jeudi 16 mars 2017 - par

Des contradictions des militants de droite

Dans mon quartier, à Versailles où j'habite, quelques uns parmi mes voisins ont décidé de faire des travaux de ravalement de leur immeuble. La plupart de ces heureux copropriétaires sont de droite et voteront Fillon aux prochaines présidentielles pour sa défense apparente des valeurs morales, familiales et traditionnelles, de la Nation France. Je ne les en blâmerai certainement pas bien sûr, mais j'ai cru discerner aujourd'hui quelques incohérences dans la manière de ces vaillants patriotes de concevoir et de vivre leurs convictions.

Ils sont eux aussi pour la préférence nationale, bien sûr, et non pour employer de ces migrants dont on ne sait pas trop pourquoi ils viennent en France. Dans ce milieu on ne vote que rarement Le Pen car ce serait s'allier avec une population que l'on méprise, pas du « bon » milieu, et puis « ma chèère cette Marine le Pene est tellement vulgaire ». Elle a beaucoup fait la fête quand elle était jeune, elle n'a même pas été « scoute ». Et je ne suis pas certain qu'elle ait fréquenté un pensionnat de jeunes filles comme il faut...

Salauds de pauvres tellement peu soucieux de bonne attitude sociale, salauds de pauvres à qui les curés mondains ne songeraient pas à dire bonjour à la sortie de la messe dominicale...

Parfois on va jusqu'à soutenir le jovial Henry de Lesquen, lui il est d'une « bonne » famille.

Pourtant ce matin, observant l'assemblage des échafaudages je ne vis aucun ouvrier français. Ils étaient tous « issus de la diversité », parlant un français heurté, embarrassé, et préférant la plupart du temps s'interpeller dans leur langue maternelle. Je feins de m'étonner auprès de mes voisins. Un peu gênés quand même, ceux-ci me répondirent que c'était plus simple pour les impôts et ces « gens là » sont plus âpres à la tâche que les français.

Salauds de pauvres tellement exigeants, voulant avoir un salaire mesurant vraiment leur travail !...

Pourtant dans d'autres circonstances, j'ai connu d'autres personnes de droite, il est vrai beaucoup plus rares, qui avaient soin de faire travailler des français pour certains au chômage, ou percevant une toute petite retraite, ou au RSA, ou même en « désintoxication », dans des situations pour certains impossibles à vivre. Bien sûr il fallait les payer au « black » mais cela arrangeait les deux parties. Et des précaires avérés pouvaient montrer leurs compétences et les travailler.

Mais ces personnes sont l'exception confirmant la règle, des candides ou des purs réellement chrétiens dans l'esprit...

Du côté d'Emmanuel Macron c'est exactement le même raisonnement enrobé de quelques considérations plus libertaires sur les mœurs bien sûr. Mais au fond, c'est exactement le même raisonnement, il s'agit de payer le moins possible les personnes que l'on fait travailler, et quoi de mieux que d'employer des migrants. Ce n'est absolument pas leur faute, eux sont totalement innocents de cette mentalité. Mais ils ont cette utilité aux yeux de la « bonne » bourgeoisie qui posera alors l'humanisme ou au catholicisme tellement charitable.

Ces propriétaires ne sont en rien différents de leurs ancêtres positivistes. Chaque sou compte. Et seuls les intérêts de leur milieu social, leur progéniture, leurs obligés. Le Bien Commun qu'ils invoquent à tort et à travers ils n'en ont strictement rien à faire.

A la fin d'un conte de Marcel Aymé un huissier qui avait eu une seconde chance de rattraper ses péchés passés accède enfin au Paradis non pas à cause de toutes les bonnes actions qu'il a pris soin de noter dans un petit carnet mais parce qu'il est mort en protégeant une veuve et son enfant d'un ignoble individu et en hurlant :

« A bas les propriétaires ! ».

Oui, à bas les propriétaires dans le style de mes voisins, il est temps que vous cédiez du terrain, que vous regagniez vos sépulcres blanchis.

 

Sic Transit Gloria Mundi, Amen

Amaury – Grandgil

illustration (Daumier)

prise sur le site de la BN




Réagir