Derrière les PPMS Vigipirate…
Les exercices « Plan Particulier de Mise en Sécurité » (PPMS) antiterroristes se multiplient dans nos écoles. Si le risque, même minime, existe, la prétendue « protection des populations » en est-elle réellement la finalité ?
Décryptage de la situation
Le marché total imposé partout dans le monde génère un état de frustration extrême dans la population, méprisée, précarisée, angoissée comme jamais dans notre histoire. S’y ajoute la pression due à la procédurisation généralisée de nos faits et gestes. Dans ce véritable phénomène civilisationnel, chaque initiative doit rentrer dans une procédure : normes, machinisation/automatisation via l’informatique, hiérarchie, politiquement correct, morale bourgeoise... Le tout sous la férule d’incontournables experts.
Cet ensemble social détérioré génère des frustrations qui, si le pouvoir n’y prenait garde, pourraient provoquer une cristallisation collective, dont les mouvements comme Podemos en Espagne, Siriza en Grèce, Nuit Debout ici -en France- sont des amorces visibles. La déstabilisation du Proche-Orient n’est qu’un avatar de la marchandisation généralisée et on peut considérer que la vague d’attentats que nous subissons en est la conséquence directe [1]. L’accumulation de ces attentats, à partir du moment où l’on en dissimule soigneusement les causes, peut s’avérer être un levier d’une grande efficacité pour dévier l’expression des frustrations collectives. Car tout le problème pour le pouvoir central est d’éviter une conscientisation collective du mouvement historique à l’œuvre dans l’accroissement du rapport d’exploitation que nous subissons et dans la prise en charge quotidienne de tous nos faits et gestes. Et de faire admettre l’aspect irréversible de cette évolution.
La situation est inquiétante car l’histoire nous enseigne que le pouvoir central est en capacité d’opérer une manipulation de masse suffisamment fine pour dériver la frustration collective vers des boucs émissaires comme le furent les communistes et les juif-ves dans les années 30, masquant ainsi la véritable origine du problème contenu dans l’accaparement du pouvoir par une classe dominante. La France n’est pas sans ressource pour effectuer de telles manipulations de masse. Ainsi la Doctrine de la Guerre révolutionnaire, comme corpus de mesures psychologiques destinées à mobiliser la population sur des enjeux artificiels, a déjà été éprouvée sur des conflits tels que le Rwanda. Il va s’agir d’ériger une figure supposée hostile à la population sur laquelle sera dirigée la haine et qui l’obligera à quémander sa sécurité auprès du pouvoir central. Celui-ci, paré d’une image paternelle bienveillante et d’une expertise rassurante, nous dessaisira de notre capacité d’auto-détermination en nous renvoyant de nous-mêmes une image d’individus incapables et vulnérables.
La véritable fonction de l’anti-terrorisme
La population ainsi affaiblie va régresser dans un état infantile et consentira -voire quémandera- l’inacceptable : sacrifier sa liberté au nom de sa sécurité. Transformée en bétail apeuré, elle va, par exemple, acquiescer à la mise en place d’une garde nationale [2], à l’apparition dans sa vie quotidienne de systèmes de contrôles intrusifs qui vont induire progressivement la domestication de tous les comportements !
Regardons la mascarade infantilisante que sont les PPMS qui se multiplient dans nos écoles : leur déroulement et leur organisation pourraient-ils faire obstacle à des terroristes un tant soit peu déterminés ? La véritable fonction de ces exercices ne réside-t-elle pas dans la démonstration que le pouvoir aurait pris la mesure de la menace et prendrait en charge notre sécurité alors que, dans le même temps, il poursuit une politique étrangère néo-coloniale guerrière tout en mettant à mal, dans la métropole, nos dernières capacités de défenses autonomes en criminalisant le mouvement social et syndical ?
Le nœud du problème réside ici dans le fait que les causes réelles du terrorisme étant taboues, la population se rassemble derrière le pouvoir central, abandonnant toute perspective émancipatrice dans le cadre de la lutte des classes. En d’autres termes, l’anti-terrorisme disjoncte la lutte des classes. Telle est sa fonction.
Christophe Hamelin - Philippe Kauffmann
[1] https://www.youtube.com/watch?v=a-CRHBwuNlI Le terroriste affirme clairement que ce qu’il fait est une vengeance suite aux agissements de l’Occident au Proche-Orient.