mardi 1er mars 2016 - par Gabriel

Des abeilles et des hommes

     Dans la brume matinale des vapeurs de rosée aimantées jusqu’au ciel par un soleil de juillet, bourdonnent les inlassables travailleuses. Au milieu de quelques ruches installées sur un arpent de prairie en pente, côtoyant les touffes de bleuets et les coquelicots solitaires, à l’abri provisoire de quelques branchages de lilas, s’active l’apiculteur. Loin des tourments de ce monde, des horreurs humaines et des mensonges médiatiques, il collecte le nectar, onctueux caramel translucide de ses compagnes de labeur. 

     Il se souvient de l’époque, pas si lointaine, du stress de la jungle urbaine. Celle où, par souci de rentabilité pour l’actionnaire et de survie pour l’employé, les grandes firmes pressaient leurs collaborateurs comme des citrons et, une fois leurs énergies pompées, usées, les jetaient comme de vulgaires kleenex. L’homme au chagrin jusqu’à soixante cinq ans et sa compagne vieillissante sous la violence d’une société en perdition. On en serait presque à regretter le temps où Pénélope gardait les enfants pendant qu’Ulysse se la coulait douce avec les sirènes mais, ayant peur d’attiser l’ire des Femens, j’ai comme vous avez pu le constater, employé le conditionnel.

     L’histoire humaine n’est qu’une suite de combats d’une majorité contre une minorité voulant imposer ses lois dictatoriales dans les seuls buts d’une confiscation des pouvoirs et d’une captation des richesses à leur avantage et pour cela, tous les moyens sont bons. Le principal étant l’abrutissement des masses par les outils en leurs possessions que sont les médias. Ils vont jusqu’à trafiquer les supports de la connaissance. Amis internautes, n’oubliez jamais la règle la plus importante du cyberespace, si les ordinateurs ne mentent jamais, les menteurs savent se servir des ordinateurs.

     Il existe à Berlin un endroit qui devrait nous rafraichir la mémoire. Babelplatz, c’est là qu’en 1933, 40 000 personnes se sont réjouies de voir les nazis brûler plus de 20 000 ouvrages d’écrivains juifs sous les ordres de Joseph Goebbels s’inspirant de l’inquisition qui, au nom d’une croyance non discutable, incendiait les livres « maudits ». C’est à cet endroit, qu’en souvenir de ce triste autodafé, on a celé un panneau de verre dans le sol. Une fenêtre ou l’on peut voir en dessous une immense salle blanche sinistre avec des étagères vides du sol au plafond sans aucun accès. C’est à cette même époque que le camp de concentration de Dachau promettait déjà cyniquement le travail par la liberté. Le genre de monde dans lequel nous vivrions si les extrémistes et les intégristes avaient gagné ou, si demain ils gagnaient. On connait l’histoire, Là où on brûle les livres, on finit par brûler les hommes. Pour être digne de notre vie, nous devons avoir une exigence d’humanité.

       

Nous constatons malheureusement, qu’actuellement les connards sont toujours majoritaires des deux côtés des barbelés. Du fondamentaliste islamiste prêchant la haine et souhaitant revenir au moyen âge, aux américains et leurs alliés, voleurs de terre et assassins s’abritant derrière des valeurs universelles qu’ils méprisent, leur connerie n’a plus de limite. Parler de démocratie ne suffit pas à donner caution hellénistique. Hier la peste brune, aujourd’hui la peste verte, celle du billet vert et de la charia, celle du colonialisme sioniste et celle du hezbollah financé par nos amis Qataris et Saoudiens car, ne vous y trompez pas, des deux côtés de la Palestine, chacun tire la couverture à lui et pendant ces temps maudits, les peuples crèvent et vivent le martyr. Comme quoi, ce bout de terre soi-disant promise, s’avère être un enfer depuis plus d’un demi siècle. Malheur aux hommes de paix et de bonne volonté, ils vont à l’encontre des intérêts guerriers des belligérants. Il faut savoir que le commerce de guerre engraisse jusqu’à la nausée les dirigeants qui ont fait de ce coin du monde, du Moyen Orient et de l’Afrique en général, leur terrain de jeu. Le tapis vert de leur casino, où les mises se comptent en millions de vies humaines, a des relents de haine, de merde et de sang. La cupidité et le mercantilisme des gens de pouvoir font qu’ils envoient de très jeunes hommes à la guerre mais, un uniforme est toujours trop grand pour un enfant qui, sous la peur et la contrainte, est forcé de devenir un meurtrier. Si l’on veut ne pas se tromper et leur ressembler, il ne faut pas juger les personnes pour ce qu’elles sont mais leurs actes pour ce qu’ils font.

     Aujourd’hui, nos dirigeants et leurs patrons les banksters nous ont construit une Europe nihiliste et décadente. Des pseudos philosophes ou intellectuels déclarent ou justifient des guerres. Il serait temps de leurs rappeler qu’on ne pense pas la vie à st Germain des prés aux travers des bibliothèques de normaliens, on l’a vit, on l’a sens, on l’a souffre. Qu’il faut oublier la puissance des viscères et mettre peu plus de cortex dans l’analyse des faits. Nous devons sans cesse réapprendre à décoder le monde avec comme fil conducteur la préservation de la vie en faisant fi de ces passions tristes qui nous détruisent.

     Le soir tombe sur l’immaturité des hommes qui s’isolent tandis que les abeilles se rassemblent autour de la reine. Aucun être vivant, même pas l’homme, n’a réalisé au centre de sa sphère ce que l’abeille a réalisé dans la sienne, et si une intelligence étrangère à la nôtre venait à demander à la terre l’objet le plus parfait de la logique de la vie, il faudrait lui présenter l’humble rayon de miel. Un essaim d’abeilles parvient à une forme d’intelligence collective dans le choix de son domicile. Les ouvrières d’un essaim d’abeilles à miel conduisent un processus démocratique de prise de décision pour choisir le lieu de leur nouvel habitat et en cela, les primates que nous sommes feraient bien d’y puiser leur inspiration. La collecte est terminée. L’apiculteur philosophe range son attirail dans la remise de bois où les planches mal ajustées font le bonheur des courants d’air, des lézards et des mulots à la recherche d’un abri contre la pluie. A-t-il tort ou a-t-il raison dans ses pensées et sa description du monde ? Après tout quelle importance, l’équilibre et l’harmonie sont préférables à la vérité. La vérité on ne la doit qu’à ceux qui la méritent car, elle déserte très vite le cœur de certains hommes quand elle ne trouve plus chez eux les vertus qu’ils n’ont sans doute jamais eues. Pour lui, le principe de cohérence, c’est vivre avec et dans l’application de ses idées. Le bien ou le mal, la réussite ou l’échec, la question est ailleurs. Je pense qu’il faut essayer et, si l’on c’est trompé, recommencer, encore et encore… 

     Ainsi va ce monde et, par souci de survie, face aux incohérences destructrices, mieux faut sourire tristement en maniant l’ironie. C’est l’excipient dans le suppositoire qui sert à faire passer la médication car, à trop vouloir sauver les autres, on en oublie de se sauver soi-même et on agonise de compassion…



24 réactions


  • Le p’tit Charles 1er mars 2016 10:49
    +++++++++++++
    La boule bleue est à la dérive, celles des hommes de mauvaises volontés...
    Pour conquérir le pouvoir et l’argent détruisons...(Bouygues est là pour reconstruire..) allumons les brasiers de la colère pour y brûler ceux qui voudraient changer de route...
    Les traceurs de chemins ne veulent pas déroger à la ligne qui est la leur quitte à faire un milliard de morts qui serviront d’engrais aux marchande du temple...

  • cathy cathy 1er mars 2016 12:54

    Le scandale des éoliennes : 


  • alinea alinea 1er mars 2016 13:31

    Très beau, comme d’habitude, mais contrairement à d’habitude, il y a un « mais », mais de taille :
    Le hezbollah financé par le Qatar et l’Arabie Saoudite ??? Aïe !!


    • Gabriel Gabriel 1er mars 2016 14:17

      @alinea

      Ce que j’essaie d’expliquer c’est que les dirigeants Israéliens comme les dirigeants palestiniens (Hezbollah and Co) n’ont aucun intérêt à ce que la paix s’installe car le conflit les fait vivre. Quand le Hezbollah choisit le toit d’un hôpital ou celui d’une école pour envoyer ses roquettes sur Israël, il se doute bien où tombera la riposte et se servira médiatiquement de ce massacre pour se justifier. Comprenez-moi bien Alinéa, j’exècre les sionistes en leur politique colonialiste mais je n’approuve pas pour autant certaines postures de soi-disant résistants. Lorsque l’on a épluché les comptes en banque d’Arafat on c’est aperçu de l‘opulence de ceux-ci. Où passe les dons qu’envoi la communauté aux palestiniens ? Je serais toujours et sans aucune retenu pour le peuple palestinien à qui l’on vole ses terres, sa dignité et sa liberté mais je ne mélange pas les politiciens et les citoyens et cela est valable pour les deux côtés du mur… 


    • alinea alinea 1er mars 2016 17:01

      @Gabriel
      J’ignore de quoi vous parlez, mais je ne vois pas le rapport avec le financement saoudien ou qatari !


    • Gabriel Gabriel 1er mars 2016 17:17

      @alinea
      Vous ignorez que ces pays financent tous les opposants à Israël, c’est pourtant pas un scoop. Le double jeu opéré par ces royaumes moyenâgeux devant lesquels l’occident et particulièrement la France s’agenouille, est de notoriété publique. Est-ce que je me trompe ou quelque chose m’échappe ? Expliquez-moi… 


    • alinea alinea 1er mars 2016 17:41

      @Gabriel
      Oui je l’ignore !
      Ce que je sais, c’est qu’Israël aide DAECH, lui, bien financé par le Qatar et l’Arabie Saoudite !


    • Gabriel Gabriel 1er mars 2016 17:47

      @alinea
      Cela est aussi vrai, c’est le double jeu qui fait que d’un camp comme de l’autre, ils ont financièrement tout intérêt à ce que cela continu. Pour eux (Les dirigeants) c’est du business et comme je le précise dans l’article, les populations en font les frais. Merci de votre lecture et de vos remarques.


    • alinea alinea 1er mars 2016 20:12

      @Gabriel
      Par respect pour vous, et parce que j’apprécie ce que vous écrivez, je ne vais pas partir en disant, à quoi bon !
      Le hezbollah est soutenu et allié de l’Iran, chiite, grand ennemi des sunnites fous du Qatar et d’Arabie Saoudite ; je veux bien croire que tous les hommes sont veules et sans morale, sans dessein, mais là, je coince. J’aimerais que vous me donniez vos sources, histoire de voir d’où elles viennent, et me faire une idée. Je ne prends jamais rien pour argent comptant !!


    • alinea alinea 1er mars 2016 22:04

      @scorpion
      Cher scorpion,
      permettez moi cette familiarité, étant scorpion moi-même !
      Ainsi vous insinuez que notre ami Gabriel confond l’Armée Libanaise avec le hezbollah ? Qu’il ignore que celui-ci, comme le KKP par ailleurs, est sur la liste noire des US comme étant l’antre de terroristes ? sous-entendu qu’ils ne soutiennent pas le bon camp !
      Je ne lui en voudrais pas, Gabriel est un idéaliste, romantique rêveur ! et nous l’apprécions pour ça !
      Mais j’aimerais le lire !!!


    • Gabriel Gabriel 2 mars 2016 07:55

      @Alinea & Scorpion,

      Les désaccords entre chiites et sunnites pour la captation du pouvoir sur les terres arabes sous couvert de religion sont indéniables mais, au-delà de cette forte mésentente, ils ont une haine commune et viscérale contre Israël et l’occident. Il y a les versions officielles et les officieuses et certains pays en conflit, se réuniront toujours l’espace d’un instant pour la suppression de leurs ennemis communs. (L’Arabie finançait le Liban lié à l’Iran qui finançait le Hezbollah etc …) Comme nous pouvons le constater, c’est beaucoup plus compliqué qu’il n’y parait. N’y voyez ici aucun jugement de valeur de ma part mais juste une vision des faits et des intérêts politique de chacun qui sont, comme on s’en aperçoit tous les jours, assez tordus d’où, la certitude que tout cela n’est que business...


  • TSS 2 mars 2016 00:39

     Cela fait pas mal d’années qu’il n’y a plus d’abeilles pour polliniser mes

     arbres,ce sont des armées de bourdons et faux bourdons qui font le

     travail... !!


  • ZenZoe ZenZoe 2 mars 2016 11:37

    Bel article, un peu triste, mais vrai.
    Sauf pour les abeilles.
    Je ne veux pas être une abeille moi. Ne vivre que pour engraisser une reine, buzzer toute la sainte journée au milieu des pesticides et claquer de paralysie sans avoir vu la mer, merci bien.
    La comparaison est toutefois pertinente, puisque le mode de vie des abeilles sera peut-être le nôtre demain.
    Des milliards d’esclaves au service d’une unique multinationale qui aura éliminé toutes les autres, mes petites ailes en vibrent de peur, au secours !


    • Gabriel Gabriel 2 mars 2016 12:02

      @ZenZoe
      N’est ce pas un peu cela aujourd’hui, engraisser banquiers et actionnaires tout deux improductifs pendant que les abeilles ouvrières, paysannes, bâtisseuses et créatrices meurent d’asphyxie ? Il y a cependant une différence et elle est de taille, c’est la solidarité des abeilles entre elles, un modèle à méditer.


    • alinea alinea 2 mars 2016 14:30

      @ZenZoe
      La reine, on dit la mère aussi, est effectivement la mère ! Toutes ont leurs tâches, et comme ce sont des insectes, pas d’apprentissage ; donc aucune exploitation, et, sachez qu’une abeille, quand la reine meurt, peut pondre, mais elle ne fait que des mâles puisqu’elle n’a pas de spermatèque et qu’elle n’a pas été fécondée !!


    • Gabriel Gabriel 2 mars 2016 15:09

      Chère Alinéa, vous semblez maîtriser le sujet, seriez vous apicultrice ? 


    • alinea alinea 2 mars 2016 18:18

      @Gabriel
      Oui !! j’ai écrit au moins deux articles là-dessus !
      Si ça vous intéresse !!

      http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/abeilles-119421


    • ZenZoe ZenZoe 2 mars 2016 18:21

      @Gabriel
      Je ne sais pas si vivre comme les abeilles me conviendrait, je suis sans doute devenue trop individualiste, j’ai besoin de vivre mon destin à moi.
      D’ailleurs, qui sait si les abeilles ne rêvent pas de temps à autre de prendre la clé des champs et aller butiner ailleurs, loin, très loin, vivre l’ivresse de la liberté, juste une fois avant de mourir...


    • scorpion scorpion 2 mars 2016 18:36

      @alinea
      Merci pour le lien, je l’avais lu à l’époque ou vous l’aviez écrit.


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