samedi 8 septembre 2012 - par Fabienm

Des chiffres et pas mal de lettres

La rentrée littéraire, quel ennui.

 Bon alors, voyons voir.

646 romans cette année dont 426 français (69 premiers romans, soit quasiment 11% tout de même, ce qui est pitoyable soyons clairs) et 220 romans traduits d’auteurs étrangers.

Dans le passé, ce chiffre a culminé en 2007 (plus de 720 ouvrages) pour entamer une pente douce (701 en 2010 et 654 en 2011).

 Ce qui est étonnant, c’est plutôt qu’il n’y en avait que 121 en 2004.

J’avoue avoir du mal à comprendre le concept de rentrée littéraire (et puis, une rentrée sans nouvelle maîtresse, moi j’ai un peu de mal). Qu’est-ce qui pousseraient les lecteurs, perdus entre un nouveau cartable à acheter pour le petit, le rappel du BCG et les lettres d’amour du Trésor Public, à vouloir acheter un livre plutôt qu’un bon stock de Doliprane ?

Mystère et boule de gomme.

 Je comprends bien l’impact d’un prix Goncourt sur les ventes de livre, et donc la nécessité pour les éditeurs de présenter les œuvres au public avant la remise des prix (on imagine assez mal l’inverse… quoique… le festival de Cannes fonctionne sur le modèle inverse), mais pourquoi balancer alors quasiment 700 bouquins tous les ans ? J’ai un sérieux doute par exemple sur la capacité d’un Richard Millet à gagner quoi que ce soit, mais je m’égare.

 Et bien, tout simplement parce que les français sont des bœufs. Enfin des moutons plutôt. On leur crée un évènement (Saint-Valentin, fête des grands-mères, journée de l’artichaut), et eux, ben ils s’habituent les bougres. Ils s’habituent tellement que la part de CA (le poids en quelque sorte) de la rentrée littéraire dans la vente de roman oscille entre 15% et 20% tous les ans (on croit rêver).

 Je vous proposerais bien un boycott de ce bordel, mais à la limite vous faites ce que vous voulez, je suis pas votre maman (et heureusement pour vous, je donne très mal le sein). Je pense personnellement que les bons livres se trouvent plutôt loin de l’agitation (quel dangereux révolutionnaire).

 Que retenir alors de tout ce cirque ?

 Ben pas grand-chose : des éditeurs qui se battent pour une petite place au soleil et d’hypothétiques prix littéraires (petits arrangements entre amis quand vous nous tenez), des grosses pointures qui se parodient elles-mêmes (on ne citera pas de nom, y’en a pas un pour racheter l’autre de toute manière, ceci dit, il paraît quand même que le dernier Nothomb est vraiment une grosse bouse), des libraires débordés (sourires crispés de rigueur) et un public largué mais content de sortir sa carte bleue (avec un peu de chance, les gens liront même les livres qu’ils vont s’arracher (« vous n’avez plus le dernier Djian ? Ha zut, bon ben je vais prendre le Adam alors »)).

 Ha oui, j’oubliais les journalistes (idiots utiles de la culture de masse) aux ordres.

 Bref, c’est la rentrée littéraire.

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9 réactions


  • Axel de Saint Mauxe Axel de Saint Mauxe 8 septembre 2012 11:34

    Tout le monde a déjà oublié l’inoubliable « Art français de la Guerre » de A. Jenni, dernier Prix Goncourt, concentré d’ennui et de mauvais style...


    • Fabienm 8 septembre 2012 13:44

      fallait pas être un Jenni pour deviner ce qui allait se passer (hu hu)


    • Benoît RIVILLON Benoît RIVILLON 8 septembre 2012 14:37

      En une seule ligne vous qualifiez un travail, émanant d’un type qui en était à son 22° manuscrit, et qui est parvenu à sa hisser au sommet des 11% de premiers, qui plus est à obtenir le Goncourt... Vous n’écrivez pas vous-même pour avoir des opinions aussi définitives. Je n’ai pu aller au-délà de la 150 ème page, mais ce que j’ai lu n’était pas mal troussé.


    • Fabienm 8 septembre 2012 14:40

      @Benoît : c’est quand même pas bon signe de ne pas réussir à aller au bout d’un bouquin. Je ne l’ai pas lu personnellement, mais plusieurs personnes m’ont dit qu’on avait vraiment l’impression d’avoir un collage de plusieurs bouquins en fait.


    • Axel de Saint Mauxe Axel de Saint Mauxe 11 septembre 2012 23:45

      Eh bien moi Benoït je l’ai lu jusqu’au bout : j’en ai eu le courage ! Un vrai calvaire, ce qui me permet de dire que son 22ème manuscrit était une daube.


  • Benoît RIVILLON Benoît RIVILLON 8 septembre 2012 14:41

    "Qu’est-ce qui pousseraient les lecteurs, perdus entre un nouveau cartable à acheter pour le petit, le rappel du BCG et les lettres d’amour du Trésor Public, à vouloir acheter un livre« 

    Naguère, les clients passaient par la libraire/papéterie pour acheter les fournitures scolaires de septembre, et passaient tous devant les nouveautés littéraires.

    L’hyper-marchéisation a tué les papeteries et a rendu cette »rentrée" caduque.
    Et le BCG n’est plus obligatoire... ouf !


    • Fabienm 8 septembre 2012 14:44

      « Le BCG n’est plus obligatoire » : s’il pouvait en être de même du trésor public smiley


  • calimero 8 septembre 2012 17:59

    Vous auriez des conseils de lecture malgré tout, de romanciers contemporains qui valent le coup d’être lus ?


    • Fabienm 8 septembre 2012 18:05

      en vrac : djian c’est quand même vachement bien (pas lu le dernier), foenkinos (super bien écrit), sinon j’ai lu récemment du julien blanc-gras (incroyable), du arnaud le guilcher (très drôle)

      mais le meilleur, c’est quand même ça : http://www.paulemike.com/6.html
       smiley


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