieux professer des opinions conformistes et taire éventuellement le fond de sa pensée…
L’impartialité, la fameuse objectivité est un leurre, un paravent derrière lequel s’insinue de manière détournée le catéchisme de la pensée dominante.
Malheureusement de nos jours il n’y a plus ou fort peu de confrontations de subjectivités : ce qui donnait lieu dans le passé à des joutes épistolaires de grand niveau a été banni de même que l’invective qui faisait tout le sel des pamphlets : même ceux qui en étaient victimes en tiraient une forme de gloire.
Beaucoup de gens savent que l’on vit maintenant dans un monde aseptisé où les pensées déviantes ne peuvent avoir droit de cité et ils ne croient plus à ce qu’on veut leur faire accroire : ils rejettent ainsi le bébé avec l’eau du bain.
Ainsi voit-on régulièrement défiler dans les émissions dites de vulgarisation comme C dans l’air – au demeurant fort intéressantes mais davantage par ce qu’elles taisent que par ce qu’elles disent – de supposés spécialistes ( surtout de l’enfumage ) qui s’ambitionnent journalistes mais ne sont que des propagandistes zélés des différents courants qui tous poussent dans la même direction, celle de la sujétion acceptée à la marche du monde suivant les dogmes du néo-libéralisme triomphant.
Jamais au grand jamais un esprit libre – qualifié de malade s’il ne tord pas la vérité dans le sens d’une amnistie complète et sans discussion possible des crimes commis par le sionisme – ne sera invité à détonner dans l’unisson poli des opinions exprimées.
En son temps où les forces invisibles mais bien réelles qui arbitrent les élégances dans le grand cirque audiovisuel n’avaient pas encore eu sa peau, Taddei avait réussi à animer une émission « Ce soir ou jamais » où les bannis pouvaient débattre voire s’insulter copieusement ( comme au temps béni des émissions de Michel Pollack ) sur des thèmes soigneusement évités ailleurs.
Les débats étaient de valeur inégale, il y avait des manques ou des exagérations sémantiques mais c’était toujours plus indicatif de l’état de l’opinion que ce que l’on connaît aujourd’hui et qui vaut aux journalistes d’être conspués dans les manifestations dont ils rendent en effet compte avec les œillères imposées par l’autodiscipline bien intériorisée de celui qui préfère et, d’une certaine manière on le comprend, sauvegarder sa carrière ou la promouvoir en surfant habilement sur l’acceptable pour éviter l’inacceptable par ceux qui le rémunèrent.
Las ! Il semblerait que chez Taddei les fils de la conversation tournaient un peu trop souvent à la confusion des maîtres à penser quand ces derniers avaient le courage de venir se confronter à des proscrits qui ne le cédaient en rien dans le domaine de l’intelligence et de la conviction aux ci-devant idoles de la pensée normative conventionnelle à qui les Médias donnaient régulièrement tout le loisir de déverser des torrents de haine pour peu que la forme en fût policée.
Et l’émission entra dans une lente agonie : de quotidienne, elle devint hebdomadaire pour disparaître avec finalement son animateur qui a trouvé un point de chute à RT France, institution supposée poutinienne mais où il est entièrement libre de ses thèmes et de recevoir les proscrits d’ailleurs.
En réalité, ce que je reproche au journaliste Λ, ce n’est pas de ne pas avoir d’opinion mais de la cacher sous un vernis de soi-disant objectivité.
Cent fois davantage me plaît un Zemmour avec ses idées bien arrêtées que je ne partage pas et qui les affichent bien haut – tant que ses employeurs le voudront bien - qu’un quelconque expert souvent autoproclamé qui disserte dans le vide et dont finalement il ne restera rien qu’une allégeance sirupeuse au conformisme.