mardi 7 septembre 2021 - par taktak

De Vichy à Valls, la bourgeoisie veut toujours liquider le Marseille ouvrier et populaire

Pour lancer sa campagne électorale, et à la suite de son entente aux élections régionales avec les pontes de la droite extrême de PACA (Muselier, Estrosi, Falco…) Macron vient se faire mousser à Marseille pour faire des annonces tapageuses. Observons qu’au terme de son quinquennat, son bilan dans la région c’est des fermetures d’usines, c’est les coups portés à la centrale de Gardanne. C’est l’impunité pour les spéculateurs et marchands de sommeil, même après le drame de la rue d’Aubagne. Avec une entente parfaite avec le clan Gaudin et désormais avec Payan (sans oublier l’intégration directe de nombre de Guérinistes à la macronie), c’est-à-dire deux figures symptomatiques du parti maastrichien unique. Illustrant la parfaite continuité de la classe capitaliste et de ses serviteurs.
Dans ce contexte comment s’étonner que Valls, l’un des bruyants supporters de Macron, tienne pour soutenir le débarquement de Macron à Marseille des propos violents et scandaleux qui font écho aux pires heures de l’histoire ? C’est pourquoi le PRCF marseillais co signe cette mise au point de notre camarade l’historienne Annie Lacroix-Riz. 

« Manuel Valls entame son nouveau job de chroniqueur en parlant de Marseille sur RMC : “Il faut tout raser, il faut tout reconstruire, il faut repeupler différemment ces quartiers” », c’est-à-dire chasser les pauvres pour les remplacer par des riches.

M. Valls veut nous rappeler le bon temps de l’évacuation franco-allemande du Vieux-Port de janvier 1943, prétendument organisée contre les « terroristes » ou Résistance judéo-bolchevique, mais en réalité strictement conforme au plan de l’architecte Eugène Beaudouin concocté dès 1939 au service des intérêts de la grande banque (dont Paribas, qui portait déjà ce surnom), évacuation mise en œuvre par les chefs de la police française et allemande Bousquet et Oberg, présents sur les lieux pendant trois jours. La destruction-reconstruction commença sur les talons du tandem alors inséparable.

Image de propagande des actualités vichystes

L’évolution financière de René Bousquet, après-guerre (directeur de la Banque d’Indochine), classé « résistant » en 1949, fut évidemment liée à son extrême sensibilité aux intérêts bancaires (de « la synarchie-qui-n’existe-pas »), très nette depuis l’entre-deux-guerres.

Notons aussi qu’Oberg avait le 13 janvier 1943, au siège marseillais de l’état-major des SS, salué « [l]es massacres » (selon sa formule du 8 février 1946 devant un juge français, alors qu’il parlait d’ordinaire d’évacuation) auxquels la destruction du Vieux-Port avait donné lieu, comme « une opération de salubrité d’intérêt européen » [1]. 

Au mot près, le « raser » de 2021 reproduit strictement l’« évacuer » de 1943. Quand je dis qu’on a intérêt à faire de l’histoire, sans jamais oublier l’économie, en l’occurrence le capitalisme. Aucun des ouvrages sur l’événement de janvier 1943 popularisés par les médias ne traite de cet aspect décisif de la question. On se demande bien pourquoi…

Annie Lacroix-Riz – historienne

[1] Voir Industriels et banquiers français sous l’Occupation, Paris, Armand Colin, 2013, p. 213-216, avec toutes les références archivistiques.



9 réactions


  • Captain Marlo Captain Marlo 7 septembre 2021 12:13

    Bonjour taktak, billet intéressant, merci.

    Mais il n’y a pas qu’à Marseille que les ouvriers disparaissent, c’est dans toute la France ! Cf le billet de Charles Sannat : « France l’effondrement économique en une image ». Les effets des délocalisation et de la mondialisation se font fortement sentir en France.

    "(...) N’imaginez pas un seul instant qu’un pays qui ne produit plus rien, qu’un pays qui n’a plus rien à vendre peut s’enrichir.

    Chaque année, notre pays, collectivement, s’appauvrit de 80 milliards d’euros qui partent de notre pays en achats à l’étranger de trucs que nous ne produisons plus.

    Il n’y a pas de grande économie sans capacité à produire.

    Il n’y a pas de grande économie sans une forme d’autosuffisance alimentaire mais également industrielle.

    Notre pays est en plein naufrage et ce quinquennat qui s’achève, aboutissement de décennies de gabegies, de gestion calamiteuse, de lâchetés, de compromissions, et de corruption marque le point de non-retour vers l’effondrement de notre nation."

    Il est temps que tous ceux qui veulent sortir de l’UE & de l’euro, s’allient, ça urge !


  • MagicBuster 7 septembre 2021 13:38

    C’est étonnant de croire que le problème « Marseille 2021 » est le même qu’il y a 100 ans.

    Apparemment on peut « juste » ignorer que les problèmes sont liés à la drogue et à l’immigration du maghreb. Pourquoi pas...

    Sinon pour info, le département le plus pauvre en France est à la Réunion.

    Personne ne s’entretue la bas.

    https://www.youtube.com/watch?v=3RPSd14VsVI

    La Réunion LéLa


  • scorpion scorpion 7 septembre 2021 13:46

    Valls, rien que le nom me fait gerber. A la rigueur je lui préfère Pétain, beaucoup plus honnête !


  • eddofr eddofr 7 septembre 2021 15:37

    Bien que n’appréciant pas VALLS, je me dois de rectifier.

    Il dit  : “Il faut tout raser, il faut tout reconstruire, il faut repeupler différemment ces quartiers”.

    Vous interprétez : « c’est-à-dire chasser les pauvres pour les remplacer par des riches. »


    Vous lui prêtez des intentions qu’ils n’a nullement exprimées.


    Vous interprétez : immeubles, citées -> « raser les immeubles », « reconstruire des pavillons », « faire venir de classes moyennes » (des riches ... faut pas déconner).

    Vous auriez pu interpréter : services, structures sociales -> changer radicalement de politique et remplacer mépris, aumône, crainte et pourrissement par dignité, action sociale, éducation, respect, moyens, fermeté, justice.


    Mais bon, je vous en veux pas.


    C’est quand même de VALLS qu’on parle.


    • Captain Marlo Captain Marlo 7 septembre 2021 20:18

      @eddofr
      Vous auriez pu interpréter : services, structures sociales -> changer radicalement de politique et remplacer mépris, aumône, crainte et pourrissement par dignité, action sociale, éducation, respect, moyens, fermeté, justice.

      C’est quand même Valls qui a prononcé les mots malheureux :
      "il faut repeupler différemment ces quartiers”.

      Cette phrase s’ajoute à celle prononcée sur marché d’Ivry en 2009 :
      « Tu me mets quelques Blancs, quelques white, quelques blancos. »

      Il a donc de la suite dans les idées...
      Quand on se dit »opposé au racisme et à l’antisémitisme« , on ne fait pas ce genre de réflexion. Par contre, c’est peut-être normal pour quelqu’un qui défend Israël, plutôt que la France.  »L’Islam est le balais d’Israël« .
      Dans ce cas, c’est ce qu’on appelle »un lapsus".


  • zygzornifle zygzornifle 8 septembre 2021 09:09
    Valls a l’époque de Franco s’en serait donné a cœur joie ....

     


  • egos 8 septembre 2021 14:56

    E Macron 

    « dans les gares, c’est un lieu ou l’on croise des gens qui réussissent et des gens qui ne sont rien »

    la formule établit un juste équilibre entre sophisme et cynisme.

    En même temps, ces ouvriers chassés de leurs emplois étaient dépositaires d’un statut (certes modeste).

    Ils sont devenus des « riens » si couteux à E Macron et son conseil d’administration.


  • Fergus Fergus 9 septembre 2021 09:26

    Bonjour, taktak

    Le problème est beaucoup plus complexe qu’on le croit généralement. Je connais un peu, mais pas suffisamment, le cas de Marseille pour écrire sur cette ville et la destination de son habitat.

    Il se trouve qu’en 2018, j’ai rédigé un article intitulé Cette « gentrification » qui chasse les classes populaires de Paris. Or, l’on voit que ce phénomène est loin d’être nouveau et dépasse assez largement les élus.

    Plus étonnant, il touche toutes les capitales européennes et s’étend aux métropoles régionales, quelle que soit la couleur des élus en place.

    Cela donne à réfléchir...


  • zygzornifle zygzornifle 9 septembre 2021 09:46

    Valls va finir au parlement européen, c’est la que l’on recycle les politiques au lieu de pole emploi ....


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