mercredi 12 décembre 2007 - par OwenWarland

Des exclusions aux Restos du cœur d’Albi !

Les Restos du coeur : une institution au service des plus démunis, des bénévoles qui donnent de leur temps sans le compter, des « enfoirés » qui fédèrent les foules... Mais, c’est également ça :

Elles seront cinq à ne pas avoir le droit de venir en aide aux bénéficiaires des Restos du cœur d’Albi, en cette saison 2007-2008. Cinq qui, après plusieurs années au service des plus démunis, quatorze ans pour la plus ancienne, ne seront plus autorisées à distribuer, à échanger un sourire et quelques paroles avec ces personnes auxquelles elles ont consacré tant d’heures, sans les compter, uniquement pour leur permettre de bénéficier de ce nécessaire auquel chacun de nous devrait avoir droit.

Devinez leur surprise, en ce début de saison, lorsqu’elles ont appris qu’on ne voulait plus d’elles. Leur surprise encore plus grande lorsqu’on ne leur a pas fourni la moindre raison, ni officieuse ni officielle, à cette exclusion. Leur surprise toujours lorsqu’elles ont été convoquées pour passer devant le « tribunal des Restos » qui leur signifiait cette exclusion qui fait si mal.

Elles n’étaient pas toujours d’accord avec la responsable ; elles le faisaient parfois savoir, avec leur caractère, posé pour certaines, plus trempé pour d’autres. Serait-ce cela qu’on leur reproche ? De ne pas avoir été des moutons ou des béni-oui-oui ? Le fondateur des Restos en était-il un ? Le fondateur des Restos aurait-il aimé travailler avec des collaborateurs dociles et soumis ? Mais n’est pas Coluche qui veut...

Une première tentative ne donne pas le résultat souhaité. Qu’à cela ne tienne, d’autres instances se chargeront du « sale boulot ». Une lettre signifiant à une future exclue que l’on ne « souhaite pas qu’elle fasse acte de bénévolat » pour cette saison. Une proposition inacceptable à cette même personne. Des convocations pour les quatre autres, comme des licenciées pour faute grave. Et le fameux passage devant leurs collègues qui ont voté leur exclusion.
Mais une volonté à toute épreuve, forte de leur désir de continuer à œuvrer au contact des bénéficiaires, rend caduque cette nouvelle opération.
Alors, le grand jeu est sorti : tous les bénévoles sont « démissionnés », une nouvelle inscription est planifiée. Et, bis repetita, nouvelle proposition factice : « Soit vous acceptez, soit nous ne vous inscrivons pas en tant que bénévole » !!!
De convocations ridicules en « tribunal » bidon, d’exclusion sans fondement en démission collective, rien n’aura été trop fort pour arriver au but fixé, pas même le recours à la diffamation et la diffusion de fausses rumeurs.

Il reste dorénavant aux cinq ex-bénévoles à se reposer sur la direction nationale, afin d’obtenir un jugement équitable et la réparation de ce qu’elles considèrent comme une injustice, injustice qui va à l’encontre de la mission que se sont fixés les Restos du cœur.
Il reste aussi, et surtout, les paroles réconfortantes des bénéficiaires croisés dans les rues d’Albi et qui, en découvrant ce qui s’est passé, n’en croient pas leurs oreilles. Les agissements de tel ou tel responsable ne sont rien face à des bénéficiaires qui affirment : « La nourriture, c’est important. Mais le plus important avec vous, c’est que vous avez toujours le sourire et des paroles réconfortantes ».

Les responsables de cette exclusion s’arrangeront avec leur conscience, entourés d’une équipe toute acquise à leur cause.

Les « exclues » garderont pour toujours leurs souvenirs des moments passés au contact de tous les gens auxquels elles ont toujours tenté d’apporter du réconfort ; elles garderont en mémoire leurs sourires, leurs saluts, les paroles échangées. Et la satisfaction d’avoir agi en faveur de ceux qui souffrent, dans la droite ligne de ce que souhaitait Coluche que trop de monde a tendance à oublier aujourd’hui.

http://despasdanslapoussiere.blogspot.com/



9 réactions


    • Aspiral Aspiral 13 décembre 2007 08:35

      Je pense que vous posez de mauvaises questions. Tant qu’il restera de l’inconscience, il y aura des conflits. Mais il faudrait les gérer comme des conflits de point de vue qui serviraient à faire évoluer l’institution au niveau de sa philosophie. Car aider, ce n’est pas toujours aimer. Le problème est que pour le moment nous vivons sous le règne du mythe scientifique et du complexe de Colomb, et donc plus aucun conflit ne peut se résoudre : « j’ai raison et j’ai raison et je suis capable de reconnaître que j’ai tort si on me le prouve » est la catastrophe qui nous entraine tous inexorablement à la guerre civile anarchique.


  • romaeterna romaeterna 12 décembre 2007 14:29

    Rien compris ! Des méchants administrateurs contre des gentils bénévoles : voila ce qui va faire avancer la cause des restos du coeur !!!


  • Servais-Jean 12 décembre 2007 17:08

    Des « petits chefs » il y en a partout, alors pourquoi pas aux restos du coeur ? Il suffit que quelques « grenouilles de bénitiers » se glissent dans l’équipe dirigeante pour pourrir une association humanitaire. Les exemples ne manquent pas, hélas !


  • Aspiral Aspiral 13 décembre 2007 08:28

    C’était couru d’avance : toutes les initiatives qui deviennent à trop durer des institutions connaissent cela. Même St François se désespéra à la fin de sa vie sur ce qu’était devenue son œuvre. Plus près de nous Gandhi dût voir le massacre des hindous et des musulmans entre eux sur les routes de l’exil croisé qu’on leur avait imposé malgré lui. On ne peut pas gérer à longueur de temps des problèmes de société par des initiatives privées. C’est tout, et cela d’autant plus que nous vivons, en ces temps de la disparition de la loi du père sous la tyrannie des petits chefs, les victimes, victimisées, n’en étant pas des moindres. Je serais elles, je serais heureux de ce qu’on me libère du temps. C’est affreux d’avoir besoin qu’on ait besoin de vous !


  • maurice29 13 décembre 2007 11:53

    Comment voulez vous faire une opinion, si on donne le minimum d’information on sait juste qu’elles sont 5 et sont des femmes. Rien d’autre aucun intérêt, il y a pas de travail et de recherche en profondeur. Si ça se trouve elles sont pas blanches comme neige....


    • Philou017 Philou017 13 décembre 2007 21:55

      On aurait aimé en savoir plus sur cette affaire, avec des témoignages des deux côtés. Là, c’est trop vague.


  • herope kayen 13 décembre 2007 22:25

    Nous aimerions avoir plus de précisions sur ce qu’il se passe car nous sommes prêts à nous indigner pour ces exclus(es) si ils (elles) sont effectivement victimes d’injustice. Merci pour tous ceux qui comme nous demandent des éclaircissements avant de sa faire une opinion.

    www.mondetron.org


  • OwenWarland 14 décembre 2007 00:49

    Les remarques :
    - de qui s’agit-il ?
    - que leur reproche-t-on ?
    - qui leur reproche ?
    - pourquoi ce ton grave et obscur ?
    - pourquoi jeter la suspicion sur une organisation d’utilité publique ?
    - pas assez d’information
    - pas de travail et de recherche en profondeur
    - sont-elles vraiment blanches comme neige ?
    - c’est trop vague

    Le premier billet rédigé mentionnait les personnes, du moins leurs fonctions. Si j’ai finalement opté pour cet anonymat, c’est pour ne pas jeter trop rapidement des noms sur la place publique. Je me suis donc contenté de mentionner les faits. Par ailleurs, les ex-bénévoles sont en cours de discussion avec leurs responsables régionaux et nationaux. Si je ne mentionne pas leurs noms, c’est pour ne pas les gêner dans leur démarche. J’attendrai leur accord pour aller plus loin, si elles souhaitent aller plus loin. Ce qu’on leur reproche ? Elles l’ont demandé de nombreuses fois depuis deux mois, sans aucun résultat. Les lettres restent floues. Seules des paroles rapportées auraient pu être mentionnées. Je préfèrerai m’en tenir à quelque chose de plus concret. Le ton grave et obscur ? Est-ce dû à ma façon d’écrire ? Peut-être. J’en tiendrais compte. Pas assez d’information ? Pas de travail en profondeur ? Je reconnais que mon article manque de « preuves ». Elles pourront faire partie de l’évolution de cet article si, comme évoqué plus haut, les ex-bénévoles le souhaitent. Elles constituent pour l’instant l’essentiel du dossier qui va être transmis prochainement aux instances dirigeantes, afin qu’elles se fassent leur opinion sur des données réelles. Blanches comme neige ? Effectivement, la question peut se poser. Encore faudrait-il qu’elles sachent ce qu’on leur reproche. (Si mes souvenirs sont bons, la seule personne exclue précédemment avait puisé dans les stocks. Or, ces personnes n’ont ni détourné des fonds, ni puisé dans les stocks, ni été désagréables avec les bénéficiaires.) Enfin, on me fait remarquer que cette « dénonciation » ne peut que nuire aux Restos du cœur. Je pense pouvoir affirmer que c’est justement parce que je respecte totalement cette organisation que je me permets d’en dénoncer les travers comme j’en loue les qualités. Cela ne serait pas leur rendre service que de laisser cette situation étouffée, comme le souhaiteraient certains responsables qui leur ont demandé de ne pas en informer la presse. Je laisse pour l’instant aux ex-bénévoles le soin de gérer cette affaire. D’ici quelques jours, en fonction de l’évolution de la situation, mes billets ou cet article évolueront pour apporter plus de précisions, précisions qui, je le concède, manquent à mon article.


  • Warland Warland 20 janvier 2008 22:55

    Récemment, quatre bénévoles du centre de distribution d’Albi-La Madeleine ont été exclues après des années de bons et loyaux services. Elles faisaient pourtant partie des "valeurs sûres" de ce centre avec une grande disponibilité (présence trois fois par semaine) et étaient appréciées des bénéficiaires. Ont-elles eu l’impudence de discuter certaines décisions prise de manière autoritaire ? Toujours est-il qu’en dépit du soutien massif des bénéficiaires et d’une grande partie des bénévoles, le bureau départemental les juge indésirables et la porte du centre leur est désormais fermée. Une demande d’arbitrage a été adressée à Paris.

    Quelle tristesse de voir cette grande maison de la solidarité devenir une maison de l’exclusion ...

    Ce cri du coeur ne remets pas en cause l’action des "Restos" qui restent exemplaire mais veut dénoncer un dysfonctionnement du centre d’Albi-La Madeleine qui semble avoir oublié l’importance de la valeur humaine qui a longtemps guidé cette association.

    Une ancienne bénévole solidaire des exclues.

    (Le Tarn Libre, Courrier des lecteurs, 18 janvier 2008)


Réagir